Ce qu’en disent les visiteurs de passage

En l’absence des descriptions statistiques offertes par la période moderne, les récits de voyage, les évocations et les cartes de la région offrent l’unique moyen d’approcher les représentations urbaines de la fin du Moyen Âge. Mais ces sources ont mauvaise presse, à commencer par les récits de voyage.

« Il n’y a pas un récit de voyage pour lequel il n’a déjà été affirmé qu’il dit plus de son auteur que des pays et des cultures qu’il prétend décrire. Tous les récits de voyage, d’Hérodote à aujourd’hui, sont considérés avec méfiance parce qu’ils contiennent des exagérations visiblement subjectives et même à de multiples reprises des mensonges » 225 . ’

Il est vrai que les récits de voyage demandent quelques précautions d’utilisation.

Le récit de voyage se fait toujours passer pour ce qu’il n’est pas, pour le résultat des observations du voyageur, pour la simple somme de ce qu’il a vu et entendu. Mais loin d’être un simple compte-rendu, le genre manie l’art du « faire croire » et du « faire voir ». Pour être cru, il doit satisfaire à des normes stylistiques et aux attentes du lecteur. Les récits de voyage médiévaux n’avaient certes pas le succès et la diffusion de leurs homologues modernes, qui fleurirent dans l’Europe des XVIIe-XVIIIe siècles. Mais les relations de tribulations lointaines, en Terre Sainte ou en Orient, étaient suffisamment lus et répandus pour créer des attentes à ne pas décevoir et des règles à respecter. Chaque récit de voyage se nourrissait des topoï colportés par d’autres évocations célèbres. Quelques thèmes repris par les voyageurs aux éloges urbains, comme le site, la situation ou l’architecture urbaine, devinrent presque incontournables dès le XVe siècle. Souvent étrangers au pays traversé, les auteurs des récits étaient confrontés à des réalités sociales et politiques qui ne leur étaient pas familières, mais dont ils devaient trouver des équivalents. Ils arrivaient avec leur propre système de valeurs et, pour faire voir, puisaient dans l’horizon de connaissance de leurs concitoyens. Pour les Lucernois, la Via dolorosa de Jérusalem était « aussi longue que la Hofbrücke de Lucerne », pour le Nurembergeois Hans Tucher, l’église du Saint-Sépulcre présentait quelques ressemblances avec l’église de sa cité natale, Saint-Sébald. Les ordres de grandeur acquis de la sorte n’ont pas une valeur scientifique. Pour les uns, Jérusalem était aussi grosse que Bâle (environ 9 000 hab.), pour les autres, elle valait Pistoïa (6 000 à 8 000 hab.) ou Augsbourg (environ 30 000 hab.). Quand il s’agit de ressusciter les hiérarchies urbaines du passé, le secours des récits de voyage ne réside donc pas dans leurs données numériques sur la topographie ou la démographie des villes. Ailleurs figurent des renseignements beaucoup plus fiables. Mais les récits médiévaux ne doivent pas tout à la subjectivité de leur auteur et à son univers personnel.

A chaque fois qu’ils s’attardaient sur les villes, ils puisaient autant dans l’observation directe, dans les images convenues que dans l’horizon d’attente du lecteur ou de l’auditoire. Ils trahissaient des projets ou des représentations de la ville et colportaient sur elle une grille de lecture commune au narrateur et à ses contemporains. Cela permet de déceler au travers de tels textes l’évolution du concept même de ville dans la culture médiévale ou moderne 226 .

Tous ces textes incorporaient aussi un peu des « on-dit » locaux. Ils renvoyaient une part des propos que les gens du cru avaient tenus aux voyageurs lors des visites dans la ville ou la région traversée. Ils laissaient transparaître la politique de communication municipale à laquelle les visiteurs avaient pu être confrontés 227 . L’hébergement offert, le cadeau de bienvenue, les discours d’un guide local perçaient parfois dans la teneur d’un récit.

Le récit de voyage présuppose également une opération de choix. Le tri existe en amont : le voyageur n’allait pas partout, l’état des transports lui imposait certains passages et haltes obligés. Au Moyen Âge, ceux qui parcouraient l’Europe et racontèrent leur périple n’avaient pas pour seul but la découverte de nouveaux horizons. Leur parcours était guidé par des nécessités commerciales ou par une rencontre diplomatique prévue en un lieu déterminé. Leurs pas ne s’attardaient pas dans chaque ville à égalité, sans que cela traduise nécessairement l’importance respective des villes traversées.

Il n’empêche ; au terme d’un parcours donné, le voyageur définissait par son récit ce qui était digne de visites et ce qui ne l’était pas. Indépendamment du temps passé dans chaque lieu, il pouvait choisir de dépeindre certaines villes plutôt que d’autres, en justifiant ou non son choix. De là, ressortent des critères de jugement des villes et une hiérarchie des lieux traversés. Les villes les plus abondamment décrites coïncident souvent avec les cités importantes du temps médiéval.

Au demeurant, même s’il est difficile de dresser un inventaire exhaustif à partir de mentions dispersées, peu de voyageurs médiévaux mirent par écrit leur parcours à travers la Franconie 228 . Une dizaine de textes tout au plus témoignent du paysage urbain franconien entre le XIIIe et la première moitié du XVIe siècle. Les descriptions générales de la région, tenues d’aller au plus court par les lois du genre, donnent un aperçu des principales villes franconiennes.

Le Liber Chronicarum du Nurembergeois Hartmann Schedel 229 , paru à Nuremberg en 1493 et imprimé par les bons offices d’Anton Koberger, est connu pour l’attention qu’il porte aux villes de son temps et pour les vues cavalières qui les illustrent. Dans cette chronique mondiale érudite, ordonnée selon les âges successifs du monde, les villes prennent place selon leur date de fondation supposée. Une brève notice mêle alors leur origine mythique, les premiers temps de leur histoire, des indications sur leur situation géographique et leurs caractéristiques médiévales. La composition de l’œuvre, son souci de présenter ce qui marqua l’histoire du monde, permettent de tenir les villes évoquées pour des cités majeures de la fin du Moyen Âge.

En Franconie, dans le passage consacré à la région, Hartmann Schedel ne retient que quelques toponymes : Nuremberg, Würzbourg et Bamberg 230 . Ils figurent également dans l’index des villes qui marquèrent l’histoire du monde, au milieu de lieux bibliques et de cités d’Allemagne du Sud ou d’Italie. Hartmann Schedel honore en outre chacune des trois villes franconiennes d’une description détaillée. Eichstätt est elle aussi évoquée, mais reste d’emblée en retrait, avec un passage plus consacré à Saint Willibald, le patron local, et à sa sœur Walpurgis, qu’à la ville elle-même. Sa description ne bénéficie que d’une page quand les trois autres s’affichent au moins en double page. Au reste, à lire Hartmann Schedel, si, en Franconie, Bamberg, Würzbourg et Nuremberg avaient en commun la renommée, elles en disposaient à des degrés variés. La Fama , qui faisait et défaisait l’honneur des hommes médiévaux, pesait aussi sur les cités, mesurées à l’aune de leurs secteurs de rayonnement. La première phrase de chaque portrait induit en effet un classement par la renommée en ordre croissant entre les trois villes. L’étendue de leur fama se mesurait à des échelles différentes, allant d’une partie de la Franconie à toute l’Allemagne. Würzbourg est « la ville agréable et renommée de la Francie orientale, appelée Franconie ». Bamberg est « une ville bien renommée du pays franconien, partagée par le fleuve et sise en un bon lieu fertile ». Quant à Nuremberg, elle « est dans toute l’Allemagne et aussi après des peuples étrangers une ville réputée et visitée de lui. Une maison d’industrie renommée de l’Allemagne… ».

On rétorquera à ce classement qu’Hartmann Schedel était de parti-pris. L’entreprise du Liber Chronicarum vit le jour à Nuremberg, grâce aux bons soins de Nurembergeois et privilégia sans conteste la cité impériale, par la mise en page, l’image et les termes employés. Quand, dans le meilleur des cas, les gravures urbaines occupent les ¾ d’une double page comme pour Würzbourg ou Bamberg, le regard ne manque pas de s’arrêter sur le portrait d’une ville, en pleine double page, sans texte, surmonté d’un simple encadré : « Nurmberg ». Même la position de cette ville dans l’ensemble de l’ouvrage n’est pas fortuite. L’image de Nuremberg s’épanouit au folio C et se trouve ainsi associée à la signification de perfection du nombre 231 . Elle succède aussi au portrait de Vienne, qu’elle surclasse par la taille. Si Vienne est déjà une « ville réputée au loin », « la capitale des villes et de la campagne autrichienne », que dire de Nuremberg !

Le traitement de faveur réservé à Nuremberg dans le Liber Chronicarum ne change cependant en rien les hiérarchies urbaines franconiennes suggérées par d’autres ouvrages des XVe-XVIe siècles.

La description de la région par Aeneas Sylvius souligne la position éminente de Nuremberg et livre le nom de quelques villes importantes dans le réseau urbain régional. C’est fut d’abord au titre de cardinal qu’Aeneas Silvius, le futur pape Pie II, parcourut les hauts lieux européens, de Bâle à Vienne en passant par Nuremberg. Au gré des assemblées impériales, il participa ici et là à de nombreuses joutes oratoires sur le sort de la chrétienté, en s’opposant parfois au plus éminent juriste de Nuremberg, Gregor Heimburg. Evoquant Nuremberg dans Aeneas Silvius in Europam (1458) et dans Die Geschichte Kaiser Friedrich III, il adopta un regard d’ensemble sur la région dans sa Germania, vers 1455 232  :

« 15. En Franconie, sur le Main, se trouve Francfort, le centre de commerce commun de la Haute et la Basse Allemagne. La ville n’est certes bâtie en grande partie que de maisons en bois, mais elle est aussi parée avec plusieurs palais en pierres, que l’on pourrait tenir pour dignes d’un roi. On y voit aussi des églises merveilleuses en pierre taillée ; et un pont en pierre d’une longueur étonnante relie la plus petite partie de la ville d’un côté du Main avec la plus grande. Là il y a aussi un célèbre hôtel-de-ville, où les princes électeurs se réunissent souvent pour délibérer sur des questions générales et là ils élisent un nouvel empereur, quand l’empire est vacant.

Nous estimons à un degré moindre Aschaffenbourg […]. Würzbourg se trouve sur la même rivière; c’est une résidence ducale et épiscopale, digne d’être mentionnée pour ses églises merveilleuses et son château extrêmement fortifié. Bamberg également est une ville importante avec une cathédrale superbe, très ancienne, où l’empereur Henri le Saint, le deuxième du nom, a été inhumé et est connu pour ses miracles. Passons Forchheim, qui est connue pour son pain blanc, puis Ansbach, Rothenbourg et d’autres villes franconiennes innombrables, dont personne ne sous-estimera les fortifications et les édifices.

Nous ne pouvons passer ici Nuremberg, qui est partagée en deux par la Pegnitz ; car on considère de nos jours qu’elle est en Franconie. Dis-moi plutôt, quel tableau offre cette ville ! Quel éclat, quelle situation admirable, quelles beautés, quelle culture, quel gouvernement remarquable ! Que pourrait-on lui reprocher, qu’est-ce qui en fait une communauté bourgeoise parfaite à tous les égards ? Quand on vient de basse Franconie et que l’on regarde la ville au loin, quel grandiose, quelle beauté s’offre déjà au regard de là, au dehors ! Et une fois à l’intérieur, quelle propreté des rues, quelle élégance des maisons ! Qu’y a-t-il de plus merveilleux que l’église Saint-Sébald, qu’y a-t-il de plus prestigieux que l’église Saint-Laurent, quoi de plus fier et de plus fort que le château royal, quoi de plus digne de louanges que les fossés et les murs de la ville ! Combien de maisons bourgeoises trouve-t-on là-bas qui sont dignes de rois ! Les rois écossais souhaiteraient vivre avec autant d’élégance que beaucoup de riches bourgeois de Nuremberg.

Les Souabes ont de nombreuses villes de ce côté du Danube, mais la reine de toutes est Ulm, également une ville puissante, propre. Des Bavarois habitent également de ce côté du Danube à Eichstätt, Amberg, Neumarkt et de nombreuses autres villes, où règnent la plus grande propreté et élégance. »’

Par le soin et la place accordée à Nuremberg dans son récit, Aeneas Silvius confirme la place prépondérante de la ville dans le réseau urbain régional, au moins à l’égal de Francfort et d’Ulm. Würzbourg et Bamberg lui emboitent le pas, devant des villes assez importantes pour être mentionnées, mais trop secondaires pour amener une description détaillée : Aschaffenbourg, Forchheim, Ansbach, Rothenbourg, Eichstätt, Amberg et Neumarkt. Le lien étroit qui existe entre l’œuvre d’Aeneas Silvius et le Liber Chronicarum de Schedel peut certes laisser suspecter une présentation de la Franconie moins soucieuse du respect de la réalité urbaine que du réemploi des topoï du genre. Mais tous les autres récits de voyage passant par la Franconie du XVe siècle confirment la primauté nurembergeoise. Nuremberg est sans conteste la ville qui retint le plus l’attention des voyageurs. A l’inventaire des villes franconiennes décrites, elle gagne haut la main et suscite des récits circonstanciés quand beaucoup d’autres cités ne bénéficient que d’une simple mention. Pero Tafur 233 , jeune chevalier en liens étroits avec la cour castillane de Tolède, traversa la Franconie en 1435 pour se rendre auprès de l’empereur, en Bohême, en Saxe et en Silésie. Passant par Nördlingen, il y reçut une escorte pour ne pas être pris dans la tourmente d’une Fehde de la ville avec « un grand seigneur du voisinage », le comte d’Öttingen. Il parvint à Nuremberg, en pleine réunion impériale.

« …et je poursuivis mon voyage jusqu’à la ville de Nuremberg. Là je trouvai beaucoup de gens et légats du pape : aussi bien le cardinal de Santa Cruz que beaucoup d’autres prélats, tels que celui, qui est aujourd’hui le cardinal de St Sixtus, mais qui était à l’époque le frère Jean de Torquemada ; pour ce qui est du concile : le cardinal Darle et beaucoup d’autres prélats, également Maître Jean de Ségovie, docteur en théologie ; et pour ce qui est de l’empereur : Caspar Schlick, qui était son vice-chancelier et d’autres hommes et grands érudits. Je dus rester là jusqu’à ce qu’ils aient fini leur assemblée impériale et qu’ils partent ; car je voulais voyager en compagnie de Caspar Schlick, qui se rendait en Bohême auprès de l’empereur et sans lui, je n’aurais pas pu poursuivre mon voyage sans encourir un grand danger de mort, les Castillans qui étaient là, lui parlèrent afin qu’il me donnât une recommandation et il y consentit volontiers […] Cette cité de Nuremberg est l’une des plus grandes et plus riches d’Allemagne ; c’est une cité très ancienne, disposée à la manière de Tolède, établie comme elle dans une vallée et aussi grande qu’elle ; de nombreux artisans y vivent, en particulier du travail du bronze, et on y fait des cuirasses que l’on dit nurembergeoises. Ici il y a une église dans laquelle l’empereur Charlemagne a déposé les reliques qu’il avait rapportées d’au-delà des mers quand il conquit Jérusalem ; je m’y rendis avec les cardinaux pour regarder ces reliques et on nous en montra beaucoup ; entre autres, on nous montra une lance avec une lame aussi longue qu’un avant-bras et l’on nous dit que c’est celle qui avait percé le flanc de notre Seigneur ; j’ai dit que je l’avais vue à Constantinople, et je crois que si de grands sires n’avaient été là, j’aurai été en danger auprès des Allemands pour avoir osé parler de la sorte. Cette ville est très riche, et parce qu’elle se trouve au milieu du continent, elle a beaucoup de relations commerciales. Une fois que l’activité des ambassadeurs a pris fin, ils se séparèrent et chacun s’en retourna dans son pays, et je voyageai avec les Allemands jusqu’à ce que j’arrivai à l’entrée de la Bohême, dans la ville d’Eger. »’

Leo von Rözmital (1465-1467) 234 , frère de la reine de Bohême, entreprit trente ans plus tard un voyage dans toute l’Europe, avec une suite de 40 personnes. Son périple, raconté par deux de ses compagnons, Sasek, et le Nurembergeois Gabriel Tetzel, servait la publicité de Georg Podiebrad, le nouveau roi de Bohême, auprès des cours européennes, sous des couverts de pèlerinage. Dans la partie du récit consacrée à la Franconie, la ville de Bayreuth et la bourgade de Gräfenberg, lieux d’étape des voyageurs, n’ont droit qu’à une simple mention. Nuremberg, lieu de séjour pour deux jours, jouit par contre d’un traitement plus exhaustif, où la description des reliques tient une large place 235 .

Antonio de Beatis, qui entreprit en 1517 un voyage à travers l’Allemagne jusqu’à la cour de Charles Quint au titre de secrétaire du cardinal d’Aragon, emprunta en Franconie l’un des axes les plus fréquentés par les marchands, les visiteurs et les pélerins. Le 27 mai, la compagnie quitta Augsbourg et le 28, passa par Donauwörth, puis Wissembourg à quatre Meilen de là 236 , simplement mentionnée. Son séjour de deux jours à Nuremberg engendra un récit détaillé, avant que la route en direction de Francfort ne reprit, ponctuée de simples haltes tout juste mentionnées, à Gunzenhausen le 1er juillet, à Nördlingen, « une ville libre, fortifiée » le 2 et Lauingen le 3 juillet.

Tous les récits de voyage en Franconie concordent donc aux XVe et XVIe siècles pour souligner l’importance première de Nuremberg dans la région. Mais la réputation de la ville n’est pas très ancienne. Si les voyageurs du XVe siècle marquaient couramment un arrêt de plusieurs jours dans la cité impériale, encore au début du XIIIe siècle, le détour par Nuremberg n’était pas tenu pour indispensable. Le premier récit de voyage évoquant la région, l’itinéraire d’Albert de Stade vers Rome en 1236, ne jugea pas nécessaire un passage par la ville impériale. Suivant l’axe du Main, puis de la Tauber, il marqua des étapes dans les villes de transit de Schweinfurt, Rothenbourg et Dinkelsbühl, mais n’en signala que les noms et les distances respectives 237 .

Au XVe siècle, hormis Nuremberg, les voyageurs n’accordèrent que peu d’intérêt aux autres cités traversées. Ces villes-étapes de second ordre apparaissent dans les comptes-rendus de voyages au gré des routes empruntées et les plus notables reviennent parfois dans plusieurs récits, comme la souabe Nördlingen. En Franconie, Wissembourg, Rothenbourg ou Forchheim constituent de telles villes jalons, objets de plusieurs mentions dans les relations de voyage. Elles émergent du dense semis urbain franconien, se hissent au-dessus de la masse des petites villes régionales, sans pourtant que l’on n’arrive jamais à déterminer leurs positions respectives.

Seule la légation d’Agostino Patrizzi 238 fournit l’esquisse d’un classement. Cette légation pontificale, emmenée par Giovanni Antonio Campano, participa au « Grossen Christentag » de Ratisbonne en juin 1471 pour obtenir une participation allemande à la guerre contre les Turcs. A la levée de la session, la compagnie italienne suivit Frédéric III dans ses déplacements en Franconie et y séjourna jusqu’au début du mois de septembre. Le récit qui en résulta, bien que tributaire des déplacements de la légation pour le choix des lieux évoqués, fait preuve d’un usage très rigoureux des qualificatifs urbains. Trois villes franconiennes y reçoivent le statut d’ « urbs » :

‘Nuremberg, « urbem sane amplitudine murorum, oportunis munitionibus, edificorum pulchritudine, multitudine civium, templorum ornatu ac magnificentia, artificum numero, industria, mercimoniis, divitiis ac splendore vivendi nulla tota Germania inferiorem. Distat Norimberga a Ratispona milibus passuum LX. » ; Bamberg, « Urbs hec in Franconia est ampla et populosa, nullis tamen menibus cingitur neque ita splendida mundaque est, ut Norimberga et Ratispona. Imperium urbis ad episcopum spectat et oppida circum vicina pleraque et in Karintia Villacum et Valspergam optinet » ; et Würzbourg, « Urbs ipsa in valle sita est, cui arx imminet natura et opera munitissima. Episcopi sedes inter arcem et urbem. Moganus fluit ratibus et grandiusculis navigiis aptus. Edificia urbis magna ex parte lignea, sicut et ceterarum urbium Germanie…. »’

Comme chez Aeneas Silvius et Hartmann Schedel, les critères de classement implicites s’attachent aux réputations respectives de ces villes, à la beauté de leurs édifices et à l’importance de leur population. Sur ces bases, Nuremberg arrive loin devant, et Bamberg, dont la position était mal définie par rapport à Würzbourg dans les descriptions franconiennes antérieures, semble devancer l’autre cité épiscopale à la fin du XVe siècle.

Derrière ces villes-» majuscules », prennent place, sous la plume de Patrizzi, deux catégories d’agglomérations.

Neustadt (Palatinat) 239 , Forchheim 240 , Mergentheim 241 , Kitzingen 242 méritent chacune le titre d’oppidum, qui trahit moins dans ce cas l’allure fortifiée ou l’origine castrale des localités que leur vigueur et leur importance.

Pegnitz, Baiersdorf et Hemau ressortissent quant à elles d’un niveau urbain moindre en se rangeant parmi les villae 243 .

Même en cherchant à déjouer les pièges propres au genre, les récits de voyage et descriptions médiévales de la Franconie ne livrent qu’une vision fragmentaire et éclatée du tissu urbain franconien. Les villes y font l’objet d’une hiérarchisation au coup par coup, toujours limitée à un nombre d’entités très restreint. Au XVe siècle, le regard des contemporains a cependant l’avantage de dépasser les divisions typologiques entre villes seigneuriales et villes impériales et permet de les replacer dans un même système urbain, que les sources fiscales ne laissaient pas saisir.

Cumulés, les différents modes d’approche du semis urbain franconien révèlent un étagement urbain assez éloigné du système mis en exergue par Christaller au début du XXe siècle. La seule constante à travers les siècles est la place éminente de Nuremberg dont les contributions fiscales ou la renommée ne sont approchées que par des villes des régions voisines, Ulm, Ratisbonne ou Francfort. Nuremberg a acquis cette position en moins de deux siècles et est venu bouleverser les hiérarchies antérieures. Au XVe siècle, les cités épiscopales ont perdu leur hégémonie sur le système urbain et doivent se contenter respectivement du deuxième rang pour Bamberg et du troisième pour Würzbourg. Cette hiérarchie n’est pas celle des données démographiques ou fiscales 244 , elle se mesure plutôt pour les voyageurs du bas Moyen Âge en termes de renommée et de richesses économiques ou architecturales.

Après ces villes de commandement régional, au second palier de l’étagement urbain, mais dans le désordre et sans possibilité réelle de gradations internes, viennent des cités comme Wissembourg, Gunzenhausen, Bayreuth, Forchheim, Rothenbourg, Eichstätt, Amberg, Neumarkt, Aschaffenbourg, Ansbach, Neustadt (Haut-Palatinat), Kitzingen et Mergentheim. Sur la bordure souabe, Donauwörth, Nördlingen. Dans cet ensemble, seules les villes impériales peuvent être hiérarchisées à l’appui des données fiscales royales. Ce sont toutes ces petites villes notables, souvent établies à des carrefours routiers que l’on peut lister au gré des récits de voyage et que l’on retrouve après 1524 sur l’une des premières cartes de la région. Le miroir des villes de Georg Erlinger, en s’attachant à localiser 100 cités dans un rayon de 25 Meilen autour de Nuremberg, permet d’identifier les membres de ce second niveau urbain franconien, composé d’une trentaine de localités 245 .

En dessous se situe le dense semis des bourgades, qui correspondaient aux « villae » d’Agostino Patrizzi et oscillaient au XVe siècle entre le statut de village et de ville comme Baiersdorf, Pegnitz ou Gräfenberg.

La reconstitution du tissu urbain médiéval en Franconie souffre d’un grand nombre d’incertitudes, mais un meilleur niveau de précision peut être acquis pour les villes impériales. Le classement induit par leurs contributions fiscales dépend tout à la fois de leur potentiel économique et de leur Königsnähe. Cependant, même établi par des forces extérieures à la région, ces hiérarchies fiscales devaient rejaillir sur la façon dont les villes se jaugeaient entre elles. L’exploration des ressorts de l’intercommunalité demande d’avancer en terrain connu et de saisir les rapports de force préexistants entre les villes partenaires. L’intercommunalité en Franconie à la fin du Moyen Âge doit donc s’entendre d’abord comme une étude des formes de coopérations nouées entre les villes impériales franconiennes. Le milieu franconien était cependant propice aux échanges, son infrastructure routière dense et son tissu politique complexe poussaient aux contacts entre des villes de tout statut..

Ce territoire d’étude n’a pas la prétention d’être exemplaire. La situation franconienne dicte des conditions particulières à l’intercommunalité. Une forte Königsnähe donne à la politique impériale une forte résonnance locale apte à modeler les rapprochements.

Si coopération interurbaine il y a, elle s’impose entre des communes de poids disproportionné, dans un système urbain dominé par une géante, qu’aucune autre localité de la région ne parvient à égaler. Cela pose des questions spécifiques quant aux formes locales de l’intercommunalité. Traduisait-elle les déséquilibres du réseau urbain ? Cherchait-elle au contraire à en atténuer les effets ?

Notes
225.

Cf. Antoni Maczak et Hans Jürgen Teuteberg (éd.), Reiseberichten als Quellen europäischer Kulturgeschichte. Aufgaben und Möglichkeiten historischer Reiseforschung, Wolfenbüttel, 1982, (Wolfenbütteler Forschungen, 21). En particulier, Michael Harbsmeier, « Reisebeschreibungen als mentalitätsgeschichtliche Quellen : Überlegungen zu einer historisch-anthropologischen Untersuchung frühneuzeitlicher deutscher Reisebeschreibungen. », p. 1-32, dont est tirée la citation.

Cf.Christian Halm, Europäische Reiseberichte des späten Mittelalters. Eine analystische Bibliographie, Teil 1 : Deutsche Reiseberichte, sous la direction de Werner Paravicini, Francfort : Peter Lang, 1994

Voir aussi Arnold Esch, « Anschauung und Begriff. Die Bewältigung fremder Wirklichkeit durch den Vergleich in Reiseberichten des späten Mittelalters », Historische Zeitschrift 253, Heft 2 (1991), p. 281-312

226.

Les récits de voyage et descriptions topographiques trahissent ainsi au XVIIIe siècle le triomphe d’une appréciation économique des villes sur l’ancienne définition par l’antiquité du site. Cf. Bernard Lepetit, « L’évolution de la notion de ville d’après les tableaux et les descriptions géographiques de la France (1650-1850), URBI (déc. 1979), p. 99-107 ; du même, « Les miroirs de la ville : un débat sur le discours des anciens géographes », URBI (déc. 1979), p. 109 et s.

Les textes littéraires permettent une analyse similaire de la notion de ville au Moyen Âge. Voir sur ce point Jacques Le Goff, « Guerriers et bourgeois conquérants. L’image de la ville dans la littérature française du XIIe siècle », dans Jacques Le Goff, L’imaginaire médiéval, Paris, 1985, p. 208-241 ; du même, « Ville et théologie au XIIIe siècle : une métaphore urbaine de Guillaume d’Auvergne », dans L’image de la ville dans la littérature et l’histoire médiévale, Razo. Cahiers du centre d’études médiévales de Nice 1 (1979), rééd. 1984, p. 22-37 ; François Fossier, « La ville dans l’historiographie franciscaine de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle », MEFREM 89 (1977), p. 641-655 ; Christine Bousquet-Labouérie, « L’image de la ville dans les Grandes Chroniques de France : miroir du prince ou du pouvoir urbain ? », dans Nöel Coulet et Olivier Guyotjeannin (dir.), La ville au Moyen Âge, tome 2 : Sociétés et pouvoirs dans la ville, Paris : éd. du CTHS, 1998, p.247-260.

Simples décors pour les hauts faits de nobles ou faire valoir pour leur seigneur, les villes ne purent d’abord se promouvoir comme de véritables lieux qu’à l’aune du sacré, de la ville sainte, à l’image de Jérusalem. Elles commencèrent à déployer un argumentaire plus diversifié au cours du XVe siècle, n’hésitant plus alors à manifester leur potentiel économique.

227.

Les éloges urbains et les chroniques urbaines tiennent de cette propagande municipale. Il faut y ajouter les visites guidées des hauts lieux de la ville. A Nuremberg, l’initiation touristique consistait dès 1424 à présenter aux hôtes de marque les reliques impériales. A certains, on faisait voir aussi les moulins, le grenier à blé et l’arsenal. Venise était passée maître dans cet art du « faire voir » déployé à l’intention de ses hôtes. Cf. Elisabeth Crouzet-Pavan, Espaces, pouvoir et société à Venise à la fin du Moyen Âge, 2 tomes, Rome, 1992, (Collection de l’école française de Rome, 156) et du même auteur, « Récits, images et mythes : Venise dans l’iter hiérosolomytain (XIVe-XVe siècles) », MEFREM 96 (1984), p. 489-535. Voir aussi sur Rome à la fin du XVIe siècle, Gérard Labrot, L’image de Rome. Une arme pour la Contre-Réforme, Paris : PUF, 1987, (Epoques Champ Vallon).

228.

Voir Wolfgang J. Smolka, « Bey der rostigen freyen Reichsstadt vorbei… Die kleineren fränkischen Reichsstädte in Reiseberichten der frühen Neuzeit », dans Rainer A. Müller (éd.), Reichsstädte in Franken, Munich, 1989, vol. 2, p. 312-321.

La liste des récits de voyages concernés jusqu’au XVIe siècle est la suivante : Joseph Becker (éd.), Chronica eines fahrenden Schülers oder Wanderbüchlein des Johannes Butzbach, Ratisbonne 1869 et Leipzig 1912 ; Antonio de Beatis, Die Reise des Kardinals Luigi d’Aragona durch Deutschland, …die Niederlande, Frankreich und Oberitalien 1517-1518, Ludwig Pastor (éd. et trad.), Fribourg/Brisgau, 1905 ; Leitschuh (éd.), Albrecht Dürer. Tagebuch der Reise in die Niederlande, Leipzig, 1884 ou Ernst Heidrich (éd.), Albrecht Dürers schriftlicher Nachlass, Familienchronik, Tagebuch der niederländischen Reise, Briefe…, Berlin, 1908 ; Röhricht und Meissner, « Die Pilgerreise des letzten Grafen von Katzenellenbogen », Zeitschrift für deutsche Altertumskunde, Neue Folge 14 (1882) ; Pero Tafur, Andagas é vigies de Pero Tafur por diversas partes del mundo avidos 1435-1439, Madrid, 1874, (coleccion de libros espanoles raros o curioso) ; Sasek et Gabriel Tetzel, Des böhmischen Herrn Leo von Rozmital Ritter-, Hof- und Pilgerreise durch die Abendlande (1465-1467), J.A. Schmeller (éd.), Stuttgart, 1844, (Bibliothek des literarischen Vereins 7) ; Augustinus Patricius, De legatione Germanica (1471), dans F.R. Hausmann (éd.), Giovanni Antonio Campano (1429-1477). Erlaüterungen und Ergänzungen zu seinen Briefen, Fribourg, 1968 ; voyage de Guillaume de Mortagne, dans Nürnberger Urkundenbuch, Heft 5, Nuremberg, 1959, n°954a, mentionné dans UB Windsheim, n°40.

229.

Cf. Hartmann Schedel, Weltchronik (1493), Harenberg Edition (éd.), Die Schedelsche Weltchronik, 1988, (die bibliophilen Taschenbücher 64)

230.

« La Franconie touche au Midi la Souabe et la Bavière, au septentrion le Rhin, à l’Orient, la Bohême et la Thuringe et à minuit cette même Thuringe et la Hesse. Comme Eneas Silvius a déjà fait une présentation du lieu dans son livre sur l’origine et la provenance du nom Franconie et sur son ancien gouvernement, et en particulier sur les trois villes de Nuremberg, Bamberg et Würzbourg… ». Le portrait de Würzbourg figure en double page avec le texte de commentaire au folio 160, celui de Bamberg au folio 175 et celui de Nuremberg au folio 100.

231.

L’ébauche manuscrite du Liber Chronicarum révèle tout un travail d’édition pour faire coïncider le portrait de Nuremberg avec le folio 100, alors qu’il se situait à l’origine au folio 93. Dans les éditions clandestines de l’éditeur augsbourgeois Johann Schönsperger, en format de poche, Nuremberg est du reste refoulée au folio 106 au profit d’Augsbourg, installée au folio 100.

232.

Eneas Silvius, De rebus et gestis Friderici III, sive Historia Austriaca, A.F. Kollar von Koreszten (éd.), Aeneas Silvii historia rerum Friderici III. Imperatoris, Vienne, 1762, p. 1-476, (analecta monumentorum omnis aevi Vindobonensia 2) ; l’ouvrage est édité en allemand par T. Ilgen, Die Geschichte Kaiser Friedrichs III, Leipzig, 1890, (Die Geschichtsschreiber der deutschen Vorzeit, XV Jhdt, 2-2) ; Eneas Silvius, Germania (1457), Adolf Schmidt (éd. et trad.), Deutschland, Cologne : Böhlau, 1963

233.

Cf. Pero Tafur, Andanças e viajes de Pero Tafur por diversas partes del mundo avidos (1435-1439), Madrid, 1874, 2 vol., (Coleccion de libros espanoles raros o curiosos)

234.

Cf. J.A. Schmeller (éd.), Des böhmischen Herrn Leo von Rozmital Ritter-, Hof- und Pilgerreise durch die Abendlande 1465-1467, Stuttgart, 1844, (Bibliothek des litterarischen Vereins Stuttgart, 7), p. 13

235.

« Incipit iter Domini Leonis. Paierreuto Grevenbergam, Grevenberga Noribergam perventum est. Noribergae duos dies commorati sumus, et has sanctorum reliquias spectavimus : primo monstratum est nobis praesepe, in quo Genitrix Dei infantem Jesum posuerat ; deinde cubitus S.Annae et dens S. Joannis Baptistae, item frustulum ligni de sancta cruce, in qua Christus crucifixus fuerat, et clavus dextrae manus, quo idem cruci affixus erat. Postea ostendebatur nobis gladius Divi Mauritii, itemque alius ensis Divi Caroli Imperatoris, qui ipsi coelitus a Deo datus esse dicitur, ut eo adversus hostes suos Ethnicos uteretur, ejusdemque calcaria, ocreae, calcei. Vidimus deinde catenas Sanctorum Petri et Pauli, qui nomine Dei passi sunt. Deinceps conspeximus lanceam, qua divinum latus Christi transverberatum fuerat. Super eam Sacerdotes annulos nostros ponebant, ut, qui dolore vel punctione lateris infestarentur, praesens et certum apud se remedium haberent. Praeter eas multae aliae sanctorum reliquiae Domino comitibusque ejus monstrabatur, quae hoc loco assignatae non sunt. Deinde a Noribergensibus Domino tormenta, bombardas aliumque apparatum bellicum inspiciendi copia facta est, quibus rebus, si ulla alia, maxime illa civitas, ibique, Dominus comiter et benigne habitus est. Noriberga Hailsbrunam deventum est, … »

236.

Cf. Antonio de Beatis, Die Reise des Kardinals Luigi d’Aragona durch Deutschland, …die Niederlande, Frankreich und Oberitalien 1517-1518, Ludwig Pastor (éd. et trad.), Fribourg/Brisgau, 1905 :

« Da Verdea (Donauwörth) ad pranso et cena ad Baysiburch (Wissembourg), che sono quattro miglia »

A la fin du XVIe siècle, le rôle central de Nuremberg est encore une fois souligné. L’Anglais William Smith désigne la ville comme la « ville impériale la plus importante en Franconie » et la situe par rapport aux grands centres les plus proches (1594). « Car non seulement la ville (qui constitue une communauté en soi) et tout le territoire qui appartient à l’honorable conseil, mais aussi tout l’évêché d’Eichstätt se situent maintenant dans les limites de la Franconie. Et Nuremberg en tant que ville impériale la plus importante en Franconie remplit tous ses devoirs à l’égard de l’Empire. Tout cela à propos de la situation de la ville qui se situe à 26 miles allemandes au sud d’Erfurt, 36 au sud-ouest de Leipzig, 34 à l’ouest de Prague, 13 au nord-ouest de Ratisbonne, 18 au nord d’Augsbourg, 19 au nord-est d’Ulm et 27 à l’est de Francfort. […] A 5 miles allemandes de Nuremberg il y a une ville appelée Forchheim, d’où l’on peut aller par voie d’eau jusqu’à Bamberg, de là vers Francfort et plus loin le long du Rhin via Mayence, Cologne jusqu’à Dordrecht en Hollande ; et de là on peut par mer aller jusqu’en Angleterre ». Cf. Karlheinz Goldmann (éd.), « William Smith : A Description of the Cittie of Noremberg », Mitteilungen des Vereins für Geschichte Nürnbergs 48 (1958), p.194 et s.

237.

L’itinéraire d’Albert de Stade est édité dans les Monumenta Germaniae Historica, SS XVI, p. 339. En novembre 1298, Guillaume de Mortagne fait quant à lui de Nuremberg le but de son voyage. Il se rend de Genève à Nuremberg auprès du roi Albrecht I. au service du comte de Flandre. A l’aller, il séjourna à Uffenheim, Markterlbach, et au retour, il transita par Windsheim. Cf . UB Windsheim, n°40

238.

Cf. Augustinus Patricius, De legatione Germanica (1471), dans F.R. Hausmann (éd.), Giovanni Antonio Campano (1429-1477). Erlaüterungen und Ergänzungen zu seinen Briefen, Fribourg, 1968

239.

« Novum Forum, Ottonis Baioarii », « oppidum et magnum et pulchrum »

240.

« Altero die per oppidum Forchem, niveo pane notum, quod Pilati Pontii patriam falso dicunt »

241.

« Prima die dimissa Herbipoli milia passuum emensi XXV Margiten pervenimus, oppidum militaris ordinis Theotonicorum. Teuber fluviolus oppidum preterfluit ».

242.

« Ex Karlespurgio ad Novam Civitatem Anderiscam, venimus et altero die Chyzingium, oppidum Herbipolensis ecclesie »

243.

Après son départ de Ratisbonne, la délégation pontificale séjourna à Hemau, sur l’ancienne route Würzburg-Nuremberg-Ratisbonne, dans le Jura franconien : « villam satis amplam ».

« Quinto deinde Kals. Septembris, cum Cesar religionis gratia Bambergam petere statuisset, ex Norimberga discessimus et plano itinere haud procul a Regnicio flumine pervenimus Paesdorfum, villam milibus passuum XX a Norimberga distantem. Hic Brandeburgensis, loci tyrannus, Cesarem, legatum et Saxonem cum omni comitatu marce sue magnifice epulentissimeque suscepit. »

Patrizzi est amené à évoquer Pegnitz lors de sa description de Nuremberg et de la rivière Pegnitz qui la traverse. « Urbs ipsa magna ex parte in plane iacet, pars et collem qui a septentrione imminet, complectitur, in cuius cacumine arx est munitissima ac regali festigio constructa, duplici circumdatur muro urbs et latissima fossa, interluiturque Pegnitio paruo flumine, quod in villam eiusdem nominis ortus (Pegnitz) milibus passuum XXV distante, in occidentem decurrens mox Regnitium, deinde Moganum influit ». Cf. Augustinus Patricius, De legatione Germanica (1471), dans F.R. Hausmann (éd.), Giovanni Antonio Campano (1429-1477). Erlaüterungen und Ergänzungen zu seinen Briefen, Fribourg, 1968

244.

Bamberg compterait environ 7 000 habitants en 1522 ; Würzbourg dispose d’environ 2 600 contribuables en 1398. Sa population est estimée à 5365 habitants en 1512. Cf. F. Seberich, « Die Einwohnerzahl Würzburgs in alter und neuer Zeit », Mainfränkisches Jahrbuch 12 (1960), p. 49-68

245.

Voir reproduction de la carte en annexe. Carte de Georg Erlinger reproduite dans Fritz Schnelbögl, Dokumente zur Nürnberger Kartographie, 1966, (Beiträge zur Geschichte und Kultur der Stadt Nürnberg 10), p. 62.