Des réunions urbaines en coulisses

Les protagonistes de la paix auraient pu se contenter d’aller au comité en rangs dispersés. Mais il apparaît assez vite que les instances dirigeantes de la Landfriede s’accompagnaient de réunions et de commissions politiques qui, elles, étaient paritaires. Comme ces assemblées se tenaient souvent à la veille d’un comité, donc au vu et au su du commandant de Paix et des autres états, il faut qu’elles aient bénéficié d’une certaine reconnaissance, qu’elles aient été licites.

Elles reposaient nécessairement sur un droit de réunion, d’alliance et de concertation confié par le souverain à tout ou partie de ses villes.

En cherchant dans les privilèges urbains concédés aux villes impériales franconiennes, on en trouve assez vite confirmation. Certaines d’entre elles reçurent le droit régalien explicite de contracter des alliances extérieures.

Le 30 juin 1339, Louis le Bavarois accorda pour la première fois ce privilège au bénéfice de Rothenbourg. La ville avait peut-être au préalable sollicité ce droit pour pouvoir participer à la ligue urbaine souabe toute proche :

« Nous Louis, par la grâce de Dieu, empereur romain, de tout temps protecteur de l’empire, nous reconnaissons et faisons connaître publiquement par cette lettre que nous avons considéré la souffrance et les crimes que nos chers fidèles, les bourgeois et la ville de Rothenbourg, ont dû subir à cause de certaines guerres et de désordres (Unfride) et nous leur avons permis et nous leur donnons notre volonté et notre grâce par cette lettre de sorte qu’ils peuvent et doivent s’allier avec les sires, villes, bourgades, chevaliers et écuyers qu’ils veulent qui peuvent leur être les plus utiles et les plus secourables et ils peuvent avoir avec eux compagnie (Gesellschaft) et ligue, de sorte qu’ils puissent d’autant mieux rester en tranquillité, et quels que soient ceux qui se lient à eux, ils doivent être sous notre protection et notre grâce particulière.
Et les ligues que nos bourgeois de Rothenbourg vont faire maintenant avec quelque personne que ce soit, nous les autorisons par cette lettre de toutes les façons dont ils feront ces ligues entre eux
Et ils peuvent les garder et les observer jusqu’à ce que nous les abolissions.
Nous voulons aussi que, quelle que soit la personne avec laquelle nos susdits bourgeois de Rothenbourg s’allient, Heinrich von Dürrenwang, qui est en ce moment notre Landvogt, ou celui qui sera notre Landvogt après lui, soit commandant en notre nom … » 957 .’

Le droit d’alliance d’abord concédé à la seule ville de Rothenbourg, s’étendit à l’ensemble des villes membres de la Landfriede en 1344. L’empereur Louis inaugurait ainsi dans la région un nouveau type de contrat intercommunal.

« Nous, Louis par la grâce de Dieu empereur romain, de tout temps bienfaiteur (Merer) de l’empire, reconnaissons publiquement par cette lettre,
[1] que les bourgeois de Nuremberg et des autres villes qui sont dans l’union de Paix de Franconie, nous ont présenté et fait savoir qu’ils ont quelques difficultés dans la Paix auxquelles ils doivent résister avec notre aide
[2] et c’est pourquoi nous leur avons permis et donné pouvoir, pour aider et renforcer ladite Paix, de se lier et s’unir les uns aux autres dans tous les droits comme cela est indiqué dans la Paix.
[3] et dans les renforts qu’ils peuvent trouver et imaginer, ils doivent être protégés et aidés par la Paix et ceux qui y appartiennent ou qui s’y uniront encore. Nous voulons les aider totalement en cela au nom de l’empire et voulons toujours l’observer.
[4] et nous confirmons aussi les unions par l’intérêt commun, la tranquillité et la paix du pays et il doit en être ainsi jusqu’à deux années pleines après notre mort.
Lettre authentifiée, donnée à Munich le vendredi après la saint Ebenwich en l’an 1344, dans la trentième année de notre règne et la seizième de l’empire » 958 .’

Le droit d’union intercommunal accordé par le souverain en 1344 coïncidait dans ses objectifs et sa durée avec la Paix franconienne de 1340. Il autorisait cependant ses protagonistes urbains à former une union dans l’union et à défendre, sous la protection du roi, des intérêts communs. Nuremberg, qui en était l’inspiratrice déclarée, fit aussitôt usage du privilège pour tisser des liens politiques avec les autres cités membres de la Paix. La seule union conservée est celle qu’elle contracta alors avec « les honorables et sages hommes, bourgeois de la ville de Würzbourg » le 2 mars 1344. Mais de semblables accords bipartites virent probablement le jour avec Wissembourg, Windsheim 959 et Rothenbourg 960 . Tout un échafaudage d’accords ville à ville fut couronné par une union d’ensemble dont chaque membre reçut un exemplaire.

« Qu’il soit connu de tous ceux qui verront ou entendront cette lettre que nous… les bourgeois du conseil de Windsheim et la communauté du lieu, par la grâce et la volonté de notre gracieux sire, le seigneur Louis empereur romain, nous nous sommes alliés et unis par serment érudit et juré envers les honorables et sages hommes, l’ensemble des bourgeois de la ville de Nuremberg, de la ville de Würzbourg et de Wissembourg, nos chers sires et amis, et envers tous ceux qui sont en ce moment dans l’édit de paix ou qui y entreront encore et veulent y être obéissants, pour l’aide et la protection de l’édit de Paix, de même que pour l’aide et la protection de nos alliances. Nous nous sommes donc alliés de telle sorte que si quelqu’un fait du tort ou veut faire du tort contre justice, à la Paix, à nous ou nos chers sires et amis susdits, de Nuremberg, Würzbourg ou Wissembourg ou à ceux qui entreront encore dans cette alliance, que ce soit une atteinte aux libertés, droits, bonnes coutumes ou aux corps et aux biens, nous voulons et devons nous entraider en bonne confiance pour résister à cette même violence et nous devons la combattre avec eux, afin que l’on puisse améliorer et préserver le cours de la Paix et la condition de celui qui a subi cet outrage, grâce à cette aide par un règlement amiable ou en justice ; et eux et nous, nous tiendrons conseil (zu rate werden) sur la base de nos serments, sans réserves. Et nous déclarons et désirons tenir constamment ces alliances sur la base de nos serments deux années entières après la mort de notre seigneur l’empereur susdit. Et si quelqu’un voulait déclarer son hostilité à nos susdits sires et amis de Nuremberg, de Würzbourg et de Wissembourg ou ceux qui rejoindront encore ces alliances et s’y adonneront, à cause de ces unions ou pour les morts (Getot) qui s’y seraient produites, nous devons les aider à régler et mettre fin à cette même hostilité, en les conseillant sur la base des serments, autant que cela nous semble bon (als verre uns lib und gut gereichen mag) sans arrière-pensée. Et dans cette alliance, nous préservons le droit de notre gracieux seigneur l’empereur. Et pour que cette alliance se conserve, nous donnons cette charte scellée du sceau pendant de notre ville, donné le jeudi avant la Sainte Cunégonde pendant Carême en l’an 1344 ».’

Cette première alliance strictement intercommunale réunissait dans une défense commune de la paix et des privilèges urbains les villes impériales franconiennes et la ville seigneuriale de Würzbourg. Mais l’évêque ne donna pas à sa ville le loisir de profiter longtemps de ses alliances. Dès la mi-mars, il dénonça, sous peine de représailles, l’alliance interurbaine passée par ses bourgeois, leur ordonna d’y mettre un terme et se réserva le droit exclusif de conclure des alliances 961 . Le seigneur territorial entendait garder les bourgeois devant ses tribunaux et décider seul sur ses terres des démarches nécessaires à la paix. Si la prise d’autonomie de Würzbourg, initiée par Nuremberg, avait échoué, les unions intercommunales de 1344 posèrent néanmoins pour la première fois, en Franconie, le principe d’une défense de la Paix par un corps constitué de villes. En comparaison des édits de paix, les termes de l’alliance restaient très vagues. Ni réunions fixes, ni comité exécutif, ni règles pratiques de fonctionnement. Mais les textes n’en exigeaient pas moins une coopération urbaine indéfectible en cas d’atteinte aux coutumes, aux libertés, aux droits, aux corps et aux biens de chaque participante et de ses ressortissants. D’innombrables situations correspondaient à une telle définition : Fehde contre une des villes, non respect des procédures judiciaires, attaques contre des marchands, mise en engagère… Sans y paraître, les unions intercommunales de 1344 instaurèrent aussi des modalités d’entraide promises à un long avenir. Entre elles, les cités alliées devaient délibérer, se porter conseil et s’apporter une assistance judiciaire ou amiable 962 . Elles devaient être les unes pour les autres des arbitres et des conseillères, formant ainsi un recours intercommunal de grande instance pour toute ville lésée dans ses droits et sa paix. Rothenbourg ne s’y trompa pas, elle n’entra dans l’alliance interurbaine qu’après s’être assurée de pouvoir recourir, comme avant, à une défense devant le Reichslandgericht de Rothenbourg. Puisqu’elle avait acquis de haute lutte une influence croissante sur ce tribunal de grande instance, elle n’entendait pas y renoncer sans garanties pour une tribune d’arbitrage intercommunale 963 .

La mort de Louis le Bavarois sonna la disparition annoncée des premiers réseaux politiques intercommunaux franconiens. Les villes impériales alliées n’eurent pas même le temps de se consulter que déjà de profonds bouleversements modifièrent la donne régionale. Wissembourg et Windsheim furent données en engagère par le roi Charles IV en 1347, Rothenbourg tomba sous la tutelle de l’évêque de Würzbourg en 1349 (-1352). Nuremberg connut quant à elle en 1348 le soulèvement de quelques lignées, associées à la communauté et aux métiers. Elles renversèrent le nouveau conseil qui avait fait allégeance à Charles IV et cherchèrent en contrepartie la protection des ducs de Bavière. Le calme ne revint dans la ville qu’en septembre 1349. Nuremberg put ainsi entrer avec Rothenbourg dans la nouvelle Landfriede franconienne établie par le roi en octobre de la même année. Mais un retour explicite aux unions intercommunales n’intervint dans le pays qu’en 1354 964 .

A nouveau, comme en 1344, ce fut Nuremberg qui obtint le droit de contracter des unions, sur le modèle des villes impériales souabes, avec les princes, les comtes, les barons et les autres villes 965 . Sans qu’on en ait la preuve, cela fut sans doute le prélude d’unions bipartites entre Nuremberg et d’autres membres urbains de la Paix, tels Ratisbonne et Rothenbourg. Ce n’est cependant qu’en 1360 que l’on trouve trace de nouvelles ententes entre villes.

L’union intercommunale de 1344 avait été fondatrice d’assistances judiciaires et de conseils réciproques ; en 1360, les accords passés entre cités confièrent de fortes prérogatives à Nuremberg et Rothenbourg. Les alliances signées entre Nuremberg, Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg étaient cette fois foncièrement inégalitaires. Elles confiaient à Nuremberg et Rothenbourg la garde de la liberté impériale des deux petites cités, tout juste libérées d’engagère. Quelques jours plus tard, ces dernières s’engagèrent aussi à ne prêter allégeance qu’à un roi reconnu au préalable par Nuremberg et Rothenbourg 966 .

A la demande de Nuremberg, ou sur sa propre initiative, le souverain fonda donc en Franconie en 1360 des unions intercommunales de nature hiérarchique. L’alliance politique entre villes prolongeait ainsi les anciennes structures administratives de l’empire. A défaut de Landvögte efficaces et capables de s’imposer, le roi confiait aux villes les plus solides la garde du sol impérial local et la sauvegarde des cités les plus exposées. De la même façon que Windsheim et Wissembourg avaient été soumises par le passé à la tutelle des Landvögte impériaux établis à Nuremberg et Rothenbourg, leurs conseils et leurs communautés passaient sous la garde des gouvernements municipaux des principales villes impériales franconiennes 967 . L’alliance intercommunale devenait garante de la non-mise en engagère, et scellait dans le même temps une dépendance des petites villes impériales franconiennes à l’encontre des plus grandes. Non seulement, les prestations de serment des quatre villes étaient désormais liées, mais encore, dans une des plus importantes questions de politique impériale, Windsheim et Wissembourg étaient-elles contraintes d’agir en conformité avec Nuremberg et Rothenbourg.

« Nous … les bourgeois du conseil et la communauté de la ville de Windsheim déclarons publiquement par cette lettre que nous nous sommes alliés de commun accord et avec une bonne volonté unie (mit veraintem gutem willen) envers les honorables et sages hommes... les bourgeois du conseil de la ville de Nuremberg au nom de la fidélité et de l'amitié que nous avons envers eux et eux envers nous, de telle sorte que quand ils feront leur allégeance selon la majorité du conseil et des échevins de la ville de Nuremberg aux prochains empereurs et rois romains qui viendront après notre gracieux sire… le seigneur Charles empereur romain, nous devons aussi prêter allégeance au même empereur ou roi que celui auquel ils prêtent ainsi allégeance, sans protestations et sans arrière-pensées. Et pour authentification de cette charte nous scellons cette lettre du sceau pendant de la ville de Windsheim. Donné le mercredi après le jour de la chandeleur en l’an 1360 après la naissance du christ » 968 .’

En dépit de sa réputation de « parâtre de l’empire », c’est donc Charles IV qui, en Franconie, posa les bases d’une attitude urbaine commune dans les grands actes de politique impériale. Après avoir dicté aux villes impériales franconiennes une allégeance unanime envers le même souverain, il régla leur attitude commune en période de vacance du pouvoir.

Afin de mieux préparer sa succession au trône et l’avènement de Wenceslas, Charles IV et son fils conclurent en 1367-1368 des alliances individuelles avec chacune des villes de Nuremberg, Rothenbourg, Windsheim 969 et Wissembourg. De tels accords devaient garantir aux cités impériales la défense de leurs droits, biens et privilèges en période de vacance du pouvoir jusqu’à l’élection d’un nouveau roi par la majorité des princes électeurs. Dans la foulée, le 31 mars 1368, l’empereur Charles IV transforma ses accords particuliers en une association de paix. Il s’allia, en son nom et celui de son fils, avec les villes de Nuremberg, Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg de telle sorte que lui, la ville d’Eger et ses états territoriaux de ce côté-ci de la Forêt Bohême d’une part, et les quatre villes franconiennes d’autre part, devenaient garantes de la paix sur les terres impériales de Franconie et de Nouvelle-Bohême. Un comité de 11 personnes était responsable des mesures à mettre en œuvre.

« Nous nous sommes unis avec les susdites villes, de telle sorte que nous avec la ville d’Eger et nos autres villes, places fortes, tribunaux, terres et gens à l’extérieur de la forêt bohême devront nommer 5 personnes pour cela et les susdites villes de Nuremberg, Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg également 5 personnes pour cela et aux 10 nous avons donné le noble Borschen von Rysemburg, notre commandant en Bavière et cher fidèle avec la décision que, si quelqu’un nous porte atteinte à nous ou à eux dans nos terres, nos gens et nos biens, que ce soit par pillage, par incendie, meurtre ou prise ou opposition illégitime ou n’importe quel autre méfait ou violence illégitime du genre, celui – ou ceux - qui le subissent et qui sont dans le règlement et l’alliance ou vont encore y entrer, doivent le rapporter au susdit Borschen et il doit sur l’heure appeler les 10 devant lui et ce qu’ils décideront sur la base de leur serment unanimement ou la majorité d’entre eux sur les modalités de l’aide avec tout ce qui est nécessaire et s’y rapporte, ceux qui sont inclus et inscrits dans le règlement et l’alliance doivent y obéir sans opposition ni protestations, et sans réserves. » 970

Comme ces accords avaient pour vocation de s’étendre aux barons, ils débouchèrent sur la Landfriede bavaroise et franconienne du 24 novembre 1368 971 . Mais ils entraînèrent aussi dans leur sillage toute une série d’alliances intercommunales, scellées entre janvier et mars 1368 972 . Ces dernières prononçaient la solidarité des villes impériales franconiennes pendant toute la durée de l’interrègne et légitimaient leurs actions communes, à condition qu’elles restassent sous l’égide du commandant impérial.

« Nous Charles par la grâce de Dieu empereur romain […] reconnaissons et faisons savoir… : A propos des alliances que les conseillers de l’ensemble des bourgeois des villes de Nuremberg, Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg, nos chers fidèles et ceux de l’empire, ont faites envers nous, nos terres patrimoniales et gens de ce côté-ci de la forêt bohême pour la durée de notre vie et avec notre fils, Wenceslas, roi de Bohême, margrave de Brandebourg et de Lusace, après notre mort jusqu’à ce qu’un roi romain soit élu unanimement ou par la majorité des princes électeurs
Que les susdites villes doivent tenir et ont juré de tenir ces mêmes alliances ensemble contre tous selon les dires des chartes que nous et notre fils Wenceslas, roi de Bohême susdit […] leur avons donné à ce sujet et qu’ils nous ont donné en retour… » 973 .’

Dès le règne de Charles IV, la majorité des villes impériales franconiennes furent donc invitées à aborder ensemble les questions générales de l’empire. Cette politique solidaire se confirma en 1376 lors de l’allégeance à Wenceslas pour laquelle les conseillers de Rothenbourg, Windsheim, Wissembourg et Nuremberg prononcèrent leurs serments en commun à Nuremberg 974 . Leur solidarité devant le souverain fonctionna au-delà de la dynastie des Luxembourg et s’exprima encore après la déposition de Wenceslas en août 1400. Dans l’ensemble des villes impériales de Haute-Allemagne, l’élection du comte palatin Ruprecht avait suscité troubles et hésitations 975 . Nuremberg finit par reconnaître le nouveau souverain en février 1401. Mais, en conformité avec ses anciens privilèges, elle soumit son serment à des conditions. Pendant un an, le roi Ruprecht ne pouvait la forcer à combattre contre les autres villes impériales franconiennes, dans l’éventualité où celles-ci refuseraient l’allégeance au Palatin 976 .

Hors des périodes cruciales d’élection et d’allégeance, les privilèges accordés par Charles IV avaient donné toute licence aux villes impériales franconiennes pour aborder ensemble les questions impériales et la défense de la paix. Dès lors qu’elles avaient été invitées à définir un front commun, cette habitude ne les quitta plus. Les missives du XVe siècle montrent à l’occasion leurs efforts de concertation face aux demandes impériales. Le « corps des villes impériales », dont on constate l’existence à la fin du XVe siècle, s’enracinait dans ces entités intercommunales régionales, dans ces forums urbains de discussions confortés au XIVe siècle par les empereurs eux-mêmes. A l’époque, les souverains avaient trouvé là une façon commode de poursuivre l’administration impériale par d’autres moyens. Les droits d’alliance et de coopération concédés aux villes impériales franconiennes ne les traitèrent cependant jamais sur un pied d’égalité. Ils renforcèrent et cautionnèrent les anciennes hiérarchies administratives et les étagements urbains existants.

Confortées par des privilèges successifs qui leur donnaient droit d’alliance, de politique commune et d’assistance, les villes impériales franconiennes instaurèrent dès la deuxième moitié du XIVe siècle un comité en marge du comité. Il apparaît au grand jour au début du XVe siècle grâce aux Briefbücher de Nuremberg. Cependant, sans doute aussi loin que remontent les édits de Paix, les villes impériales franconiennes avaient créé un système d’échanges 977 et de réunions où se définissait une position commune, en amont des comités de paix. Autour des édits de paix se greffait une intense circulation des nouvelles. Le commandant de la Landfriede avait beau avoir son propre secrétariat et envoyer des courriers inhérents à la Paix, Nuremberg consacrait elle-même en 1405-1410 une part importante de sa correspondance à la Landfriede et secondait le secrétariat de Paix. Dans ce cadre, la ville écrivait à ses ennemis, à ses débiteurs, à ses délégués ou aux princes membres de l’union… 978 Elle n’oubliait pas non plus les autres villes impériales franconiennes, relayant auprès d’elles certains ordres ou informations venus du commandant de Paix :

Lettre à Rothenbourg, Schweinfurt, Wissembourg et Windsheim (08/04/1405) 979

« Le noble seigneur, le sire Friedrich Schenck von Limpurg, commandant de la Landfriede, nous a écrit et envoyé une lettre dont nous vous envoyons une copie ci-joint. Votre sagesse saura ainsi quoi faire et nous avons aussi annoncé et écrit cela à etc. »’

Pour mieux assurer la paix régionale, les villes impériales franconiennes étaient donc reliées par des échanges d’informations. Averties systématiquement des noms de leurs partenaires, elles formaient une communauté d’informations, dont le thème principal était les mouvements de troupes suspects dans le pays. Elles se savaient toutes sur ce point détentrices d’un savoir commun, chaque ville destinataire, n’ignorant rien du courrier identique adressé à ses consoeurs. Nuremberg possédait un rôle-clef dans ce réseau, puisqu’elle collectait les renseignements venus de ses voisines, partait elle-même à la recherche de nouvelles informations, puis redistribuait le savoir acquis aux principales concernées.

Comme elle était un des sièges coutumiers du comité de Landfriede, Nuremberg devint aussi à force des années le lieu habituel des réunions entre villes. Des assemblées plus ou moins formelles entre villes poursuivaient ainsi la conversation intercommunale entamée lors des comité généraux de la Paix. A Nuremberg, ou ailleurs à la veille d’un comité de paix, les cités impériales franconiennes arrêtaient des positions communes face aux demandes des autres états régionaux. Elles se répartissaient aussi des charges qui leur avaient été globalement assignées par le comité de Paix 980 . On avait coutume de se réunir le matin tôt « à l’heure du conseil », après s’être retrouvé dans le lieu de réunion la veille à la nuit tombée.

Lettre à Rothenbourg, Schweinfurt, Wissembourg

« Votre honorable délégation était dernièrement ici pour la Landfriede et l’on a convenu à ce moment-là d’une expédition armée (Zug) et il nous a été demandé à vous et à nous de servir ensemble la Landfriede avec un grand canon (büchse) et le matériel afférent, en plus des autres quotités qui nous sont assignées par la Landfriede. Nous pensons que vous en avez été vous-même bien informés par votre délégation, de telle sorte que nous demandons vivement à votre honneur de bien vouloir envoyer votre honorable délégation avec les pleins pouvoirs pour le prochain mercredi chez nous ; cette dernière conviendra alors avec eux et nous de ce que chaque part doit donner à propos de ces mêmes canons et contributions, de même qu’il sera question du règlement et du paiement. Nous avons aussi écrit cela à untel et untel etc. » 981

Lieu de prédilection pour les réunions intercommunales, Nuremberg assumait du même coup la chancellerie et le travail de convocation, sous le mandat du délégué nurembergeois qui siégeait au comité de paix :

« Nous avons parlé dernièrement avec vos amis que vous aviez envoyé à la Landfriede au sujet de quelques mouvements de troupes (leufe) dont on parle en ce moment à travers la campagne, et nous avons convenu qu’il serait nécessaire pour vous, et d’autres villes et nous-mêmes, que nous envoyions nos amis et honorables délégations à une réunion commune où ils s’en entretiendraient. Les amis de ceux de Rothenbourg ont donc rapporté cela à leur conseil et il nous a écrit qu’ils voulaient volontiers envoyer leur honorable délégation et amis pour dimanche prochain à la nuit tombée à Nuremberg, pour qu’ils puissent s’entretenir quelque peu à ce propos le lundi suivant (04/10/1405) avec nous et les amis des autres villes. C’est pourquoi il nous plairait bien que vous envoyiez également vos honorables délégations et amis pour le susdit dimanche chez nous, qui s’entretiendraient ainsi le lundi au matin avec nous et les autres amis des villes à propos de ces mouvements de troupes. Car il nous semble que cela est nécessaire et nous avons écrit cela également à ceux de Windsheim et de Schweinfurt » 982 .’

Dès qu’elles en éprouvaient le besoin, les villes membres de la Paix pouvaient signaler à Nuremberg leur désir d’une concertation intercommunale. Nuremberg jugeait alors de la nécessité de réunion et des cercles à inviter, puis entamait les démarches de convocation nécessaires 983 . Si, au terme de la réunion, il fallait communiquer la réponse commune des villes, c’était encore Nuremberg qui s’en chargeait le plus souvent. Instruits de la volontés de ses voisines 984 , ses messagers ou ses conseillers se rendaient auprès du roi, du commandant du Paix ou des cours princières.

« Certains des amis et de l’honorable délégation de Wissembourg sont venus chez nous ici et ont convenu de venir à une réunion avec nous samedi prochain ici à Nuremberg. De telle sorte que nous nous entretiendrons alors au sujet de la lettre que notre sire le burgrave Frédéric a obtenue du Hofgericht de notre seigneur le roi, de la façon dont nous voulons lui répondre si nous sommes requises par lui à ce propos. Si cela plaît à votre sagesse, vous pouvez envoyer vos amis et honorable délégation également chez nous pour cette même réunion, de telle sorte qu’elle soit le vendredi à la nuit tombée chez nous, pour que nous puissions ensuite nous en entretenir tôt le samedi. Car il nous semble que cela serait une nécessité pour vous et nous. Et si vous saviez quelque chose de plus à ce propos, faites le nous savoir dans votre lettre par ce même messager, de même que votre avis en la matière.
(ajout : Et nous prévoyons que la délégation de ceux de Halle va aussi venir chez nous pour cette même réunion, car nous leur avons écrit de même). » 985

En marge des comités de paix, des réunions intercommunales, d’abord informelles, puis ritualisées, formèrent ainsi de véritables forums de discussion dont l’objet dépassait souvent le cadre strict des démarches de paix. Les villes prirent l’habitude d’y définir une attitude commune face au roi, aux princes voisins ou à la situation économique et financière dans le pays. L’entente préalable était pour elles un impératif si elles désiraient vraiment peser sur la démarche et les choix du comité.

Notes
957.

Rothenbourg exploita ce droit d’alliance un an plus tard dans le cadre du premier édit de paix franconien.

Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, p. 506, n°582 (30/06/1339) ; Cf. F. Hartung, Geschichte des fränkischen Kreises, vol. 1, Leipzig, 1910, p.3-35. On peut remarquer que Louis le Bavarois, alors aux prises avec les princes, exclut par omission ces derniers des alliances potentielles de Rothenbourg. En dehors d’une alliance générale avec tous les autres membres de la Paix régionale en 1340, Rothenbourg fit usage de son droit d’alliance le 15 septembre 1340. A cette date, les bourgeois du conseil et de la communauté de Mergentheim (ville de l’ordre teutonique) reçurent la communauté bourgeoise de Rothenbourg dans la Landfriede et s’engagèrent à protéger et aider les Rothenbourgeois selon le droit de la Landfriede. Cf. G. Pfeiffer, Quellen…, n°2. Ce droit d’alliance obtenu par Rothenbourg fut aussi le prélude de l’union intercommunale franconienne de 1344. Il légitimait d’autre part le recrutement par la ville des burgraves de Nuremberg comme protecteurs de Rothenbourg en 1348. Cf. G. Pfeiffer, Quellen…,n°14

958.

Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n°584 (2 janvier 1344), p. 508. Voir aussi G. Pfeiffer, Quellen…, n°7, p. 31

959.

Wissembourg et Windsheim intégrèrent la Landfriede franconienne après leur libération d’engagère en 1341. Comme ce fut le cas pour Rothenbourg en 1339, on peut supposer que chaque ville impériale dut auparavant obtenir de l’empereur le privilège, révocable, de contracter des alliances avec qui elle l’entendait.

960.

Cf. UB Windsheim n°151, 152, 153, 154

961.

Lors de l’établissement de l’alliance interurbaine, la bourgeoisie de Würzbourg avait cependant veillé à faire inscrire une clause spéciale : l’aide des villes ne devait pas porter atteinte aux droits de l’évêque.

Quand il dénonça l’union passée par Würzbourg, l’évêque déclara la clause nulle et non avenue. Car les bourgeois lui avaient auparavant fait allégeance et juré obéissance et ils lui appartenaient à lui et au chapitre comme tous ses clercs, vassaux, agents, officier, bourgeois et autres. Il jugeait inutile la protection réciproque des villes, puisqu’au titre de seigneur, il assumait déjà pour sa ville ces tâches de protection. Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n°591

962.

L’alliance prévoit que cette assistance judiciaire pourra se faire aussi bien selon le droit amiable qu’en justice. Les procédures amiables sont en effet très actives au XVe siècle. Si, en 1344, les villes concernées n’ont pas encore le droit de présider elles-mêmes des tribunaux d’arbitrage, elles instaurent une entraide judiciaire intercommunale au sein de procédures amiables placées sous l’égide de princes ou de seigneurs immédiats d’empire.

963.

Cf. G. Pfeiffer, Quellen…, n°10a : Dans la mesure où le conseil et les bourgeois de Rothenbourg se sont unis et alliés envers les villes impériales sur la demande de l’empereur Louis pour aider et protéger la Paix, ce dernier confirme que cette alliance et union ne doit apporter aucun dommage ni empêchement au Landgericht impérial qu’il a à Rothenbourg, de même qu’aux droits de Rothenbourg.

964.

Au terme de la Landfriede de 1349, en septembre 1351, les villes membres de la Paix souabe proposèrent au roi d’intégrer Nuremberg dans leurs rangs, puisque la ville était alors la seule cité impériale encore libre de ses mouvements. Charles IV donna son accord. Mais Nuremberg n’en fit pas usage, elle sortit de son isolement en 1352 grâce à la libération d’engagère de Rothenbourg et à l’élaboration d’une paix à l’échelle de la Franconie et de la Bavière. Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n° 1036, 1037

965.

Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n°779. Texte édité dans MGH Const.11, n°269. Le privilège accordé par Charles IV à Nuremberg renvoie aux droits similaires obtenus par les « autres villes impériales ». Il s’agit des villes d’empire souabes qui obtinrent ce privilège en janvier 1348 et des villes impériales de la Wetterau qui l’acquirent en 1350. Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n° 533.

966.

Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n°780 et 781 : L’empereur Charles IV demande à Nuremberg de garantir l’appartenance à l’empire de Wissembourg et de Windsheim. Même demande à l’ordre de Rothenbourg.

Voir aussi UB Windsheim n°218, 220. De même que le n°221 (08/01/1360) : Charles IV ordonne à l’ensemble des bourgmestre, conseil et bourgeois de la ville de Rothenbourg, après que les bourgeois des villes de Wissembourg et de Windsheim se sont libérées de l’engagère des burgraves Albrecht et Frédéric de Nuremberg, et alors qu’elles ne doivent plus être écartées de l’empire, de ne plus prêter allégeance à aucun roi des romains et empereur à l’avenir avant que les bourgeois des villes de Wissembourg et de Windsheim n’aient eu l’assurance de rester dans le ressort (Pflege) et la Landvogtei de Nuremberg et Rothenbourg. Mêmes diplomes établis pour Nuremberg, Wissembourg et Rothenbourg. Voir à ce propos Hermann Heimpel, « Nürnberg und das Reich des Mittelalters », Zeitschrift für bayeriche Landesgeschichte 24 (1961), p. 231 et s. , ici p.242 : « Membre de la Landfriede franconienne de 1349 et 1353 et siège du tribunal de Landfriede, Nuremberg est à partir de Charles IV et pour des siècles la tête d’un groupe de ville solide en Franconie : Rothenbourg, Wissembourg et Windsheim, libérées par l’empereur avec de l’argent nurembergeois d’une mise en engagère préalable au burgrave, reçurent de l’empereur le 8 janvier 1360 le privilège qu’elles ne seraient plus ôtées à l’empire et bien plus, qu’elles devaient appartenir pour toujours au ressort (Pflege) de Nuremberg et de Rothenbourg. Les quatre villes parmi lesquelles la Bulle d’Or prenait déjà acte de la participation de Nuremberg, Rothenbourg et Windsheim à l’escorte de certains princes électeurs pour l’élection royale à Francfort, appartinrent à partir de là les unes aux autres, mais surtout, désormais, Wissembourg et Windsheim étaient les satellites de Nuremberg au détriment du burgrave alors repoussé. Même si ces petites villes peuvent paraître petites et sans importance : avec elles, qui se situaient sur d’importantes routes commerciales nurembergeoises, Nuremberg avait enfoncé deux piliers en Franconie, et le soin de veiller sur le droit impérial de Windsheim et Wissembourg donna à Nuremberg le courage de réclamer un privilège très important : le conseil et les bourgeois de Nuremberg, comme le décide un diplôme royal du 8 janvier 1360, ne devaient prêter serment à un futur roi que s’il avait garanti la liberté impériale de Windsheim et de Wissembourg. Nuremberg contraignit l’empire à préserver les droits impériaux sur Windsheim et Wissembourg, bien plus : Nuremberg est l’empire. Le 5 février de cette même année, Nuremberg noua avec chacune des deux villes une alliance avec la décision que les villes alliées ne devaient prêter serment à un futur roi qu’en commun. »

967.

Nuremberg apparaît comme garante dans plusieurs actes liés à la Paix régionale. Elle devait par exemple garantir et contrôler les sommes touchées par le commandant de Paix.

Nuremberg, Rothenbourg et Windsheim étaient d’autre part garantes du devenir des bourgades impériales de Mainbernheim et de Heidingsfeld. Charles IV autorisa son fils Wenceslas, roi de Bohême, à fortifier les lieux après leur rachat d’engagère à l’évêque de Würzbourg. Les villes impériales devaient veiller à la mise en défense effective de ces localités par le roi Wenceslas et contrôler les dépenses engagées. Cf. UB Windsheim n°260 (septembre 1366). Nuremberg prit au sérieux ce rôle de gardienne. Elle exerça un quasi-protectorat sur les deux villes-naines pendant une cinquantaine d’années après en avoir obtenu la concession en engagère. Le roi Sigismond lui confia cette charge en 1430 en échange d’un prêt de 9000 florins. Nuremberg préleva à partir de là diverses redevances dans les deux petites villes. Les missives montrent qu’elle veillait aussi au respect de leur constitution et qu’elle demandait en leur nom auprès du souverain le renouvellement de leurs privilèges, en dépit de l’existence de conseils locaux.

968.

Cf. UB Windsheim n°225. Voir aussi n°226, qui correspond au n° 784 dans K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…» Moi Heinrich Gross, écoutête, nous les bourgeois du conseil et la communauté de la ville de Nuremberg déclarons publiquement par cette lettre que :

Le prince sérénissime, notre gracieux sire, le seigneur Charles, empereur romain et roi de Bohême, pour l’utilité et la piété du saint empire a accordé aux honorables et sages hommes, les bourgeois des villes de Windsheim et de Wissembourg par ses lettres et celles des princes électeurs la grâce suivante : les deux susdites villes doivent rester éternellement dans l’empire romain et dans les ressorts (Pflege) de Nuremberg et de Rothenbourg et ne doivent plus en être écartés par des mises en gages ou en aucune autre manière, après qu’ils se sont libérés eux-mêmes et sont revenus au saint empire, comme la lettre impériale qu’il nous a adressée le dit. C’est pourquoi nous, les susdits écoutête, bourgeois du conseil et communauté de la ville de Nuremberg, reconnaissons par cette charte sur ordre et demande de notre susdit gracieux sire l’empereur romain que : Quand il arrivera que nous ferons notre allégeance aux prochains rois romains ou empereurs qui viendront après notre gracieux sire, le seigneur Charles, empereur romain, nous devons prendre dans les mêmes accords (tayding) et allégeance les susdits bourgeois et villes de Wissembourg et Windsheim, de telle sorte qu’on ne les ôte pas à l’empire et que l’on ne les sépare pas non plus de nous et qu’ils restent dans tous les droits et articles que nous jurons. Pour authentification de cette charte, nous scellons cette lettre du sceau pendant de la ville de Nuremberg. Donné le jour de la saint Valentin 1360 ».

La responsabilité impériale confiée à Nuremberg à l’encontre de Windsheim et de Wissembourg se mesurait aussi en termes financiers. Pour se libérer d’engagère, les deux petites cités impériales avaient obtenu une aide de l’empereur. Il apparaît en fait que l’essentiel de cet argent royal provenait de prêteurs nurembergeois, qui purent se rembourser en tenant en concession l’exploitation des forêts impériales des environs. Cf. UB Windsheim n° 227 (11/03/1360).

Placée de la même façon sous l’égide de Rothenbourg, Windsheim pouvait faire de la cité voisine un modèle et un guide. Cela se confirma aussitôt au plan juridique. En 1360, pour le sacrifice consenti lors du rachat d’engagère, le bourgmestre, le conseil et les bourgeois de la ville de Windsheim reçurent de Charles IV un droit de perception d’un impôt indirect (Ungeld), identique à celui que prélevaient les bourgeois de Rothenbourg. Cf. UB Windsheim n°223.

969.

Pour les alliances passées par Windsheim, voir UB Windsheim n°271 à 281

970.

Cf. UB Windsheim n°281

971.

Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n°792, 793, 794, 795, 796

972.

Il s’agit d’alliances générales qui incluent Nuremberg, Windsheim, Wissembourg et Rothenbourg. Elles sont renforcées par des alliances bipartites entre ces mêmes villes. Windsheim conclut ainsi des accords successifs avec Nuremberg, Rothenbourg et Wissembourg. Tous ont les mêmes termes: ils consistent à défendre la ville alliée « contre tout homme », comme le disent les lettres d’alliance que l’empereur et son fils Wenceslas, roi de Bohême, leur ont données.

973.

Cf. K. Ruser, Die Urkunden und Akten der oberdeutschen Städtebünde…, n°797, 798, 799, 800, 801, 802, 803, 804, 805 à 812

974.

A la suite de cette allégeance, Rothenbourg ramèna de Nuremberg une confirmation de ses privilèges.

975.

L’élection de Wenceslas eut lieu le 21 août 1400, il fut couronné roi en janvier 1401. Conformément à la règle établie par la Bulle d’Or de 1356, il tint sa première assemblée impériale à Nuremberg en février 1401. La ville de Schweinfurt semble avoir révoqué à cette occasion son allégeance à Wenceslas et reçut une première confirmation de ses privilèges par Ruprecht le 20 février 1401. En mars 1401, Ruprecht et sa suite séjournèrent à Schweinfurt. Ses officiers reçurent le serment d’allégeance de la ville le dimanche reminiscere 1401. Rothenbourg et Windsheim mirent plus de temps à se décider. Ensemble, elles ne reconnurent Ruprecht qu’en octobre 1401.

976.

Cf. RTA IV n°243, 225, 226, 248, 253. Confortée par le soutien de Nuremberg, Wissembourg put faire dépendre son serment de la confirmation de ses privilèges, et même se faire réitérer l’interdiction de taxation de la ville prononcée par Charles IV et Wenceslas.

977.

Dès 1377, les comptes de la ville de Nuremberg montrent que Nuremberg envoie des copies de l’union de paix « aux villes ». Cf. StAN, Stadtrechnung 1, fol. 118, 119, 121 (entre le 30 septembre et le 27 octobre 1377). Ses messagers partent aussi en direction de Wissembourg et de Windsheim à propos de la Landfriede en août 1378. Cf. StAN, Stadtrechnung 2, fol.124, 125.

Nuremberg arbitre un conflit portant sur les contributions des petites villes franconiennes pour la Landfriede, le 29 septembre 1375.

978.

Elle entre ainsi en contact avec Eger le 09/04/1405 : un agent nurembergeois était chargé de transmettre, via un messager d’Eger, une citation à comparaître au nom de la Paix visant Andres Steinbach. Comme ce dernier a demandé à la ville d’Eger de punir le messager pour cela, Nuremberg demande sa grâce au conseil d’Eger. (StAN, BB1, fol.19v).

En août 1406, le conseil de Nuremberg répond d’autre part à la ville de Tachau (Bohême) au sujet d’une attaque subie par des marchands de Tachau. Nuremberg dit ne pouvoir décider au nom de la Landfriede et précise que cela revient au commandant et à ceux qui siègent auprès de lui pour la Paix. (StAN, BB1, fol. 144)

979.

Cf. StAN, BB1, fol. 19, (08/04/1405). Voir aussi registre dans G. Pfeiffer, Quellen…, n° 439

980.

Outre les missives citées, Nuremberg écrit aux autres villes impériales franconiennes dans le cadre de la Landfriede aux folios suivants :

StAN, BB1, fol. 164 (Rothenbourg), fol. 190 (Schweinfurt, Windsheim, Wissembourg), fol. 200(Rothenbourg), fol. 201 (Schweinfurt, Wissembourg, Windsheim avertie oralement), fol. 204 (Windsheim, Hall, Wissembourg avertie oralement), fol. 217v (Wissembourg, Windsheim), fol.242, fol. 221 (Wissembourg, Windsheim, Rothenbourg).

StAN, BB2, fol. 40 (Schweinfurt, Wissembourg, Windsheim, Rothenbourg), fol. 57v (Rothenbourg, Windsheim, Schweinfurt, Wissembourg), fol. 60v, fol.85v, fol. 86 (Windsheim, Wissembourg, Schweinfurt, Rothenbourg), fol. 102v, 103 (mêmes villes)

StAN, BB3, fol. 23v (Rothenbourg, Schweinfurt, Windsheim, Wissembourg, 10/11/1409), fol. 47 (25/03/1410, mêmes villes), fol. 61 (Rothenbourg, Windsheim, Wissembourg, Schweinfurt, 27/05/1410), fol. 63v (Schweinfurt, ses délégués étaient absents à la réunion interurbaine), fol. 70 (Schweinfurt), fol. 118 (Rothenbourg), fol. 119 (Rothenbourg, Schweinfurt, Windsheim).

StAN, BB6, fol. 28v-29 (Rothenbourg, Windsheim, Wissembourg, 22/08/1423), fol. 39v et s., fol.44 (Wissembourg ; Rothenbourg et Windsheim également concernées), fol. 65 (Wissembourg) : négociations pour l’établissement d’une nouvelle paix.

StAN, BB7, fol. 105, 106 (Rothenbourg, Windsheim, Wissembourg), fol. 112v (Windsheim, Wissembourg), fol.121 (Wissembourg, 07/12/1426), fol. 129v et s. (Wissembourg ; Windsheim évoquée), fol. 132v (Windsheim), fol. 146 (Windsheim, Wissembourg), fol. 210-210v (Wissembourg, Windsheim), fol. 237 (Wissembourg, Windsheim)

Cf. StAN, BB8, fol. 57 (Rothenbourg, demande de communication à Hall), fol. 70 (Wissembourg)

981.

Cf. G. Pfeiffer, Quellen…, n°503 ; StAN, BB1, fol. 136 (26/07/1406). La délégation de Windsheim n’était pas présente à la réunion du comité de paix, évoquée au début de la lettre. Nuremberg adresse donc une lettre particulière à Windsheim, dotée d’une autre exposition. Il semble, d’après celle-ci, que Windsheim se soit fait représenter par la délégation de Schweinfurt. Laquelle a normalement déjà transmis un rapport au conseil de Windsheim. Le montant de l’envoi épistolaire assumé par Nuremberg s’éleva au total à 1 lb 8 hlr.

982.

Cf. StAN, BB 1, fol. 64 (28/09/1405) : lettre à Wissembourg. Des lettres au contenu assez proches sont adressées à Schweinfurt, à Windsheim, fol. 64 (même date). La communication à Rothenbourg s’est faite oralement par le biais de délégués rothenbourgeois présents à Nuremberg. Ces différentes lettres de convocations sont rédigées sous le mandat d’Albrecht Ebner. Cf. registre G. Pfeiffer, Quellen…, n°461

983.

Cf. StAN, BB2, fol. 40 (lettre à Schweinfurt), mêmes lettres à Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg (05/07/1408) : à la demande de Schweinfurt, Nuremberg convoque les délégations des villes impériales franconiennes à une assemblée urbaine qui doit se tenir un ou deux jours avant la réunion du comité de Paix à Nuremberg. Il doit y être question des mouvements de troupes étrangers qui ont lieu dans le pays.

984.

Cf. StAN, BB1, fol.217v (à Windsheim et Wissembourg), fol. 242

985.

Cf. StAN, BB1, fol. 204 (lettre à Windsheim, 02/08/1407), lettre à Hall au même folio. La réunion évoquée devait sans doute permettre de statuer sur le règlement du conflit entre le burgrave de Nuremberg et la ville de Rothenbourg. A l’époque, les villes impériales franconiennes étaient également en négociations sur un éventuel prolongement de la paix, désiré par le souverain.