Avant d’identifier ces réseaux, encore restait-il à en retrouver les composantes et à recenser chaque ville constitutive du semis urbain médiéval. Ce travail d’exhumation et d’inventaire occupa tout un pan de la recherche urbaine médiévale après 1970.
La mouvance même des localités, par désertification, créations, changement de statut… demande d’envisager les strates urbaines accumulées au cours du Moyen Âge. Le dépouillement des actes de fondations urbaines a donné lieu, aussi bien en France qu’en Allemagne, à une cartographie du semis urbain du IXe au XVIe siècle et à une estimation du nombre de villes.
Pour l’Empire du milieu du XVe siècle, Karl Bücher estima le nombre total de villes à environ 3 000, distantes de 4 à 5 heures de marche au Sud et à l’Ouest, ou de 7 à 8 heures de marche au Nord et à l’Est. Heinz Stoob a complété ces estimations pour l’Europe du centre, de Bruges à Brest-Litovsk, et de Fasterbo à Genève. Le semis urbain serait passé dans cet espace de 200 villes à 1 500 villes du Haut Moyen Âge à la fin du règne des Staufen (mi XIIIe). Il atteint environ 5 000 villes en 1450. De 300 villes par décennies entre 1240 et 1300, le rythme de croissance urbaine s’abaisse peu à peu à 100 villes par décennie au cours du XIVe siècle. Du début du XVe siècle à la fin du XVIIIe, seules 400 villes voient encore le jour 33 .
Cf. Eberhard Isenmann, Die deutsche Stadt im Spätmittelalter, 1250-1500. Stadtgestalt, Recht, Stadtregiment, Kirche, Gesellschaft, Wirtschaft, Stuttgart : Ulmer, 1988, p.17-32
Cf. Karl Bücher, Die Entstehung der Volkswirtschaft, 15e éd., Tübingen, 1920 ; Heinz Stoob, Forschungen zum Städtewesen in Europa, vol. 1, Cologne-Vienne, 1970 ; Heinz Stoob (dir.), Die Stadt, Cologne-Graz, 1979, dont « Stadtformen und städtisches Leben im späten Mittelalter », p.157-189