Les missives, reflets et symboles de l’intercommunalité

Puisque l’intercommunalité suppose, à ses fondements, des contacts et des ententes entre gouvernements urbains, elle est affaire de communication, orale ou écrite. Parmi tous les média, les missives semblent des témoins privilégiés des solidarités interurbaines.

Lettres médiévales

Des missives médiévales, on connaît surtout les lettres « privées » ou les lettres d’affaires.

La lettre pénétrait dans l’intimité des familles bourgeoises, reliait le jeune étudiant à ses parents ou réglait l’intendance domestique. Les grands ténors de la Kulturgeschichte 246 se chargèrent de vulgariser ces lettres intimes dès le XIXe siècle, espérant y saisir la « psychologie du peuple » ou la « vie privée » urbaine à l’avènement de la Renaissance 247 .

La lettre courait aussi de comptoirs en comptoirs et de places en places, relayant les ordres des marchands à leurs confrères, clients, changeurs et facteurs. Par l’entremise des hommes d’affaires, dès le XIIIe siècle, le courrier allait et venait régulièrement entre les foires de Champagne et Florence. La « Scarsella dei mercanti fiorentini », société en participation florentine, expédiait et regroupait le courrier hebdomadaire de 17 compagnies entre Florence et Avignon par la route de Gênes. C’était des marchands de toute l’Italie, de Bologne à Plaisance en passant par Lucques, Sienne, Milan, Gênes ou Venise qui correspondaient entre eux et assumaient à l’occasion la transmission de courriers pour autrui. Loin de ce foisonnement italien, les correspondances marchandes allemandes 248 n’ont que des honneurs d’estime et semblent démentir les ambitions des milieux d’affaires de l’empire revendiquant au XVIe siècle le monde pour champ d’action (mein Feld ist die Welt). Peu de lettres marchandes germaniques furent éditées et étudiées dans leur intégralité. Pour reconstruire les réseaux commerciaux, on leur préfère généralement les livres de comptes, les états de commerce et les manuels commerciaux. Au-delà de la maison Veckinhusen ou de la firme Fugger qui transmettait à Maximilien 1er des informations glanées sur tout le continent, les lettres des marchands allemands sont tombées en désuétude.

La lettre servait à exposer ses griefs aux gens du voisinage. Elle cristallisa souvent à la fin du Moyen Âge les conflits entre le monde urbain et l’univers nobiliaire. La missive était en soi un objet de litige apte à faire naître les ressentiments ou à envenimer les querelles 249 . A ce titre, la lettre nobiliaire connaît actuellement un regain d’intérêt, elle sert tant l’étude du groupe noble que celle des relations entre les villes et la noblesse. L’écriture épistolaire traduit une participation plus active de la petite noblesse au processus de scripturalité 250 . Poussés par les villes et le processus de territorialisation princière, les chevaliers durent s’adapter pour ne pas perdre la place qu’ils avaient acquise dans la société. Jadis leur honneur passait par le maniement des armes, la parole, la fidélité donnée et les conseils prodigués. Désormais leur défense de l’honneur relevait un peu des missives. Ces dernières gagnèrent en importance dans la vie nobiliaire dès le XIIIe siècle, au moins sous la forme des lettres de Fehde (Fehdebrief) 251 . De plus en plus souvent pour être conformes à l’honneur, les actes de violence légitime étaient soumis à l’envoi préalable d’une lettre rédigée selon les règles de l’art (Absagebrief).

La lettre constituait un rouage de la politique et de l’administration. Mais quand elle remplît ces bons offices, les travaux historiographiques se détournent des horizons urbains et leur préfèrent les seigneurs territoriaux. Quelques historiens ont mis des correspondances seigneuriales à disposition des lecteurs. Les lettres du voisin et rival de Nuremberg au XVe siècle, le margrave Albert Achille, sont accessibles au grand public depuis la fin du XIXe siècle 252 . Récemment, Werner Paravicini présida à l’inventaire des correspondances de Charles le Téméraire 253 .

Certes, même au bas Moyen Âge, aucune lettre ne pouvait encore remplacer la présence corporelle du seigneur et ses déplacements. Mais il importait d’être régulièrement informé et prévenu au mieux de ses intérêts, de diffuser à ses sujets et employés les informations ou ordres requis. Le rôle de la lettre pour une meilleure tenue de leur territoire n’échappait pas aux puissants. Souvenons-nous des conseils prodigués au jeune Charles VI par Philippe de Mézières dans le Songe du Vieil Pelerin (1389) 254 . Il conseillait au roi une armada de messagers, destinés à devenir ses agents de liaison, à colporter la « bonne amour » et à récolter les informations auprès des autres souverains de la chrétienté.

Le service de messagerie de la curie 255 témoigne au premier chef du rôle administratif de la lettre . Au cœur de la chrétienté, la curie n’avait pas sa pareille pour collecter les nouvelles universelles qui lui parvenaient tant par la voie hiérarchique que par les réseaux officieux des pélerins, des marchands ou des banquiers.

Si dans l’empire, les seigneurs et souverains tardèrent à appliquer les recettes de la curie, c’est néanmoins par référence au courrier pontifical qu’une poste impériale vit le jour au XVIe siècle. Les Raitbücher d’Innsbrück signalèrent pour la première fois en 1490 un maître de poste habsbourgeois. En cette même année, la chronique de Memmingen narrait dans les détails l’instauration par le roi d’une cavalerie permanente entre l’Autriche et les Pays-Bas, avec des relais tous les cinq Meilen. En charge du service postal à partir du début du XVIe siècle, les seigneurs milanais de Thurn und Taxis profitèrent de leurs expériences italiennes pour décupler les possibilités de communication du souverain allemand. L’installation de relais de messagers et de chevaux sur des itinéraires préétablis révolutionna la circulation postale dans l’empire. Une telle innovation technique était indissociable des problèmes administratifs particuliers auxquels se trouvaient confrontés les Habsbourg. Les dimensions de leur territoire, élargi à la Bourgogne, puis à l’Espagne, les contraignirent à davantage de centralisation. Leur système postal, même affermé aux Thurn und Taxis, constituait une émanation directe de l’autorité du souverain et requérait en cela la rapidité, la fiabilité et la sécurité des informations 256 .

Les lettres laissées par l’ordre teutonique 257 témoignent d’une tentative de poste publique plus précoce encore et d’une correspondance intense, mais sur une étendue géographique plus restreinte. Les nombreuses missives conservées pour le XVe siècle étaient transmises de relais en relais, ce qui permet de retracer le parcours du courrier de Königsberg à Marienbourg et de là jusqu’à Thorn. Ce système de transport postal s’arrêtait cependant aux portes de l’Etat teutonique. Au-delà en dépit de ses possessions, l’ordre n’était pas à même d’assurer l’existence et la sécurité de relais postaux.

Lorsqu’elle s’intéresse aux lettres administratives, l’historiographie privilégie donc les réseaux de commmunication et les correspondances des puissants. Mais, comme les autres pouvoirs du temps, les villes usèrent abondamment du précieux outil d’exécution, de relation ou d’information fourni par le courrier. Les missives sont encore là, en nombre, dans leurs archives pour en attester. De rares éditeurs exhumèrent ces lettres au XIXe siècle… et les démantelèrent en les vouant à des fins très éloignées de l’histoire urbaine. Les missives municipales vinrent par exemple étoffer les Reichstagsakten 258 , véritable agglomérat de procès-verbaux d’assemblées, de missives et de mandements royaux. Les correspondances impériales de Francfort 259 furent traitées avec la même liberté. Leur éditeur glana une lettre ici, une autre là, de telle sorte qu’alternent sans ambage des lettres de la ville et des missives échangées entre les princes et le souverain.

Les ressources des missives communales n’ont finalement servi qu’à jeter la lumière sur la politique générale de l’empire. Elles n’étaient jamais en cela que des documents aux vertus informatives. L’histoire locale les utilisa au même titre. Il arrive de rencontrer quelques lettres éditées au détour des revues de sociétés historiques régionales. Mais jamais les correspondances municipales n’ont profité à une histoire des villes, et encore moins de leurs relations. Leur cantonnement aux domaines politique et événementiel a persisté jusque dans les années 1960 où l’on glorifia parfois leur richesse en données économiques 260 . Les lettres urbaines souffraient cependant toujours du même mal : n’être réduites qu’à des sources de renseignements divers, d’ordre politique, biographique, événementiel, ou linguistique 261 .

L’histoire des communications opère cependant depuis peu un retour aux lettres médiévales et jette sur ces sources un nouveau regard 262 . Le colloque consacré à la circulation des nouvelles en 1994, n’a pas eu beaucoup de prolongements en France. Mais il marque l’amorce d’une histoire des communications soucieuse de l’aspect matériel du message, de ses supports, de ses modes de transport, des réseaux et du personnel voué à la transmission.

Outre-Rhin, l’émergence récente de nouveaux modes de communication, provoque, de façon similaire, une relecture des sources sous l’angle des formes de communication médiévales. L’approche allemande s’accompagne néanmoins d’un arsenal théorique plus poussé, emprunté aux sociologues et aux sémiologues 263 . Les travaux, nombreux depuis les années 1990, témoignent d’une acception élargie de la communication qui regroupe :

« - la communication au sens technique (le message envoyé), c’est-à-dire les procédés ou structures d’envoi ou d’échange de messages symboliques entre deux ou plusieurs individus ou groupes

l’attribution de sens (le message reçu) ; elle exige un processus d’appropriation qui dépasse les limites de la communication technique, parce qu’il fait intervenir des systèmes de valeurs plus larges et peut être sujet à des interférences ou des influences parasites affectant le sens du message ;

la perception par l’historien d’une communication réussie (le message opérant) : il faut alors rendre compte de tout le système communicatif dans son contexte, un espace-temps donné, le plus souvent dans la longue durée » 264 .’

Forte d’une telle définition, la recherche allemande sur la communication médiévale se dilate au point d’englober la « communication sociale ». Elle intègre toutes les formes d’expression, y compris le silence ou la raison des gestes 265 . La branche la plus développée de cette histoire des médias analyse les usages de l’oralité et de la scripturalité mis en œuvre par les individus ou les groupes au Moyen Âge 266 . La « communication persuasive » occupe elle aussi un large pan de la recherche et se penche sur la propagande, l’opinion publique, la communication entre pouvoirs et sujets, l’imposition de normes et leur réception (gouvernants-gouvernés, juges-témoins) 267

Le système de communication de la royauté correspond par exemple au champ de recherche des derniers travaux. Un inventaire systématique des lettres impériales de Frédéric III enrichit peu à peu le tableau bigarré et hétérogène laissé par les Reichstagsakten, les Constitutiones (Monumenta Germaniae Historica) ou les Regesta Imperii 268 . Après s’être portée sur les diètes et les conseils royaux, la recherche aborde la chancellerie royale et son mode de fonctionnement. C’est tout le système de communication de la royauté, ou en d’autres termes « le roi en lettres » (P.-J. Heinig), que l’on aspire à saisir quantitativement et qualitativement. L’entreprise dépasse le simple comptage à des fins scientifiques. Car elle s’accompagne de la certitude croissante que la communication était un enjeu majeur dans l’empire des XVe-XVIe siècles, un enjeu ressenti comme tel à l’époque. En 1456-1457, Frédéric III s’entendit par exemple reprocher par les princes électeurs son mode de gouvernement fondé sur l’écrit. Pour défendre le royaume contre les Turcs, suffisait-il de lancer des directives par lettres dans le reste de l’empire ?

En partant des lettres du roi, le spectre que balaye la recherche est très large et mène des réseaux de la cour aux relations entre le roi et ses sujets. De ce point de vue, la recherche ne peut que constater des lacunes persistantes sur la préhistoire du système postal impérial 269 . La cour royale n’employait directement et simultanément qu’une douzaine de messagers jurés, mais elle s’adressait volontiers à des tiers qui affermaient l’office 270 . L’écheveau de ces entreprises de sous-traitance chargées du courrier du roi ou de son tribunal (Kammergericht) repose sur des connexions complexes dont beaucoup restent encore à dévider…

A l’exemple des études lancées sur les lettres du roi, l’histoire des communications sociales ne réclame pas de nouvelles sources ; elle requiert seulement une redécouverte et une relecture des corpus existants. Les missives municipales représentent l’un des champs épistolaires à reprendre avec un œil nouveau. Dans ce domaine, plus fortement encore que pour les autres types de lettres médiévales, une longue tradition de pillage à caractère « informatif » demande un retour aux sources dans leur globalité. Une première étape indispensable consisterait dans l’édition intégrale de quelques fonds, quand bien même leur ampleur et leur dispersion ont déjà découragé plusieurs initiatives 271 .

Pour être fructueux, ce retour aux sources doit s’abstenir de poser des ornières. Il ne saurait être question des correspondances municipales sans perspectives d’ensemble sur l’administration ou la communication urbaines. Les lettres des gouvernements urbains ne sont qu’une pièce dans la communication interne ou externe des villes.

Notes
246.

Cette revue des ressources épistolaires médiévales s’entend avant tout pour l’Empire. Cf. Georg Steinhausen, Geschichte des deutschen Briefes, 2 vol., Berlin, 1889-1891 (réimpression 1968) et du même, Deutsche Privatbriefe des Mittelalters, 2 vol., Berlin, 1899, 1907. Parmi les éditions de correspondances « privées », Georg Steinhausen, Briefwechsel Balthasar Paumgartners d. J. mit seiner Gattin Magdalena, geb. Behaim (1582-1598), 1895, (Bibliothek des Literarischen Vereins Stuttgart 204) ; J. Kammann, « Aus Paulus Behaims I. Briefwechsel », Mitteilungen des Vereins für Geschichte Nürnberg 3 (1881), p. 73-154 et du même, « Aus dem Briefwechsel eines jungen Nürnberger Kaufmanns », Mitteilungen aus dem Germanischen Nationalmuseum (1894), p. 9-22 et 45-56

247.

L’élan s’est tari depuis et on a préféré aux correspondances intimes d’autres témoignages « privés », moins elliptiques, moins discontinus et moins rares, comme les mémoires ou les chroniquesCf. Pierre Monnet, Pouvoirs, affaires et parenté à la fin du Moyen Âge : les Rohrbach de Francfort, thèse de doctorat de l’EHESS, 1994 ; voir aussi Dominique Barthélémy, Philippe Braunstein et alii, Histoire de la vie privée, Georges Duby et Philippe Ariès (dir.), vol. 2, Paris, 1985 ; Emmanuel Le Roy Ladurie, Le siècle des Platter 1499-1628, Paris, Fayard, 1995. L’exemple est venu des études menées en Italie sur les Ricordanze. Cf. Christiane Klapisch-Zuber , La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris : EHESS, 1990. Le désintérêt progressif pour les correspondances privées admet cependant une exception, la recherche sur les correspondances humanistes, très active tout au long du XXe siècle. A l’échelle internationale, elle travaille sur l’apogée de la littérature épistolaire italienne et latine aux XIVe-XVe siècles. Les études stylistiques se mêlent à l’exploration des cercles humanistes du Sud de l’Empire, de leurs relations avec l’Italie ou de leurs influences réciproques. Pour ne s’en tenir qu’aux humanistes du cercle franconien et aux éditions de leurs correspondances, mentionnons Paul Joachimsohn, Hermann Schedels Briefwechsel (1452-1478), 1893, (Bibliothek des literarischen Vereins Stuttgart) ; J. Pfanner (éd.), Briefe von, an und über Caritas Pirckheimer, 1966 ; Hans Rupprich, Albrecht Dürer. Schriftl. Nachlass, tome 1 : Autobiographische Schriften, Briefwechsel, Dichtungen, Beischriften, Notizen und Gutachten, Berlin, 1956 ; Hans Rupprich, Der Briefwechsel des Konrad Celtis, Munich, 1934, (Humanisten Briefe, 3) ; Ernst Ullmann (éd.), Albrecht Dürer. Schriften und Briefe, Leipzig : Reclam, 6e éd., 1993 ; Dieter Wuttke (éd.), Willibald Pirckheimers Briefwechsel, vol. 3, Munich, 1989

Les travaux sur les correspondances au sein du cercle familial sont en nombre restreint. Voir par exemple M. Beer, Eltern und Kinder des späten Mittelalters in ihren Briefen, Nuremberg, 1990. Les éditions ne s’intéressent qu’aux correspondances des grands, comme l’impératrice Eléonore du Portugal, épouse de Frédéric III ou les échanges épistolaires entre Charles V et ses sœurs. Cf. H. Kreiten, « Der Briefwechsel Kaiser Maximilians I. mit seiner Tochter Margareta. Untersuchungen über die Zeitfolge des durch neue Briefe ergänzten Briefwechsels », Archiv für österreischiche Geschichte 96 (1907), p. 191-318 ; K. Walsh, « Deutschsprachige Korrespondenz der Kaiserin Leonora von Portugal. Bausteine zu einem geistigen Profil der Gemahlin Kaiser Friedrichs III. und zur Erziehung des jungen Maximilian », dans P.-J. Heinig, Kaiser Friedrich III. in seiner Zeit. Studien anlässlich des 500. Todestags am 19. August 1493, Weimar-Vienne-Cologne, 1993, p. 399-445. La commission de recherche sur les « Residenzen » de l’académie des sciences de Göttingen programmait aussi en 1996 une recherche sur les lettres de femmes nobles.

248.

Sur le rôle des marchands allemands dans la transmission des nouvelles, voir T. G. Werner, « Das kaufmännische Nachrichtenwesen im späten Mittelalter und in der frühen Neuzeit und sein Einfluss auf die Entstehung der handschriftlichen Zeitung », Scripta Mercaturae Heft 2 (1975), p. 3-52 et Margot Lindemann, Nachrichtenübermittlung durch Kaufmannsbriefe. Briefzeitungen in der Korrespondenz Hildebrand Veckinchusens 1398-1428, Munich, 1978, (Dortmunder Beiträge zur Zeitungsforschung 26).

Cf. W. Strieda (éd.), Hildebrand Veckinghusen. Briefwechsel eines deutschen Kaufmanns im 15. Jahrhundert, Tübingen, 1921 et F. Irsigler, « Der Alltag einer hansischen Kaufmannsfamilie im Spiegel der Veckinchusen-Briefe », Hansische Geschichtsblätter 103 (1985), p. 75-99. Récemment, Michael North, Kommunikation, Handel, Geld und Banken in der Frühen Neuzeit, Munich : Oldenbourg, 2000, (Enzyklopädie deutscher Geschichte, 59)

Sur les marchands de Nuremberg et leurs correspondances :

C. Schaper, Die Hirschvogel von Nürnberg und ihr Handelshaus, Nuremberg, 1973, (Nürnberger Forschungen 18). Lienhart Hirschvogel, établi à Venise, correspondit entre 1442 et 1457 avec ses commis et son beau-frère nurembergeois, Michel Beheim ; Philippe Braunstein, « Wirtschaftliche Beziehungen zwischen Nürnberg und Italien im Spätmittelalter », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, vol. 1, Nuremberg, 1967, p. 377-406 et du même, « Réseaux familiaux, réseaux d’affaires en pays d’empire : les facteurs de sociétés (1380-1520), dans F.‑M. Crouzet, Le négoce international (XIIe-XXe siècle), Paris : Economica, 1989, p. 23-34 ; Wolfgang von Stromer, « Das Schriftwesen der Nürnberger Wirtschaft vom 14. bis zum 16. Jahrhundert. Zur Geschichte oberdeutscher Handelsbücher », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, Nuremberg, vol. 2, 1967, p. 751-799 ; Werner Schultheiss, « Nürnberger Handelsbriefe aus der 2. Hälfte des 14. Jahrhunderts. Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs », MVGN 51 (1962), p. 60-69

Au-delà des Alpes, la moisson est beaucoup plus abondante. Voir par exemple Jérome Hayez, « La gestion d’une relation épistolaire dans les milieux d’affaires toscans à la fin du Moyen Âge », dans Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur, La circulation des nouvelles au Moyen Âge, Paris : Publications de la Sorbonne, 1994, p. 63-84

249.

Rappelons simplement la sentence lancée par le noble franconien Cunz Schott à un conseiller nurembergeois dont il venait de couper la main : « Comme ça, tu ne pourras plus m’écrire de lettres ».

250.

Cf. Roger Sablonier, « Schriftlichkeit, Adelbesitz und adliges Handeln im 13. Jahrhundert », dans Otto Gerhard Oexle et Werner Paravicini (éd.), Nobilitas : Funktion und Repräsentation des Adels in Alteuropa, Göttingen, 1997, p. 67-100

251.

Voir Werner Rösener, « Fehdebrief und Fehdewesen. Formen der Kommunikation beim Adel im späteren Mittelalter », dans Heinz-Dieter Heimann et Ivan Hlavacek, Kommunikationspraxis und Korrespondenzwesen im Mittelalter und in der Renaissance, Paderborn, Zürich, Vienne, Munich : Schöningh, 1998, p. 91-102.

Le rôle de l’écrit dans l’exécution des Fehde tient d’une codification grandissante de ce type de règlement des conflits. Cette formalisation a été induite par les édits de paix des XIIe-XIIIe siècles. L’édit de paix impérial de 1186 ne reconnaît par exemple la conformité juridique d’une Fehde que si elle est précédée d’une déclaration formelle (Absage) trois jours avant le début des hostilités et que cette déclaration est communiquée par un messager ou une lettre. Les lettres de Fehde sont des lettres ouvertes, simplement pliées. L’expéditeur y annonce formellement et sévèrement son intention de livrer Fehde pour son honneur ou celui d’un tiers. Il mentionne parfois les raisons du grief. Voir l’exemple proposé par Klaus Graf, « Die Fehde Hans Diemars von Lindach gegen die Reichsstadt Schwäbisch Gmünd (1543-1554). Ein Beitrag zur Geschichte der Städtefeindschaft », Kurt Andermann (éd.), Raubritter oder rechtschaffene vom Adel ? Aspekte von Politik, Friede und Recht im späten Mittelalter, Sigmaringen : Thorbecke, 1997, p. 151-165 ; Voir aussi Kurt Andermann et Peter Johanek (dir.), Zwischen Nicht-Adel und Adel, Stuttgart : Thorbecke, 2001, (Vorträge und Forschungen, 53)

252.

Cf. F. Prietbatsch (éd.), Politische Correspondenz des Kurfürsten Albrecht Achilles, 3 vol., Leipzig, 1894-1898

253.

Cf. Werner Paravicini, Der Briefwechsel Karls des Kühnen (1433-1477), 2 vol., Francfort : Peter Lang, 1995, (Kieler Werkstücke, Reihe D, vol.4)

254.

Cf. Philippe Contamine, « Introduction », dans Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, La circulation des nouvelles au Moyen Âge, Paris, 1994, p. 9-24

255.

Cf. Yves Renouard, « Comment les papes d’Avignon expédiaient leur courrier », Revue historique 180 (1937), p. 1-29 ; du même, Les relations des papes d’Avignon et des compagnies commerciales et bancaires de 1316 à 1378, Paris, 1941, 2e partie, chap. 6-7 ; du même, « Information et transmission des nouvelles », dans L’histoire et ses méthodes, Paris, 1961 (Encyclopédie de la Pléiade 11), p. 95-142

Ses travaux ont été complétés et corrigés depuis par B. Guillemain, La cour pontificale d’Avignon (1309-1376). Etude d’une société, Paris, 1962, et P. Gasnault, « La transmission des lettres pontificales au XIIIe et au XIVe siècle », dans Werner Paravicini (éd.), Histoire comparée de l’administration, IVe-XVIIIe siècle, Tours, 1977, (Beihefte der Francia, 9), p. 79-87

Voir plus récemment, Anne-Marie Hayez, « Les courriers des papes d’Avignon sous Innocent VI et Urbain V (1352-1370), dans SHMESP, La circulation des nouvelles au Moyen Âge, Paris, 1994, qui étudie les déplacements, les missions et la carrière des courriers pontificaux. Franz-J. Felten aborde quant à lui le sujet dans le contexte particulier du conflit né entre Louis le Bavarois et les papes de son temps : Franz-J. Felten, « Kommunikation zwischen Kaiser und Kurie unter Ludwig dem Bayern (1314-1347). Zur Problematik der Quellen im Spannungsfeld von Schriftlichkeit und Mündlichkeit », dans Heinz-Dieter Heimann, Kommunikationspraxis und Korrespondenzwesen im Mittelalter und in der Renaissance, Zürich : Schöningh, 1998, p. 51-90.

256.

Sur les services postaux mis en place par Maximilien 1er et la poste impériale, voir Martin Dallmeier, « Reichsstadt und Reichspost », dans Rainer A. Müller, Reichsstädte in Franken, tome 2, Munich, 1987, p. 56‑69. De même que les ouvrages anciens de Fritz Ohmann, Die Anfänge des Postwesens und die Taxis, Leipzig, 1909.

257.

Cf. P. Babendererde, « Nachrichtendienst und Reiseverkehr des deutschen Ordens um 1400 », Altpreussische Monatsschrift 50 (1913) ; E. Rotter, « Die Organisation des Briefverkehrs beim Deutschen Orden », dans W. Lotz (dir.), Deutsche Postgeschichte, Berlin, 1989, p. 23-43 ; Hartmut Boockmann, « Die Briefe des Deutschordenshochmeisters », dans Heinz-Dieter Heimann, Kommunikationspraxis und Korrespondenzwesen im Mittelalter und in der Renaissance, Zürich : Schöningh, 1998. On trouvera une carte des chemins postaux de l’ordre teutonique dans la première moitié du XVe siècle dans H. Mortensen et alii, Historisch-geographischer Atlas des Preussenlandes, Wiesbaden, 1968

258.

Pour les Reichstagsakten, voir les détails des périodes médiévales couvertes en bibliographie.

259.

Cf. J. Janssen (éd.), Frankfurter Reichscorrespondenz nebst anderen verwandten Aktenstücken (1376-1519), 3 vol., Freiburg, 1872

260.

Cf. F.M. Ress, « Die Nürnberger Briefbücher als Quelle zur Geschichte des Handwerks, der eisen- und metallvararbeitenden Gewerbe sowie der Sozial- und Wirtschaftsgeschichte », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, tome 2, Nuremberg, 1967, p. 800-829 ; Wolfgang von Stromer, Oberdeutsche Hochfinanz 1350-1450, 3 vol., Wiesbaden, 1970, (Vierteljahrsschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, Beiheft 55-57)

Bernhard Kirchgässner exploite quant à lui les missives d’Esslingen pour glaner des renseignements sur les percepteurs de la ville. Cf. Bernhard Kirchgässner, « Währungspolitik, Stadthaushalt und soziale Fragen südwestdeutscher Reichsstädte im Spätmittelalter. Menschen und Kräfte zwischen 1360 und 1460 », Esslinger Studien (Jahrbuch für Geschichte der oberdeutschen Reichsstädte) 11 (1965), p. 90-127

261.

Cf. Christoph Grolimund, Die Briefe der Stadt Basel im 15. Jahrhundert. Ein textlinguistischer Beitrag zur historischen Stadtsprache Basels, Tübingen, Basel : Francke, 1995, (Basler Studien zur deutschen Sprache und Literatur ; vol. 69)

262.

Cf. Philippe Contamine, « Introduction », dans SHMESP, La circulation des nouvelles au Moyen Âge, Paris : Publications de la Sorbonne, 1994

263.

Voir Willem Frijhoff, « Communication et vie quotidienne à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne : réflexions de théorie et de méthode », dans Kommunikation und Alltag im Spätmittelalter und früher Neuzeit. Internationaler Kongress Krems an der Donau, 9. bis  12. Oktober 1990, Vienne : Österreichische Akademie der Wissenschaften, 1992, (Veröffentlichungen des Instituts für Realienkunde des Mittelalters und der frühen Neuzeit, 15), p. 9-37 ; Albert Müller, « Mobilität-Interaktion-Kommunikation. Sozial- und alltagsgeschichtliche Bemerkungen anhand von Beispielen aus dem spätmittelalterlichen und frühneuzeitlichen Österreich », dans Kommunikations und Alltag…, supra, p. 219-249 ; W. Behringer, « Bausteine zu einer Geschichte der Kommunikation », Zeitschrift für Historische Forschung 21 (1994), p. 92-112

Les travaux historiques sur la communication médiévale se nourrissent des lectures de : Jürgen Habermas, Theorie des kommunikativen Handelns, 2 vol., Francfort, 1981 et sa suite, Moralbewusstsein und kommunikatives Handeln, Francfort, 1983 ; ou encore, du même, Strukturwandel der Öffentlichkeit. Untersuchungen zu einer Kategorie der bürgerlichen Gesellschaft, Neuwied, 1962. Niklas Luhmann, Reden und Schweigen, Francfort, 1989, (Suhrkamp-Taschenbuch, 1989)

264.

Cf. Willem Frijhoff, « Communication et vie quotidienne à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne : réflexions de théorie et de méthode », dans Kommunikation und Alltag im Spätmittelalter und früher Neuzeit. Internationaler Kongress Krems an der Donau, 9. bis  12. Oktober 1990, Vienne : Österreichische Akademie der Wissenschaften, 1992, (Veröffentlichungen des Instituts für Realienkunde des Mittelalters und der frühen Neuzeit, 15), p. 9-37.

Outre cet ouvrage collectif sur la communication au Moyen Âge, on peut retenir parmi les plus récentes publications : J. Benzinger, « Zum Wesen und zu den Formen der Kommunikation und Publizistik im Mittelalter », Publizistik 15 (1970, Hans Pohl (dir.), Die Bedeutung der Kommunikation für Wirtschaft und Gesellschaft, Stuttgart, 1989, (Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, Beiheft 87) ; W. Faulstich, Medien und Öffentlichkeiten im Mittelalter, Göttingen, 1996 ; J. Fried (dir.), Kommunikation im Mittelalter. Didaktik und Rhetorik im frühen Mittelalter, Munich, 1996 ; Heinz-Dieter Heimann (dir.), Kommunikationspraxis und Korrespondenzwesen im Mittelalter und in der Renaissance, Munich : Schöningh, 1998 ; Gerd Althoff (dir.), Spielregeln der Politik im Mittelalter. Kommunikation in Frieden und Fehde, Darmstadt : Primus Verlag, 1997, en particulier la partie « Kommunikation » ; Heinz Duchhardt/ Gert Melville (éd.), Im Spannungsfeld von Recht und Ritual. Soziale Kommunikation im Mittelalter und Früher Neuzeit, Cologne : Böhlau, 1997, (Norm und Struktur. Studien zum sozialen Wandel in Mittelalter und Früher Neuzeit, vol. 7) ; dernièrement, Gerd Althoff (dir.), Formen und Funktionen öffentlicher Kommunikation im Mittelalter, Stuttgart : Thorbecke, 2001, (Vorträge und Forschungen, 51)

265.

Les travaux de J.-C. Schmitt ont eu un très fort écho en Allemagne et ont suscité plusieurs études sur la communication silencieuse, par les gestes. Cf. Jean-Claude Schmitt, La raison des gestes dans l’Occident médiéval, Paris, 1990. Voir par exemple « Demonstration und Inszenierung. Spielregeln der Kommunikation in mittelalterlicher Öffentlichkeit » et « Empörung, Tränen, Zerknirschung. Emotionen in der öffentlichen Kommunikation des Mittelalters », dans Gerd Althoff (dir.), Spielregeln der Politik im Mittelalter…, Darmstadt, 1997

266.

La réflexion sur la signification de l’écrit est par exemple au cœur des préoccupations de l’école doctorale interdisciplinaire de l’université de Münster. Ses activités s’orientent entre autres autour de la fonction sociale et politique de l’écrit médiéval et rejoignent les perspectives exprimées par Michael T. Clanchy, From Memory to written record. England 1066-1307, Londres, 1993. Cf. Hagen Keller, Klaus Grubmüller, Nikolaus Staubach (dir.), Pragmatische Schriftlichkeit im Mittelalter : Erscheinungsformen und Entwicklungsstufen, Munich, 1992 ; Hagen Keller, Christel Meier, Thomas Scharf, Schriftlichkeit und Lebenspraxis im Mittelalter. Erfassen, Bewahren, Verändern, 1999, (Münster, Mittelalter-Schriften 77)

267.

Il me semble qu’on assiste au glissement vers le bas Moyen Âge de problématiques déjà éprouvées au temps des Réformes. Voir entre autres Bob Scribner, « Mündliche Kommunikation und Strategien der Macht in Deutschland im 16. Jahrhundert », dans Kommunikation und Alltag…, Vienne, 1992, p. 183-197.

Pour les études sur la communication sociale au Moyen Âge, voir Neithard Bulst, « Normative Texte als Quelle zur Kommunikationsstruktur zwischen städtischen und territorialen Obrigkeiten im späten Mittelalter und in der frühen Neuzeit », dans Kommunikation und Alltag…, Vienne, 1992, p. 127-144 ; Robert Jütte, « Sprachliches Handeln und kommunikative Situation. Der diskurs zwischen Obrigkeit und Untertanen am Beginn der Neuzeit », dans Kommunikation und Alltag…, Vienne, 1992, p. 159-181 ; Bernd Thum, « Öffentlich-Machen, Öffentlichkeit, Recht. Zu den Grundlagen und Verfahren der politischen Publizistik im Spätmittelalter », Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik 37 (1980), p. 12‑69 ; B. Studt, « Neue Zeitungen und politische Propaganda », Zeitschrift für Geschichte der Oberrhein 143 (1995), p. 145-219. Dernièrement, Werner Rösener (éd.), Kommunikation in der ländlichen Gesellschaft vom Mittelalter bis zur Moderne, Göttingen : Vandenhoeck und Ruprecht, 1999

268.

Une équipe menée par Heinrich Koller et P.‑J. Heinig a pour objectif de compléter les Regesta Imperii de Böhmer : Johann Friedrich Böhmer, Regesta Imperii, tome 8 : Die Regesten des Kaiserreichs unter Kaiser Karl IV 1346-1378, édité par Alfons Huber, à partir des Nachlässe Johann Friedrich Böhmers, 1877. Les travaux se portent pour l’instant sur les documents laissés par la chancellerie de Frédéric III et inventorient les lettres impériales conservées dans plusieurs archives régionales. Ex : Regesten Kaiser Friedrich III (1440-1493), Répertoires par archives et bibliothèques dirigés par Heinrich Koller, Heft 4 : P.-J. Heinig, Die Urkunden und Briefe aus dem Stadtarchiv Frankfurt am Main, Vienne-Cologne-Graz, 1986. Présentation des premiers bilans de ces recherches dans P.‑J. Heinig, « Der gegenwärtige Stand der Regesta Imperii », dans P.‑J. Heinig, Diplomatische und chronologische Studien aus der Arbeit an den Regesta Imperii, Cologne-Vienne, 1991, p. 9‑35

269.

Les recherches ont été relancées sur ce point en Allemagne par les 500 ans de la poste en 1990 et plusieurs synthèses sur l’administration. Cf. Heinz-Dieter Heimann, « Neue Perspektiven zur Geschichte der Post », Historische Zeitschrift 253 (1991), p. 661-672 ; K. Jeserich et alii, Deutsche Verwaltungsgeschichte, vol. 1, Stuttgart, 1983 ; Werner Paravicini et Karl Ferdinand Werner (dir.), Histoire comparée de l’administration (IVe-XVIIIe siècle), Munich : Artemis Verlag, 1980

270.

C’est l’archevêque Adolphe de Mayence, chancelier en 1470-1475, qui mit son propre réseau de courriers au service des lettres du roi. Pour leur part, Wilhelm Löffelholz et la firme Johann Müller, agents et banquiers pontificaux à Nuremberg et Rome, assurèrent parfois l’entremise de lettres pontificales et impériales.

271.

Il existe une exception de taille, l’édition offerte par Dieter Rübsamen des registres de lettres reçues par Nuremberg entre 1449 et 1457 : Dieter Rübsamen , Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Jan Thorbecke, 1997