Les annales de Schweinfurt

A soixante kilomètres de là par le Main, la petite cité impériale de Schweinfurt livre, elle aussi dans le courant du XVe siècle, sa vision des événements dans la ville et dans la région. Les premières annales de Schweinfurt émanent du conseiller Nikolaus Sprenger 456 , décédé en 1454. Son œuvre puise largement dans les livres administratifs du conseil, en particulier les Obereinnahmbücher. Avec l’aide de ces sources, de quelques quittances et missives, Sprenger avait prévu de consacrer un folio pour chaque année à compter de 1383. Les notices s’ouvrent sur la mention des bourgmestres et détenteurs d’offices publics pour l’année, puis évoquent sans éléments de liaison, les faits particuliers relevés parmi les actes et les mémoires du gouvernement. En 1392 et 1408, la matière à narration vient à manquer, de même qu’en 1446-1454, où la rupture s’explique par un changement brutal de conseil. Dans la deuxième moitié du XVe siècle, un successeur anonyme se chargea de poursuivre l’ouvrage municipal, dont le récit prend fin en 1478, tout en incluant des références au XVIe siècle.

Si les relations interurbaines étaient fort discrètes dans la chronique municipale de Würzbourg, elles occupent tout un pan des annales de Schweinfurt. Jusqu’en 1430, il n’y a en effet guère d’années sans que le narrateur ne fasse état des contacts de Schweinfurt avec les villes impériales. Il faut dire que Sprenger situe le début de ses notices dans les années troublées de la guerre des villes. Schweinfurt n’était alors qu’à demi-impériale et aspirait à secouer la tutelle qu’exerçait l’évêque de Würzbourg sur une partie de la ville et des droits urbains. Dans ce contexte, les annales municipales commémorent avec soin les premiers pas de Schweinfurt parmi les villes impériales de la ligue urbaine souabe. Elles s’attachent à sa prestation de serment comme à ses premiers déplacements pour le compte de la ligue. « En cette même année (1384), au nom de l’honorable conseil de Schweinfurt, Ruprecht Haberkorn, Heintz Greussing, Richolff Nurberger et Englerth Symert, secrétaire municipal, ont fait serment aux villes de la ligue qui s’étaient jurées auparavant en 1482 une ligue de 12 ans, à savoir Ratisbonne, Augsbourg, Ulm, Constance, Esslingen, Reuttlingen, Rottweil, Weil, Überlingen, Memmingen, Bibrach, Ravensbourg, Lindau, St Gallen, Kempten, Kaufbeuren, Leutkirch, Isny, Wangen, Pfullendorf, Buchhorn, Nördlingen, Dinkelsbühl, Rothenbourg, Bopfingen, Aalen, Gemünde, Hall, Heilbronn, Wimpfen, Wissembourg et Weill en Torgau, ils se sont ligués avec eux et ont aussi fait jurer ici la ligue à tous les bourgeois […] En cette année, le corps des villes de la ligue (die gemeine Stätt des Bundts) a tenu une assemblée ici, sans doute à propos de la ligue » 457 . En 1385, « Greussing, Nusser et Richolff Nurmberger, appelés et convoqués au titre de l’aide, sont allés pour la première fois à la ligue à Ulm, et ensuite à Constance, puis à Zurich en Suisse » 458 .

Les remarques du chroniqueur concourent dès lors à montrer les bénéfices multiples de l’intercommunalité pour la ville de Schweinfurt. Son entrée dans la ligue coïncide avec sa libération d’engagère acquise pour 4000 mark argent et 10 florins. Schweinfurt profite aussi de l’expérience de ses alliées et apprend à concevoir des pièces d’artillerie de jet ou des flèches enflammées 459 . En 1386, l’aide des villes liguées permet d’autre part au conseil d’attaquer un de ses ennemis de l’intérieur, l’ordre teutonique, qui constituait depuis longtemps une présence envahissante dans la cité.

« Au cours de cette même année, on s’est porté avec les cavaliers devant la maison de l’ordre teutonique, située dans l’ancienne ville, avec l’aide de ceux de Rothenbourg et de Windsheim et le sire Endres Truchsess, Vogt, et le sire Heinrich von Wenckheim. Parmi les cavaliers, 4 bourgeois ont été atteints et touchés, à savoir Burckhart Goldtschmidt, Hans Ackerman, Peter Steinmetz et un homme nommé Betz, les bourgeois ont dépensé pour 113 livres heller de pain et ont bu 43 Aymer de vin, mais les villes ont obtenu par arbitrage une paix » 460 . ’

Par son entrée dans la ligue souabe, Schweinfurt semble surtout nouer indéfectiblement son sort à celui de la ville impériale de Rothenbourg. Cette dernière garantit par son sceau les engagements de Schweinfurt envers ses alliées 461 . Elle se joint à elle pour recruter les sires de Kheer et 25 lances affectés à leur protection commune 462 . Elle encourt les mêmes dangers militaires ou judiciaires et en réchappe avec sa consoeur.

« En cette année (1387), certaines bonnes gens ont averti à la fois Schweinfurt et Rothenbourg du fait que des gens avaient commandé de mettre le feu chez eux en secret, ils ont pour cela mis en place 31 soldats (knecht) pour veiller ici 21 jours ensemble au cas où le feu se produirait » 463 .’

L’évêque Lamprecht de Bamberg et l’archevêque Adolphe de Nassau de Mayence « ont fait un contrat entre les villes de Rothenbourg, Schweinfurt et Windsheim et l’évêque Gerhart de Würzbourg à propos du Landgericht (tribunal territorial), mais les villes n’ont pas voulu l’accepter » 464 . Dans ces conditions, les victoires de Rothenbourg sont un peu celles de Schweinfurt, dont la chronique note attentivement les pertes, les victoires et les plus grandes Fehde 465 .

Aux lendemains de la guerre des villes, les contacts intercommunaux de Schweinfurt avec les villes impériales du Nord de la Franconie se perpétuent au gré des édits de paix (Landfrieden) 466 et des affaires générales de l’empire. Nikolaus Sprenger souligne ce que Schweinfurt doit à Rothenbourg et Windsheim dans sa connaissance des événements impériaux 467 . Il relève aussi les aides militaires offertes ponctuellement par les deux villes. En 1420, « préoccupé par les Fehde permanentes, le conseil a demandé des tireurs et des maîtres-artilleurs à ceux de Rothenbourg et de Windsheim ». Nuremberg s’intègre sans surprise aux sujets de préoccupation des annales de Schweinfurt. Le récit fait état des nombreuses informations parvenues à Schweinfurt par les journaux et lettres nurembergeois.

« Au cours de cette année (1402), de nouveaux journaux, racontant de façon préoccupante ce qui se trame entre le roi Sigismond de Hongrie et les Turcs, sont parvenus à Schweinfurt par le biais de l’honorable conseil de Nuremberg » 468

En Nuremberg, les chroniques de Schweinfurt saluent avant tout l’informatrice, l’argentière et l’experte judiciaire, capable de lui prêter 14 000 florins, de lui fournir le cuivre nécessaire à un canon ou d’arbitrer ses différends avec le maître de l’ordre teutonique 469 . Les rares occasions où le conseil de Schweinfurt put rendre la pareille à Nuremberg sont soigneusement répertoriées par Nikolaus Sprenger. En 1387, le conseil de Schweinfurt avança au commandant de Nuremberg les 596 livres heller nécessaires à l’entretien de ses troupes 470 . En 1417, « le conseil de Schweinfurt a honoré Conrad Baumgartner et Karl Holzschuher tous deux de Nuremberg  avec un tonneau de vin aromatique (Alantwein) » 471 . En 1426, « le conseil de Nuremberg demande à Schweinfurt de les assister à Würzbourg pour la tenue d’une réunion judiciaire ».

Aussi intenses qu’elles soient dans la première partie des annales de Sprenger, les relations de Schweinfurt avec ses trois voisines impériales se tarissent peu à peu à la fin des années 1420 472 . Les villes sortent alors du récit au profit de remarques plus nombreuses sur les faits et gestes de la noblesse franconienne. Cette rupture n’est pas fortuite, elle ne relève pas davantage d’un simple changement de rédacteur. Les villes impériales disparaissent des horizons mentaux de Schweinfurt au moment où cette dernière se met à multiplier les liens avec la noblesse des environs. Schweinfurt fut en effet l’une des rares villes impériales qui mena à leur terme les projets impériaux de tierce Allemagne. Elle conclut en 1422 un édit de paix et une union tripartite avec la chevalerie et l’évêque de Würzbourg, puis rechercha la protection des princes 473 . Restée en dehors de la ligue des villes impériales souabes et franconiennes en 1441, Schweinfurt perpétua ses liens avec la chevalerie en 1459. Elle devint alors membre à part entière de « l’union des comtes, sires, chevaliers et écuyers de Franconie ».

Pendant une trentaine d’années, à l’image de la ville elle-même, ses chroniques ignorent ainsi les menées de ses voisines impériales. Pas un mot sur leurs alliances, sur leurs combats contre le margrave de Brandebourg, ou sur la prise de la ville impériale de Donauwörth par le duc bavarois Louis le Riche ! A cette période, Schweinfurt relâche ses liens intercommunaux pour poursuivre « seule ce qu’elle a commencée seule ».

Les événements impériaux de la fin du XVe siècle contraignirent cependant Schweinfurt à renouer avec les villes de l’empire. Comme elles, en vertu de son statut impérial, la cité franconienne fut convoquée par le roi à Nördlingen en 1461 et sollicitée au titre de l’aide contre le duc Louis de Bavière. Les annales de Schweinfurt reprennent à cette date l’évocation des diètes urbaines 474 ou des combats communs menés par les villes impériales 475 . La ville semble retrouver ses anciennes habitudes de coopération en se faisant représenter aux diètes tantôt par Nuremberg tantôt par Rothenbourg. Mais le rédacteur de la chronique insiste en même temps sur la singularité de Schweinfurt. En 1461, elle évoque ses obligations envers la chevalerie franconienne pour échapper à l’envoi de troupes 476 .

« Alors que toutes les villes de l’empire avaient livré l’aide qui leur incombait, sur demande du conseil auprès du margrave Albrecht, ils furent acquittés de cette campagne ». ’

Même au plus fort de leur coopération , les villes impériales de Rothenbourg, Windsheim et Nuremberg ne forment pas les uniques références urbaines des chroniques de Schweinfurt. A côté des « villes de l’empire » (Stett des Reichs), des « villes impériales du secteur franconien » (Reichsstetten des Fränckischen Gezircks) et des « villes de la ligue » (Stätten des Bunds), l’histoire de Schweinfurt n’oublie pas « les villes des environs » (umligenden Stetten), « les villes du haut pays » (Stätt in Oberlandt) et « les villes voisines dans l’évêché » (Nebenstett im Stift). Géographiquement proche des villes de l’évêché de Würzbourg, Schweinfurt partagea épisodiquement leur sort seigneurial. Malgré la confirmation de son appartenance à l’empire par Rodolphe 1er en 1282, au cours du XIVe siècle, la cité tomba par engagère dans l’escarcelle des comtes de Henneberg 477 . Un privilège de Charles IV l’en libéra en 1361, mais entretemps, par acquisition auprès d’héritiers des Henneberg, l’évêque de Würzbourg était parvenu à s’arroger des droits sur la moitié de la ville. Pour moitié impériale et pour moitié épiscopale, la ville de Schweinfurt recouvra l’intégralité de sa liberté d’empire en 1386. Ses chroniques gardent de ce passé un intérêt marqué et durable pour des cités dont elle partagea la condition. Nikolaus Sprenger livre ainsi de nombreux détails sur la destinée de Münnerstadt, qui, comme Schweinfurt, passa des mains des Henneberg à celles de l’évêque de Würzbourg 478 . Elle constitue dans le récit comme l’envers de la ville de Schweinfurt, un alter ego qui échoua là où Schweinfurt réussit : En 1385,

« alors que l’évêque Gerhart de Würzbourg avait donné à l’évêché par un achat auprès du comte Eberhart de Wirtemberg la moitié de la ville de Münnerstadt, laquelle moitié de ville avait été reçue par mariage d’une demoiselle de Henneberg, les échevins du lieu se soulevèrent contre leurs seigneurs de Henneberg et Würzbourg. L’affaire fut cependant réglée par un contrat amiable dans lequel l’évêque Lamprecht de Bamberg fut l’arbitre et le conciliateur, de telle sorte qu’ils durent donner pour amende 5000 florins aux deux seigneurs et les échevins du tribunal furent chassés de la ville, lesquels avaient auparavant cherché à Schweinfurt contre leurs seigneurs s’ils pouvaient avec honneur se joindre aux villes liguées de l’empire » 479 . ’

Schweinfurt s’avère tout aussi soucieuse de ses bonnes relations avec les villes d’empire qu’avec des villes seigneuriales de Franconie. En 1418, lorsque le Landgericht de Würzbourg prononce une mise au ban de la ville de Schweinfurt, son conseil se justifie aussitôt « auprès de nombreuses villes, comme Nuremberg, Ulm, Rothenbourg, Nördlingen, Windsheim, et aussi d’autres villes dans l’évêché de Würzbourg […] en particulier aussi les villes de Neustadt, Königshofen, Iphofen, Gerolzhofen, Schwartzach ». A ces villes dont le regard comptait pour Schweinfurt, les Annales de Schweinfurt en ajoutent quelques autres : Bamberg, avec laquelle Schweinfurt coopère dans la lutte contre les « hommes nuisibles » tout au long du XVe siècle, Würzbourg pour laquelle la cité impériale intercède et arbitre auprès de l’évêque 480 , Meiningen, ville de l’extrême nord de l’évêché dont Schweinfurt reçoit des marques de gratitudes 481 .

Les chroniques de Schweinfurt montrent combien parler d’autres villes ou taire leur nom n’est pas innocent. Les relations de la ville avec les cités impériales franconiennes contribuèrent à la construction de son identité et de son histoire au moins entre 1383 et les années 1430. Mais le sentiment d’appartenance intercommunale pouvait n’avoir qu’un temps et passer par des degrés variables. Il n’était pas non plus exclusif : au-delà des villes impériales, Schweinfurt entendait partager son amitié à sa guise avec des villes seigneuriales ou même des nobles du voisinage.

Au XVe siècle, avec une belle unanimité, les chroniques d’une ville seigneuriale et d’une ville impériale propagent l’image de villes sur la défensive. Les cités de leurs récits sont en proie aux sièges et à la guerre alors qu’elles n’aspirent, à les croire, qu’à la paix. Si les annales de Schweinfurt et Würzbourg rejoignent en cela les éloges de Nuremberg, elles sont moins promptes qu’eux à définir pour les villes un ennemi commun, le noble ou le prince 482 . Les chroniques de Würzbourg laissent même entendre que l’ennemi serait à l’intérieur, qu’à vouloir égaler les princes, les grandes villes nuisent à tous. Même si elles sont plus ténues dans la chronique de la ville seigneuriale, les relations interurbaines font partie intégrante de l’histoire de Würzbourg et de Schweinfurt. Elles connaissent, il est vrai, des revers, des temps forts et des refroidissements. Nuremberg est une figure incontournable de ces relations franconiennes, ni Würzbourg, ni Schweinfurt ne peuvent ignorer « la très célèbre ville de Nuremberg ». Mais les liens avec la grande cité n’obèrent pas d’autres coopérations souvent plus denses et plus étroites, où se mêlent les cités impériales et seigneuriales. Würzbourg partage, au moins en pensée, le sort d’autres villes soumises à un évêque ; Schweinfurt affiche sa proximité avec Rothenbourg ou Münnerstadt.

Notes
456.

Selon l’éditeur de la chronique de Sprenger, Friedrich Stein, Nikolaus Sprenger fut secrétaire municipal. Les recherches menées depuis le XIXe siècle sur les secrétaires et les avocats de Schweinfurt démentent cette affirmation. Sprenger devait être seulement conseiller. Son accès aux documents archivés par la ville peut alors étonner. Reçut-il pour ce faire une commande ou un accord du conseil ? Cf. Friedrich Stein, Geschichte der Reichsstadt Schweinfurt, nebst Chronik der Stadt Schweinfurt, Schweinfurt, 1900. Voir également Udo Künzel, Die Schweinfurter Stadtschreiber und Ratsadvokaten von 1337 bis 1803, Diss. Würzbourg, 1974

457.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 320

458.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 320

459.

Idem, p. 320, année 1385.

460.

Idem, p.321, année 1386

461.

Idem, p. 321, année 1385 : « Durant cette année, le conseil a dû donner un engagement écrit aux états ligués à propos de la ligue sous les sceaux de la ville de Rothenbourg ob der Tauber et de Ravensbourg. »

462.

Idem, p. 321-322, 1387 : « Cette année, Rothenbourg et Schweinfurt ont recruté pour les servir ceux de Kheer avec 25 lances »

463.

Idem, p. 322, année 1387

464.

Idem, l’événement est mentionné une première fois pour l’année 1389. Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 324. Il est rappelé à l’occasion de la mort de l’évêque de Bamberg en 1399, p. 328.

Schweinfurt, Rothenbourg et Windsheim avaient chacune de leur côté des démêlés judiciaires avec le tribunal territorial (Landgericht) de Würzbourg, qui citait leurs bourgeois à comparaître malgré les privilèges de de non evocando des ressortissants urbains devant un tribunal étranger. Cette querelle judiciaire précipite un conflit armé opposant l’évêché de Würzbourg aux villes de Rothenbourg, Schweinfurt et Windsheim. Au terme de la guerre des villes en 1388-1389, le parti épiscopal parvient à un arbitrage à son profit sous l’égide des évêques de Mayence et de Bamberg. Les trois villes impériales refusèrent cependant d’appliquer cette « mauvaise lettre d’arbitrage » et donc de reconnaître la supériorité du Landgericht de Würzbourg. Le roi Ruprecht annula finalement cet arbitrage en 1397. Voir sur ces questions L. Schnurrer, « Rothenburg und das Hochstift Würzburg im Spätmittelalter », Würzburger Diözesan-Geschichtsblätter 37-38 (1975), p. 485-509 ; Friedrich Stein, Geschichte der Reichsstadt Schweinfurt, nebst Chronik der Stadt Schweinfurt, Schweinfurt, 1900.

465.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 323 : « Au cours de l’année (1387), ceux de Rothenbourg ont perdu le château de Landsberg et gagné ceux de Saunsheim (die Sawenshemen) » ; p. 327 (1398), « cette année, ceux de Rothenbourg ont eu une escarmouche avec le burgrave Frédéric » ; p. 328 (1399), « ceux de Rothenbourg se sont plaints d’être contraints de mener la guerre contre le burgrave Frédéric » ; p. 330 (1403), « Sur la demande et le désir de ceux de Rothenbourg, le conseil a envoyé Hans Heimburg trois fois cette année-là pour leur porter aide contre les burgraves de Nuremberg » ; p. 332 (1407), « cette année, le burgrave a mené encore une fois une grande expédition contre ceux de Rothenbourg » ; p. 333 (1411), « N., évêque de Mayence, a envoyé ici une plainte adressée à ceux de Rothenbourg et elle leur a été envoyée, lesquels ont fait leurs excuses qui ont été livrées au susdit évêque à Aschaffenbourg. »

466.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 326 (1395). Dans cette année où la Landfrieden a été établie, « on est allé à cheval en service pour la Landfrieden à Nuremberg, Ansbach, Bamberg, Rothenbourg, Neustadt/Aisch du jour de Saint Pierre et Saint Paul jusqu’à la Saint Gall » ; p. 326 (1398) : « Au cours de cette année, on a vaincu et fait prisonniers à Niderwehrn Hans Hirten, Peter Kessen, Dietrich et Contz Pfeiffer, et Contz Pfeiffer était le vassal de Wilhelm Diemar, tous les quatre au titre d’ennemis du corps des villes (gemeine statt) ont été passés de vie à trépas par l’épée par le bourreau de Rothenbourg après l’épiphanie » ; p. 331 (1405) : « cette année-là, les sires de la Landfrieden ont séjourné ici et se sont armés pour se porter contre les sires de Thann an der Ulster au-delà du Rhön, à savoir le sire Conrad Schenck zu Limpurg, commandant, le sire de Wertheim, le sire de Rieneck, le sire de Bamberg, le sire de Henneberg, Nuremberg, Windsheim, Rothenbourg, Wissembourg, Schweinfurt, ils s’absentèrent pendant 17 jours et revinrent et Hans Heimburg était le commandant pour la ville de Schweinfurt ».

467.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 332 (1409) : « Item ceux de Windsheim ont écrit au conseil de Schweinfurt que le pape Alexandre et le roi Ruprecht seraient décédés » ; p. 337 (1416) : « Item, sa Majesté royale a demandé une fois de plus au corps des villes (gemeine Statt) de le servir à Feldkirch/Esch, mandat envoyé par ceux de Rothenbourg ».

468.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 329-330 ; p. 333 (1410) : « Cette année-là, Sigismond, fils de Charles IV et frère du roi Wenceslas est devenu roi des Romains, il a gouverné 27 ans, annoncé par ceux de Nuremberg » ; p. 340 (1419) : « cette année-là, sa Majesté Royale a demandé aux états de l’empire, après l’arbitrage du litige qui durait depuis 5 ans entre elle et les Vénitiens, que plus personne n’aille chercher marché ou marchandises à Venise…envoyé par le conseil de Nuremberg, la veille de la Saint Mathieu apôtre. » ; p. 342 (1423) : « Cette année-là, l’honorable conseil de la ville de Nuremberg a écrit au conseil de Schweinfurt, à propos des reliques impériales dont l’empereur Sigismond leur a fait la grâce, il a réclamé la présence de l’honorable conseil et l’a invité pour leur présentation le vendredi dans la semaine après Quasimodogeniti » ; p. 350 (1440) : « L’honorable conseil de la ville de Nuremberg a annoncé par son propre messager comment Weinsberg, qui avait été apparentée à l’empire, a été ôtée à l’empire par infidélité ; aussitôt, le conseil de Schweinfurt a pris ses propres renseignements sur l’affaire à Heidelberg auprès du conseil, et a constaté la même chose. »

469.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875.

Pour le rôle financier de Nuremberg auprès de Schweinfurt voir p.325 (1394) : « Dans le cadre de ces combats, Franz Ebner, bourgeois de Nuremberg a prêté au conseil de Schweinfurt 14 000 florins qu’il a remboursé selon les échéances annuelles suivantes : 3000 fl. à la saint Martin 1390, 3000 fl. à la saint Martin 1391, 2000 florins à la saint Martin 1392, 2000 florins à la saint Martin 1393, 2000 florins à la saint Martin 1394, 2000 florins à la saint Martin 1395 »

Pour l’aide militaire apportée par Nuremberg, voir p. 339 (1418 : « cette année-là, on a fait fondre un canon à Bamberg, à utiliser en cas de nécessité, pour lequel le conseil de Nuremberg a fait porter du cuivre, une autre partie étant prêtée par le sire Erkinger de Saunsheim… » ; p.350 (1440) : « Cette année-là, le conseil a demandé un maître artilleur et 10 artificiers à Nuremberg auprès de l’honorable conseil ».

En 1437, Nuremberg procède à un arbitrage entre Schweinfurt et l’ordre teutonique, suite à un litige né de l’achat de la maison de l’ordre par la commune de Schweinfurt. Cf. Friedrich Stein, ut supra, p. 348 : « Heinz Marckhart et Hans Heimburg sont allés à Nuremberg au nom du conseil pour recevoir là-bas un jugement devant le conseil du lieu avec le maître de l’ordre teutonique, qui voulait encore obtenir 1000 florins »

470.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 322 (1387) : « Le commandant de Nuremberg a dépensé ici pendant le temps de la mobilisation 596 livres heller, prêtés par l’honorable conseil à ceux de Nuremberg, qui ne voulaient pas envoyer autant d’argent ici à cause des Fehde, lesquels ont été remboursés et payés ».

471.

Ce cadeau traduit sans doute un prêt consenti par les deux Nurembergeois, et derrière eux par le conseil de Nuremberg, à la ville de Schweinfurt. Conrad Baumgartner intervient dans une autre affaire financière avec Schweinfurt en 1436, lors de l’acquisition par la ville de la maison de l’ordre teutonique.

472.

Sprenger note encore, pour l’année 1429, la lettre que Schweinfurt reçut des villes libres et impériales de Souabe à propos des nombreux litiges nés entre le conseil et la maison de l’ordre teutonique. Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p.344. Ce contact se traduit une aide financière et judiciaire apportée par Nuremberg en 1437.

473.

La ville de Schweinfurt avait recruté le burgrave Frédéric de Brandebourg comme protecteur dès 1411, le gratifiant pour cela de 25 florins, ajoutés aux impôts annuels qu’il percevait déjà à la place du roi. Mais le recours à la protection d’un prince devient systématique dans les années 1430. En 1431, le landgrave Louis de Hesse est recruté à ce titre. Il est remplacé dans ces fonctions par le margrave Albrecht de Brandebourg en 1440, dont le mandat est renouvelé en 1444. Le duc Guillaume de Saxe lui succède comme Oberschutzherr de la ville de Schweinfurt en 1456 et recommande à ce titre à ses officiers de Coburg, d’Heltburg, d’Hilpershausen, de Könisgberg etc leur bienveillance à l’égard de Schweinfurt. Le comte Guillaume de Henneberg, choisi pour protecteur de la ville en 1464, cumule ces fonctions avec l’office d’avoué impérial.

474.

Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 365 : En 1473, « une diète des villes s’est à nouveau tenue à Esslingen à propos de leurs matricules, puis elle a été repoussée à Augsbourg, Claus Hoffstetter y a été envoyé au nom du conseil » ;

p. 367 : En 1477, « eut lieu une diète urbaine à Esslingen, le conseil s’est fait représenter par ceux de Rothenbourg »

475.

Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 357 : Anno 1461. « Et les villes de l’empire sont devenues les ennemies du duc Louis au nom de l’empire, et la ville de Schweinfurt, pour garder son honneur, lui a aussi déclaré Fehde, le lundi après la saint Martin » 

p. 360 : anno 1462, « quand le duc Louis de Bavière a commencé à agir contre sa Majesté Royale et à mener Fehde, pour punir ces agissements selon le droit de guerre, Nördlingen, Donauwörth, Schwäbisch Gmünd, Bopfingen et Schweinfurt furent appelées à donner leur aide au nom de l’empire sur demande du commandant de sa Majesté Royale, le margrave Albrecht, et ces villes avaient auparavant déclaré Fehde pour conserver leur honneur, les gens de la cour et alliés du duc Louis de Bavière déclarèrent aussi Fahde à ces villes, leur lettre étant envoyée à ceux de Nördlingen… » 

p. 365, anno 1474 : Cette année-là, « on a demandé au nom de l’empire d’aller aux Pays-Bas. […] Le mardi après la Saint Maurice, les soldats suivants à cheval et à pied, que l’on a vêtus particulièrement, ont été envoyés en campagne et sont partis d’ici le jour fixé et se sont joints à Coblence à ceux de Rothenbourg, de Windsheim, de Hall et de Dinkelsbühl… »

p. 367, « En 1478, l’évêque Rodolphe a encore une fois recommencé à faire citer le conseil au Landgericht à propos de la Zent (tribunal d’origine impériale, établi à Schweinfurt), et l’honorable conseil a envoyé pour cela Carol Fladungen auprès de Maître Johann Keller le fiscal impérial à Heidelberg pour chercher conseil, mais il ne l’a pas trouvé ; le comte Hans von Wertheim, alors présent à Heidelberg, de même que ceux de Hall et de Rothenbourg, qui eurent des actions judiciaires dans le même cas contre l’évêché de Würzbourg, ont fait part de ce qu’ils avaient constaté. »

476.

Cet argumentaire lui vaut du reste des remontrances impériales en 1463. Les propos de Schweinfurt, rapportés par le margrave de Brandebourg au souverain firent découvrir à Frédéric III l’alliance contractée en 1459 par sa ville impériale avec les comtes, sires, chevaliers et écuyers de Franconie. Elle posait problème dans la mesure où l’évêque de Würzbourg, membre de l’alliance, s’était rangé du côté du duc bavarois, contre l’empire. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 361, anno 1463 : « Sa Majesté Royale a convoqué le conseil de Schweinfurt, parce que l’honorable conseil ne doit se lier, ni s’unir à personne sans que sa Majesté Royale ne le sache au préalable, et parce qu’auparavant l’honorable conseil était entré en alliance avec l’évêché de Würzbourg, les comtes et la chevalerie de Franconie sans que sa majesté ne le sache, et avait demandé à cause de cette alliance au margrave Albrecht, le commandant impérial, de ne pas faire d’aide contre Louis, duc de Bavière et de les en tenir pour quittes. »

Schweinfurt ne put échapper à une nouvelle demande d’aide royale en 1462. Mais le chroniqueur lève toute ambiguïté sur son geste. Elle n’envoie pas ses troupes combattre l’agresseur de Donauwörth par solidarité intercommunale, mais « pour conserver son honneur » de ville impériale.

477.

Voir Friedrich Stein, Geschichte der Reichsstadt Schweinfurt, nebst Chronik der Stadt Schweinfurt, Schweinfurt, 1900, p. 136 et s. Le roi Henri VII engagea la ville de Schweinfurt au comte Berthold II de Henneberg pour 1000 mark argent en décembre 1309. L’engagère fut renouvelée l’année suivante pour 1000 mark supplémentaires.

478.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 320 : « En cette année (1384), l’évêque Gerhard s’est porté devant Münnerstadt pour la prendre, il avait obtenu au bénéfice de l’évêché la moitié de ladite Münnerstadt selon les termes d’un achat au comte Eberhard de Wirtemberg, lequel s’était procuré cette ville de Münnerstadt par mariage à une demoiselle de Henneberg, qui lui fut donnée en dot avec la ville de Schweinfurt par contrat matrimonial ».

479.

Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia historica. Denkmäler der Schweinfurter Geschichte, IIe partie, Schweinfurt, 1875, p. 321. Des liens étroits semblent subsister ensuite entre Schweinfurt et Münnerstadt. Les chroniques de Schweinfurt montrent que la ville de Schweinfurt était très bien instruite des faits survenus à Münnerstadt : des réunions nobiliaires, des réunions d’arbitrage ou des fiançailles princières à Münnerstadt lui sont connues. Quand Schweinfurt achète la maison de l’ordre teutonique en 1436, ce sont le sire Conrad Baumgärtner et la ville de Münnerstadt qui se portent caution et garants pour la somme de 18000 florins.

480.

Les annales ne manquent pas de souligner les interventions de Schweinfurt comme arbitre entre l’évêque de Würzbourg et les villes de l’évêchéen quête de libertés. En 1398, « alors que les villes de l’évêché, Würzbourg, Gerolzhofen, Neustadt, Hassfurth, Ebern, Sesslach, Mainingen, Königshofen, Mellrichstadt, Fladungen, Karlstadt s’étaient révoltées contre l’évêque Gerhard, et aspiraient à se donner à l’empire, elles ont cherché ici une réunion de conciliation entre les deux partis avec l’évêque pour cette Fehde, tandis qu’elles espéraient encore s’unir aux villes d’empire du secteur franconien, mais rien n’en est sorti ». En 1433, « alors que les chanoines et la ville étaient en désaccord avec l’évêque de Würzbourg, le conseil a été prié de leur délivrer ses conseils ; Carol Zeimlein et le secrétaire ont été envoyés, ils ont rendu visite pour eux à l’évêque à Kitzingen et à Schwartzach »

481.

Les Annales de Sprenger notent que certains bourgeois de Meinigen s’engagent à devenir des bourgeois de Schweinfurt en 1393 (p. 325). En 1433, ceux de Meiningen font cadeau d’un saumon (p.346)

482.

Cette définition de l’ennemi commun est propre aux villes liguées, qui soudent leur groupe en désignant l’ennemi à combattre. Sur cette « guerre froide », voir Klaus Graf, « Feindbild und Vorbild. Bemerkungen zur städtischen Wahrnehmung des Adels », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 141 (1993), p.121-154 ; Gerhard Rechter, « Difficulteten und Beschwerden. Beobachtungen zum Verhältnis der kleineren Reichsstädte Frankens zum niederen Adel am Beispiel Windsheim », dans R.A. Müller (éd.), Reichsstädte in Franken, vol. 1, p.298-307 ; Kurt Andermann, Ritterliche Gewalt und bürgerliche Selbsbehauptung, Francfort, 1991 ; Kurt Andermann et Peter Johanek (dir.), Zwischen Nicht-Adel und Adel, Stuttgart : Thorbecke, 2001, (Vorträge und Forschungen 53) ; Laurence Buchholzer, Identités urbaines et perception de la ville en Franconie à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe s.), mémoire de DEA, EHESS, 1995, p. 86 et s. : « l’ennemi des villes ».