Agents (Stadtdiener)

Parmi ceux qui voyageaient pour le compte de la ville, il existait à Nuremberg une catégorie d’employés intermédiaires, entre les conseillers-diplomates rompus aux affaires municipales et les simples messagers, porteurs de lettres et de nouvelles. Les comptes et les lettres municipales parlaient de ces hommes en termes génériques, sans s’embarrasser des mentions d’honorabilité et de dignité qui précèdaient l’allusion aux conseillers. Ils étaient « unser Diener » (notre agent), « unser Stadtknecht » (notre soldat municipal), « unser kuntschaffter » (notre agent de renseignements).

Le suivi de leurs missions sur une année comptable manifeste leur omniprésence dans les affaires extérieures de la ville 676 . En 1433, Nuremberg mit sur les routes 28 agents chargés des démarches municipales avec d’autres autorités. Dans l’année, ils remplirent ensemble 67 missions dont 35 à 40% correspondaient à des tractations entre villes.

Missions des agents nurembergeois en 1433

Le nombre de missions indiqué représente le total des démarches de l’agent vers l’extérieur. Je n’ai reproduit que la teneur des missions visant d’autres villes.

« 43 livres 13 schilling vers Berne et Solothurn en Üchtland à cause de la douane et des droits à Solothurn et à Burgdorf, par lesquelles des entraves et des dommages ont été faits à nos marchands »

« 2 livres 3 schilling à Venise à cause des prisonniers »

« 4 livres 11 ½ schilling à cause d’un prisonnier en prison vers Augsbourg »

« 7 livres 4 schilling 10 heller quand on l’envoya pour enquêter sur l’affaire quand ceux de Rothenbourg avait fait prisonnier le sujet (littéralement, pauvre homme) de Berthold Volkmeier »

« 1 livres 13 schilling vers Heidingsfeld et Bernheim, quand ils renouvelèrent leurs conseillers et leurs offices »

« 16 schilling chez le margrave à cause du pauvre homme de Sebald Imhof qui était prisonnier à Erlangen »

« 3 livres 16 schilling pour deux fois à Bernheim quand ils avaient une réunion avec ceux d’Iphofen ».

« 1 livre 18 schilling auprès de ceux de Thüngen à cause de ceux d’Heidingsfeld »

« 4 livres 7 schilling auprès ceux de Thüngen, lorsqu’on leur communiqua l’arbitrage à cause de ceux d’Heidingsfeld »

« 17 schilling auprès de l’évêque de Bamberg pour des renseignements sur notre droit à Anvers et l’affaire du juif à Happurg »

« 1 livre 18 schilling 10 heller une fois vers Öttingen à cause de K. Schützen et une fois vers Berchingen à cause de certains prisonniers là-bas »

« 1 livre vers Weissenburg à cause du pillage des chemins »

« 3 livres vers Cham pour apprendre quelque chose au sujet des mouvements des hussites quand ils faisaient le siège de Pilsen »

« 9 schilling 4 heller à cause de certains prisonniers »

« 7 schilling 8 heller vers Neustadt et ailleurs pour des renseignements sur un prisonnier en prison pour vol »

« 2 livres 7 ½ schilling par deux fois à Windsheim, et l’on donna aussi 5 grosch. à un messager en récompense quand Hans Luckenbach, notre agent, avait amené deux prisonniers à Windsheim, qui furent de nouveau libérés »

« 8 schilling 2 heller vers Cadolzburg et Erlangen pour des renseignements »

« 3 livres 13 schilling 6 heller vers Ratisbonne à cause d’un prisonnier là-bas pour de faux Groschen sous le poinçon nurembergeois, que lui et sa femme qui est aussi prisonnière là-bas, avaient fabriqués et frappés. Et qu’il dépensa aussi pour aller à Veldorf à cause d’un prisonnier là-bas qui aida à voler deux hommes de Breslau ».

« 15 schilling vers Amberg à cause de quelques prisonniers là-bas »

« 7 schilling vers Baiersdorf à cause de certains de nos bouchers auxquels on avait retenu le bétail à la douane »

« 1 livre 9 schilling 8 heller vers Eger pour y apprendre quelque chose au sujet des rassemblements de troupes hussites quand elles se rencontrèrent à Töpel et qu’on racontait qu’elles devaient se porter devant Königswart »

« 4 livres 15 schilling 8 heller vers Neumarkt et Nördlingen pour des renseignements »

Pour les agents de Nuremberg, l’année 1433 n’avait rien d’exceptionnel. De 1431 à 1440, ils étaient entre 20 et 33 (23 en moyenne) à courir chaque année les routes au service de la ville, choisis par la cité impériale dans un vivier de 77 personnes sur 10 ans 677 . La forte activité des agents nurembergeois à l’extérieur perce d’autre part dans les missives municipales. Du 14/07/1446 au 14/07/1447, 85 des lettres envoyées par Nuremberg sur 800 environ (11%) évoquent incidemment ou plus longuement les agents municipaux. Les contours de leurs fonctions se précisent ainsi peu à peu.

Ils transmettaient les informations et les documents dont le conseil nurembergeois voulait faire part à des tiers étrangers (werbende Boten).

« Nous envoyons à votre sagesse Hans Maurer notre agent pour parler avec vous d’une lettre que notre sire le roi de Bohême nous a envoyée et dont nous vous envoyons une copie jointe dans cette lettre… » 678 .’

Introduits par une lettre de présentation ou de recommandation auprès des destinataires du message (Glaubbrief, Credenzbrief), les agents exprimaient les réponses de la ville au nom du gouvernement urbain, plaidaient «l’avis et la cause de Nuremberg » quand ses marchands se trouvaient pris dans une Fehde ou qu’il fallait débattre entre villes de problèmes impériaux.

« Votre honneur nous a écrit à propos de la réunion qui a eu lieu dimanche dernier à Nördlingen et nous a dit comment vous nous avez représenté fidèlement à cette occasion. Nous en remercions votre délégation et vous envoyons à ce propos Conrad Molitor, porteur de cette lettre, notre bourgeois, pour en parler avec vous et nous vous demandons d’entendre amiablement ce qu’il vous dira de notre part dans cette affaire et de le croire. » 679

Outre la communication d’informations, la prise de renseignements représentait une occupation importante des agents ; elle adoptait un tour plus ou moins officiel. A découvert ou en catimini, publics (öffentlich) ou secrets (heimlich), les Diener de Nuremberg partaient fréquemment en quête d’informations et agissaient alors comme Kuntschafter. En 1433, les employés municipaux nurembergeois quadrillaient la frontière et les routes bohêmes pour glaner des informations sur les mouvements hussites 680 . Cette année-là, près d’un tiers des dépenses engendrées par les agents nurembergeois correspondait à cette quête permanente de nouvelles fraîches. S’ils glanaient les renseignements au hasard des routes, les Diener menaient aussi de véritables enquêtes. Ils prospectaient au loin sur la vie et les mœurs de malfaiteurs arrêtés à Nuremberg, ils vérifiaient des faits exposés lors des procès 681 et collectaient des informations militaires. Les registres de missives sont prodigues en instructions du conseil envers ses agents de renseignements. En octobre 1447, les ordres adressés à Erhard Gynner précèdent des recommandations à Hans Nolt von Seckendorf, tous deux agents nurembergeois.

« Certains des nôtres ont fait l’objet d’une attaque il y a peu le jour ou le soir de la saint Michel vers Pegnitz. Leurs biens leur ont été arrachés et ont été emportés, comme tu l’as peut-être appris. Nous te demandons donc de faire des recherches dans la meilleure forme et d’apprendre qui a fait cela et où les biens ont été emportés et où ils sont allés et, tout ce que tu jugeras important, fais le nous savoir par écrit ou oralement comme nous l’attendons de ta part. En cela, tu fais notre volonté et notre plaisir » 682 ’ ‘ « Nous notons comment notre sire le margrave de Brandenbourg a fait d’importants recrutements qui doivent se réunir vers le jour de la Saint Gall prochain. Nous vous demandons et vous ordonnons donc de faire votre bon zèle en la matière pour apprendre si ces recrutements et rassemblements vont avoir cours et suite, où et vers qui ils doivent se tourner. Veuillez aussi nous écrire ce que vous estimez devoir nous faire savoir et ce que vous apprendrez et découvrirez en la matière, comme vous savez bien le faire, et comme nous l’attendons de votre part. En cela vous ferez notre volonté et notre bon plaisir » 683 . ’

Beaucoup des missions confiées aux agents de Nuremberg étaient relatives à d’affaires d’emprisonnement. Armés des pleins pouvoirs (Gewaltbrief) du conseil, les agents menaient pour Nuremberg l’interrogatoire de malfaiteurs emprisonnés dans d’autres lieux .

« Nous les bourgeois etc reconnaissons par cette lettre ouverte devant tous que Jobst Wagner, un homme nuisible a été mis en prison à Auerbach, c’est pourquoi nous avons donné et recommandé, donnons et recommandons, en vertu de cette lettre, nos pleins pouvoirs et toute notre puissance à notre agent ci-présent Eberhart Cramer pour interroger, faire parler et avouer ce même homme nuisible et faire tout le nécessaire pour le poursuivre en justice sur son corps et sa vie et faire et accomplir tout ce qui est nécessaire en droit. Charte scellée du sceau secret de notre ville appliqué au dos » 684 .’

A l’image d’Eberhart Cramer, les agents recevaient, à l’extérieur, les aveux des prisonniers soupçonnés d’avoir prêté la main à quelque méfait, puis en transmettaient la teneur, oralement ou par écrit, aux instances nurembergeoises. Les fréquentes affaires de brigandage contre des marchands voyageant en convois conduisaient parfois les agents de Nuremberg à coopérer avec ceux d’autres villes. Suite à des attaques répétées dans la zone danubienne en 1446, Nuremberg obtint l’arrestation d’un mercenaire dans la ville de Passau. Le conseil recommanda alors à l’évêque du lieu et à la ville son propre agent Ulrich Hasenest et celui de Wissembourg Tristram Zenner, dépêchés sur place pour obtenir justice au nom des deux cités impériales 685 . A la requête de villes amies trop éloignées pour mener à bien les démarches ou peu familières des données locales, le conseil affectait parfois ses agents à la défense des intérêts étrangers. En 1433, Fritz Hofstetter partit à Feldorf interroger et accuser un prisonnier, non pour Nuremberg, mais pour Breslau dont deux citoyens avaient été détroussés. Les Diener nurembergeois se chargeaient en outre des affaires relatives aux villes sur lesquelles Nuremberg avaient la tutelle, comme Heidingsfeld et Mainbernheim 686 . Ils étaient en cela les instruments de l’autorité et de la domination nurembergeoise sur les deux localités. Les agents de Nurembergassistaient aux renouvellements annuels des conseils locaux et participaient aux réunions judiciaires qui impliquaient Heidingsfeld ou Mainbernheim. Quand des troubles se produisirent en l’été 1455 entre la communauté et le conseil d’Heidingsfeld, et que les intérêts souverains de Nuremberg semblèrent menacés, les agents de la ville impériale ne cessèrent de démarcher les partis 687 .

De la simple mission de messagers, les agents se trouvaient donc fréquemment promus à des fonctions de plaideurs, d’accusateurs ou de défenseurs municipaux (Verantworter ; Fürsprecher) 688 . Certains d’entre eux fréquentaient assidûment les Landgerichte pour la cause de la ville. Sur 33 missions des agents nurembergeois devant des tribunaux extérieurs entre 1431 et 1440, Hans von Liedbach et le chevalier Hans Stetzmann se partagèrent l’essentiel des démarches pour Nuremberg, l’un aux tribunaux territoriaux de Cadolzburg et de Schwabach, l’autre à celui de Hirschberg. Sans spécialisation apparente, leurs homologues s’occupaient parfois de plaidoieries devant des tribunaux municipaux. En 1446, c’est Erhard (Gynner ?), Diener de Nuremberg, qui défendit à Lauerstadt la cause de sujets nurembergeois face aux revendications de l’évêque de Bamberg. Heinrich Span, dans les années 1455-1456, effectua à son tour plusieurs missions afférant aux tribunaux westphaliens 689 .

Dans toutes ces démarches, les agents municipaux ne se bornaient pas à répéter les instructions du conseil. Ils devaient faire preuve eux-mêmes de diplomatie, prendre des décisions stratégiques et faire des propositions selon les réactions de leurs interlocuteurs. Les lettres du Magistrat à ses Diener expriment très clairement leur part d’autonomie.

Lettre à Erhard Gynner, sous le sceau de Mathias Ebner

« Cher Erhard, nous avons bien pris note de votre lettre et de la petite fiche jointe datées du samedi avant dimanche Jubilate dernier, que nous avons reçues aujourd’hui. Vous dites entre autres choses que vous avez constaté que Görg von Seckendorf n’avait pas envie de chevaucher vers la Styrie ou de rester longtemps à Vienne etc. Nous espérons bien que vous lui montrerez votre désir et votre disposition à ce qu’il reste auprès de vous et vous aide à régler cette affaire. Vous nous demandez de vous indiquer si vous devez suivre notre très grâcieux sire le roi ou rester à Vienne etc, mais à une telle distance, nous ne pouvons rien vous conseiller d’autre que de vous comporter dans cette affaire de manière de la régler au mieux pour nous, du mieux que vous pourrez, comme nous l’espérons de votre part. En cela, vous faites notre volonté et notre plaisir. » 690

Lettre à Ulrich von Augsburg

« Cher Ulrich, nos conseillers Karl Holzschuher et Paulus Gruntherr nous ont bien raconté pourquoi ils vous ont laissé à la cour et ce qu’ils vous ont recommandé. Là- dessus nous avons fait demander chez nous lesquels de nos bourgeois et marchands avaient des biens concernés par l’attaque à Zeytz et les ont perdus, on nous a donc apporté un document au nom des bourgeois qui sont chez nous pour le moment et que cette attaque concerne, dont vous prendrez connaissance dans la fiche ci-jointe. Là-dedans, nous ne mentionnons pas les dommages subis par ceux de nos bourgeois qui n’étaient pas chez eux à ce moment ou ceux qui ne nous avaient pas signalé leurs dommages. Vous saurez dans ce cas faire au mieux pour les nôtres et tant que vous espérez pouvoir obtenir à la cour quelque chose pour notre intérêt dans l’affaire qui vous est confiée, vous pouvez y rester plus longtemps. Mais si vous n’en êtes pas sûr, rentrez à la maison aussitôt que vous pourrez et renseignez-vous aussi du mieux possible sur la situation et les rumeurs à la cour et sur les routes, pour que vous puissiez aussi nous en parler. Nous vous en remercions. » 691

Etre dotés par la force des choses d’un certain pouvoir décisionnel, sans pour autant avoir à chaque instant l’investiture du conseil, telle était la position délicate des agents, à plus forte raison, qu’ils étaient des employés et non des « élus » de la ville. Le Magistrat faisait preuve à leur égard d’un pragmatisme certain : ils avaient champ libre sous condition de réussite ou devaient revenir et céder la place à des conseillers.

Lettre à Erhart Gynner sous le sceau d’Erhard Haller :

« Cher Erhart, nous avons bien pris connaissance de ta lettre donnée le jour de la Kilian et comme nous remarquons d’après ce même écrit, que jusque-là tu n’as pu obtenir aucune réponse fertile ou définitive dans l’un des articles pour lesquels tu as été envoyé, et maintenant que notre ami du conseil Jörg Derrer est arrivé à la cour impériale, nous demandons que tu reviennes ici sur le champ et que tu laisses notre conseiller traiter les affaires plus avant. En cela, tu fais notre volonté et notre plaisir » 692 . ’

Au cours du XVe siècle, toutes les villes disposaient d’agents qui accomplissaient des tâches similaires aux Diener nurembergeois, qui transmettaient des informations, conseillaient, racontaient, enquêtaient, espionnaient, accusaient ou défendaient. En 1409, Rothenbourg embaucha par exemple H. Swoben von Elfershofen 693 « comme agent secret pour avertir de ce qu’il apprend et se rendre jusqu’à l’endroit où l’objet de la capture est transporté et nous l’annoncer de jour comme de nuit ». A la même époque, les comptes de la ville signalaient par ailleurs un dénommé « Gutjor » payé 10 fl au titre d’informateur (kuntschafter). Au gré des lettres, les agents étrangers qui effectaient des démarches à Nuremberg se dévoilent. Les registres de lettres reçues signalent ainsi les lettres de recommandation confiées par une dizaine de villes à leurs employés respectifs. Spilberger, agent d’Augsbourg, C. Degen, agent de Rothenbourg (6786), Derrsattel, agent de Nördlingen (1004), Weglin, agent de Dinkelsbühl, Hans Eberlin, agent d’Herzogenaurach (4767) ; Heinz Freitag, agent de Ratisbonne (6875) ; Linck, agent d’Augsbourg ; Heinz Nagel, agent de Windsheim (7796) ou Tristram Zenner, agent de Wissembourg 694 traitèrent avec Nuremberg entre 1449 et 1457. Certains travaillèrent même indirectement pour la métropole franconienne, puisque le conseil nurembergeois sollicitait parfois de Windsheim, Rothenbourg ou Schweinfurt des nouvelles du pays alentour, en se fiant à leurs agents municipaux 695 .

Cependant, à l’inverse et en proportions beaucoup plus grandes, des villes voisines réclamaient les services des agents de Nuremberg. Leur expérience des affaires était telle, qu’à l’instar de ce qui se passait pour les juristes nurembergeois, ils avaient un franc succès auprès des correspondantes de la cité. Le 18 mai 1456, Nuremberg décline, au nom du volume de ses propres affaires, une demande pour l’agent Heinrich Span, venue de Jacob Gremlinger, bourgeois de Wissembourg 696 . Le conseil reçoit quelques jours plus tard une requête de Dinkelsbühl à l’encontre de Erhart Gynner :

« Vous nous avez écrit à propos de l’affaire que vous avez en cours contre les sires d’Öttingen et Ullin Reschen à la cour impériale et vous nous avez demandé si Erhard Gynner, notre agent, pouvait se rendre à la cour impériale et si nous pouvions lui parler pour qu’il se charge de votre affaire etc. Nous vous faisons donc savoir que nous avons déjà envoyé ledit Erhard, notre agent, à la cour impériale pour nos propres affaires, en lui demandant de ne pas rester à la cour, mais de revenir aussitôt. Vous comprendrez donc bien, qu’il ne peut se charger de votre affaire là-bas et ne peut attendre, de telle sorte que vous voudrez bien commanditer quelqu’un d’autre pour cette affaire selon votre nécessité comme vous saurez bien le faire pour que vos droits ne soient pas atteints ou rejetés etc» 697

En septembre 1447, Nördlingen réclamait aussi pour sa cause l’assistance d’un agent en se hasardant même à avancer un nom :

« Vous nous avez demandé aussi en particulier si nous avions quelque agent qui puisse être vertueux dans vos affaires et si nous pouvions le prêter à votre sagesse, vous aviez évoqué à cette occasion Erhard Gyner notre agent. Votre honneur doit donc savoir que ledit Erhard est depuis plusieurs jours dehors à notre service et qu’il ne peut venir dans les délais où vous avez besoin de lui, de telle sorte que nous n’avons pas pour le moment à notre service la personne à laquelle nous estimons que vous pourriez confier ces affaires. Votre honneur saura ainsi comment agir» 698

Erhart Gynner était au reste un agent particulièrement sollicité. Embauché entre 1440 et 1446, il effectuait pour Nuremberg de nombreuses démarches à la cour impériale, de telle sorte que les registres de lettres reçues regorgent de ses compte-rendus 699 . Il transmettait au conseil les messages du roi, l’informait des nouveautés de la cour et des lieux de tenue d’assemblées, suivait les procès en appel et défendait les intérêts nurembergeois. Rothenbourg et Wissembourg, instruites de sa présence fréquente à la cour, avaient pris l’habitude de recourir à son entremise avec l’aval du conseil de Nuremberg. En août 1452, Rothenbourg confia à Erhard le suivi d’une affaire en appel concernant la ville 700 . Wissembourg écrivit plusieurs fois en 1453 pour faire transmettre des lettres à Erhard Gynner et lui recommander les affaires de la ville à la cour 701 . En retour, l’agent nurembergeois joignait à ses comptes-rendus pour Nuremberg des nouvelles sur le traitement des affaires de Wissembourg, Rothenbourg, Windsheim ou même Ratisbonne 702 .

Sur ordre du conseil, les agents nurembergeois prêtaient en outre leur aide militaire à des villes nécessiteuses. En 1437, Ulrich Hasenest se rendit à Wissembourg, qui désirait quelques renforts sur les routes pendant la tenue de sa foire annuelle, mais ne pouvait y faire face avec ses seuls agents. Au cours de la guerre margraviale de 1449-1453, établis à Windsheim et Wissembourg, des agents nurembergeois commandaient les troupes de Nuremberg et établissaient la défense commune en concertation avec les conseils locaux. Hans Goldner avait ainsi établi un campement d’artilleurs à Windsheim et de là instruisait le gouvernement nurembergeois des avancées et défaites des troupes impériales 703 . Artisans coutumiers de la collaboration militaire intercommunale, les Diener nurembergeois n’omettaient pas non plus, au gré de leurs voyages, de noter des renseignements utiles aux cités impériales voisines.

« Heinrich Span, notre agent, nous a fait savoir qu’alors qu’il allait pour certaines de nos actions à Aschaffenbourg et était samedi dernier à Espelbach, trois mercenaires (gesellen), dont l’un s’appelle Ratz von Wisenbach et dont il ignore le nom pour les deux autres, sont venus à sa rencontre en bas dans la forêt. Ils avaient 10 chevaux en main. Les compagnons de notre sire de Wertheim sont venus à eux, se sont occupés d’eux et les ont faits tous trois prisonniers et les ont emmenés avec les chevaux à Wertheim, et il paraît que les chevaux vous reviennent à vous et aux vôtres. De sorte que nous n’avons pas voulu vous laisser ignorants de cela pour que vous sachiez comment agir. » 704

Sur les ordres de leur ville, les agents de Nuremberg prenaient une part active aux coopérations interurbaines. Le conseil transforma-t-il pour autant certains de ses Diener en spécialistes de l’intercommunalité ?

En 1431-1440, le gouvernement veillait de toute évidence à ne pas confier à la même personne plus de 7 à 8 missions annuelles. Même ses meilleurs agents tels Peter Weineugel ou Hans Erlbeck n’avaient pas de spécialisation géographique. Ils semblaient dépêchés selon les urgences du moment et ne suivaient pas les mêmes affaires de bout en bout.

Une décennie plus tard, on perçoit grâce aux missives une rationalisation de la diplomatie nurembergeoise. Il ne faut certes pas exclure dans ce cas une déformation du point de vue inhérente au changement de source, mais chaque agent nurembergeois semble dès 1449 suivre de part en part l’affaire qui lui a été confiée. L’indifférenciation a cédé la place à une spécialisation croissante des espaces géographiques et des domaines desservis par les Diener.

Pendant la guerre margraviale, Hans Goldner devient spécialiste des liaisons militaires et au lendemain du conflit, il garde entre ses mains les démarches qui relèvent de la lutte commune contre les « hommes nuisibles ». Johann Schuler a quant à lui une compétence géographique et traite de préférence pour le conseil de Nuremberg des affaires afférant à la Saxe, la Thuringe et la Bohême. C’est donc lui qui se charge des démarches avec le gouverneur de Bohême quand éclate le conflit interne d’Heidingsfeld 705 . Après avoir commencé sa carrière à des tâches variées dans les années 1430, Erhard Gynner s’occupe en 1440-1450 des démarches ordinaires à la cour impériale, tandis que Heinrich Span fait figure de spécialiste aux « affaires westphaliennes ». Aucun n’avait cependant une spécialisation « urbaine » 706 . A lister les agents et leurs destinations dans les missives, les Diener qui servent fréquemment les affaires interurbaines et partent à Francfort, Ulm, Wissembourg ou Ratisbonne sont les mêmes qui démarchent les ducs de Saxe ou l’évêque de Passau. En 1446-1447, Peter Weineugel, Hans von Talheim ou Michel Oberndorfer se disputent les principales délégations. Le conseil qui a éprouvé leur fiabilité, leur fidélité 707 et leur expérience les affecte indifféremment aux affaires extérieures majeures.

La confrontation des listes des mercenaires et des Diener nurembergeois 708 prouve que ces derniers coïncidaient en large part avec les mercenaires de la ville, les Reisigen. Quoi de plus naturel ? Les Reisigen avaient pour eux la maîtrise d’une monture, indispensable aux déplacements diplomatiques, l’art des armes qui leur permettait d’assurer des escortes 709 , de protéger les biens des marchands, de poursuivre les malfaiteurs, de rapatrier des prisonniers ou de sécuriser les routes. La formation militaire était tout aussi nécessaire pour leur propre défense. Aux yeux des adversaires en Fehde ou des brigands de grand chemin, le contrat qui liait les agents municipaux à une cité en faisait le symbole même de la ville combattue ou convoitée. En septembre 1447, l’agent Peter Motter le constata de sa personne pour un conflit né entre Fritz von Waldenfels et la ville de Nuremberg.

Affectés à des tâches de renseignements, de liaison et de diplomatie en temps de paix, les Reisigen retrouvaient leur vocation première en cas de guerre, de Fehde ou d’expéditions punitives, d’où les fonctions de coordination militaire confiées aux Diener Hans Goldner et Ulrich von Augsbourg pendant la guerre margraviale. Nuremberg disposait en temps ordinaires de 63 à 108 chevaux, de 500 pendant les premières années du conflit margravial. Mais parmi ces Reisigen, seuls les plus fiables paraissaient aptes à devenir, en extra, des agents municipaux. Leur liste s’enrichissait par ailleurs au gré des propositions de services venues de de la petite et moyenne noblesse voisine. Au milieu des missives arrivaient de temps à autres quelques demandes de recrutement comme agents. En 1447-1448, Niclas Gareysen et Stephan Obsinger se mirent ainsi sur les rangs 710 . Nuremberg répondit par la négative comme souvent, mais enregistrait les requêtes afin de savoir à qui s’adresser en cas de besoins subits.

La foule des Reisigen, et a fortiori des agents municipaux, était fortement bigarrée. Elle épousait toutes les hiérarchies de l’argent, de la renommée, de la dignité 711 et de l’expérience. Elle incluait Conrad von Heideck, Wigleis et Wolfgang von Wolfstein ou Fritz von Seckendorf, issus de grandes familles nobiliaires. Ces agents d’élite livraient des renseignements à Nuremberg, mais servaient surtout la ville en mettant à sa disposition leurs châteaux, leurs biens et leurs gens. Wernherr von Parsberg aidait la ville avec huit chevaux et ouvrait ses châteaux de Luppburg et Adelburg 712 . Le conseil le sollicita pour escorter des hôtes princiers ou pour quelques missions diplomatiques et recourait son commandement militaire pour de grandes expéditions. Il devint écoutête en 1442, à la suite de Wigleis von Wolfstein, lui aussi agent et Reisiger de Nuremberg. D’autres Diener moins aisés venaient à la ville avec 3 ou 4 chevaux et 2 ou 3 valets. Leur résidence servait alors de point d’appui militaire aux Nurembergeois 713 . Mais les Diener ordinaires, ceux qui participaient le plus aux échanges de la ville avec l’extérieur, n’amenaient généralement que leur monture et un valet, à l’image d’Ulrich Hasenest ou Peter Weineugel.

Par leur extraction ou leurs réseaux personnels, les agents municipaux n’apportaient guère leur propre pierre à l’édifice intercommunal. Au travers des bribes fournies par les comptes, les lettres ou les chroniques, rien ne manifeste leur mobilité d’une ville à l’autre ; ils restaient longtemps au service d’une seule et même cité et l’intercommunalité ne servait pas leur carrière. Ulrich von Augsburg provenait d’une lignée noble, fut recruté par Nuremberg entre 1431 et 1435, et , en 1461, quitta la ville pour la terre sainte avec l’autorisation du conseil dans la suite du duc Wilhelm. Là, il fut adoubé chevalier et mourut en 1477 parmi les chartreux de Nuremberg 714 . Peter Heidenaber travaillait déjà comme agent pour Nuremberg dans les années 1430, fut Küchenmeister et Aussgeber pour les armées à Stauff, « n’a jamais reçu de réclamations de qui que ce soit pour ses affaires, quand bien même il est resté de longues années au service du conseil, et est ensuite entré dans l’ordre teutonique où il s’est conduit honnêtement » 715 jusqu’à sa mort vers 1446. L’appartenance de nombreux agents municipaux à la noblesse les inscrivait dans les cercles de la chevalerie, les liens de l’honneur, de la fidélité et de la féodalité. Ce sont surtout ces traits qui ressortent à la lecture des missives. Si les réseaux personnels des agents pouvaient servir aux conseils, ils offraient un appui auprès de princes ou de nobles ruraux, plus qu’une ouverture vers les villes. Au reste, le tissu relationnel des Diener leur amenait autant d’inconvénients que d’avantages. Les lettres relatent plusieurs cas d’agents municipaux pris à titre personnel dans des querelles nobiliaires ou féodales. L’exemple de Conrad de Heideck, tiraillé entre ses services municipaux et des obligations vassaliques envers les margraves de Brandebourg, n’était pas un cas isolé. Albrecht Tauchersdorfer se trouva confronté en 1446 aux revendications d’un sujet du duc Frédéric de Saxe. « Avant qu’il ne devienne l’agent de Nuremberg, il était auprès d’un dénommé Nothast » et l’avait aidé à garder prisonniers ses adversaires. Après les avoir relâchés, Nothast et les siens avaient obtenu « règlement et conciliation complets de toutes ces affaires et histoires avec le duc de Saxe et les siens » 716 , mais les adversaires d’autrefois ne semblaient pas vouloir se tenir pour quittes et partirent en Fehde contre Albrecht Tauchersdorfer. La même année, le conseil nurembergeois accepta d’arbitrer un litige entre son agent Conrad sire de Heideck et le noble Hans von Rehberg 717 . Dans les années 1440-1450, il dut offrir à plusieurs reprises son entremise au turbulent Diener, Niclas Griess, constamment pris dans des querelles 718 .

Il arrivait aussi aux agents de mettre à profit leurs réseaux personnels pour se retourner contre la ville qui les employait, en brandissant l’arme de la Fehde. Ils étaient pour les cités des adversaires redoutables, assez instruits de leurs systèmes de défense et de renseignements pour leur donner du fil à retordre 719 . Pour les relations interurbaines, les agents municipaux constituaient de même d’éventuels éléments pertubateurs. Car, là aussi, ils exportaient leurs conflits et n’hésitaient pas à mettre en œuvre le code de l’honneur contre des villes alliées de leurs employeurs. Les coopérations intercommunales y subissaient une mise à l’épreuve. Hans von Lidbach, cet agent qui représentait souvent Nuremberg dans les Landgerichte franconiens, résidait dans le voisinage de Wissembourg et ne cohabitait pas sans nuages avec la petite ville impériale, alliée de Nuremberg. En 1451, il cita, contre leurs privilèges, plusieurs bourgeois de Wissembourg au Landgericht du burgrave de Nuremberg 720 . En 1501, c’est Rothenbourg qui trouvait motifs à plainte contre un agent nurembergeois, Hans Preusinger, qui attaqua ses ressortissants. Entre villes prêtes à la coopération, les litiges suscités par leurs agents n’étaient néanmoins qu’un feu de paille et se soldaient souvent par un règlement à l’amiable. Rothenbourg accepta par exemple de fermer les yeux et de renoncer à l’action entreprise contre Hans Preusinger.

« Nous avons bien pris note du contenu de votre lettre à propos de Hans Preusinger, de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’en dire plus en dehors du fait qu’il s’est porté contre les notres et leur a causé des dommages.Malgré tout, puisqu’il s’est mis au service de votre prudence et s’y est comporté honnêtement, nous voulons bien pour faire amour et plaisir à votre prudente sagesse que nous sommes toujours prêts à satisfaire, le tenir quitte de l’action qui le visait et ne plus lui donner souci ni lui en tenir griefs » 721 .’

La question des agents, publics ou secrets, était cependant plus empoisonnante pour les relations nouées avec les villes seigneuriales. Le conseil nurembergeois dut démentir à plusieurs reprises dans les années 1420 des rumeurs qui couraient dans la ville d’Hollfeld, relevant de l’évêque de Bamberg. H. Pignot, bourgeois d’Hollfeld, puis Neydlein Knoblauch, frère d’un juré du conseil du lieu, y étaient soupçonnés de fournir des renseignements à la cité impériale 722 . A Wunsiedel, certains accusaient aussi Hermann Seldner, un bourgeois nurembergeois, d’être un agent secret 723 . Dans tous ces cas, Nuremberg ne pouvait que démentir et clamer son innocence, en proposant, si les rumeurs persistaient, une procédure judiciaire pour défendre son honneur bafoué.

Notes
676.

Observations fondées sur l’édition des comptes municipaux nurembergeois. Cf. Paul Sander , Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902

677.

Ce chiffre élevé, qui dépasse le simple renouvellement de génération, s’explique par l’existence de 15 à 20 « réservistes », auxquels la ville recourait en cas de besoins et versait un Wartegeldannuel de 3 livres ½ pour s’assurer de leur disponibilité.

678.

Cf. StAN, BB 3, lettre de Nuremberg à Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg, fol. 88v, 05/11/1410

679.

Cf. StAN, BB1, lettre de Nuremberg à Wissembourg, fol. 85v, 07/01/1406

680.

Cf. Cf. Paul Sander , Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902. Nuremberg transmettait ensuite ces informations à Augsbourg, Ulm, Francfort ou Cologne.

681.

aussi bien pour des problèmes fonciers que des affaires de mœurs.

682.

Cf. StAN, BB 18, lettre de Nuremberg à Erhard Gynner, fol. 356v, 1447

683.

Cf. StAN, BB18, lettre de Nuremberg à Hans Nolt von Seckendorf, fol. 357, 1447

684.

Cf. StAN, BB 18, fol. 97v (01/11/1446)

685.

Cf. StAN, BB18, fol.29v à 34

686.

Nuremberg avait obtenu, contre paiement, dans les années 1430, la concession des deux villes d’Heidingsfeld et de Mainbernheim, qui relevaient jusque là de la couronne de Bohême. Au titre de Pfandherr, elle recevait des deux villes un serment d’obédience.

687.

Les premiers heurts entre le conseil d’Heidingsfeld et une partie de la communauté bourgeoise eurent lieu en été 1455. Le conseil local, qui fut contraint à un arbitrage qui satisfaisait la plupart des revendications des émeutiers, se tourna vers Nuremberg. Mais les émeutiers estimait n’avoir jamais prêté de serment personnellement à Nuremberg et n’être en rien tenus à en prêter un nouveau. L’affaire fut d’abord portée par la communauté devant le roi de Bohême, Ladislas, qui la transmit au gouverneur Podiebrad. Cf. Dieter Rübsamen, Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Thorbecke, 1997. Voir par exemple les lettres se rapportant au Diener Johann Schuler. Les n°7372, 7373, 7498, 7523, 7529, 7549, 8068, 8167 correspondent à ses démarches pour Heidingsfeld en 1455-1457. Dans les Briefbücher, voir StAN, BB26, fol. 124v, 125, 140

L’agent Ulrich von Augsburg se consacre également à l’affaire d’Heidingsfeld. Voir Rübsamen, n° 7674, 7675, 7717, 7842 et StAN, BB26, fol.67v, 190v-191, 208

688.

Voir plus haut , § sur les juristes

689.

Ces tribunaux libres avaient pris l’habitude de recevoir des plaintes contraires aux privilèges judiciaires municipaux.

690.

Cf. StAN, BB18, fol.245, lettre de Nuremberg à Erhard Gynner sous le sceau de Mathias Ebner.

691.

Cf. StAN, BB18, fol. 247v, lettre à Ulrich von Augsburg

692.

Cf. StAN, BB22, lettre de Nuremberg à Erhart Gynner sous le sceau d’Erhart Haller, fol. 184 (1456)

693.

Cf. Stadtarchiv Rothenburg A1268, fol.214 ; « zu einem heimlichen diner, alzeit zu warn, wan er dez inne wurd und noch zu folgen, wo die nom hin gedriben werd, und uns daz selb zu verkunden bey tag oder naht »

694.

Cf. Dieter Rübsamen, Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Thorbecke, 1997. N° 6786, 1004, 4767, 6875, 7796. Tristram Zenner est désigné dans les Briefbücher comme l’agent de Wissembourg. Il accompagne les agents nurembergeois dans des démarches communes à Passau. Les registres de lettres reçues désignent quant à eux le même homme comme le juge de Wissembourg. Cf. Rübsamen, n°216

695.

Cf. StAN, BB6, fol. 1, lettre de Nuremberg à Rothenbourg et Windsheim ; 09/04/1423 : « Nous avons noté comment des rassemblements de troupes ont lieu en ce moment à Uffenheim ou dans les environs. Comme nous aimerions bien en apprendre plus sur ces mouvements là-bas, nous demandons à votre sagesse avec zèle, de bien vouloir, selon notre volonté, prendre vos renseignements sans faute du mieux que vous pouvez là-dessus et envoyer vos informateurs au dehors et de nous écrire et faire savoir ce que vous pouvez apprendre de jour comme de nuit »

696.

Cf. StAN, BB26, fol. 145v, 18/05/1456

697.

Cf. StAN, BB26, fol. 152v, 28/05/1456, Nuremberg à Dinkelsbühl. La demande du Weissembourgeois Jacob Gremlinger figure au fol.145v, 18/05/1456

698.

Cf. StAN, BB18, fol. 343v, lettre de Nuremberg à Nördlingen, 16/09/1447

699.

Cf. Dieter Rübsamen, Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Thorbecke, 1997, par exemple, n°528, 644, 717, 816, 937, 1221, 1222, 1345, 1395, 1588-1589, 2302, 2338, 2443, 5577

700.

Cf. Rübsamen n°3664, 3667, 3682 ; voir BB23, fol. 5, 5v, 14v-16v

701.

Cf. Rübsamen, n°4447, 4529, 4588 ; voir BB23, fol. 264, 264v ; BB24, fol.14 

702.

Cf. Rübsamen, n°2920 (à propos de Wissembourg), n°4683 (à propos de Wissembourg), n°5762 (à propos de Wissembourg et Rothenbourg, 1454), n°7883 (concernant Windsheim et Ratisbonne) ; Voir aussi BB25, fol.18v-19 ; BB26, fol.152v-153, 225v

703.

Cf. Rübsamen, références se rapportant au Diener nurembergeois Hans Goldner n°221, 228, 292, 529, 598, 610, 698, 782, 811, 1101, 1302, 775, 833, 1233, 1241, 1251. Voir en parallèle StAN, BB20, fol.226, 456v.

Voir aussi les contacts militaires entre Ulrich von Augsburg, agent nurembergeois, et les villes de Rothenbourg, de Nördlingen, Wissembourg et Windsheim. n° 479, 482, 682, 2852, 3077, 3144, 4207, 4211, 4221.

704.

Cf. StAN, BB 26, lettre de Nuremberg à Rothenbourg, fol. 181v, 20/07/1456

705.

Cf. Dieter Rübsamen, Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Thorbecke, 1997. Voir les références relatives à Johann Schuler, par exemple n°2128, 2196, 2937, 2963, 4741, 4906, 5102, 7372, 7373, 7498, 7523, 7529, 7549, 8068, 8167

706.

La remarque suivante de Pierre Monnet paraît donc infondée : « On le constate aussi, quoiqu’avec un léger décalage, pour la ville de Nuremberg. Ici, on observe dans les années 1420-1430 une accélération de l’échange des nouvelles et une circulation accrue des messagers qui vont de pair avec une plus grande séparation entre envoyés auprès de la cour et envoyés auprès des cités. » Cf. Pierre Monnet, « Diplomatie et relations avec l’extérieur dans quelques villes de l’empire à la fin du Moyen Âge », dans Heinz Duchhardt/Patrice Veit (dir.), Guerre et paix du Moyen Âge aux Temps Modernes. Théorie-Pratiques-Représentations, p. 98

707.

On peut du reste être frappé par la longévité du service des principaux agents nurembergeois. Peter Weineugel qui figure sur une liste de service nurembergeoise en 1431 travaille toujours pour la ville en 1455, Erhart Gyner ou Peter Motter font preuve de la même persistance . C’est cette fidélité même qui les porte à traiter tant avec les villes qu’avec des nobles et des princes, dont ils avaient pu se faire apprécier.

708.

Ces listes sont fournies par les comptes municipaux de 1431-1440 et le dépouillement des missives. Cf. Paul Sander , Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902.

709.

Les listes des chargés d’escorte fournies par Paul Sander, p. 485 et s. présentent des noms familiers, déjà rencontrés au travers des agents chargés des services extérieurs et des renseignements.

710.

Cf. StAN, BB19, fol. 284v. Leur noblesse est attestée par les titres dont les crédite le conseil de Nuremberg. Ils sont salués par « erber und vester ».

711.

Ainsi, le conseil nurembergeois vouvoyait Ulrich von Augsburg ou Hans von Talheim et leur donnait du « erber und vester ». Il appelait par contre Erhart Gynner, Ulrich Hasenest ou Hermann Hexheim par leurs seuls prénoms.

712.

En échange, outre la solde mensuelle ordinaire de 3 florins municipaux par cheval, il percevait un Wartegeld de 50 florins territoriaux (Landwährung) et des gratifications occasionnelles.

713.

Le chevalier et agent Peter Motter, établi à Eschenau, fut chargé par exemple par un décret de 1439 de rapporter ce que les sujets nurembergeois savaient des pillages et attaques aux environs d’Eschenau.

714.

Cf. Carl Hegel (éd.), Die Chroniken der deutschen Städte. Nürnberg, tome IV, réédition Göttingen, 1961, p. 262

715.

Cette courte biographie ressort d’une missive. Le conseil de Nuremberg avait fait mener une enquête sur son agent pour répondre aux revendications d’Ulrich, curé à Zöschingen, qui réclamait de l’argent à Peter Heidenaber. Cf. StAN, BB 18, fol. 201v

716.

Cf . StAN, BB18, fol. 178v

717.

Cf. StAN, BB18, fol. 107

718.

Cf. StAN, BB18, fol. 82 : affaire entre Niclas Griess et Karl Greussing

719.

Ce risque semble avoir été constamment à l’esprit des conseils urbains. Malgré la longévité du service de leurs agents, les gouvernements municipaux affichaient à leur égard méfiance et détachement. La possibilité d’une traîtrise jetait une ombre sur ce type de personnel. Rothenbourg congédia sans façons en septembre 1501 un agent municipal, Heinrich Vass, qui avait trop tardé à donner de ses nouvelles et dresser un compte-rendu sur ses activités. Nuremberg rabrouait par courrier ses meilleurs agents pour peu qu’ils n’aient pas rendu compte au conseil dans les délais habituels. « Cher Peter, il nous est désagréable que tu tardes tant à nous écrire sur l’état dans lequel tu as trouvé les choses et sur quoi tu as buté ou tu as été retenu, c’est pourquoi nous pensons, que même s’il te semble préférable de retarder ta réponse, tu dois nous écrire sans faute exactement toutes les données de ces dites affaires, car nous avons besoin de savoir pour ensuite nous orienter en fonction de cela. Nous avons aussi écrit et demandé à Görg Geuder qui est en ce moment à Kulmbach de te faire réclamation comme il convient en la matière ». Cf. StAN BB18, fol. 120 (1446) 

720.

Cf. Rübsamen, n°2745 ; BB 22, fol.22v, 25/09/1451

721.

Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch B216, fol. 84, 20/09/1501

722.

Cf. StAN, BB 5, fol.268v, lettre à Hollfeld ; BB6, fol.63, lettre à Hollfeld, fol. 63

723.

Cf. StAN, BB6, fol. 170, lettre à Wunsiedel