Le corps des villes libres et impériales

Le mérite revient à Georg Schmidt 107 d’avoir réalisé une distinction entre les listes de « villes libres et impériales » issues du pouvoir et le corps des villes libres et impériales.

« Dans ce travail va être entreprise la délimitation de la catégorie ‘Ville libre et impériale’, au-delà de la mention dans les matricules impériales, par rapport aux autres communes relativements indépendantes et autonomes ». ’

Seul le corps des villes libres et impériales ainsi entendu postule l’intercommunalité et repose sur des liens effectifs tissés du fait des localités. Cet ensemble correspond à un groupement de villes décidées à œuvrer ensemble pour leur propre sort et celui de l’empire. Ce sont, au regard des listes impériales, les villes libres et impériales qui ont réellement mis en œuvre leurs proximités et leurs similitudes et se reconnaissent comme membres d’un même groupe.

Un tel corps compte donc un nombre de villes indéniablement plus restreint que celui des listes royales, soit 69 cités impliquées à des degrés divers. Car figurer dans le corps des villes libres et impériales demandait à la fois l’inscription sur les convocations et réquisitions du souverain, la présence et la participation effective de la ville et, sa reconnaissance par les autres membres présents. Au XVIe siècle, le groupe des villes hésitait encore à entériner l’admission de certaines 108 , jugées trop souvent absentes aux réunions communes ou trop soumises à la tutelle d’un seigneur.

Pour mériter sa place dans le corps des villes, encore fallait-il prouver son intérêt pour la chose commune en venant régulièrement aux réunions impériales et aux diètes urbaines.

Notes
107.

Voir Georg Schmidt, Der Städtetag in der Reichsverfassung. Eine Untersuchung zur korporativen Politik der Freien und Reichsstädte in der ersten Hälfte des 16. Jahrhunderts, Stuttgart, 1984, p. 36-74. Se référer aussi à ses nombreux articles mentionnés en bibliographie. Voir la liste des membres du corps des villes jointe en annexe. « Es soll in dieser Arbeit der Versuch unternommen werden, über die Nennung in der Reichsmatrikel hinaus eine Eingrenzung des Typus « Freie und Reichsstadt » gegenüber den anderen relativ selbständigen und unabhängigen Kommunen vorzunehmen ».

108.

Il en fut ainsi de la ville de Friedberg. Invitée aux diètes impériales, elle n’y participa directement qu’à 9 occasions entre 1510 et 1544, mais ne prit jamais part aux assemblées urbaines. Quand le représentant de Friedberg voulut y participer en 1529, les villes présentes ne manquèrent pas de souligner l’absence habituelle de sa cité aux réunions urbaines. Elles cherchèrent à exclure Friedberg de leurs réunions en arguant du poids des seigneurs châtelains locaux sur le conseil municipal. Le secret des délibérations urbaines risquait d’être mal gardé. Seules les menaces de Friedberg, prête à ébruiter l’affaire et recourir au tribunal impérial, décidèrent les villes membres à l’admettre dans le corps des villes libres et impériales, mais pour les seules questions d’affaires générales. Mülhausen (Thuringe) et Überlingen eurent des sorts assez semblables et restèrent en marge du groupe des villes.