En 1356, l’article 15 de la Bulle d’Or interdit toute conclusion de liens dans et hors des villes, entre villes, entre personnes, entre une personne et une ville, à l’exception des alliances tournées vers la conservation de la paix. Les villes franconiennes épousèrent à la lettre ces prescriptions. Elles attendirent l’aval d’un roi pour s’unir et se bornèrent au départ à des unions pour la paix. L’entrée des villes impériales franconiennes dans des associations politiques résulta à chaque fois d’une conjonction entre les intérêts momentanés du souverain et les intérêts urbains 876 .
Les villes franconiennes profitèrent d’abord de la latitude que leur laissa l’empereur Louis de Bavière, alors en conflit contre la papauté et en quête de soutiens militaires et financiers. Malgré l’arrêt mis aux associations politiques urbaines par la Bulle d’or, elles bénéficièrent ensuite de l’indulgence de Charles IV lors de son avènement. Puis dans les années 1370, sa politique patrimoniale en Nouvelle-Bohême et sa volonté de faire élire Wenceslas amenèrent l’empereur à quelques concessions. Les liens intercommunaux franconiens firent des progrès décisifs dans ces années-là. Au tournant du XVe siècle, les intérêts des villes rencontrèrent enfin ceux d’un roi Ruprecht, en quête de légitimité, avant de coïncider avec le projet de tierce Allemagne de Sigismond.
Les absences répétées des souverains sur le sol allemand avaient réactivé au bas Moyen Âge la promulgation d’édits de paix. Pour assumer malgré tout leurs tâches de gardiens de l’empire et du droit, les rois développèrent des Paix, qui portaient encore le sceau impérial, mais n’impliquaient plus forcément leur participation personnelle.
Au sens strict, un édit de paix (Landfriede) constituait un privilège royal, établi par le souverain et scellé par ses soins pour une durée qu’il avait établie 877 . Seul le roi avait le pouvoir de le révoquer. Le nom des participants de départ et la zone d’exercice figuraient dans l’acte. Afin de donner une véritable dimension à cet espace de paix, les membres de l’union se juraient réciproquement l’observance de la Landfriede. Selon les cas, l’édit de paix entérinait des alliances déjà contractées de fait entre diverses puissances locales, ou exprimait une décision autoritaire du roi, à laquelle devaient se plier les autorités régionales requises. La Franconie des XIVe et XVe siècles présente toutes les variantes de Paix. Certaines, générées par le souverain, le comptaient parmi les contractants. D’autres, bien qu’encouragées par le roi, se passaient de sa participation et s’en remettaient aux seules forces du pays. D’autres enfin furent mises au point par les puissances locales et simplement soumises à l’approbation du souverain 878 .
Quels qu’aient été le rôle et l’implication du roi dans ces accords, tous avaient de lourdes implications pour les participants. Le règlement de Landfriede obligeait en effet ses membres à la reconnaissance d’un droit supra-territorial, instauré pour toute la durée du contrat. Il contraignait aussi à l’aide militaire, à des dépenses financières destinées à secourir les autres membres. C’est donc à tout un apprentissage de la concertation que les édits de paix servirent de prélude.
La seule union de Paix franconienne contractée indépendamment du souverain est aussi la dernière, en 1427.
Les édits de paix de la fin du Moyen Âge sont le prolongement des anciennes paix de Dieu. Voir pour le plein Moyen Âge, Joachim Gernhuber, Die Landfriedesbewegung in Deutschland bis zum Mainzer ReichsLandfriede von 1235, Bonn, 1952 et pour la fin du Moyen Âge, Heinz Angermeier , Königtum und Landfriede im deutschen Spätmittelalter, Munich, 1966
Voir tableau récapitulatif des Paix franconiennes en annexe.