Au nombre des employés qui prêtaient officiellement la main à des échanges intercommunaux s’inscrivaient des partenaires épisodiques, artisans ou employés municipaux, qui n’avaient pourtant pas les affaires extérieures pour vocation première.
Si les missives les désignent comme des acteurs de l’intercommunalité, c’est qu’à Nuremberg et Rothenbourg, les artisans relevaient non d’institutions propres, mais de l’autorité du conseil. Les métiers, à proprement parler, n’existaient pas dans ces deux localités et c’était donc le gouvernement urbain qui orchestrait les accessions à la maîtrise, les règlements internes à chaque profession artisanale ou les congés accordés aux ouvriers. Quand un maître quittait la ville pour œuvrer sur un chantier étranger, il devait recevoir l’agrément du conseil et bénéficier d’une autorisation de sortie temporaire. La demande officielle des commanditaires lui permettait généralement de l’obtenir. En retour, les demandeurs exprimaient leur satisfaction devant le travail accompli en gratifiant le gouvernement urbain et son artisan de leurs remerciements. Les requêtes et les satisfecit qui figurent au fil des livres de correspondances municipaux permettent de sérier les métiers les plus sollicités et de prendre acte du phénomène entre villes. Il est cependant difficile d’en donner toute la mesure, en l’absence des échanges épistolaires entretenus directement par certains officiers municipaux comme les maîtres d’œuvre par exemple.
Au bas Moyen Âge, le développement de l’urbanisme fut dicté par des conditions pratiques, sanitaires et le souci du bien commun 724 . Mais il retournait aussi d’une recherche de prestige. Car les fontaines, les canalisations, les rues pavées ou les hôtels-de-ville restaient un luxe public auquel toutes les cités ne pouvaient prétendre. Leur facture et leur prestance devaient contribuer à la réputation et à la gloire de la ville qui avait su s’en équiper. En ce sens, l’urbanisme du bas Moyen Âge relevait en partie d’un esprit de compétition entre cités. L’historiographie souligne à loisir ces marques individualistes de l’orgueil urbain, mais elle oublie souvent l’envers du décor. Les efforts d’urbanisme des XVe-XVIe siècles suscitèrent de nombreux échanges d’une ville à l’autre, qui prirent pour la plupart la forme de prêts d’artisans ou d’expertises techniques glanées auprès de cités amies. La nature même des ouvrages et édifices concernés confèrait un caractère occasionnel aux coopérations dans ce domaine. Mais elles n’en étaient pas moins coutumières et habituelles.
Il ne faudrait pas voir dans les prêts d’experts et artisans une pure formalité et la seule expression des commandes et migrations d’artisans. D’un gouvernement urbain à un autre, même sous des dehors routiniers, la démarche conservait une véritable dimension politique, elle exprimait la volonté ou le refus d’une coopération entre les puissances concernées. Seule la confiance et l’amitié réciproques offraient un terrain propice à de tels échanges. Rothenbourg s’en entendit rappeler les règles par Nuremberg en 1502, lors d’une demande de prêt du maître des fontaines.
‘ « Après que nous avons écrit à votre prudente sagesse par le biais de notre bourgeois Hans Kantengiesser et vous avons fait savoir que nous voulions couvrir le toit de la tour de notre hôtel-de-ville avec de l’étain et avions demandé de permettre gracieusement à votre maître des fontaines Hans Edelmann de se rendre chez nous pour accomplir ce même travail, notre bourgeois susdit nous rapporte que votre prudente sagesse a autorisé ledit maître Hans à accomplir ce travail, ce dont nous remercions de tout cœur votre sagesse, mais avant cette permission et cette réponse à notre lettre, il lui a été dit comment votre sagesse aurait eu bien des raisons de ne pas nous prêter ce maître d’œuvre ou tout autre, parce que dernièrement dans la guerre ou le litige entre l’éminent prince notre grâcieux sire le margrave de Brandebourg et vous, nous aurions prêté les notres à sa grâce princière contre vous et les vôtres. » 725 ’Les Missivenbücher de Rothenbourg livrent des illustrations très détaillées de la coopération intercommunale entre experts du bâtiment 726 . En 1501, l’hôtel-de-ville de Rothenbourg, qui trônait le long de la place principale du marché 727 depuis la fin du XIVe siècle fut la proie des flammes. Le campanile, le plus haut édifice de toute la ville, et la partie orientale du Rathaus, qui comportait une salle d’apparat du conseil, subirent de lourds dommages. Le conseil du lieu n’eut alors de cesse de reconstruire le plus rapidement possible ce symbole visible de la force, de l’autonomie et de la puissance politique municipale. Il convoqua pour cela toutes les forces actives du voisinage, écrivant au conseil de Nuremberg pour solliciter le maître charpentier, Jörg Stadelmann 728 . Même la maladie de ce dernier ne firent pas renoncer le conseil rothenbourgeois à son dessein ; à défaut de l’artisan, il se contenta de son expertise et de son avis éclairé.
‘ « Vous savez que nous avons écrit à nos bons amis de l’honorable conseil de Nuremberg à cause des dégâts qu’un incendie a engendrés à notre hôtel-de-ville et à la tour et nous leur avons demandé de vous accorder de venir chez nous pour voir les choses et nous communiquer un honnête et fidèle conseil. Nous avons désormais reçu une réponse positive de nos bons amis susdits et appris à l’occasion que vous étiez entretemps tombé malade, ce qui nous fait en vérité grand peine et que nous n’aimons pas, Dieu le tout puissant veuille bien vous redonner la santé. Comme nous voudrions néanmoins ériger ces bâtiments au plus vite, nous avons désigné deux amis maîtres d’œuvres pour ces édifices et leur avons fait voir et visiter les choses. Et chacun en particulier a tenu bon de nous faire sa proposition par écrit et une liste que nous vous transmettons et adressons par notre messager ci-présent pour que vous puissiez comprendre comment les choses ont été faites. Comme nous sommes sûrs de votre amitié particulière et de votre bon conseil dans ce cas et que nous ne doutons pas que vous saurez comprendre les choses, les hiérarchiser et les mesurer, nous vous demandons amicalement de tout cœur de bien vouloir considérer les propositions des deux sires, peser les choses sagement en votre personne et nous faire savoir quelle proposition doit voir le jour et si vous la tenez pour bonne. Faites nous aussi connaître votre fidèle conseil sur ce que vous pouvez tenir pour utile et bon… » 729 .’Les travaux nécessitaient également l’intervention de tailleurs de pierres. Rothenbourg sollicita à Nuremberg Hans Beheim et maître Niclas Hessler 730 (ou Eseler). Mais l’exécution du gros oeuvre demandait des forces vives, artisans et simples ouvriers, que n’avait pas Rothenbourg. Après cherché les experts dans la grande ville de Nuremberg, le conseil recruta le personnel subalterne auprès des villes impériales de Nördlingen et Dinkelsbühl, plus proches de Rothenbourg, comme en témoignent deux lettres en juin 1501.
‘ « Nous avons entrepris de reconstruire la tour de notre hotel de ville et voulons conférer ce travail à maître Nicolaus Eseler et aimerions bien que cela soit érigé au plus vite, mais cela ne peut se faire que par la quantité des ouvriers qui y travaillent. Nous avons été informés que certains tailleurs de pierres établis dans votre ville seraient parfaits pour cela, comme le bon maître Nicolaus sera vous le dire et nous demandons donc à votre honorable sagesse amicalement et avec zèle etc. » 731 ’ ‘ « Nous avons entrepris de reconstruire et de rétablir la tour de notre hôtel-de-ville le plus rapidement possible et en fonction de cela nous avons parlé avec Maître Nicolas votre maître de fabrique (Kirchenmeister) de telle sorte qu’il a accepté de se charger de cet édifice et de l’accomplir, mais à condition que cela soit avec votre autorisation. Si bien que nous demandons à votre honorable sagesse avec zèle amicalement de bien vouloir lui permettre d’accomplir cet édifice et comme nous aimerions bien que cela soit fait le plus vite possible et que cela ne peut être sans beaucoup d’ouvriers, nous vous demandons de bien vouloir aussi lui accorder et lui prêter par amour pour nous et pour nous faire plaisir les tailleurs de pierre et les compagnons (Knecht) qu’il demandera pour l’exécution d’un tel travail et nous vous demandons de ne pas décliner ou repousser cette demande, mais d’y répondre positivement… » 732 ’Dans la foulée des travaux de réfection, on envisagea de donner au campanile un toit en étain et une couronne ornementale ciselée. C’était là affaire de spécialistes, que Rothenbourg recruta une fois de plus à Nuremberg. Le 24 novembre 1502, une lettre de Rothenbourg remerciait le conseil nurembergeois de son prêt amical et saluait le travail du maître des fontaines, Hans Edelmann, qui effectua ce travail « magistralement » sur la tour et l’accomplit « de sorte que cela nous plaise » 733 .
Des formes similaires d’appel à l’aide d’une ville voisine se rencontrent pour beaucoup d’ouvrages techniques, dont les moulins, qui semblent cruellement manquer dans la région dans les années 1514-1517 734 . La petite ville impériale de Windsheim, qui manquait d’hommes pour construire un moulin à traction animale (Rossmühle), demanda à Rothenbourg l’aide de ses sujets et paysans de Schweinsdorf 735 . Quelques jours plus tard, c’était le conseil de la ville seigneuriale d’Uffenheim qui demandait à ce que les meuniers de Rothenbourg veuillent bien moudre pour ceux d’Uffenheim 736 (Mis 220, fol.86v). Rothenbourg envisagea alors elle-même la construction d’un tel édifice et, pour concevoir un moulin à traction animale, demanda à profiter de l’expérience acquise dans les villes impériales des environs. Avec l’aval des cités concernées, Maître Lienhart Prosam partit à deux reprises sur les ordres du conseil se renseigner à Nördlingen et Dinkelsbühl et examiner leurs moulins à bras et à chevaux 737 .
‘ « Après que nous avons entrepris et commencé à construire un moulin à chevaux, il se trouve maintenant que nous avons besoin de la même façon qu’auparavant de visiter vos moulins à chevaux et de nous laisser renseigner sur certains manques en la matière comme vous le noterez aux dires de Linhart Prosam, le maître de nos susdits moulins à chevaux, porteur de cette lettre, que nous avons pour cela envoyé auprès de votre honorable dignité. C’est pourquoi nous demandons à votre honorable dignité en toute amitié de bien vouloir entendre favorablement ledit Prosam dans tout ce qu’il vous dira et lui recommander de visiter vos moulins à chevaux et lui faire connaître quelqu’un dans votre conseil qui s’entend à ces choses pour être avec lui lors de cette visite et lui donner des renseignements à sa demande… » 738 . ’Alors que le moulin n’était qu’en cours de réalisation, la mort du maître d’œuvre rothenbourgeois entraîna de nouvelles démarches et demandes d’assistances. Afin d’examiner et expertiser la construction, les Rothenbourgeois se tournèrent cette fois vers Dinkelsbühl et Nuremberg 739 .
Les meilleurs artisans avaient ainsi pour vocation de travailler non seulement pour leur cité, mais aussi de répondre aux missions consenties par leur gouvernement dans des cités demandeuses. Les tailleurs de pierre, maîtres d’œuvres et maîtres charpentiers paraissent les plus concernés 740 . Ils interviennent sur des missions courtes, à titre d’experts, et se chargent du recrutement des ouvriers et de l’approvisionnement en matières premières, si nécessaire dans d’autres localités. Le maître d’œuvre des églises de Hall obtint sans difficultés en 1501 l’autorisation du conseil rothenbourgeois pour utiliser la carrière de pierres de Rothenbourg 741 .
Outre les hôtels- de-villes, les greniers et moulins municipaux, au gré des droits de patronat acquis par les conseils sur les paroisses urbaines, les églises offrirent aux municipalités un nouveau terrain de coopération et d’émulation. La ville d’Amberg demanda en 1446 le maître d’œuvre de l’église Saint Laurent pour travailler à Saint Martin d’Amberg 742 et obtint de Nuremberg un prêt de son expert pour une durée de 8 jours. Le responsable de la fabrique rothenbourgeoise, Jeronimus Ofner, alla quérir Till Riemenschneider, établi à Würzbourg, pour sculpter l’autel du sang sacré 743 . Les maîtres d’œuvres de l’église Saint-Georges à Dinkelsbühl, Nicolaus Eseler, père et fils, participèrent à l’église Saint Jacques à Rothenbourg et à l’église Saint Michel à Schwäbisch Hall 744 .
Quoiqu’animé par les métiers du bâtiment et de la construction, le cercle des artisans concernés par les coopérations interurbaines s’élargit à d’autres professions. Nuremberg prêta son maître des pavés à Dinkelsbühl en 1406 745 . Elle accorda à Rothenbourg en 1512 ses facteurs d’orgue Jörg et Hermann Holzapfel afin qu’ils effectuent une expertise et un essai de l’orgue de Saint-Jacques après sa réalisation par Hans Kindler 746 .
Peut-être conviendrait-il aussi d’ajouter les médecins aux membres de l’échange. Mais, ici, les confirmations par les missives sont cependant beaucoup plus ténues. Comme les maîtres des autres métiers, les médecins des villes impériales franconiennes étaient liés à leur ville de résidence et ne pouvaient pratiquer sans autorisation 747 . A Nuremberg ou à Rothenbourg, tout médecin installé devait consacrer une part de ses activités aux tâches qui lui étaient affectées par le gouvernement urbain, il n’était pas d’exercice libéral sans service public, consacré aux soins des membres du conseil ou des mercenaires blessés, à la prévention et la lutte contre les épidémies ou aux visites auprès des pauvres de la ville 748 . Dans les sources épistolaires de Nuremberg comme de Rothenbourg devraient donc figurer les traces des interventions extérieures des physici et chirurgiens. Si l’on suit dans les registres de lettres reçues par Nuremberg l’un des praticiens nurembergeois les plus renommés, Hans Lochner, docteur en médecine en exercice dans la ville de 1438 à 1468, l’existence de prêts se trouve amplement confirmée ; elle ne bénéficie cependant qu’à des grands. Avec l’aval du conseil, Hans Lochner répondit entre 1449 et 1457 à une trentaine de demandes exprimées par le margrave de Brandebourg et sa femme, soigna les évêques de Würzbourg et de Ratisbonne et même le duc de Bourgogne, mais ne porta officiellement sa médecine dans aucune autre cité 749 . Il faut croire qu’en matière médicale, les habituelles emprunteuses trouvaient dans leurs murs de quoi les satisfaire. Les 5 villes impériales franconiennes disposaient chacune de médecins municipaux au XVe siècle 750 et recevaient épisodiquement les visites de praticiens itinérants. Certes, la rémunération des physici à Rothenbourg ne représentait que la moitié des sommes annuelles versées à leurs homologues nurembergeois (50 florins rhénans à Rothenbourg en 1461, pour 100 florins rhénans à Nuremberg dans les années 1440) et les effectifs se limitaient à un médecin et quelques chirurgiens 751 , mais les villes impériales secondaires ne semblaient pas souffrir d’une pénurie médicale. Si leurs habitants restaient libres de grossir la clientèle privée d’éminents médecins étrangers, les gouvernements urbains franconiens se contentaient de leurs praticiens pour exercer le service médical public.
Les médecins n’en tournaient pas moins de ville en ville dans le cadre de leur carrière. Les rares parcours connus, pour des médecins du XVIe siècle, révèlent des circuits désormais familiers. Le Dr Anton Prelloch (mort vers 1559), exerça comme Stadtphysicus à Schwäbisch Hall et à Rothenbourg. Le Dr Johann König (Regulus), d’abord maître d’école à Hall, devint médecin municipal à Windsheim et Rothenbourg, puis retourna exercer à Hall en 1552. En cette seconde moitié du XVIe siècle, la ville de Schweinfurt employa des médecins venus eux aussi de Windsheim ou des villes seigneuriales de Cobourg, Hammelbourg et Pirna.
Les bourreaux et plus généralement le personnel chargé d’exécuter les tortures et les peines corporelles (Scharfrichter, Henker, Züchtiger), intervenaient également dans des coopérations intercommunales, et plus largement la lutte régionale contre le crime (Landfrieden). Ces employés municipaux étaient de première nécessité pour l’exécution des peines et incarnaient la puissance publique, l’autorité, la justice et la force punitive du conseil. Gardiens de l’ordre comme les sergents (Büttel) et les agents de police (Stadtknechte) 752 , ils formaient un rouage essentiel dans la dissuasion du crime par l’exemple et la condamnation en place publique. L’office n’en revêtait pas moins une dimension déshonorante et subissait un désaveu social que des hauts salaires tentaient de compenser. Le Züchtiger de Nuremberg recevait par exemple un fixe de 1 livre par semaine, soit 55 à 56 livres en 1431-1440, auquel s’ajoutaient encore des prestations tarifées selon la tâche (2 livres pour une exécution capitale par la roue ou le feu, une livre à l’épée ou par strangulation, 6 schilling pour couper un doigt…) 753 .
Les institutions de paix régionales qui conduisaient les signataires à collaborer dans la lutte commune contre le crime et les malfaiteurs appelaient leurs membres à une coopération judiciaire, du jugement à son exécution 754 . À ce stade, les bourreaux étaient donc éventuellement concernés par des interventions hors les murs. Les conseils municipaux les mettaient aussi à disposition des bourgeois qui avaient obtenu devant des tribunaux étrangers le jugement d’un criminel, mais ne pouvaient trouver sur place aucune instance disponible ou incline à exécuter le jugement. Pour son travail dans des villes étrangères, en raison de son exposition particulière aux actes de vengeances dès qu’il franchissait le mur protecteur de la cité, le bourreau voyageait sous l’escorte militaire des agents et Reisigen municipaux. Une gratification spéciale récompensait la prise de risques supplémentaire engendrée par la sortie du territoire urbain.
Paul Sander, en éditant les comptes nurembergeois, fournit le détail des déplacements du bourreau nurembergeois de 1431 à 1440, dont il n’est nécessaire de retenir ici que quelques exemples. En 1432, « 14 livres 9 schilling 8 heller que dépensa Ulrich Herlein une fois seul et l’autre fois avec deux soldats et le bourreau vers Pegnitz, quand on pendit à Pegnitz trois pillards qui avaient volé des pélerins sur la Hohen Weide dans la forêt ; une part revint au bourreau de opere suo ». En 1433, « 30 livres 13 ½ schilling que cela coûta pour faire justice et pour faire brûler à Bayreuth un faussaire, à cause de Groschen frappés de l’estampille nurembergeoise ». La même année à Neumarkt, « pour l’interrogatoire d’un bourgeois de Neumarkt qu’on a mis en prison là-bas pour fausse monnaie, et que d’autres, jugés et brûlés à Ratisbonne, Bayreuth et Rothenstein, ont dénoncé, mais qui ne voulait pas reconnaître et qui a été livré au duc Johann de Bavière ».
Les exemples fournis par les comptes de 1431-1440 ne correspondent guère qu’à l’exportation, avec l’aval des localités concernées, de la puissance judiciaire et exécutoire municipale. Mais il arrivait aussi que le déplacement d’un bourreau couronnât la demande d’une cité. Ce prêt de bourreaux constituait une forme avancée de l’aide et de la coopération judiciaire qui prévalait par ailleurs entre certaines villes impériales et seigneuriales 755 . Les cités qui le pratiquaient se départissait ainsi pour quelques jours d’un employé rare et cher, qui donnait d’autant plus de prix au don effectué. En 1512, Rothenbourg remercia par courrier la cité impériale de Schwäbisch Hall pour l’envoi d’un Nachrichter et réitéra sa demande en juin 1517 pour exécuter les peines contre plusieurs malfaiteurs enfermés dans les prisons de la ville 756 . Dans l’intervalle, le conseil rothenbourgeois avait lui-même reçu en 1512-1513 les requêtes de Dinkelsbühl et de Windsheim 757 . Dès 1516, la ville sur la Tauber perdit cependant son précieux bourreau et devait répondre par la négative aux demandes de prêts venues de Dinkelsbühl :
‘ « Nous avons bien pris note de tout le contenu de la lettre de votre honorable dignité pour un bourreau et même si nous avions un bourreau peu de temps encore avant l’arrivée de votre lettre, il est de nouveau parti de chez nous, de telle sorte que cette fois nous n’avons aucun bourreau chez nous » 758 . ’Même les grandes villes souffraient des défections de l’exécutant des peines. En 1432, au décès de son employé municipal (Züchtiger), Nuremberg ne parvint pas à lui trouver rapidement un remplaçant et se lança dans de longs pourparlers avec un bourreau venu de Zwickau, Peter Holermer. Mais les prisonniers, la lutte contre le crime et pour la paix urbaine n’attendaient pas ; comme en témoignent les comptes, Nuremberg combla le manque par l’emprunt du bourreau de Wissembourg. Ce dernier assura l’intérim et mena conjointement les interrogatoires et exécutions des deux villes contre des gratifications venues de part et d’autre : « 9 livres 3 schilling payés pour les services du bourreau de Wissembourg » 759 .
Par un système de prêt, les villes franconiennes étaient ainsi parvenues à trouver une réponse commune à une situation de pénurie généralisée, dont les cités les plus importantes n’étaient pas exemptes. Plutôt que de se voir exposées chacune à une inflation des prisonniers en attente d’exécution ou de laisser le crime impuni, elles comblèrent le manque de candidats aux fonctions déshonorantes et décriées de bourreau par des échanges interurbains. Celle qui était parvenue pour quelques années à s’attacher les services d’un bourreau satisfaisait les besoins des voisines, à charge de revanche.
Le prêt d’employés municipaux touchait dans quelques cas les Büchsenmeister, les maîtres-artilleurs 760 . Le développement de l’art de la fonderie et surtout le bond en avant de la pyrotechnie à la fin du XIVe siècle amenèrent des techniques militaires de plus en plus poussées, qui réclamaient l’intervention de spécialistes. La fonction de Büchsenmeister, se propagea dès la fin du siècle tant dans les villes qu’au service des princes, sur la base des compétences d’anciens fondeurs de cloches, forgerons ou mercenaires. Les simples praticiens du départ, instruits par l’expérience et la pratique devirent rapidement des spécialistes respectables, dotés d’une littérature technique et parés d’une bonne réputation. Ce nouveau métier offrait des degrés de compétences fort variables, de formation « sur le tas » acquise par un soldat ou un conseiller dans les petites villes, au spécialiste en artillerie chargé d’un grand arsenal. Les Büchsenmeister les plus complets maîtrisaient la fabrication des arquebuses (Handbüchsen), pouvaient construire des goulots de canons, inventaient des engins de siège et d’attaque et s’entendaient à la fabrication de canons, des artifices et des munitions. Formés en balistique et au tir avec de gros et de petits canons, ils devaient selon les termes de leurs contrats servir en campagne pendant les guerres comme tireurs ou, au moins, conseiller à cette occasion des compagnies d’artilleurs. Aucune des puissances de l’époque ne voulut rester en marge du progrès et les meilleurs spécialistes du métier s’arrachaient. La compétition dans le domaine sensible de la guerre, les risques de la profession et le secret qui s’y attachaient appelaient de très hautes rétributions. Meister Hans von Meienburg, qui fut maître artilleur de Nuremberg en 1432-1433, et travailla auparavant pour l’empereur, recevait une solde de plus de 150 livres/an, bénéficiait d’un logement et touchait en sus des gratifications pour ses inventions et fabrications 761 . Il fut sans doute le plus éminent des 4 à 7 maîtres-artilleurs employés par Nuremberg entre 1431 et 1440.
La pénurie en spécialistes de l’artillerie n’égalait sans doute pas celle des bourreaux. Petites et grandes villes pouvaient toujours s’assurer les services de Büchsenmeister à double casquette, dotés d’une petite spécialisation, à côté de leur profession « principale » 762 . Cette solution peu coûteuse du double emploi, prévalait dans les petites villes et permettait de faire l’économie de longs et onéreux contrats en période de paix. La souplesse du système permettait inversement une adaptation rapide en cas de guerre. Il reste que les meilleurs effectifs de la profession étaient très recherchés et que pour des raisons évidentes de sécurité, il valait mieux pour tous ne pas trop multiplier les hommes de l’art, instruits des secrets militaires de la cité ou du prince. Les Büchsenmeister profitaient de la situation et pouvaient choisir ceux qu’ils voulaient servir, qu’il s’agisse de princes ou de villes. Ils faisaient preuve d’une fidélité très temporaire à l’égard de la cité qui les hébergeait. Dans les années 1430, deux des Büchsenmeister de Nuremberg quittèrent la ville impériale franconienne avant la fin de leur contrat et sans l’autorisation du conseil, pour des engagements plus lucratifs. Dans le même temps, en 1433, deux maîtres artilleurs étrangers démarchèrent le conseil pour se faire recruter, confirmant ainsi la grande mobilité des artisans de la pyrotechnie.
A l’image des parcours des secrétaires municipaux ou des maîtres d’écoles, les carrières des Büchsenmeister révèlent des circuits qui recoupent souvent les cercles d’amitié et de coopération entre villes. Quand ils n’étaient pas en rupture de ban avec le lieu qu’ils quittaient, les maîtres-artilleurs bénéficiaient des recommandations d’un conseil municipal à un autre. C’est sur recommandation de Nördlingen et après vérifications sur place que Nuremberg décida de recruter l’ancien maître-artilleur de la ville souabe 763 . Le réseau des amitiés urbaines préservait les villes des erreurs de recrutement et des aventuriers. Inversement, les voies de mobilité intercommunales ouvraient aux artisans des possibilités de faire-valoir et une gradation dans les charges ou les rémunérations ; entre villes alliées, ils pouvaient vanter et promouvoir leur art sans trahir les secrets militaires. Sitôt recruté, l’ancien maître-artilleur de Nördlingen fit ainsi l’étalage de tous ses mérites, une lettre du conseil nurembergeois au conseiller Nicolas Muffel témoigne de la curiosité qu’il sut éveiller à Nuremberg.
‘ « Notre nouveau maître artilleur a raconté à certains de nos conseillers comment il a fait pour nos bons amis du conseil de Nördlingen un bon bélier efficace (Prechtzeug) qui est paraît-il particulièrement bon pour heurter, jeter du feu et pour monter et d’après ce qu’il dit, ils lui ont donné pour cela 100 florins. Nous souhaitons que tu fasses ton possible pour demander s’ils veulent te laisser voir ledit engin, de telle sorte que tu puisses constater toutes les données et apprendre le mieux que tu peux et, s’ils lui ont donné autant et combien ils lui ont donné pour cela. Mais s’ils ne veulent pas te laisser voir ce dit bélier, apprends en la matière toutes les données et nécessités pour que tu puisses nous en parler et s’il te semble nécessaire de nous écrire, fais le aussi comme tu sais bien le faire » 764 . ’Cet exemple laisse entrevoir entre villes, dans le domaine des engins de guerre, des coopérations techniques semblables à celles du bâtiment. On en trouve confirmation dans les comptes. En 1436, Nuremberg ajoutait à ses dépenses « 8 livres ½ 2 schilling dépensées par Paul, notre Büchsenmeister, et avec lui, Ulrich Hasenest vers Augsbourg pour voir un Werfendes Werk que ceux d’Augsbourg ont fait faire, qui est fait en bronze et avec lequel on jette une pierre de 5 Zentner ». La ville gratifia en 1431 maître Hans, Büchsenmeister de Berne, et versa en 1439, 6 livres 60 au « maître de ceux de Heilbronn » pour services rendus 765 . Le Büchsenmeister de Rothenbourg était requis de temps à temps à Hall pour des conseils techniques 766 , tandis que l’expérience des maîtres-artilleurs nurembergeois profitait à son tour aux petites villes de Windsheim, Wissembourg et Schweinfurt 767 . Le 25 juillet 1456, Nuremberg recommanda à l’embauche Hans Hupfauf auprès de Wissembourg. « A propos d’un maître-artilleur, un dénommé Hans Hupffauf qui est très compétent et savant, d’après ce qu’on nous a dit, pour travailler avec des Schreinbüchsen, des Tarrassbüchsen et des petits canons et aussi pour faire de la poudre, doit être envoyé chez vous. Avec lui, vous pourrez vous entendre au mieux amiablement » 768
Une politique d’économie à court terme, jointe à la difficulté de retenir des maîtres-artilleurs très mobiles, générèrent pendant tout le XVe siècle des échanges des Büchsenmeister entre les membres d’alliances militaires. Les villes impériales n’y formaient pas un cadre exclusif. Des nobles ou des villes seigneuriales intervenaient comme partenaires de l’échange au gré des alliances scellées par les villes impériales. En 1425, Nuremberg envoya deux de ses Büchsenmeister à Heinrich von Plauen, l’un de ses alliés, en demandant une restitution rapide pour ne pas se trouver elle-même démunie devant la menace hussite 769 . En août 1447, c’est sans doute sur la base d’une union entre Nuremberg et le comte palatin que le conseil urbain consentit à la ville seigneuriale de Sulzbach l’aide de ses maîtres-artilleurs.
‘ « Vous nous avez demandé de vous envoyer sur le champ deux maîtres artilleurs, et ensuite 50 artilleurs si vous en aviez besoin et vous nous écriviez pour cela. Nous en avons bien pris note et nous vous envoyons avec la présente deux maîtres-artilleurs, à savoir Niclas Marg et Hans Schürpner (Schnepperer ?) présentant cette lettre, et si ensuite vous deviez avoir besoin des artilleurs, vous pouvez nous le faire savoir, en ne doutant pas que vous nous trouverez disposés dans toutes les affaires nécessaires et en particulier dans vos besoins, comme des personnes qui seront toujours prêtes à vous faire plaisir et veulent vous rendre service » 770 .’Les alliances politiques scellées entre les villes impériales franconiennes et certains nobles de la région tout au long du XVe siècle engendrèrent au quotidien beaucoup plus de coopérations que l’historiographie ne voulut longtemps le laisser croire. Bien que formulés dans des termes très généraux, les contrats d’alliances, conclus par exemple entre Nuremberg, Windsheim, Wissembourg, le comte palatin et l’évêque de Würzbourg, créaient les conditions favorables à un partenariat entre les villes impériales franconiennes et des villes seigneuriales. Au gré des circonstances et des besoins, les villes concernées donnèrent une forme concrète à l’alliance théorique. Les échanges de techniciens, d’experts des canons ou de la pierre animèrent les relations interurbaines de Nuremberg avec Würzbourg, Amberg ou Sulzbach. Entre villes impériales, les exemples de prêts restent cependant plus fournis entre villes impériales et les refus au nom de la « nécessité » et des « affaires » nurembergeoises moins nombreux.
Objets de mentions dispersées dans les missives, les prêts interurbains d’artisans du bâtiment et autres maîtres-artilleurs mériteraient qu’on s’y attarde davantage 771 . Ils se doublent d’une assistance technique et témoignent des modes d’apprentissage des gens de métier : collecte de la parole des confrères, observation sur place des réalisations existantes, comparaison en d’autres lieux pour obtenir, par synthèse, la meilleure des constructions. Ces échanges permettent de remonter peu à peu les parcours de l’innovation. La diffusion des nouveautés suivait étroitement les amitiés et alliances des conseils municipaux 772 .
Confirmant sa réputation de « grande ville » et de lieu central franconien de premier rang, Nuremberg constituait pour les autres villes impériales franconiennes une destination privilégiée dans leur quête d’artisans et d’experts intercommunaux. Mais ces circuits hiérarchiques ne parviennent pas occulter la fréquence des transactions passées hors de la métropole franconienne. Rothenbourg, Schwäbisch Hall et Dinkelsbühl formaient un réseau actif d’assistance technique réciproque et partageaient leurs spécialistes du bâtiment ou de l’exécution capitale. Windsheim et Nördlingen y apportaient parfois leur concours et puisaient dans le vivier des compétences locales. Schweinfurt tournait son regard du côté de Rothenbourg ou de Bamberg. Pour toutes ces villes, de moyenne ou de petite taille, le manque d’un artisan spécialisé sur place n’entraînait pas systématiquement le recours à la capitale régionale. C’est dans la petite ville de Wissembourg, pourtant plus éloignée que Nuremberg, que Rothenbourg commanda la confection d’une horloge en 1514, et fit ensuite effectuer des réparations 773 à maître Jacob Gumer, horloger de Wissembourg.
Fondé sur l’intégralité des lettres échangées entre villes impériales franconiennes pendant plusieurs années du XVe siècle, le corpus témoigne par contre en toute certitude des faibles demandes d’assistance de Nuremberg à l’égard de ses semblables et voisines de Franconie. Tout au plus, le conseil nurembergeois s’accommoda-t-il quelque temps du bourreau prêté par Wissembourg. Lorsqu’elle avait besoin de spécialistes absents dans ses murs, Nuremberg se tournait vers de vastes horizons et ignorait ses proches partenaires. On allait quérir le secours d’artisans extérieurs à Ratisbonne, Augsbourg, Zwickau, Berne, Nördlingen ou Heilbronn plutôt qu’à Windsheim ou Wissembourg 774 . Image du rayon d’envergure d’une grande ville, ou volonté d’indépendance et de suprématie à l’égard des cités proches, auxquelles Nuremberg accordait beaucoup, mais demandait elle-même très peu. En termes de « prêts », les voisines impériales de Nuremberg affichaient toutes un net déficit, entretenu par le conseil nurembergeois. Elles lui étaient redevables de beaucoup, mais n’étaient guère appelées à lui rendre la pareille.
L’entretien des routes urbaines tout comme l’alimentation en eaux s’inscrivait dans les activités fondamentales des Baumeister municipaux. Le livre du Nurembergeois Endres Tucher (1464-1475 montre en ce domaine la diversité des tâches du maître d’œuvre. La prévention contre les incendies, la lutte contre les inondations, l’évacuation des eaux usées, l’entretien des canalisations et les tractations avec les domaines privés formaient son quotidien. Il devait aussi défendre la « Belle fontaine », trônant sur la place de Nuremberg, victime de son succès et de l’admiration populaire. Cf. Mathias Lexer (éd.), Endres Tuchers Baumeisterbuch der Stadt Nürnberg (1464-1475), Stuttgart, 1862, (Bibliothek des literarischen Vereins 64). Voir aussi Ernst Mummenhoff, « Lutz Steinlingers Baumeisterbuch vom Jahre 1452 », dans MVGN 2 (1880), p. 15-77. Dans les éloges de Nuremberg, les bâtiments publics sont présentés comme l’illustration du souci du bien commun qu’avait le Magistrat. Sur les édifices eux-mêmes des affiches exaltaient l’œuvre du conseil pour la communauté. Un des poètes-artisans rédigea de la sorte des textes apposés sur un grenier à blé municipal (1494) et la tour sud de l’église Saint-Sébald (1493). Ces pancartes vantaient les bienfaits édilitaires, voire alimentaires de « ces Messieurs du Conseil ». Les commanditaires furent probablement les conseillers Seitz Pfinzing et Ulrich Grundherr. Voir E. Matthias, Mitteilungen des Vereins für Geschichte der Stadt Nürnberg 7 (1888), p. 224-226 et MVGN 8 (1889), p. 239-243. Sur le bien commun, voir entre autres Hans-Christoph Rublack, « Grundwerte in der Reichsstädten im Spätmittelalter und in der frühen Neuzeit », dans Horst Brunner (éd.), Literatur in der Stadt, 1982, p. 9-36
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, fol. 201
A Nuremberg, les Briefbücher restent muets sur ces coopérations. Les lettres relevaient dans ce domaine de la compétence des maîtres d’œuvre et échappaient à la correspondance municipale générale.
Notons par ailleurs que ces formes de collaboration intercommunales existaient dès le XIVe siècle. Les comptes de la ville de Rothenbourg pour l’année 1383 soulignent que des conseillers rothenbourgeois sont allés examiner les constructions urbaines à Windsheim et Wissembourg. Cf. Stadtarchiv Rothenbourg B39, fol. 32v, colonne de gauche : « Item 6 lb rauher haller summa 17 lb 2sh. Ulrich Reichlin, quand il est allé avec Ulrich Einkurn et avec Wilhelm, les agents à Windsheim et Wissembourg pour qu’ils examinent les constructions municipales (stett baw) ».
Cet hôtel-de-ville se trouve représenté en 1466 dans une peinture de Friedrich Herlin, au dos de l’aile droite de l’autel des douze apôtres, dans l’église Saint-Jacques à Rothenbourg.
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, fol.3, fol. 20v, 39v
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, fol. 39v : lettre de Rothenbourg à Jörg Stadelmann. Voir aussi fol. 20v
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, fol.3, 16, 20v
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, lettre à Nördlingen, fol. 44v (1501)
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, lettre à Dinkelsbühl, fol. 44
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, fol. 201, 220v
Il doit s’agir autant de moulins industriels, utilisés par exemple dans les métiers du textile (moulinage mécanique par manège de chevaux) que de moulins à grains.
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 220, fol. 83v
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 220, fol. 86v
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 220, fol. 92
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 221, fol. 166 (1516)
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 221, fol. 341, 386v (1517)
Schwäbisch Hall et Rothenbourg négocient en 1512 l’intervention et l’expertise du charpentier souabe Peter Lackorn pour l’édification d’un bâtiment à Rothenbourg. Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 219, fol. 63.
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, fol. 15
Cf. StAN, BB18, fol. 113
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 216, fol. 17v
Sur Nicolaus Eseler, voir Alfred Klemm, « Drei Hallenkirchen aus dem 2. Viertel des 15. Jahrhunderts und Nikolaus Eseler als Hauptbaumeister an denselben », Württ. VjH. f. LG 8 (1885), p. 185 et s., Peter P. Albrecht, « Die Eseler von Alzey. Eine Mainzer Steinmetzensippe des 15. Jahrhunderts », Zeitschrift für Geschichte des Oberrheins NF 37 (1922), Heft 2. Cf. Ludwig Schnurrer, « Schwäbisch Hall und Rothenburg. Die Nachbarschaft zweier Reichsstädte in der Geschichte », dans Württembergisch Franken. Jahrbuch des Historischen Vereins für Württembergisch Franken 65 (1981), p. 145-176. A ces exemples fournis par les Missivenbücher de Rothenbourg et les Briefbücher de Nuremberg peuvent s’ajouter les mentions inscrites dans les registres nurembergeois de lettres reçues. Cf. Dieter Rübsamen, Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Thorbecke, 1997. Le n° 6263 correspond à une demande de prêt d’un maître d’œuvre de l’église nurembergeoise Saint Laurent au bénéfice de travaux dans les églises de Rothenbourg : « une lettre de Heinrich Trüb et autres maîtres de fabrique de Rothenbourg à propos d’un maître d’œuvre ici à Saint Laurent ». Voir aussi le n°6277 : « Une lettre de Rothenbourg pour Niclas Eseler, leur maître d’œuvre, pour le prendre à la place de maître Conrad Steinmetzen »
Les chroniques municipales témoignent également de la participation des artisans à l’intercommunalité. Cf. Annalen von Schweinfurt, éditées par Friedrich Stein, dans Monumenta Suinfurtensia historica, Schweinfurt, 1875, p. 321 : Anno 1385 « haben ein Rath alhie einen, Henszlin Zimmerman genant, ghen Bappenhausen geschiekt, zu lernen Schirme zu machen ».
Cf. StAN, BB1, fol. 133
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 219, fol. 88v, 91v
Cf. Christian Probst, « Das Medizinalwesen der Reichsstädte Rothenburg, Schweinfurt, Dinkelsbühl, Weissenburg und Windsheim », dans Rainer A. Müller (éd.), Reichsstädte in Franken, Munich, p. 122-140.
Voir aussi Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902 et Ludwig Schnurrer, « Schwäbisch Hall und Rothenburg. Die Nachbarschaft zweier Reichsstädte in der Geschichte », Württembergisch Franken 65 (1981), p. 145-176
Une ordonnance du conseil de la première moitié du XIVe siècle prévoyait que personne ne puisse exercer la médecine à Nuremberg sans avoir prêté auparavant serment devant le conseil, sous peine d’une amende de 5 livres. Edité dans Anzeiger für Kunde der deutschen Vorzeit (1877), p. 178 et s. Le contrat conclu en 1461 entre le conseil de Rothenbourg et son physicus présente des articles similaires. Recruté pour 4 ans, ce spécialiste de la médecine interne s’engageait à traiter les riches comme les pauvres du mieux de son savoir et de ses compétences, à ne pas exiger d’honoraires démesurés et à ne pas quitter la ville sans autorisation d’un bourgmestre
Cf. Dieter Rübsamen, Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Thorbecke, 1997 , sous l’entrée « Hans Lochner, arzt ». Le conseil de Nuremberg reçoit des demandes ou des remerciements concernant Hans Lochner en provenance de :
Landrichter Hans von Seckendorf, n°1615
Margrave de Brandenburg ou sa femme, n°1977, n°2166,2621, 3335, 3768, 4155, 4393, 4461, 4550, 4787, 5110, 5297, 5338, 5451, 5480, 5625, 5758, 5790, 6034, 6063, 6163, 6929, 7192, 7348, 7360, 7421, 7467, 7546, 7710, 7745, 8247, 8250
Hans et Sigmund von Egloffstein n°5253
Hans Fraunberger vom Hag n°5262
Duc de Bourgogne sur demande des conseillers impériaux lors d’un séjour à Ratisbonne n°5335
Hans von Planckenfels, chanoine, et Hans von Kotzau, pour l’évêque de Ratisbonne n°7272, 7306
Dans les années 1455, Nuremberg emploie comme second médecin, Niclas Horen, qui fait l’objet d’une demande de prêt par l’évêque de Würzbourg, n°7627
L’installation d’un médecin à Rothenbourg est très précoce, elle doit probablement à la présence d’une importante communauté juive dans la ville. Un médecin juif, « medicus de Hallis », est attesté à Rothenbourg dès 1303. A partir de 1333, apparaissent dans les sources municipales rothenbourgeois des médecins soldés par la ville, alors appelés « physici ». Le Physicus avait en 1374 une solde annuelle de 5 livres heller, comme le chirurgien de la ville et les pharmaciens. Rothenbourg disposait aussi d’une pharmacie depuis le début du XIVe siècle et employait des chirurgiens ; le métier en compte 5 en 1544. A Wissembourg, un Stadtphysicus est attesté à partir de 1455. A Dinkelsbühl, le docteur Marquard Freer l’ancien fut sans doute le premier médecin municipal et exerça jusqu’en 1473, son fils lui succéda dans ces fonctions.
La réputation et la valeur des médecins de ces petites villes impériales ne paraît céder en rien à celle des praticiens nurembergeois. On sait par exemple que deux Physici de Rothenbourg au XVIe siècle devinrent professeurs à l’université de Tübingen. Un chirurgien attesté à Wissembourg au XVe siècle, Otto von Heideck, enseigna quant à lui sa science à Heinrich von Pfalzpaint, chirurgien, chevalier de l’ordre teutonique et auteur d’un livre de chirurgie en 1460.
En 1430-1440, la ville de Nuremberg emploie quant à elle deux physici payés 100 florins (Johannes Schintel et Peter von Berkt jusqu’en 1437 ; peut-être victimes de la peste qui sévit cette année-là, ils sont remplacés en 1438 par Johannes Heck et Johannes Lochner) et un chirurgien payé 12 florins (Erhard Lang en 1432-1437).
Sur ces personnels et leur rôle dans le processus de « disciplinarisation sociale », voir Andrea Bendlage et Peter Schuster, qui abordent ces thèmes pour Nuremberg : « Hüter der Ordnung. Bürger, Rat und Polizei in Nürnberg im 15. und 16. Jahrhundert », MVGN 82 (1995), p. 37 et s. A titre de comparaison, à la même époque, les sergents de la ville gagnaient chacun 30 livres par an. Les bourreaux cumulaient par conséquent plusieurs activités pour vivre décemment. Le bourreau d’Eichstätt Hans Kraha donnait quelques soins médicaux et thermaux. Cf. Stadtarchiv Weissenburg n°10016.
Voir Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902, p. 648 et s. ; 645-646
Cette collaboration est plusieurs fois évoquée dans les annales de la ville de Schweinfurt. Cf. Annalen von Schweinfurt, éditées par Friedrich Stein, dans Monumenta Suinfurtensia historica, Schweinfurt, 1875. En 1398, 3 ennemis de la ville de Schweinfurt, emprisonnés à « Niderwehrn », furent finalement passés au fil de l’épée par le bourreau de Rothenbourg., p. 326. En 1418, après un incendie volontaire, qui semblait viser les villes d’empire, les responsables furent brûlés par le bourreau de Bamberg, p. 338. C’est à nouveau un employé de Bamberg qui exécute en 1440 un ennemi de la ville de Schweinfurt, p. 351.
Outre l’intervention du bourreau de Bamberg pour l’exécution d’hommes qualifiés de « nuisibles » par Schweinfurt, on connaît l’existence d’échanges de bourreaux entre Wissembourg et Eichstätt. En 1441, Eichstätt remercie Wissembourg pour l’aide de son bourreau. Celui-ci a soumis à la question des prisonniers dont deux ont avoué sous la torture et un a reconnu ses torts d’emblée. Cf. Stadtarchiv Weissenburg n°10 001. Après 1462, les comptes de la ville de Wissembourg font état des dépenses pour le bourreau. En l’absence de bourreaux dans ses murs, face aux difficultés de recrutement, Wissembourg recourut elle-même aux bourreaux des villes seigneuriales d’Eichstätt, d’Ellingen, d’Öttingen, ainsi que de Nuremberg.
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 219, fol. 34v ; Missivenbuch 221, 368v (1517)
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 219, fol.115v (lettre de Rothenbourg à Dinkelsbühl) ; fol. 154v et 155 (lettre de Rothenbourg à Windsheim).
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 221, fol. 169 (06/05/1516)
Cf. Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902, p. 646
Cf. Rainer Leng, « Getruwelich dienen mit Buchsenwerk. Ein neuer Beruf im späten Mittelalter : die Büchsenmeister, dans Dieter Rödel et Joachim Schneider (éd.), Strukturen der Gesellschaft im Mittelalter : interdisziplinäre Mediävistik in Würzburg, Wiesbaden : Reichert, 1996, p. 302-322
A Berne, le maître-artilleur touche en 1445 105 livres par an et correspond ainsi au plus haut salaire de tous les employés rétribués par la municipalité.
Nuremberg disposait elle-même de tout un quarteron de ces maîtres de canons occasionnels, appelés en période de guerre pour garnir les canons, sous le commandement d’un expert. L’ordonnance des maîtres-artilleurs relative à la guerre margraviale mentionne entre 130 et 145 hommes affectés à ces tâches. On rencontre parmi eux l’artisan-poète Hans Rosenplüt, venu du monde de la forge, engagé à vie par le conseil comme « Büchsenmeister ».Cf. J. Baader (éd.), Erhard Schürstab. beschreibung des ersten markgräflichen Krieges gegen Nürnberg (Quellen und Erörterungen zur bayerischen und deutschen Geschichte, A.F. 8), 1860, réimpression 1969, p. 199-203
Cf. StAN, BB 18, fol. 118v, Lettre du conseil de Nuremberg au conseiller Berthold Volckmeier. « Comme tu le sais sans doute, nous avons reçu une demande de recrutement d’un maître-artilleur de Nördlingen, alors n’oublie pas de te renseigner à son sujet du mieux que tu peux pour que nous sachions ensuite quoi faire. »
Cf. StAN, BB18, fol. 266v (1447)
Cf. Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902. Avec Heilbronn, on retrouve des échanges concernant les maîtres-artilleurs dans les registres de lettres reçues par Nuremberg. Cf. Dieter Rübsamen , Das Briefeingangregister des Nürnberger Rates für die Jahre 1449-1457, Sigmaringen : Thorbecke, 1997 « Une lettre de Heilbronn à propos de Maître Frédéric, leur maître-artilleur », n°4276. Voir aussi StAN, BB 23, fol. 202v, 14/04/1453
Voir Steuerrechung Hall 1430/1431, Stadtarchiv Hall 4/ a 1 n° 35 sous « dépenses de la commune » (ausgeben ein gemeins) : « Item dem büchsenmeister von Rotenburg 1 fl. geschenckt ».
Les annales de Schweinfurt signalent le prêt d’un maître-artilleur et de 10 tireurs consenti par Nuremberg à Schweinfurt en 1440. Cf. Annalen von Schweinfurt, éditées par Friedrich Stein, dans Monumenta Suinfurtensia historica, Schweinfurt, 1875, p. 351
Cf. StAN, BB26, fol.186, 25/07/1456
Voir aussi une demande du comte d’Öttingen, Johann, déclinée par Nuremberg, pour répondre aux propres besoins de la ville. StAN, BB19, fol. 123, 12/08/1448. Dans les registres de lettres reçues figure en décembre 1455 une mention d’une « lettre de notre sire de Mayence pour conseiller Hans Bergman, son maître-artilleur », n°6984
Cf. StAN, BB18, lettre de Nuremberg à Sulzbach, fol. 313
Les missives, les comptes municipaux généraux et les livres des maîtres d’œuvre fournissent quelques indications de départ. Mais, dans la mesure, où les maîtres d’oeuvre avaient souvent leur propre administration (c’est le cas à Nuremberg et Rothenbourg), les détails de leur activité ne figurent pas dans les actes généraux du conseil. Une étude systématique sur ce thème réclame donc le dépouillement des comptes particuliers et des correspondances tenus par les maîtres d’œuvre.
Voir Philippe Braunstein, « La communication dans le monde du travail à la fin du Moyen Âge », dans Kommunikation und Alltag in Spätmittelalter und früher Neuzeit, Vienne, 1992, p. 75-95
Ces réparations furent confiées à Jacob Gumer, maître horloger de Wissembourg. Voir Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 220, fol. 118v (1515) et Missivenbuch 221, fol. 50
Les dépenses de Nuremberg en 1431-1440 au titre des maîtres-artilleurs et de l’assistance technique mentionnent des maîtres artilleurs venus temporairement de Berne et de Heilbronn. L’agent nurembergeois Ulrich Hasenest et un maître nurembergeois se rendirent à Augsbourg en 1436 pour voir un engin de jet que les Augsbourgeois avaient fait faire en bronze et avec lequel on pouvait jeter une pierre de 5 Zentner. Voir Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902, p. 466 et 467