Pour toutes les affaires extérieures où les messagers et les agents n’avaient pas le charisme, l’expérience, l’autorité ou la sagesse nécessaires, les conseillers entraient en lice. Ils remplissaient les fonctions à proprement parler diplomatiques 786 et représentaient le conseil dans ses démarches à l’extérieur. Il faut croire qu’elles étaient nombreuses, puisque le nombre de leurs voyages égalait presque celui des messagers 787 .
Année | 1431 | 1432 | 1433 | 1434 | 1435 | 1436 | 1437 | 1438 | 1439 | 1440 |
Voyages des messagers nurembergeois | 43 | 51 | 65 | 50 | 49 | 36 | 72 | 110 | 125 | 74 |
Voyages des conseillers nurembergeois | 37 | 49 | 44 | 29 | 37 | 45 | 48 | 46 | 68 | 35 |
Part des missions des conseillers dans les dépenses urbaines totales 788 | 1% | 5,6% | 6,8% | 2% | 2% | 3% | 2% | 2,8% | 2,3% | 2,3% |
Leurs équipées atteignaient des sommets en termes de coûts. La ville dépensait selon les années dix à vingt fois plus pour les conseillers en missions que pour les allées et venues des messagers. Nuremberg consacrait en moyenne 3% de ses dépenses aux seules Ratsbotschaften. Ces coûts étaient à l’image de la politique active que la ville, non contente d’être un lieu d’assemblée, menait à l’extérieur de ses remparts 789 . Le nombre des ambassades s’ajoutait alors à la nécessité de tenir son rang, de siéger dans des négociations qui pouvaient durer plusieurs jours et d’attendre patiemment le bon vouloir des agents du roi. 790 .
Une Glaubbrief ou une Förderbrief faisaient des édiles l’incarnation même de la volonté du conseil et de la commune. Sans être aussi surveillés que l’étaient les agents municipaux, ils restaient en contact permanent avec le Magistrat dont ils étaient issus. Leurs lettres rendaient compte de leurs démarches au fur et à mesure des négociations et s’inquiétaient des instructions suivantes. Le conseil répondait à son tour par courrier et chargeait un messager de « courir après » les délégués. Une lettre de Nuremberg « à Karl Holzschuher et Berthold Volckmeier, nos chers bourgeois et conseillers » illustre cette procédure :
‘ « Vous avez sans doute entendu dire que nos bons amis, ceux de Wissembourg, nous ont écrit qu’ils avaient appris la présence de Lesch Tanhawser et de sa compagnie dans les environs. Nous avons alors entrepris de nous renseigner à ce sujet et on nous a dit aujourd’hui qu’il en était ainsi et que cette mauvaise compagnie serait à Monheim. C’est pourquoi nous pensons que vous devez bien en parler avec nos bons amis des villes, en particulier aux conseillers de Nördlingen qui sont aussi à Ansbach pour l’instant et à ceux de Wissembourg s’ils sont là, pour voir s’ils pensent entreprendre quelque chose pour faire suivre ces gens, comme vous savez bien le faire. En cela, vous nous ferez plaisir » 791 . ’Jugés aptes à mener seuls l’essentiel des négociations courantes, les édiles en mission devaient cependant savoir rester en retrait. Aux réunions de la ligue urbaine souabe, il leur incombait de ne répondre qu’après consultation du conseil à leur retour dans la ville. A l’assemblée des villes, il leur fallait donc rapporter l’opinion de leur gouvernement, prendre part aux débats, mais sans jamais exprimer leur avis personnel (hintersichbringen).
Sans avoir besoin d’une formation juridique poussée, les Ratsbotschaften devaient être dans les secrets du conseil, l’incarner au mieux et avoir l’expérience des affaires municipales. A Nuremberg comme dans les autres villes impériales franconiennes, la diplomatie constituait par conséquent un domaine réservé auquel n’accédaient pas tous les membres du gouvernement. Partout la diplomatie était le fait d’une oligarchie. A Nuremberg, dans le vivier que formaient le petit 792 et le grand conseils, ils n’étaient pas nombreux ceux que le magistrat jugeaient aptes aux démarches extérieures. Entre 1431 et 1440, seules 21 personnes assurèrent les relations diplomatiques de la ville. Chaque année en moyenne, 8 conseillers différents s’en allaient sur les routes pour un total annuel de 35 délégations. Les conseillers en mission se consacraient le plus souvent à la tâche en solo (76% des cas), allaient parfois en duo (22% des cas), rarement à plus de deux. Il n’était pas question d’envoyer des novices faire leurs classes à l’extérieur 793 . L’obtention d’un mandat semblait subordonnée à l’appartenance au patriciat 794 et à la gestion réussie d’offices municipaux prestigieux 795 . Nuremberg puisait exclusivement ses ambassadeurs dans le cercle dirigeant du petit conseil. La ville faisait son choix entre les 26 bourgmestres en exercice dans l’année, préférant à une large majorité recourir à l’expérience des 13 anciens bourgmestres. A ce cénacle de l’ambassade s’ajoutaient quelques rares jeunes bourgmestres ou anciens Genannten, un peu plus éloignés des cercles effectifs du pouvoir, comme Konrad Baumgartner, Berthold Volkmeier et Gabriel Tetzel dans les années 1430 796 .
Encore dans ce quorum restreint faut-il distinguer les diplomates occasionnels des ambassadeurs de prédilection. Chaque année, les trois ou quatre conseillers les plus sollicités suffisaient à effectuer plus de 60% des délégations 797 . Peter Volkmeier (décédé en 1432), Sigmund Stromer, Stephan Koler, Anton Derrer, Paul Vorchtel, Konrad Baumgartner et Wilhelm Ebner formèrent l’élite des ambassadeurs nurembergeois entre 1431 et 1435. Durant les cinq ans qui suivirent, Konrad Baumgartner, Karl Holzschuher, Paul Vorchtel, et dans une moindre mesure Berthold Volkmeier se partagèrent un quasi-monopole sur les affaires étrangères. Au vu des missives des années 1440, Berthold Volkmeier et Niklas Muffel 798 héritèrent ensuite de la même hégémonie dans les affaires extérieures de la ville.
Pour le gouvernement de Nuremberg, la compétence, l’expérience personnelle et la considération à l’extérieur semblaient l’emporter sur une réelle circulation des tâches diplomatiques entre les membres du petit conseil 799 . Le sacrifice ainsi consenti par la ville à ses relations extérieures n’était pas négligeable. Les conseillers-diplomates les plus éminents étaient pour ainsi dire perdus pour les affaires intérieures, puisqu’ils ne résidaient que par brefs épisodes dans les murs. L’absence se prolongeait pour ceux qui devaient démarcher auprès du souverain. En 1434, Stephan Koler passa ainsi plus de 33 semaines dehors ; en 1436, Berthold Volkmeir séjourna 21 semaines à la cour afin de traiter une affaire judiciaire concernant Nuremberg.
A l’égale de leurs collègues de Nuremberg, quelques conseillers s’accaparaient les charges diplomatiques des petites villes impériales franconiennes. Ils cumulaient souvent un titre de bourgmestre, des offices municipaux et des fonctions d’ambassadeurs. Mais dans ces petites villes le nombre restreint de magistrats en exercice les contraignait à être omniprésents à l’intérieur comme à l’extérieur 800 . Les annales de Schweinfurt dévoilent génération après génération quelques-uns des hommes qui firent la politique étrangère de la ville. Dans les années 1380, Hans Nüsser, Ruprecht Haberkorn, Richolf Nürnberger ou Betzolt Kutzelspurer voyageaient jusqu’en Bohême, se rendaient aux réunions de la ligue souabe à Ulm, tout en étant bourgmestres, percepteurs ou échevins au Zentgericht local. Hans Heimburg domina à son tour la vie diplomatique de Schweinfurt dans la première moitié du XIVe siècle. Il était présent aux réunions de la Landfrieden, à la diète urbaine de Constance de 1416 ou aux grands rendez-vous impériaux 801 . A Rothenbourg, les comptes de la ville, conservés pour la fin du XIVe siècle, regorgent quant à eux des voyages effectués par Heinrich Toppler, élu bourgmestre pour la première fois en 1373. Lui, son frère Hans, Walter et Peter Kreglinger, Ulrich Reichlein et Seitz Heuptlein assumèrent les nombreuses démarches de la ville à une époque culminante pour les relations étrangères. « Heinrich Toppler et Ulrich Richlin sont allés à cheval à Pappenheim à cause du sire de Hoheimer, puis sont allés aussitôt à Nuremberg à propos des juifs, là étaient les délégués de ceux de Wissembourg et de Windsheim et ils furent 12 jours dehors, cela coûta à Toppler 21 livres et à Richlin 11 livres » 802 . A Wissembourg, le conseiller Seitz Noll assumait fréquemment les démarches extérieures de sa ville dans le premier quart du XVe siècle, avant d’être détrôné dans ces fonctions par Jobst Spalter, qui effectua inlassablement ses ambassades des années 1420 aux années 1440 803 .
Dans les petites villes, les effectifs limités du conseil devaient contraindre les ambassadeurs à assurer sans distinction tous les types de démarches extérieures 804 . Les grandes villes comme Nuremberg pouvaient cependant s’offrir le luxe de diplomates spécialisés. Pourquoi pas dans le domaine de l’intercommunalité ?
De fait, les légations des années 1431-1440 prouvent que le gouvernement nurembergeois n’affectait pas ses ambassadeurs sur la simple base de la disponibilité. Ainsi sur 104 délégations effectuées par Konrad Baumgartner dans les années 1430, plus de la moitié se tournèrent vers la cour du margrave de Brandebourg à Cadolzbourg, Ansbach ou Baiersdorf. Le même Konrad Baumgartner assura la majorité des 26 délégations nurembergeoises auprès de l’évêque de Bamberg, en compagnie de Gabriel Tetzel. Paul Vorchtel ou Siegmund Stromer se spécialisèrent dans les délégations au duc Jean de Bavière 805 . Paul Vorchtel se chargea à la même période de la plupart des ambassades à la cour royale, tandis que pendant les 15 années précédentes, durant le règne de Sigismond, elles revenaient de préférence à Sebald Pfinzing, Peter Volkmeier (encore au sommet en 1431), Erhart Schürstab, Georg et Sigmund Stromer ou Stephan Koler 806 . Sans avoir de délégations permanentes, Nuremberg possédait donc des porte-parole récurrents dans les principales cours de son temps. Malgré le cercle étroit des experts de l’ambassade, songea-t-elle de même à transformer quelques-uns de ses conseillers en spécialistes de l’intercommunalité ?
Pour répondre à cette question, encore faut-il sérier les démarches consulaires qui relevaient des relations interurbaines. Les missives municipales, qui permettent d’en prendre la mesure, montrent aussi combien la notion d’ambassade ou de diplomatie recouvre imparfaitement les missions dévolues dans de tels cas aux conseillers.
Les Ratsbotchaften prenaient part aux réunions générales rassemblant les villes au sujet de l’empire ou de la paix. Ils allaient aux assemblées impériales comme à celles de la ligue souabe. Venus de plusieurs villes impériales franconiennes, ils se retrouvaient pour préparer leurs réponses à l’empereur, aux princes ou à la ligue, profitant souvent de l’occasion pour échanger les dernières informations.
Non contents de communiquer l’avis de leur conseil devant le roi, la ligue ou les princes, les conseillers se chargeaient parfois de représenter une ville qui avait demandé à se faire remplacer. En voici un exemple parmi bien d’autres, en 1446 :
Lettre de Nuremberg à Wissembourg 807
‘ « Notre conseiller qui était dernièrement à l’assemblée à Ulm et qui y a traité vos et nos affaires sur votre recommandation est revenu chez nous hier et a ramené avec lui le procès-verbal de nos amis les conseillers des villes à propos duquel nous envoyons un document ci-joint à votre sagesse. Les affaires qui y sont abordées sont graves et préoccupantes et vous comme nous sommes tenus de faire une réponse à ce sujet à Ulm d’ici le jour de l’an prochain, de telle sorte que nous voulions l’annoncer sans délai à votre amitié, en vous demandant de siéger, d’y réfléchir fortement, de bien vous en entretenir, d’informer votre honorable délégation du conseil de votre opinion et de l’envoyer chez nous à Nuremberg pour mardi prochain, c’est-à-dire le jour de la saint Jean évangéliste, de nuit. Nous avons écrit de même à vos et nos bons amis de Windsheim, pour qu’eux, vous et nous nous puissions nous entretenir de cela sans faute mercredi matin tôt ».’Pour les édiles en mission, l’intercommunalité prenait aussi des voies plus détournées. Selon le droit coutumier, une des tâches des conseillers consistait à défendre les intérêts de leurs bourgeois devant des tribunaux étrangers. Aussi, quand les habitants de deux villes se trouvaient en litige, leurs gouvernants servaient-ils d’intermédiaires entre les partis en conflit. Il leur fallait dans cette fonction défendre l’intérêt de leur bourgeois tout en ménageant la susceptibilité et les privilèges de la cité où la plainte avait été portée. Peter Volkmeier eut ainsi à déployer des trésors de diplomatie devant le conseil de Rothenbourg en 1405.
‘ « Notre cher bourgeois et conseiller Peter Volkmeier est allé récemment devant votre conseil avec Burckhart Eberhart, notre bourgeois, à propos de l’héritage qui doit revenir à notre dit bourgeois Burckhart Eberhart. Nos bourgeois nous ont fait savoir en quels termes ils vous avaient quittés et ils nous ont également dit comment vous préférez et pensez que ledit Burckhart Eberhart, notre bourgeois, doit être jugé chez vous à Rothenbourg pour toutes les affaires que vous avez envers lui. Nous vous envoyons donc maintenant ci-joint une copie des arbitrages qui ont été inscrits dans notre livre du conseil quand on a parlé et arbitré ici entre vous et notre bourgeois susdit. Il y avait là pour vous représenter Peter Northeimer, Heinrich Permeter et Cunz Horen, vos concitoyens que vous aviez envoyé pour cela chez nous. Nous espérons que vous instruirez les vôtres de telle sorte qu’ils ne toucheront pas aux biens que feu Peter Kreglinger a laissés jusqu’à ce que la justice soit prononcée et que la part qui doit revenir et échoir à notre susdit bourgeois sur ce même bien lui soit remise complétement et sans entraves selon le droit de votre ville etc » 808 .’Dépassant la défense de leurs propres intérêts au bénéfice de leurs alliances, les villes prêtaient parfois leurs propres diplomates à une tierce puissance, le plus souvent une cité. Sur l’ordre de leur conseil, les ambassadeurs assuraient alors la défense d’une ville qui leur était étrangère ou officiaient comme arbitres entre les partis en présence. Beaucoup de ces interventions s’inscrivaient dans des conflits juridiques avec la noblesse, dont le règlement amiable nécessitait un appui aussi grand que possible des amis et alliés. En 1405, Nuremberg sollicita de la sorte le prêt et l’aide de conseillers de Nördlingen, Dinkelsbühl, Rothenbourg, Wissembourg et Schwäbisch Hall pour une réunion à Munich.
‘ « A propos de la saisie (aufhalten) et de la prise (name) que le noble sire Johannes sire de Heideck a fait subir aux nôtres, et pour laquelle le prince bien né et sire le duc Ernst de Bavière a établi une paix entre lui et nous jusqu’à la toussaint et a convenu d’une réunion à Munich pour la Saint Gall prochain. Nous demandons par conséquent à votre honorable amitié de tout cœur de bien vouloir nous prêter et envoyer un membre de votre conseil pour qu’il soit à la susdite réunion de la Saint Gall auprès de nos amis à Munich et qu’il les conseille et leur porte assistance favorablement pour cette même réunion… » 809 ’Face à la diversité des situations qui débouchaient sur une coopération interurbaine, la part des ambassades liées à l’intercommunalité est difficile à évaluer. Elle ne reflète pas l’intégralité des contacts oraux entre villes, puisque toute occasion pouvait être bonne pour converser et s’accorder entre bourgeois. Encore une fois, ce sont les comptes municipaux qui en offrent la vision la plus globale et systématique, quoique approximative 810 .
Année | 1431 | 1432 | 1433 | 1434 | 1435 | 1436 | 1437 | 1438 | 1439 | 1440 | Total décennal |
Nbre de délégations au bénéfice des villes | 7 | 17 | 18 | 5 | 15 | 13 | 12 | 13 | 20 | 9 | 129 |
% sur le total des délégations municipales | 19 | 34 | 40 | 17 | 40 | 29 | 25 | 28 | 29 | 26 | 28,7 |
Environ 29% des Ratsbotschaften concernaient donc peu ou prou la sphère des villes entre 1431 et 1440. Cette proportion s’avère assez stable sur la durée avec un regain d’activité interurbaine en 1432-1433, 1435, et un déficit en 1431 et 1434 811 .
L’éventail des personnes employées à ces déplacements est identique à l’ensemble des diplomates requis entre 1431 et 1440. Il en allait toutefois du service de l’intercommunalité comme des affaires étrangères en général. Sur le volant de 21 ambassadeurs nurembergeois qui voyagèrent au bénéfice des villes, quelques-uns avaient le quasi-monopole des affaires interurbaines. De 1431 à 1435, c’est sans conteste Siegmund Stromer 812 qui exerça la majorité des voyages liés à l’intercommunalité, devant Anton Derrer et Paul Vorchtel. Ce dernier, toujours présent après 1435, dut ensuite partager les délégations intercommunales avec Berthold Volkmeier, mais surtout Karl Holzschuher et Konrad Baumgartner 813 . Tous les quatre faisaient l’objet de prêts répétés du conseil nurembergeois au profit d’autres villes. En 1435, sur 5 délégations, Paul Vorchtel en accomplit une pour Rothenbourg et deux pour ceux d’Augsbourg. Karl Holzschuher semblait quant à lui effectuer une large part de ses services dans le cadre de la ligue urbaine souabe. Entre 1437 et 1439, il ne manqua pas une assemblée générale de la ligue à Ulm et oeuvrait à son retour pour des villes de l’alliance, Dinkelsbühl, Ulm, Ratisbonne ou Strasbourg.
La ville de Nuremberg disposait donc bien de quelques ambassadeurs aguerris dans les missions interurbaines. L’observation faite ici sur une dizaine d’années se confirme sur le long terme, du XIVe au XVIe siècle. Pour la bonne marche des édits de paix, les villes impériales franconiennes avaient pris l’habitude au XIVe siècle d’envoyer régulièrement les mêmes hommes aux comités de Landfrieden 814 . Ils se cotoyaient donc régulièrement dans les réunions générales, mais aussi dans les réunions préparatoires en cercles restreints, organisées entre les villes membres. L’intercommunalité n’était certes pas la seule corde que ces délégués avaient à leur arc, mais il existait une certaine stabilité des hommes appelés à œuvrer dans la politique régionale et dans les relations entre villes. Pendant presque 10 ans dans la dernière décennie du XIVe siècle, Nuremberg envoya Berthold Pfinzing 815 représenter la ville aux réunions de la Landfrieden franconienne. Il y retrouvait les représentants de Schweinfurt ou de Rothenbourg qui se partageaient le même siège. Hans Nüsser 816 , pour Schweinfurt, alternait à l’époque avec le Rothenbourgeois Heinrich Toppler. Albrecht Ebner 817 , qui remplaça parfois Berthold Pfinzing dans les années 1390, devint au début du XVe siècle l’ambassadeur de Nuremberg aux réunions de paix régionales. Il était souvent flanqué de Mertein ou Peter Haller, plus rarement de Wilhelm Mendel. Les deux délégués nurembergeois cotoyaient alors à la Landfrieden Peter Northeimer ou Hans Spörlein venus de Rothenbourg, Seitz Nolle de Wissembourg et Hans Heimburg de Schweinfurt. Lorsqu’une nouvelle Landfrieden vit le jour en Franconie à l’initiative des forces du pays en 1427, ce fut au tour de Siegmund Stromeir, Berthold Volkmeir et Anthon Derrer d’y officier en duo pour Nuremberg 818 .
Au sein des réunions de la ligue urbaine souabe, Nuremberg s’efforçait de conserver une semblable stabilité de ses représentants ; nous l’avons vu dans les années 1430 au travers des activités de Karl Holzschuher. Berthold Volkmeir et Niclas Muffel tinrent le même office auprès de la ligue pendant la décennie suivante 819 . Cinquante ans plus tard, ces habitudes se perpétuaient encore au sein de la grande ligue souabe. Jörg Holzschuher y fut la voix de Nuremberg entre 1500 et 1509. Il eut à débattre pendant toute cette période avec des collègues urbains tout aussi enracinés que lui dans les affaires intercommunales : Matheus Neithart d’Ulm, Michel Senft, puis Rudolf Nagel de Schwäbisch Hall, Ulrich Strauss de Nördlingen, Ulrich Arzt d’Augsbourg 820 …
Ainsi semble attestée l’existence d’un corps de diplomates, qui, sans se consacrer exclusivement à l’intercommunalité et sans être les seuls à participer aux relations interurbaines, y avaient de larges prérogatives. La longévité et la stabilité de leur exercice diplomatique garantissait une bonne interconnaissance entre les conseillers des principales villes impériales de Franconie et de Souabe, appelées régulièrement à siéger ensemble dans les institutions intercommunales. En suivant les diplomates municipaux sur le long terme, ce sont aussi de véritables dynasties d’ambassadeurs qui apparaissent au grand jour. Bien que pratiquant entre elles l’alternance, quelques familles étaient devenues des spécialistes des relations entre villes. A Nuremberg, les Pfinzing 821 , les Volkmeir 822 et les Holzschuher 823 se partagèrent de la fin du XIVe au XVIe siècle l’exercice des ambassades interurbaines 824 . De semblables dynasties de diplomates s’épanouissaient dans d’autres villes. A Ulm, les Neithart et les Ehinger règnaient en maîtres sur les relations interurbaines, et en l’occurrence sur la ligue urbaine souabe. A Schweinfurt, les Heimburg furent présents sur les devants de la scène intercommunale de 1403 aux années 1470 ; à Rothenbourg, les Kreglinger tinrent un rôle similaire.
L’omniprésence de quelques lignées dans les contacts interurbains conduit à s’interroger sur le rôle des réseaux familiaux dans les solidarités et coopérations entre villes. On le sait, la parenté, par ses ramifications, tendait à « délimiter une communauté d’intérêts fondée sur l’appartenance à un même groupe familial » 825 . La coopération interurbaine franconienne et souabe se fondait-elle dans ce cas sur les parentés ramifiées des conseillers municipaux franconiens ?
L’historiographie aime à souligner les liens familiaux qui existaient d’une ville à l’autre dès l’origine des communes, si ce n’est avant. Les officiers royaux en charge dans plusieurs villes, et les lignées ministériales qui cumulaient les fonctions urbaines ont, semble-t-il, joué leur part dans les premiers rapprochements entre villes.
‘ « Quand les seigneurs qui dirigeaient deux villes… étaient par surcroît membres d’une même lignée et apparentés, le travail commun, collégial, en confiance, en était la suite logique » 826 ’L’amitié et le voisinage de Schwäbisch Hall et de Rothenbourg semblent avoir commencé dès l’époque où la famille des Landgraves de Leuchtenberg menait de front l’administration des deux cités 827 .. On l’a vu également dans les annales de Schweinfurt, l’appartenance commune, même temporaire, de Schweinfurt et de Münnerstadt aux sires de Henneberg, puis à l’évêque de Würzbourg, a créé sur le long terme des affinités particulières. Les liens étroits entre Windsheim et Rothenbourg, ou entre Nuremberg et Wissembourg peuvent remonter au temps où l’officier impérial de Nuremberg administrait Wissembourg et celui de Rothenbourg, Windsheim.
En s’enracinant dans les villes et en formant une partie du patriciat, les familles ministériales semblent avoir généré à leur tour des coopérations intercommunales.
‘ « Tout un chapitre des relations politiques, économiques et diplomatiques entre des villes d’un même cercle régional peut partiellement s’expliquer par les itinéraires de migration des groupes familiaux » 828 .’Une étude prosopographique consacrée aux familles de conseillers, à leurs origines et à leurs multiples ramifications manque encore, ne serait-ce que pour Nuremberg 829 . Il ne fait cependant aucun doute « qu’un réseau de parenté des couches dirigeantes était étendu sur les villes d’empire » et seigneuriales franconiennes 830 . Prenons quelques-uns des patriciens nurembergeois : la famille Haller avait des membres à Bamberg 831 , les Baumgartner comptaient des parents à Augsbourg 832 . « Des liens matrimoniaux étaient constamment conclu entre les familles patriciennes de Nuremberg et celle des autres villes, en particulier des villes impériales souabes. Dans quelques cas, il arrivait que les mêmes familles s’épanouissent en plusieurs branches à Nuremberg et dans d’autres villes » 833 , à l’image des Imhoff, des Lemmel ou des Welser. Dans une société du XVe siècle où la mobilité géographique et sociale semble à la hausse, les livres de bourgeoisie nurembergeois en témoignent, les liens tissés d’une ville à l’autre par les élites dirigeantes ne cessèrent de prospérer. Entre 1440 et 1504, 15 nouvelles familles purent accéder au cercle des familles patriciennes de Nuremberg 834 . Dans cette liste, on sait au moins que les Löffelholz avaient des origines et des liens à Bamberg 835 , les Reich gardaient des contacts à Ratisbonne 836 . Les Rehlinger qui accédèrent en 1468 au conseil de Nuremberg étaient en parenté avec les Röhlinger d’Augsbourg 837 . Les Toppler descendaient du bourgmestre rothenbourgeois de la fin du XIVe siècle, Heinrich Toppler, et avaient des parents à Windsheim. Les Wolff de Nuremberg étaient issus d’une famille de Nördlingen 838 . Ce que des renseignements sporadiques et des patronymes communs indiquent se confirme quand on pénètre au cœur des systèmes familiaux grâce aux livres de raison ou assimilés. Dans son Livre de mon lignage et des événements, Ulman Stromer, patricien nurembergeois, présente l’histoire de ses ancêtres et son lignage « comme il l’a entendu raconter et l’a vécu » 839 . Ce conseiller émérite étudie tour à tour la dimension verticale de son lignage agnatique, puis sa maison et sa parenté horizontale jusqu’au troisième et quatrième degrés. Le lignage horizontal, plus détaillé, laisse entrevoir des alliances hors de Nuremberg. Au regard du nombre d’unions contractées (les remariages sont légion), les parentés interurbaines restent en nombre limité. Elles trouvent cependant place dans l’arbre généalogique, souvent pour des cadets de la famille. L’oncle d’Ulman, Ulrich Stromer am Zotenberg, épousa une Pirckheimer de Bamberg 840 . Exploitation minière oblige, deux membres de la famille allèrent quérir un conjoint dans la ville d’Amberg. Une des filles d’Ulman, Kristein, née en mars 1372, fut tenue sur les fonds baptismaux par C. Zynglein de Nördlingen. La dernière fille d’Ulman, Margret, née en 1382, épousa en 1402 le patricien Endres Wernitzer de Rothenbourg 841 .
Né en 1479, lui aussi rejeton d’une famille patricienne nurembergeoise, Christoph Fürer laissa à la postérité ses réflexions politiques et religieuses (Denkwürdigkeiten) et un livre lignager (Geschlechtbuch) qui décrit le parcours de ses ancêtres. Selon la tradition familiale, ses aïeux auraient résidé dans la région rhénane 842 jusqu’à ce que Konrad Fürer, « un conseiller fidèle de l’empereur Rodolphe » ne s’établisse à Nuremberg en 1274. Dès 1276, cet immigrant de bonne renommée trouva l’accès aux anciennes familles nurembergeoises en épousant Elisabeth Pömer. Sa descendance cultiva en priorité des liens avec l’élite nurembergeoise. La stratégie matrimoniale des Fürer visait avant tout à conforter l’assise politique de la famille tout en servant ses activités minières et métallurgiques. Le père de Christoph, Siegmund, épousa successivement une Schlüsselfelder, puis une Tucher 843 . Christoph épousa lui-même une Imhoff, fille de Hans Imhoff et de Katharina Muffel, parenté prestigieuse entre toutes. Son frère Gabriel se maria avec une Welser, dont le père participait au secteur minier. Cinq des enfants de Christoph se marièrent dans les cercles patriciens nurembergeois. Sous des apparences endogamiques, le réseau des parentés déployées par ces Nurembergeois était cependant suffisamment large pour donner aux Fürer une parenté indirecte dans le Haut-Palatinat comme à Augsbourg 844 . A chaque génération, la famille Fürer réserva en outre un de ses membres pour des alliances « extérieures », qui servaient plus directement encore ses intérêts industriels et marchands.. Une tante de Christoph, Anna, entra en 1495 dans une famille marchande de Breslau, les Sauermann. Une sœur de Christoph, Helena, se maria avec un grand négociant en fer originaire de Carinthie. Sa fille Magdalena épousa Moritz Buchner, un non-Nurembergeois qui avait des parts dans les forges de Gräfenthal.
Quelle que soit la ville impériale franconienne vers laquelle on se tourne, le constat est identique.
‘ « Que les familles patriciennes de Rothenbourg et de Hall ait été étroitement en parenté est facile à expliquer : dans les deux villes il s’agissait de petits groupes, plusieurs fois liés par parenté entre eux. Le danger de l’inceste était grand et la recherche d’un partenaire dans la couche dirigeante de la ville voisine était presque une conséquence nécessaire» 845 .’Les grandes familles rothenbourgeoises vom Berg, Beringer, Bermeter, Bernbeck, Eberbach, Eberhart, Eisenhard, Höchstetter, von Hornburg, Kreglinger, Öffner, Prell, Reichshöfer, Renger, von Rinkenberg, Schultheiss, Trüb et Wernitzer s’en allèrent toutes quérir des parents à Schwäbisch Hall. Beaucoup faisaient de même à Windsheim et Nuremberg.
Entre tous, les conseillers affectés aux missions intercommunales étaient les mieux placés pour cultiver des relations familiales interurbaines. Ils ne manquent pas de le confirmer quand on peut connaître leurs alliances. Le bourgmestre et diplomate Heinrich Toppler participa activement, on l’a vu, aux réunions urbaines et aux institutions de paix de la fin du XIVe siècle 846 . Sa parenté porte la marque de ses contacts répétés avec les autres élites municipales franconiennes 847 . Marié d’abord à la Rothenbourgeoise Barbara Wernitzer 848 , il eut trois enfants : Barbara, Katharina et Jakob. Sa première fille conforta les alliances familiales en épousant Kaspar Wernitzer. Elle permit aussi à Heinrich Toppler de gagner des parents par alliance à Dinkelsbühl où le père de Kaspar s’était installé vers 1370.
La seconde fille d’Heinrich, Katharina, convola en justes noces avec le patricien nurembergeois Andres Haller, fils de Ulrich Haller 849 . Les conseillers nurembergeois qui authentifièrent le contrat de mariage n’étaient pas des inconnus. Autour des mariés se réunirent le 30 janvier 1405 Albrecht Ebner, un des piliers nurembergeois au comité de Landfrieden, Peter Volkmeir, diplomate avisé, Andres Haller l’Ancien et Heinrich Rummel. Devant les mêmes témoins, le dernier enfant issu du premier lit d’Heinrich, Jakob, épousa le lendemain l’orpheline nurembergeoise Agnes Waldstromer 850 . Une Rothenbourgeoise quittait ainsi l’élite de sa ville pour entrer dans celle de Rothenbourg, tandis que l’arrivée d’une Nurembergeoise à Rothenbourg équilibrait l’échange « intercommunal ».
Au décès de sa première épouse, Heinrich Toppler partit quérir une nouvelle alliance dans une autre cité impériale franconienne. Il épousa alors en 1392 Margarete Meyler, fille d’un bourgeois de Nördlingen 851 . Cette alliance lui ouvrit des portes sur une grande partie de la Souabe. Il avait désormais une parenté qui menait jusqu’à Donauwörth, Augsbourg et Munich
Peter Volkmeir ne se contenta pas d’assister en simple spectateur aux alliances intercommunales de la famille Toppler. Il chercha lui aussi des alliances matrimoniales en dehors de sa ville et les trouva à Rothenbourg. Dans cette cité sur la Tauber, il avait un beau-frère, Hans Spörlein, qui représentait lui-même sa ville aux comités de Landfrieden du début du XVe siècle. Un mariage entre leurs enfants respectifs vint conforter en 1423 la parenté nouée d’une cité impériale franconienne à l’autre.
Ce ne sont là que les destinées familiales de deux figures de proue de l’intercommunalité. Mais il y a fort à parier que les familles Baumgartner, Holzschuher, Volkmeir, Kreglinger, Spörlein recèlent de semblables liens familiaux interurbains 852 . Ceux qui se livraient ainsi au service extérieur des cités vivaient les relations intercommunales à l’intérieur même de leurs lignées. Il n’est pas sûr pour autant que ces liens leur aient permis d’infléchir fortement la politique intercommunale de leur ville d’origine. Les liens familiaux extérieurs de ces diplomates pesaient d’un bien faible poids au regard des intérêts généraux de la ville. Une lettre du conseil de Nuremberg à Hans Spörlein le laisse entendre le 8 octobre 1423, en signifiant aux diplomates rothenbourgeois et nurembergeois, Spörlein et Volkmeir, que leurs alliances, même interurbaines, passaient après la négociation d’un nouvel édit de paix :
‘ « A Hans Spörlein, bourgeois de Rothenbourg. Nous avons noté comment vous vous êtes entendu avec notre cher bourgeois et conseiller Peter Volkmeir, votre beau-frère, pour marier vos enfants le dimanche après la prochaine Saint Gall. Comme vous l’avez sans doute appris maintenant, notre sire de Würzbourg nous a écrit et a demandé que vous, ceux de Rothenbourg, nous et les autres villes nous envoyions nos honorables délégations au même moment chez sa grâce et d’autres de nos sires les princes et barons et leurs conseillers à Forchheim. Comme le susdit Peter Volkmeir a suivi auparavant l’essentiel de cette affaire de Landfrieden et qu’il connaît bien cette affaire, il est nécessaire et utile qu’il y soit d’autant que cette affaire semble maintenant sur le point d’aboutir. C’est pourquoi vous demandons amicalement de bien vouloir repousser et décaler ce mariage de 8 jours pour nous et l’affaire susdite, en cela vous ferez preuve envers nous de votre amitié et bon plaisir dont nous vous serons volontiers redevables. Faites nous connaître votre réponse par écrit par ce même messager que nous puissions aussi en disposer avec Volkmeir. Daté sous le sceau de Ulrich Haller » 853 . ’Voilà confirmées en une lettre la spécialisation des ambassadeurs municipaux et leur propension à tisser des liens familiaux entre eux, d’une ville à l’autre. Néanmoins, pour que ces parentés favorisent une véritable politique extérieure, le poids de quelques ambassadeurs convaincus des bienfaits stratégiques et familiaux de l’intercommunalité ne suffisait pas. Il fallait que les liens et les convictions interurbains soient le fait de la majorité des membres du conseil. Il n’est pas sûr qu’ils aient poussé au même degré que leurs délégués les parentés intercommunales 854 .
Les conseillers spécialistes de l’intercommunalité y laissaient leurs deniers, leur temps et parfois leur santé. Quel bénéfice pouvaient-ils en contrepartie en espérer, hormis un sang neuf et honorable à intégrer dans leur parenté ?
Sur le fond, les conseillers affectés aux coopérations interurbaines partageaient beaucoup d’avantages avec l’ensemble des diplomates municipaux. Leur dévouement à la ville engendrait la considération dans leur patrie, mais aussi là où ils portaient leurs pas. Les cités ne se montraient pas avares envers les Ratsbotschaften qui venaient les démarcher. Elles offraient à ces hôtes de passage des cadeaux, souvent un Schenkwein (vin de l’offrande), dont les dépenses étaient soigneusement notées dans les comptes ou des livres spéciaux 855 . Les diplomates bénéficiaient de «l’honneur et de l’escorte » 856 aussi bien dans les cités impériales que dans les villes seigneuriales. Schweinfurt offrait aux diplomates nurembergeois Karl Holzschuher et Conrad Baumgartner un tonneau de son meilleur vin aromatique, tandis que la petite cité seigneuriale de Meiningen honorait le conseil de Schweinfurt d’un saumon 857 .
Les conseillers-ambassadeurs trouvaient aussi une juste récompense de leurs efforts dans la notoriété et la célébration éternelle de leurs mérites. Ceux qui dépensaient leur énergie dans les concertations extérieures trouvèrent en effet place dès leur époque dans les chroniques municipales. Pour avoir servi la ville au dehors, ils faisaient partie de l’histoire même de la cité. Selon les cas, les annales évoquaient leurs déplacements auprès de l’empereur, vers les assemblées interurbaines 858 ou en Bohême. Mais elles se rejoignaient dans une même commémoration des diplomates morts au service de leur ville 859 . Les chroniques de Nuremberg célèbrent ainsi à l’unisson le conseiller Jobst Tetzel, mentionné dans la Chronique du temps de Sigismond et dans le Livre de mon lignage et des événements d’Ulman Stromer : « Item dans cette même année [1399], Jobst Tetzel 860 mourut à Heidingsfeld et on le ramena à la maison le soir de la toussaint et il fut très pleuré par les hommes et les femmes ». « Jobst Tetzel avait épousé la fille de Reynmar de Sulzbach ; il mourut le jeudi avant la toussaint de l’an 1399 à Heidingsfeld alors qu’il y était allé pour la paix entre l’évêque, les sires et les villes en Franconie » 861 . Peter Volkmeir que l’on a vu à l’œuvre dans les affaires interurbaines des années 1420 est commémoré par la Chronique du temps de Sigismond :
‘ « Item cette année là [1432], Peter Volkhamer se rendit à cheval auprès du roi à Sienne et y resta et mourut le vendredi avant le jour de la naissance de notre dame et à la même époque Heinz Fuchs trépassa là-bas et tous deux sont enterrés côte à côte à Sienne dans la cathédrale Notre-Dame » 862 ’Jörg Derrer, un ambassadeur nurembergeois, reçoit à son tour une notice nécrologique pour l’année 1457. « Et cette même année, mourut Jörg Derrer à Vienne, la nouvelle en arriva à la saint Barthélémy » 863 . Les Annales de Schweinfurt signalent parmi les faits de l’année 1470 la vie et la mort d’un conseiller, diplomate de la ville dans les années 1430 :
‘ « Jacob Hofmann est mort à Nuremberg. Il fut auparavant bourgeois ici et a fait beaucoup de voyages pour la ville au nom du conseil en Hongrie, Bohême et ailleurs. On l’a célébré avec beaucoup d’honneurs comme il était de coutume à l’époque » 864 . ’Tous les diplomates mêlés à l’intercommunalité, comme les diplomates en général, avaient aussi en commun une belle réussite familiale 865 . On ne sait si cette bonne fortune devait plus à la considération gagnée par la voie diplomatique qu’à des activités familiales prospères. L’ambassadeur Peter Volkmeir réussit en tout cas à ancrer définitivement sa lignée dans le petit conseil et le patriciat, ce qu’aucun de ses ancêtres n’avait réussi depuis le début du XIVe siècle. H. Toppler réussit une ascension si rapide et spectaculaire qu’elle fit des envieux et amena sa chute 866 . Le service diplomatique, s’il prenait du temps, n’était pas forcément incompatible avec les affaires privées des conseillers. Une décision du conseil de Nuremberg en 1442 867 accepta de fermer les yeux sur le double jeu de ses délégués. Les conseillers pouvaient à leur appréciation profiter des Ratsbotschaften pour traiter leurs propres affaires. Karl Holzschuher ne s’en priva manifestement pas. Ce riche argentier et sa famille détenaient en effet de nombreux titres de rentes rothenbourgeois, dont le montant impressionnant révèle la dimension spéculative 868 .
L’élite municipale de chaque ville impériale franconienne confortait ses positions grâce aux alliances matrimoniales de ses membres. Elle formait localement un réseau dense qui se partageait l’autorité et l’honorabilité. Mais la recherche de conjoints conformes à la position sociale des conseillers ou favorables à leurs affaires privées ouvrait sporadiquement ce réseau vers l’extérieur. Les édiles nurembergeois semblent avoir aménagé de la sorte des connexions partant vers le Haut-Palatinat, ou les villes impériales franconiennes, bavaroises et souabes. L’élite de Rothenbourg regardait vers les familles dirigeantes de Schwäbisch Hall, Windsheim ou Nuremberg. Ces liens servaient la ville quand il fallait trouver ici un prêteur ou là un facteur. Mais la politique interurbaine transcendait les intérêts familiaux, elle réclamait un compromis entre des intérêts privés qui pouvaient être contraires les uns aux autres. Sa réalisation reposait finalement sur les épaules de quelques diplomates, chargés des rencontres, des négociations et des arbitrages entre villes. Ils pouvaient se payer de retour en mettant les liens intercommunaux au service de leurs propres affaires et de leurs réseaux familiaux.
Cf. article « Gesandschaft », dans Handwörterbuch zur Deutschen Rechtsgeschichte, Berlin, 1971, colonne 1591-1594 ; article « Gesandte » dans Lexikon des Mittelalters.
Sur les délégations du conseil, voir le court paragraphe consacré par Ludwig Schnurrer aux « Ratsbotschaften » dans son étude sur les relations de Schwäbisch Hall et Rothenbourg, Cf. Ludwig Schnurrer, « Schwäbisch Hall und Rothenburg. Die Nachbarschaft zweier Reichsstädte in der Geschichte », Württembergisch Franken 65 (1981), p. 154 : « La forme la plus éminemment importante et frappante de l’échange interurbain était la « délégation du conseil ». Les diplomates dirigeants des villes y trouvaient leur tâche la plus importante. Des conseillers particulièrement réputés, habiles, éloquents et instruits du droit s’y consacraient ; comme ils se rendaient aux diètes urbaines et impériales, aux tribunaux de la cour et de la chambre, il pouvait arriver qu’ils passent une grande partie de l’année sur une selle et en chemin. ». Les délégués de Schwäbisch Hall qui assuraient les démarches de leur ville auprès de Rothenbourg étaient, d’après les comptes de Hall entre 1411 et 1438, Hans von Bachenstein, Konrad von Rinderbach, Ulrich Sulmeister, Kunz Keck et Fritz Sieder. Ils firent tous plusieurs délégations.
Calculs sur la base des chiffres donnés par Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902
Voir les réflexions de Pierre Monnet, « Diplomatie et relations avec l’extérieur dans quelques villes de l’empire à la fin du Moyen Âge », dans Heinz Duchhardt/Patrice Veit, Krieg und Frieden im Übergang vom Mittelalter zur Neuzeit, Mayence, 2000. Voir aussi Paul-Joachim Heinig, Reichsstädte, Freie Städte und Königtum 1389-1450…, Wiesbaden, 1983
Les plus longues distances parcourues par les conseillers nurembergeois en 1431-1440 les menèrent à Sienne (1431), Rome (1433), Ofen (1436), en Brabant (1432/1433), à Vienne, Prague, et Bâle (concile).
Alfred Löhren, Beiträge zur Geschichte des gesandtschaftlichen Verkehrs im Mittelalter, Marbourg, 1884 ; Adolf Schaube, « Zur Entstehung der ständigen Gesandschaften », Mitteilungen des Instituts für österreischische Geschichtsforschung 10 (1889), p. 501-552 ; Viktor Menzel, Deutsches Gesandschaftswesen im Mittelalter, Hannovre, 1892 ; Isaak Bernays, « Die Diplomatie um 1500 », Historische Zeitschrift 138 (1928), p. 1-23 ; Ansgar Frenken, « Nürnberg, König Sigmund und das Reich. Die städtischen Ratsgesandten Sebolt Pfinzing und Petrus Volkmeir in der Reichspolitik », Jahrbuch für fränkische Landesforschung 58 (1998), p. 97-165. Les conseillers nurembergeois en mission recevaient un dédommagement de 1 livre par jour d’absence, qui devait couvrir leur entretien, celui de leur cheval et éventuellement de leur valet. Si l’expédition était d’une durée ou d’une difficulté exceptionnelle, le conseiller bénéficiait à son retour d’une gratification supplémentaire. Les diplomates devaient donc avancer une large partie des frais d’ambassades.
Cf. StAN, BB 18, fol. 105v
Le petit conseil était depuis la mi XIVe l’antre du pouvoir à Nuremberg. Tous les offices importants et les dispositions de premier ordre passaient par lui. Ses membres étaient cooptés par le grand conseil. Le petit conseil se composait de 42 membres dont 34 patriciens et 8 représentants des métiers les plus honorables, à la présence purement décorative. Parmi les 34 patriciens, figuraient 26 bourgmestres (divisés en 13 anciens et 13 jeunes) qui dirigeaient deux par deux la ville pendant 28 jours (Frage) et 8 Alte Genannte. Les 34 patriciens se recrutaient dans un cercle de plus en plus fermé. Au XVIe siècle, il se restreignit aux 42 familles qui siègeaient au conseil depuis plus de deux générations. Les patriciens étaient donc à Nuremberg les familles qui pouvaient placer un ou plusieurs de leur membres dans le petit conseil et y rester durablement. Sur le petit conseil, voir Valentin Groebner, « Ratsinteressen, Familieninteressen. Patrizische Konflikte in Nürnberg um 1500 », dans Klaus Schreiner et Ulrich Meier (dir.), Stadtregiment und Bürgerfreiheit, Göttingen, 1994, p. 278 et s. , de même que Paul Sander, ouvrage cité plus haut. Le grand conseil comptait pour sa part 200 membres, tous bourgeois et membres de l’honorabilité. Il était consulté pour la création de nouveaux impôts, la guerre et la paix. Ses membres officiaient comme testateurs.
Quand c’était le cas, leur rôle se bornait à accompagner un diplomate expérimenté.
La littérature sur le patriciat nurembergeois est très abondante. Pour s’en tenir à quelques titres de référence, voir : H.H. Hofmann, « Nobiles Norimbergenses. Betrachtungen zur Struktur der reichsstädtischen Oberschicht », Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte 28 (1965), p. 114-150 ; Gernhard Hirschmann, « Das Nürnberger Patriziat », dans Hellmuth Rössler (éd.), Deutsches Patriziat (1430-1740), Limbourg, 1968, p. 257 et s. ; Valentin Groebner, « Ratsinteressen, Familieninteressen. Patrizische Konflikte in Nürnberg um 1500 », dans Klaus Schreiner et Ulrich Meier (dir.), Stadtregiment und Bürgerfreiheit, Göttingen, 1994, p. 278 et s.
Ansgar Frenken, « Nürnberg, König Sigmund und das Reich. Die städtischen Ratsgesandten Sebolt Pfinzing und Petrus Volkmeir in der Reichspolitik », Jahrbuch für fränkische Landesforschung 58 (1998), p. 97-165. Ansgar Frenken confirme cette observation pour le diplomate Sebald Pfinzing. Les ambassadeurs de la ville devaient donc avoir une expérience des affaires municipales plus qu’un bagage théorique ou juridique. Ils accèdaient aux fonctions diplomatiques après avoir fait leurs preuves dans d’autres offices municipaux (maître d’œuvre, tuteur et curateur…). Il existait en effet à Nuremberg toute une hiérarchie des offices qui induisait un classement tacite entre les membres du petit conseil. Les offices les plus prestigieux correspondaient aux trésoriers (Losunger) et aux trois commandants suprêmes (oberste Hauptleute). La diplomatie ne correspondait pas à un office constitué, mais elle formait elle aussi une charge de prestige.
Voir Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902, p. 108-114
Cf. Paul Sander, comme plus haut
Niklas Muffel est surtout connu à Nuremberg pour sa déchéance. Outre ses services comme diplomate, il exerça l’office de Losunger. C’est cette dernière fonction qui lui valut d’être condamné par ses pairs à la pendaison en 1469. Il fut accusé d’avoir volé plusieurs centaines de florins dans les caisses municipales. Mais l’acte d’accusation masquait sans doute un règlement de comptes entre patriciens. Cf. Ernst Mummenhoff, « Nikolaus Muffel (1410-1469) », dans Allgemeine Deutsche Biographie 22 (1885), p. 444-451 ; Karl von Hegel, « Niclas Muffels Leben und Ende », dans MVGN 14 (1901), p. 227-236 ; Gerhard Hirschmann, « Nikolaus Muffel », dans Fränkische Lebensbilder 3 (1969), p. 50-68 ; Gerhard Hirschmann, « Die Familie Muffel im Mittelalter », MVGN 41 (1950), p. 257-393 ; Valentin Groebner, « Ratsinteressen, Familieninteressen. Patrizische Konflikte in Nürnberg um 1500 », dans Klaus Schreiner et Ulrich Meier (dir.), Stadtregiment und Bürgerfreiheit, Göttingen, 1994, p. 278 et s. L’épisode de la chute de Muffel a été raconté dans un Lied de Hans Ubertwerch, édité chez Rochus von Liliencron, Die historische Volkslieder der Deutschen vom 13. Bis 16. Jahrhundert, Leipzig, 1865, vol. 1, p.561-566
A ces conditions s’ajoutaient celles de la disponibilité et de l’argent. Les diplomates devaient être suffisamment fortunés pour avancer l’argent nécessaire à leurs voyages. Leurs absences fréquentes les tenaient en outre éloignés de leurs affaires personnelles. Il ne pouvait s’agir dans ce cas que de rentiers ou de spéculateurs, participant de loin aux opérations commerciales. Cette solide assise économique et financière était de toute façon requise en général pour tous les membres du conseil. Pour évaluer la richesse des différents conseillers mentionnés, voir Wolfgang von Stromer, Oberdeutsche Hochfinanz 1350-1450, Wiesbaden, 1970 et en particulier son chapitre 8 : « Reichtum und Ratswürde in Nürnberg », p. 295 et s.
Cela était toutefois facilité par un volume d’affaires extérieures moins grand que dans la ville de Nuremberg. Ludwig Schnurrer, qui a cherché à recenser les délégations du conseil entre les villes « voisines et amies » de Schwäbisch Hall et de Rothenbourg entre 1411 et 1438, grâce aux comptes de Schwäbisch Hall, note l’absence de mentions pour certaines années. Il y eut le plus souvent une ou deux délégations annuelles, au maximum 4 en 1424 et 1437. En 1514, d’après le Missivenbuch 220 (Stadtarchiv Rothenbourg, B220), 7 délégations du conseil allèrent de Rothenbourg vers Hall. En dehors de ces délégations officielles, les conseillers des deux villes avaient néanmoins l’occasion de se voir plusieurs fois dans l’année lors de la reddition des comptes de Kirchberg, un bien que les deux villes géraient en commun. Ils se rencontraient aussi de façon informelle aux diètes urbaines, aux réunions de la ligue souabe ou aux assemblées impériales…Cf. Ludwig Schnurrer, « Schwäbisch Hall und Rothenburg. Die Nachbarschaft zweier Reichsstädte in der Geschichte », Württembergisch Franken 65 (1981), p.145-176chiv
Cf. Annalen von Schweinfurt, éditées par Friedrich Stein, dans Monumenta Suinfurtensia historica, Schweinfurt, 1875.
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, B39, fol. 37v, dépenses pour l’année 1384.
Les comptes de la ville de Rothenbourg, incomplets, témoignent d’environ 70 missions effectuées par Heinrich Toppler. En 1388, un voyage auprès du roi Wenceslas l’éloigna de Rothenbourg pour 61 jours. Il oeuvra pour l’entrée de Rothenbourg dans la ligue souabe en 1378 et se chargea des démarches à Esslingen avec Peter Kreglinger. En 1382, il intervint dans les négociations entre la ligue souabe et le roi Wenceslas pour la mise au point d’une nouvelle Landfrieden incluant les villes. Il était présent à l’assemblée impériale de Nuremberg en 1383, de même qu’à la diète urbaine appelée par le roi à Nuremberg en 1387. La ligue le désigna au reste pour exprimer l’avis des villes auprès du roi à Prague aux côtés du Nurembergeois Albrecht Ebner.
Cf. StAN, BB 6, fol. 33v (1423) ; BB6, fol. 87v (1424) ; BB18, fol. 4, 31, 34, 35v, 50, 178(1446)
L’éventail des conseillers aptes à la diplomatie était restreint dans les petites villes par les petits effectifs du conseil. Une ville comme Rothenbourg disposait d’un petit conseil composé de 15 membres. Les instances dirigeantes de Windsheim se composaient de 12 personnes. A Schweinfurt, la nouvelle constitution établie en 1450 mit en place un petit conseil de 24 personnes dont 12 échevins et 12 « de la communauté ». 2 bourgmestres en étaient issus annuellement. Le grand conseil rassemblait quant à lui 24 membres. Cf. Friedrich Stein, Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, n°315. A propos des conseils dans les petites villes impériales franconiennes, voir Karl Borchardt, « Die Ratsverfassung in Rothenburg, Dinkelsbühl, Weissenburg, Windsheim und Schweinfurt », dans R.A. Müller (éd.), Reichsstädte in Franken, Munich, 1987, p. 205 et s.
Sur les 438 délégations nurembergeoises entre 1431 et 1440, 132 étaient donc destinées au margrave de Brandebourg, 37 aux ducs bavarois et 26 à l’évêque de Bamberg.
Ansgar Frenken, « Nürnberg, König Sigmund und das Reich. Die städtischen Ratsgesandten Sebolt Pfinzing und Petrus Volkmeir in der Reichspolitik », Jahrbuch für fränkische Landesforschung 58 (1998), p. 97-165.
Cette pratique de la représentation par une autre ville est courante aux assemblées urbaines et auprès du roi. Voir Paul-Joachim Heinig, Reichsstädte, Freie Städte und Königtum 1389-1450…, Wiesbaden, 1983. Cf. StAN, BB18, lettre à Wissembourg, 25/12/1446. L’assemblée d’Ulm évoquée dans la lettre est l’assemblée générale des villes de la ligue souabe.
Cf. StAN, BB1, lettre de Nuremberg à Rothenbourg, fol. 36v, 17/06/1405
Cf. StAN, BB1, lettre de Nuremberg à Nördlingen, Dinkelsbühl, Rothenbourg, Wissembourg, Schwäbisch Hall, 05/10/1405
Les voyages au titre des édits de paix franconiens ont été comptés comme des déplacements à vocation intercommunale, de même que les interventions des conseillers nurembergeois dans l’arbitrage du conflit entre l’évêque et la ville de Würzbourg. Voir description détaillée des déplacements des conseillers dans Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902.
Chiffres d’après Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs dargestellt auf grund ihres Zustandes von 1431 bis 1440, Leipzig, 1902
Cf. Ansgar Frenken, « Nürnberg, König Sigmund und das Reich. Die städtischen Ratsgesandten Sebolt Pfinzing und Petrus Volkmeir in der Reichspolitik », Jahrbuch für fränkische Landesforschung 58 (1998), p. 97-165. Ansgar Frenken souligne le rôle que tint Siegmund Stromer dans le projet de réforme impériale de Sigismond. En janvier 1424, Sigmund Stromer défendit cette réforme dans les négociations à Ulm, en compagnie de Erhart Schürstab. Peter Volkmeir, décédé en 1432, doit être inscrit également parmi les ambassadeurs qui intervenaient souvent auprès des villes. Il le montra pendant tout le règne de Sigismond.
« Volkmeir était en outre un des plus important intermédiaires nurembergeois vis-à-vis des autres villes, comme peut déjà le montrer sa présence fréquente à leurs assemblées. Dès septembre 1418 - pour la fête de la nativité de Marie - la ville sur la Pegnitz envoya Pfinzing et Volkmeir sur l’invitation de Sigismond à Ulm, où se tenait alors le roi pour décider comment la paix et la tranquillité devaient être assurées et maintenues au mieux dans ces pays. Visiblement ils prirent aussi part aux négociations parallèles des délégués des villes présents, auprès desquels ils cherchèrent sans doute un accord ». En 1421, alors que dans l’attente du souverain, une assemblée des villes se tenait à Nuremberg, ce fut une fois de plus Peter Volkmeir qui représenta sa ville dans les débats. Voir également sur cette période Wolfgang von Stromer, Oberdeutsche Hochfinanz 1350-1450, Wiesbaden, 1970, en particulier le chapitre 7, p. 219-294. « Durant l’été 1422, Erhart Schürstab, Peter Volkmeir, Sebald Pfinzing et ses cousins Siegmund Stromeier et Stephan Coler, les fidèles du roi dans le conseil nurembergeois sont constamment en chemin entre les villes et le roi pour mener les négociations sur les ligues entre le roi, les chevaliers et les villes ». La Landfrieden que voulait établir Sigismond en 1423 n’aboutit pas. Il n’en reste que les négociations. Cf. Gerhard Pfeiffer (éd.), Quellen zur Geschichte der fränkisch-bayerischen Landfriedensorganisation im Spätmittelalter, Munich, 1975, n°720, 723, 724, 731, 732, 733.
D’après les Annales de Sprenger, le conseil de Schweinfurt honora justement ces deux Nurembergeois d’un vin aromatique. Ce cadeau vint sans doute en remerciement d’un service diplomatique rendu par les deux hommes à la ville de Schweinfurt. Cf. Annalen von Schweinfurt, éditées par Friedrich Stein, dans Monumenta Suinfurtensia historica, Schweinfurt, 1875.
Elles y étaient du reste tenues par les dispositions des premiers édits de paix franconiens. Les membres du comité de Landfrieden devaient être désignés nommément et prêter un serment. Tout changement de personne était soumis à l’approbation du reste du comité et entraînait une nouvelle prestation de serment. Avant que les conseils urbains n’aient eu voix au chapitre, ce furent les écoutêtes qui siégeaient aux comités de Landfrieden. Dans le cadre du premier édit de paix franconien, Nuremberg était représentée par l’écoutête Konrad Gross (1280-1356), Würzbourg par Ulrich Weibler, Bamberg par l’écoutête Libsperger et Rothenbourg par Heinrich Vetter. Cf. Gerhard Pfeiffer (éd.), Quellen zur Geschichte der fränkisch-bayerischen Landfriedensorganisation im Spätmittelalter, Munich, 1975, n°1, p.28
Berthold Pfinzing siégea aux comités de la Landfrieden franconienne au nom de Nuremberg au moins de 1390 à 1397. Cette présence est attestée par les comptes de la ville qui mentionnent systématiquement ses frais de déplacement et de séjour pour la Landfrieden. Cf. Gerhard Pfeiffer (éd.), Quellen zur Geschichte der fränkisch-bayerischen Landfriedensorganisation im Spätmittelalter, Munich, 1975, n°161, 162, 166, 170, 174, 178, 180, 182, 189,194, 196, 200, 201, 202, 206, 208, 209, 210, 212, 216, 233 etc. Voir aussi StAN, Stadtrechnung 177. Sporadiquement, Pfinzing fut remplacé par Peter Gross, Jacob Grundtherr, Berthold Beheim, Peter Haller et Jobst Tetzel.
Voir Pfeiffer, ouvrage cité plus haut n°355 : Fin 1393, Schweinfurt fait état de la fin du mandat de son conseiller et demande à Rothenbourg d’envoyer à son tour un des membres de son conseil pour représenter les deux villes.
Les comptes attestent de ses déplacements en 1394, puis entre 1406 et 1408. Cf. Pfeiffer, ouvrage cité n° 295, 494, 511, 514, 560, 593
Cf. Gerhard Pfeiffer (éd.), Quellen zur Geschichte der fränkisch-bayerischen Landfriedensorganisation im Spätmittelalter, Munich, 1975, les n° 739, 742, 745 correspondent aux négociations pour la mise en place du nouvel édit de paix. Voir ensuite les n° 753, 755, 759, 760, 767, 768, 769, 771 et 775.
Les Nurembergeois avaient alors entre autres interlocuteurs à la ligue souabe Walter Ehinger d’Ulm et Ulrich Röhlinger d’Augsbourg. Durant cette décennie, Rothenbourg est pour sa part représentée par Hans Kreglinger.
Matheus Neithart officiait pour Ulm depuis 1500 au moins, et exerça jusqu’à sa mort en 1513. Il fut alors remplacé par Weitbrecht Ehinger, avant qu’un nouveau Neithart (Ulrich Neithart) ne prenne la relève en 1521. Michel Senft représenta Hall en 1501-1502, Rudolf Nagel entre 1504 et 1510 au moins.
Après Jörg Holzschuher, les ambassadeurs de Nuremberg à la grande ligue souabe furent : Caspar Nützel (ou Stützel selon l’édition erronée : 1509-1515), L. Groland (1515-1516), Christoph Kress (à partir de 1521). Ces renseignements s’appuient sur une édition de documents relatifs à la ligue par K. Klüpfel , Urkunden zur Geschichte des Schwäbischen Bundes 1488-1533, 2 volumes, Stuttgart, 1846-1853, (Bibliothek des literarischen Vereins 14 et 31).
Rappelons simplement la présence parmi les experts de l’intercommunalité de Berthold Pfinzing (dernière décennie du XIVe siècle), puis, après une interruption, de Sebald Pfinzing (vers 1415-vers 1425), son fils, cependant plus spécialisé dans les ambassades auprès du roi. Sur les Pfinzing, voir Gerd Wunder, « Pfintzing die Alten. Ein Beitrag zur Geschichte des Nürnbergers Patriziats », MVGN 49 (1959), p. 34-65. Cette famille de patriciens était sans doute issue de ministériaux d’empire et comptait parmi les lignées les plus réputées de la ville. Depuis la 2e moitié du XIVe siècle, elle eut presque continuellement des représentants dans le petit conseil, où, chose rare, elle avait du reste simultanément deux ou trois parents. La richesse indéniable des Pfinzing s’appuyait sur de nombreuses possessions immobilières, des rentes foncières, des affaires commerciales et financières. L’existence probable de plusieurs branches familiales rend la reconstruction de l’arbre généalogique très délicate. Toutefois, Sebald Pfinzing, dont Ansgar Frenken décrit l’activité diplomatique auprès du roi dans les années 1420, était le fils de Berthold. Cf. Ansgar Frenken, « Nürnberg, König Sigmund und das Reich. Die städtischen Ratsgesandten Sebolt Pfinzing und Petrus Volkmeir in der Reichspolitik », Jahrbuch für fränkische Landesforschung 58 (1998), p. 97-165.
Ce fut le cas de Peter Volkmeir en exercice dans la diplomatie nurembergeoise pendant le règne de Sigismond et jusqu’à sa mort en 1432, puis de Berthold Volkmeir qui est une figure marquante de la diplomatie urbaine dans les années 1440-1450.
Les Volkmeir (ou Volckamer depuis la fin du XVe siècle) sont originaires du Haut-Palatinat. Ils semblent avoir migré de Neumarkt à Nuremberg dans la première moitié du XIVe siècle : les Annales de Müllner mentionnent un Hartwig Volckamer, décédé en 1375, qui serait le premier dans la famille à avoir acquis le droit de bourgeoisie nurembergeois en 1337, ce qui est confirmé par les listes de nouveaux bourgeois. Jusqu’à l’entrée de Peter Volkmeir au conseil en 1396, les membres de sa famille n’avaient pas un accès régulier au petit conseil. Mais à partir de là, leur ascension est fulgurante, puisque en 1521, le Tanzstatut, qui définit les familles patriciennes, classe les Volckamer parmi les premières familles de la ville. On connaît très mal leurs activités économiques. Leurs racines dans le Haut-Palatinat suggèrent une participation à l’industrie du fer du côté d’Amberg. Quelques aïeux de Peter Volkmeir pratiquaient manifestement le commerce au début du XVe siècle. Cf. Ansgar Frenken, « Nürnberg, König Sigmund und das Reich. Die städtischen Ratsgesandten Sebolt Pfinzing und Petrus Volkmeir in der Reichspolitik », Jahrbuch für fränkische Landesforschung 58 (1998), p. 97-165 et Wolfgang von Stromer, Oberdeutsche Hochfinanz 1350-1450, Wiesbaden, 1970.
Cf. Karl Holzschuher, figure de proue de la diplomatie nurembergeoise entre 1435 et 1450 ; puis Jörg (=Hieronymus) Holzschuher entre 1500 et 1509. Sur les Holzschuher, voir Werner Schultheiss, « Holzschuher », dans Neue Deutsche Biographie 9 (1972), p. 579 ; Gerhard Hirschmann, « Das Geschlechterbuch der Familie Holzschuher im Stadtarchiv Nürnberg », Genealogisches Jahrbuch 19 (1979), p. 105-119 (réimpression dans Kuno Ulshöfer (éd.), Aus sieben Jahrhunderten Stadtgeschichte. Ausgewählte Aufsätze von Gerhard Hirschmann, Nuremberg, 1988, p. 95-107) ; A.Diehl, « Die Geldgeschäfte der Holzschuher », MVGN 32 (1934), p. 34-45. Les Holzschuher sont surtout connus dans la littérature historique pour leur livre de commerce du début du XIVe siècle. Cf. Anton Chroust et Hans Proesler, Das Handlungsbuch der Holzschuher in Nürnberg von 1304-1307, Erlangen, 1934.La famille Holzschuher est mentionnée pour la première fois à Nuremberg en 1228. Elle avait dès le XIIIe siècle des activités marchandes et pratiquait alors le commerce des draps, en particulier en Flandre.
La règle admet bien sûr quelques exceptions. Ainsi, à Nuremberg, pour Niclas Muffel dans les années 1445-1469, et Konrad Baumgartner dans les années 1430-1440.
Cf. Philippe Braunstein, « Réseaux familiaux, réseaux d’affaires en pays d’empire. Les facteurs de sociétés (1389-1520) », dans F.M. Crouzet, Le négoce international (XIIIe-XXe), Paris, 1989, p. 23-34
Cf. Ludwig Schnurrer, « Schwäbisch Hall und Rothenburg ». Die Nachbarschaft zweier Reichsstädte in der Geschichte », Württembergisch Franken 65 (1981), p.145-176, ici, p. 165
Cette lignée du Haut-Palatinat et de Bohême exerça de la sorte au XIVe siècle l’office de juge urbain et territorial à Rothenbourg, avant de se faire confier par Charles IV l’office d’écoutête à Schwäbisch Hall en 1365 et d’acquérir la localité de Crailsheim
Cf. Pierre Monnet, Pouvoirs, affaires et parenté à la fin du Moyen Âge : les Rohrbach de Francfort, thèse dactylographiée, EHESS, 1994, p. 73 . L’auteur y souligne le fait pour les familles patriciennes de la Wetterau dont les Rohrbach de Francfort. Ces derniers avaient gardé des liens dans la ville de Gelnhausen. A chaque vague épidémique, la famille partait se réfugier à Gelnhausen
On peut partir pour cela des nombreux livres familiaux écrits au sein des familles patriciennes nurembergeoises, même si certains sont difficilement accessibles. Voir Helmut Haller von Hallerstein, « Nürnberger Geschlechtbücher », MVGN 65 (1978), p. 212 et s. ; liste des livres familiaux nurembergeois dans Laurence Buchholzer, Identités urbaines et perception de la ville en Franconie à la fin du Moyen Âge, mémoire de DEA, EHESS, 1995, p.149 et s.
Cf. Fritz Schnelbögl, « Die fränkischen Reichsstädten », Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte 31 (1968), p. 421-474
Cf. Haller von Hallerstein, « Die Haller zu Bamberg und zu Nürnberg », Bericht des historischen Vereins Bamberg (1959), p. 100-148.
Cf. W. Krag, Die Paumgartner von Nürnberg und Augsburg. Ein Beispiel zur Handelsgeschichte des 15. und 16. Jahrhundert, Munich-Leipzig, 1919, (Schwäbische Geschichtsquellen und Forschungen, Heft 1)
Cf. Gernhard Hirschmann, « Das Nürnberger Patriziat », dans Hellmuth Rössler (éd.), Deutsches Patriziat (1430-1740), Limbourg, 1968, p. 257 et s.
Il s’agit des lignées que le Tanzstatut de 1521 présente comme les « neu zugelassen geschlecht » : Löffelholz, Hegner, Reich, Harsdörffer, Hirschvogel, Meichsner, Prünsterer, Zingel, Rehlinger, Zollner, Toppler, Wolff, Fürer, Fütterer et Welser.
Cf. H. Haller von Hallerstein, « Grösse und Quellen des Vermögens von hundert Nürnberger Bürgern um 1500, dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte N ürnbergs, Nuremberg, 1967, vol.1, p. 117-176, ici p. 125. Le premier Löffelholz attesté à Nuremberg est Burckhard, venu vers 1430 à Nuremberg et accepté au conseil en 1440.
Les missives en attestent. Cf. lettres du conseil de Nuremberg à Erhard Reichen, bourgeois de Ratisbonne. BB18, fol. 218v, 247v
Cf. StAN, BB18, fol. 229, 213, 208v, lettres du conseil de Nuremberg à Ulrich Röhlinger, bourgmestre d’Augsbourg.
Cf. H. Haller von Hallerstein, « Grösse und Quellen des Vermögens von hundert Nürnberger Bürgern um 1500, dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, Nuremberg, 1967, vol.1, p. 117-176, ici p. 122. Heinrich Wolff est le premier de la famille à devenir bourgeois de Nuremberg. Les Wolff participaient activement à la Grossen Ravensburger Handelsgesellschaft, pratiquaient le commerce du drap, investissaient dans les mines d’argent et ne négligeaient pas les affaires financières.
Cf. Ulman Stromer, « Püchel von meim geslechet und von abentewr » (1349-1407), dans C. Hegel (éd.), Die Chroniken der deutschen Städte 1, 1862, p. 60, ligne 4 ; L. Kurras , Ulman Stromer : Püchel vom meim geslecht und von abentewr. Teilfaksimile und Kommentarband, Stuttgart, 1990.
Ulman Stromer est le fils de Heinrich Stromer et de Margret Gewsmid. Il descend d’une lignée patricienne dont les membres revêtent les offices du conseil et de l’échevinat depuis le XIIIe siècle. Ulman reçut une formation en Italie, puis épousa en premières noces Anna Hegnein en 1358, avant de convoler avec Agnes Groland. Ses deux épouses appartenaient donc au patriciat nurembergeois. A partir de 1370 environ, Ulman administra avec ses frères Peter et Andres la société commerciale de son père. Il était impliqué dans le grand commerce et l’exploitation minière en Haut-Palatinat. Il est aussi connu pour sa gestion du premier moulin à papier allemand (Gleissmühle vers Nuremberg), actif au moins depuis 1392. Ulman Stromer prenait aussi une part active à la vie municipale. Il entra au conseil en 1371, compta longtemps parmi les trois commandants suprêmes de la ville, fut Losunger (trésorier et percepteur) et effectua son lot de missions diplomatiques. Sa parenté verticale, assez elliptique dans le « livre de mon lignage », ne fait pas état d’alliances familiales interurbaines.
Sur Ulman Stromer et sa famille, voir les commentaires relatifs à l’édition dans C. Hegel, ouvrage cité ; W.E. Vock, « Ulman Stromer (1329 bis 1407) und sein Buch, Nachträge zur Hegelsche Ausgabe », MVGN 29 (1928) ; L. Sporhan-Krempel et Wolfgang Stromer, « Das Handelshaus der Stromer von Nürnberg und die Geschichte der ersten deutschen Papiermühle », Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte 47 (1960) ; Wolfgang Stromer, Die Nürnberger Handelsgesellschaft Gruber-Podmer-Stromer im 15. Jahrundert, 1963, (Nürnberger Forschungen 7) ; Erich Maschke, Die Familie in der deutschen Stadt des späten Mittelalters, 1980 ; Helmut Haller von Hallerstein, « Nürnberger Geschlechtbücher », MVGN 65 (1978), p. 212 et s. ; L. Kurras, notice sur Ulman Stromer, dans Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, 2e éd., t.9, col.457-460 ; Urs Martin Zahnd, « Einige Bemerkungen zu spätmittelalterlichen Familienbücher aus Nürnberg und Bern », dans Rudolf Endres (dir.), Nürnberg, Bern. Zwei Reichsstädte und ihr Landgebiet, Erlangen, 1990, p.7-37 ; Jean-Marie Moeglin, « Les élites urbaines et l’histoire de leur ville en Allemagne (XIVe-XVe siècles), dans SHMESP, Les élites urbaines au Moyen Âge, Publications de la Sorbonne-Ecole française de Rome, 1997, p. 351 et s.
Lequel Pirckheimer de Bamberg était déjà le beau-frère d’Ulrich Stromer am Zotenberg, pour avoir épousé la sœur de ce dernier.
Le contrat de mariage de Margret avec Andres Wernitzer de Rothenbourg est édité par C. Hegel, C. Hegel (éd.), Die Chroniken der deutschen Städte 1, 1862, p. 205-206, voir aussi le testament d’Ulman Stromer, p. 206-210
L’arbre généalogique de la famille Fürer remonte à Renhold Fürer, inhumé à Mayence en 1273. Sur Christoph Fürer, voir Gerhard Seibold, « Christoph Fürer (1479-1537) », dans Fränkische Lebensbilder, vol. 10, p.67 et s. (indications bibliographiques à la fin de l’article)
Il est le premier membre de la famille à entrer au petit conseil en 1501, mais il meurt dans la même année.
Catharina Schlüsselfelder ouvrit à son époux des relations avec les entrepreneurs miniers de Mansfeld. Le mariage du frère de Christoph avec Helena Welser conforte les positions de la famille Fürer dans le monde de la mine, en Haut-Palatinat. Mais elle lui apporte aussi une ouverture sur Augsbourg. Jakob Welser, le père d’Helena, dirigeait en effet une compagnie commerciale nurembergeoise, liée à la maison mère Welser-Vöhlin sise à Augsbourg. Il pratiquait un intense commerce d’objets métalliques.
Cf. Ludwig Schnurrer, « Schwäbisch Hall und Rothenburg . Die Nachbarschaft zweier Reichsstädte in der Geschichte », Württembergisch Franken 65 (1981), p.145-176, ici, p. 165
Heinrich Toppler était lui-même issu d’une lignée qu’un annaliste rothenbourgeois dit venir de Nuremberg. Le Livre de mon lignage et des événements d’Ulman Stromer note en effet que l’ancêtre mythique de la famille Stromer, le chevalier Gerhart von Reichenbach (1205) eut deux fils, dont l’un, Conrad, épousa en deuxièmes noces une Toppler. Konrad Toppler, le premier aïeul connu de Heinrich Toppler, appartenait au conseil de Rothenbourg en 1309. Moins d’un siècle plus tard, Heinrich, son petit-fils, figurait parmi les hommes les plus riches et influents de la ville
Cf. Martin Schütz, « Das Geschlecht der Toppler in Rothenburg und Nürnberg », Jahresbericht des Vereins Alt-Rothenburg (1924-1926), p.35-53, (1932), p. 28-58. ; L. Schnurrer, « Heinrich Toppler », dans Fränkische Lebensbilder II, p.104-132 ; L. Schnurrer, « Heinrich Toppler von Rothenburg (gest.1408) », dans R.A. Müller (éd.), Reichsstädte in Franken, Munich 1987, vol. 1, p. 338 et s.
Les Wernitzer étaient une des plus anciennes lignées de Rothenbourg, avec des origines ministériales. Le père de Barbara, Konrad Wernitzer, comptait parmi les plus gros contribuables de la ville (233 ½ livres Heller d’impôt).
Le contrat de mariage en date du 30 janvier 1405 a été conservé. Katharina apporta 1000 florins de dot et Andres 1000 florins de douaire (Zuschatz). Les éventuels héritiers devaient hériter selon le droit du père, c’est-à-direle droit nurembergeois.
La dot d’Agnès était plus restreinte : 500 florins, de même que le douaire apporté par le benjamin de la famille Toppler : 800 florins. Les héritiers éventuels devaient cette fois hériter selon le droit rothenbourgeois.
Elle lui amena 900 florins de dot et lui donna 5 enfants.
Le diplomate Konrad Baumgartner, qui effectua de nombreuses missions intercommunales dans les années 1430-1440 a laissé un livre familial écrit entre 1462 et 1463, dont il reste deux copies. Cf. Archive der Freiherren und Grafen Haller von Hallerstein, Hauptabt. Haller-Familienarchiv, Mon. CHH-III, fol. 134-143 et StAN, Nürnberger Handschriften, n°264. Il y apparaît que Konrad Baumgartner (décédé en 1464) eut deux épouses, 21 enfants, 74 petits-enfants et 40 arrière-petits enfants. Leurs conjoints, dates de naissance, mariage et décès sont indiqués.
La famille Holzschuher laisse elle aussi un livre familial commencé par Lazarus Holzschuher le 9 mars 1505. Il présente les nom des membres féminins et masculins de la famille. Un manuscrit incomplet figure aux Staatarchiv de Nuremberg. Cf. StAN, Nürnberger Handschriften, n°281. Autres versions à la Staatsbibliothek Bamberg, Mscr.J.H.hist.62, fol. 177r-185v ; Germanisches NationalMuseum, Bibl. Nr 16579, fol.88-107. Il y a donc de quoi poursuivre l’enquête sur les diplomates versés dans l’intercommunalité. Cela requiert une étude prosopographique systématique. Elle serait en soi un travail de thèse, puisqu’elle implique à la fois un dépouillement des archives municipales et des legs familiaux. Je n’ai pu l’entreprendre plus avant dans le cadre de cette étude de l’intercommunalité.
StAN, BB6, fol. 40v, 08/10/1423
L’exemple des Stromer et des Fürer montre que si les alliances à l’extérieur existent, elles restent minoritaires et secondaires.
La chambre du trésor nurembergeoise tenait des comptes particuliers pour ses dépenses somptuaires. Les trésoriers (Losunger) dressaient donc des livres de cadeaux qui enregistraient année par année et Frage par Frage les dépenses consenties pour les hôtes, la plupart du temps sous forme de Schenkwein. Cf. StAN, Amts- und Standbücher, rep. 52b, n° 312 (ordonnance), n°313 (cadeaux aux princes, sires, chevaliers, écuyers et villes pour 1393-1422), n°314 (offrandes aux rois, 1401-1451), n°315 (offrandes à tous les types d’hôtes, 1422-1445) ; n°316 (offrandes aux princes, 1444-1608), n°317 (1492-1545), n°318 (aux princes pour leur mariage, 1489-1622)
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, B220, fol. 257, n°533 : Le 8 mars 1515, Rothenbourg y remercie Hall pour une réception de sa délégation avec « honneur et escorte »
Cf. Annalen von Schweinfurt, éditées par Friedrich Stein, dans Monumenta Suinfurtensia historica, Schweinfurt, 1875. L’offrande de Meiningen est enregistrée pour l’année 1433, juste après l’évocation d’un tournois de la chevalerie qui s’était déroulé à Schweinfurt. Où-t-elle lieu à cette occasion ? Voir p. 346 et p.338 pour Nuremberg (année 1417).
Voir chapitre sur le sentiment d’appartenance. § consacrés aux chroniques de Schweinfurt et de Würzbourg.
La dimension mémoriale est un thème de recherche très développé en Allemagne. Voir sur ce point l’article « Memoria » dans Lexikon des Mittelalters ; Otto Gerhard Oexle, « Liturgische Memoria und historische Erinnerung. Zur Frage nach dem Gruppenbewusstsein und dem Wissen der eigenen Geschichte in den Mittelalterlichen Gilden », dans Norbert Kamp, Joachim Wollasch (éd.), Tradition als historische Kraft, Berlin-New-York, 1982, p.323 et s. ; Otto Gerhard Oexle et Dieter Geuenich (éd.), Memoria in der Gesellschaft des Mittelalters, Göttingen, 1994 ; dans cet ouvrage, voir en particulier Dietrich W. Poeck, « Rat und Memoria », p. 286-335 ; en français, voir Claude Carozzi et Huguette Taviani-Carozzi (éd.), Faire mémoire. Souvenir et commémoration au Moyen Âge, Aix-en-Provence, 1999
Jobst Tetzel fut longtemps membre du conseil. Il fut actif dans de nombreuses négociations nurembergeoises à l’époque de la grande ligue urbaine. Le livre des offices de 1396-1400 le présente comme un des trois commandants en chef, l’office le plus prestigieux de la ville. Voir « Chronik aus Kaiser Sigmunds Zeit », dans Carl Hegel (éd.), Die Chroniken der fränkischen Städte : Nürnberg, Leipzig, 1862, p. 362.
Cf. Ulman Stromeir, « Püchel von meim Geschlechet und von Abentewr », dans Carl Hegel (éd.), Die Chroniken der fränkischen Städte, Nürnberg 1, Leipzig, 1862, p. 1-106, ici p. 90. Voir aussi p. 58. Les villes impériales franconiennes intervinrent comme arbitres dans le conflit qui opposa plusieurs des villes de l’évêché de Würzbourg à leur évêque à partir de 1397. Les Nurembergeois Jobst Tetzel et Albrecht Ebner, de même que Hans Nüsser, de Schweinfurt, menaient les négociations à Heidingsfeld quand Jobst Tetzel mourut d’une maladie épidémique.
Voir « Chronik aus Kaiser Sigmunds Zeit », dans Carl Hegel (éd.), Die Chroniken der fränkischen Städte : Nürnberg, Leipzig, 1862, p. 385
« Jahrbücher des 15. Jahrhunderts », dans Carl Hegel (éd.), Chroniken der deutschen Städte : Nürnberg , vol. 10, Göttingen, 1961, p. 227. Jörg Derrer, membre du conseil, est souvent mentionné dans les délégations des années 1450. Il effectuait en 1457 une mission pour Nuremberg à la cour impériale.
Cf. Annalen von Schweinfurt, éditées par Friedrich Stein, dans Monumenta Suinfurtensia historica, Schweinfurt, 1875, p. 363
Le trait vaut aussi pour tous ceux qui participaient à l’intercommunalité de façon plus passive. Les élites qui quittaient leur cité d’origine pour s’installer à Nuremberg étaient pour ainsi dire accueillies à bras ouverts au XVe siècle. Elles accèdaient rapidement au grand conseil. Leur entrée dans le petit conseil et le patriciat dépendait ensuite de leur faculté à contracter des alliances matrimoniales avec les anciennes familles de la ville. Plusieurs parcours individuels et familiaux montrent cette intégration rapide. Venu de Nördlingen, Heinrich Wolff devient bourgeois de Nuremberg en 1469. Il entre au grand conseil comme Genannter en 1475, et appartient au petit conseil de 1499 à 1502. Sa famille est rangée parmi les patriciens dans le Tanzstatut de 1521.
Burkhard Löffelholz quitte Bamberg pour Nuremberg vers 1430. Son fils Wilhelm accède au conseil et revêt des offices convoités. La famille est jugée patricienne en 1521.
Malgré la disgrâce et la condamnation à mort qui frappa son père à Rothenbourg, Jakob Toppler, fils du bourgmestre rothenbourgeois, obtient sans difficultés le droit de bourgeoisie nurembergeois en 1410. Il accède au grand conseil en 1412, puis est chargé de plusieurs missions pour l’office de construction de la ville.
Dans la plupart des villes, les oligarchies municipales semblent avoir été accueillantes pour les candidats à l’immigration issus d’autres élites urbaines. Le déménagement est rarement synonyme de déclassement et de déchéance. Cf. Lucie Larochelle, « L’intégration des étrangers au sein de l’oligarchie d’Aix-en-Provence (1400-1535), dans Les sociétés urbaines en France méridionale et en Péninsule ibérique au Moyen Age, Actes du colloque de Pau, Paris, 1991, p.339 et s. ; Thierry Dutour, Une société de l’honneur. Les notables et leur monde à Dijon à la fin du Moyen Âge, Paris, 1998, en particulier chap.XIV : « L’élite, réseau de réseaux », p.447 et s. ; Voir aussi Denis Menjot et Jean-Luc Pinol (coord.), Les immigrants et la ville, insertion, intégration, discrimination XVe-XXe siècles, Paris : L’Harmattan, 1996 ; en particulier, Henryk Samsonowicz, « L’insertion des immigrés dans les villes polonaises au Moyen Âge », p. 163 et s.
On peut aussi noter la tolérance et l’indulgence manifestées par les conseils urbains à l’égard d’un homologue étranger déchu. Quand la famille Toppler subit l’opprobre à Rothenbourg en 1408 et doit vendre tous ses biens avant de quitter la ville, Nuremberg accorde sans difficultés le droit de bourgeoisie à ses membres, dont certains comme Jacob, marié à une Nurembergeoise, entrent rapidement au petit conseil. De même, lorsque Hans Wern, ancien bourgmestre de Rothenbourg, subit les foudres du conseil municipal, il obtient sans délai dans sa fuite le droit de bourgeoisie de Würzbourg, puis de Nuremberg et enfin d’Ansbach. Cf. Laurence Buchholzer, « Une affaire municipale à Rothenbourg/Tauber (1396-1404), dans Religion et société urbaine au Moyen Âge. Etudes offertes à Jean-Louis Biget, Paris, 2000, p.201 et s.
Cf. Martin Schütz, « Das Geschlecht der Toppler in Rothenburg und Nürnberg », Jahresbericht des Vereins Alt-Rothenburg (1924-1926), p.35-53, (1932), p. 28-58. ; L. Schnurrer, « Heinrich Toppler », dans Fränkische Lebensbilder, vol.2, p.104-132
Cf. StAN, Ratsbuch 1b, fol.54
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, B237, fol. 61v : en 1426, Berchtold Holzschuher souscrit une rente perpétuelle de 400 florins de capital et Karl une rente de 1000 florins (éteintes en 1491) ; fol. 64 : Margret Holzschuher, rente perpétuelle de 400 florins de capital souscrite en 1429 et éteinte en 1490 ; fol.63 : Margret Holzschuher, rente perpétuelle de 400 florins de capital souscrite en 1429 éteinte en 1450
D’après les Urkunden consacrés aux rentes, il apparaît aussi que Karl Holzschuher achète en 1413 une rente perpétuelle pour 2000 florins (rachetée en 1431) ; Fritz Holzschuher détient à partir de 1427 une rente perpétuelle de 2000 florins qui court jusqu’en 1451.
A cela s’ajoutent des rentes viagères : Une rente détenue par Karl pour un capital de 1275 florins (1408-1450), une autre pour un capital de 625 florins (1432-1450), une pour 187,5 florins (1434-1450), des rentes détenues par Berthold : 625 florins de capital (1433-1448) et 250 florins de capital (1444-1448).
Voir J.U. Ohlau, Der Haushalt der Reichsstadt Rothenbourg in seiner Abhängigkeit von Bevölkerungsstruktur, Verwaltung und Territorienbildung (1350-1450), Erlangen, 1965 ; A.Diehl, « Die Geldgeschäfte der Holzschuher », MVGN 32 (1934), p. 34-45