chimie :

-ane  : en 1833 Dumas utilise conventionnellement le suffixe dans un emploi systématique dans uréthane (de urée, éther et -ane) et oxaméthane (de oxalyque, ammoniaque, éther et -ane) afin de désigner la famille parmi les matières azotées524.

-ane  : utilisé par Berthelot en 1856 qui dérive le terme mannitane de mannite pour désigner un anhydride de la mannite, le suffixe -ane provenant vraisemblablement de an hydride.

-ane  : Hofmann et les chimistes allemand choisissent conventionnellement le suffixe pour désigner les carbures saturés afin de marquer la différence avec le suffixe -ène des hydrocarbures.

-ase : désigne les enzymes, de la terminaison de diatase (1833, Payen et Persoz), du grec διαστασις « séparation ».

-ate : désigne les sels issus des acides en -ique (1782, Morveau), de muriatique (1714), du latin muria « eau salée, saumure ».

-Ène : en chimie organique, désigne les carbures d’hydrogène ; au départ utilisé pour divers hydrocarbures, se voit systématisé par Laurent en 1836, et spécialisé pour les seuls hydrocarbures saturés par Hofmann en 1865-1866 ; inspiré de la terminaison d’hydrogène et par opposition à -ine.

-eux : sert à former les adjectifs désignant certains acides qui contiennent moins d’oxygène que leurs équivalents en -ique, dont la teneur en oxygène est la plus courante (1787) ; vient du suffixe courant -eux (du latin -osus), utilisé dès les origines de la chimie, inspiré de sulfureux (Stahl).

-ide : indique la présence d’un radical acide ou d’un acide, et vient de acide, terme de l’ancienne nomenclature conservé en 1787, consacré par la création de oxide sur son modèle (de oxygène et -ide).

-ides : surtout employé au pluriel ; vient en fait de -(o)ïde et sert à désigner certaines catégories de corps (ex : le bore appartient à la catégorie des borides) ; système proposé par Ampère en 1816 et repris par Guibourt en 1826.

-ile : utilisé pour la première fois en 1835 par Morin dans le terme urile (de urine), établi par Dumas dans le terme nitrile (1847), de benzonitrile (1844, Fehling), désigne les corps dérivant des sels ammoniacaux par perte de deux molécules d’eau ; suffixe conventionnel dans un but de diversification de la nomenclature.

-ine : utilisé depuis la fin du 18e siècle, sème très général de « substance », sert à dénommer tous les alcaloïdes ; vient du suffixe commun d’adjectivation -in, du latin -inius, du grec -ινος.

-ique : désigne les acides à teneur en oxygène usuelle, spécialisation par convention en 1787 du préfixe commun ; du latin -icus, du grec -ικος déjà utilisé en chimie pour les noms d’anciens acides et qui signifie « relatif à, propre à » ; très productif au 19e siècle.

-ite : désigne les sels des acides en -eux sur les mêmes bases que les acides (1787) ; suffixe de distinction conventionnelle par rapport à -ate.

-ite : désigne les sucres ne possédant que les fonctions alcool par opposition à -ose ; vient de la terminaison de mannite (1813, Thénard ; de manne, suc végétal) et sera systématisée à partir de 1850 ; au début du 20e siècle, s’emploiera avec le nombre de fonctions alcool du composé, et sera lexicalisé en 1913 (une ite).

-ol : signifie « huile », du morphème olé(o, i), du latin oleum , utilisé à partir de 1832 ; plus ou moins systématisé en 1840 par Gehrardt pour désigner les huiles.

-ol : représente la terminaison de alcool dans la série des alcools ; modification du sémantisme du suffixe précédent, systématisé à partir de 1856 par le biais de la glycérine (corps oléagineux entrant dans la catégorie des alcools polyatomiques), et entraînant la création de glycol.

-one : désigne les cétones, de acétone , proposé en 1866 par Hofmann comme morphème à signifié systématique ; entré par le terme eupion (1833, Richenbach), du grec ευπιον « très gras », produit de la distillation sèche des goudrons, terme adapté en français en eupione pour éviter la nasalisation ; sert de base à margarone (1833).

-one : marque la présence de radicaux carbonés, de la terminaison de carbone (1787, du latin carbo, onis « charbon de bois ») ; productif à partir de la seconde moitié du 19e siècle.

-one : utilisé en biochimie, du grec -ων, désinence qui marque le participe présent des verbes grecs ; permet la formation savante équivalentes d’une substantivation des participes présents ; productif au 19e siècle.

-ose : sucres de la classe des glucides qui possèdent en outre la fonction alcool, une fonction aldéhydique et une fonction cétonique, de la terminaison de glucose (1838), du grec γλευκος « vin doux », utilisée pour la première fois en 1839 par Payen (cellulose), se systématise vers 1855 ; dénomination générique des sucres par lexicalisation du morphème lié vers 1888.

-ure : désigne la combinaison de corps avec autre chose que de l’oxygène (1787), tiré de la terminaison du terme latin sulfur « souffre » ; à partir de la réforme de la nomenclature de Berzelius en 1826, sert à nommer les sels que Berzelius appelle haloïdes (qui résultent de la combinaison d’un halogène avec un métal électropositif) ; dans la nomenclature française sert à nommer les sels et les esthers des acides suffixés par -hydrique.

-yle, -yl : matérialisent la notion renouvelée des radicaux composés dans les composés organiques ( 1832, Liebig et Wöhler), du grec υλη « matière, principe », et par opposition à -ine ; système généralisé dès 1833.

linguistique :

-Ème : sert à désigner les catégories d’unités et de traits pertinents, de phonème (1879, Saussure), adaptation du grec φωνεμα « son de voix ».

Notes
524.

-ane, utilisé pour la premiere fois en 1816 par Berzelius dans le terme azotane, de azote et du suffixe adjectival allemand -an (premiere utilisation).