Une entrée en rangs dispersés

Par sa situation géographique, aux frontières de la Franconie et de la Souabe, Rothenbourg se montra très tôt attentive aux coopérations politiques souabes. Outre Windsheim sur le sol franconien, ses plus proches voisines Schwäbisch Hall et Dinkelsbühl appartenaient au territoire souabe et l’une d’entre elle au moins s’était inscrite dans la première union urbaine souabe en 1331 1008 .

Sans que son nom ne figure officiellement dans les lettres d’union (Bundbrief), à une époque où n’existait encore aucun édit de paix franconien, Rothenbourg paraît avoir participé au volet urbain de la Paix souabe. Fin décembre 1340-début 1341, le conseil d’Augsbourg comptait la ville parmi ses alliées avec Nördlingen, Schwäbisch Gmünd, Esslingen, Weinsberg, Wimpfen, Rottweil, Heilbronn, Schwäbisch Hall, Mosbach, Reutlingen et Weil 1009 . Selon toute vraisemblance, Rothenbourg participa avec elles à une expédition contre les châteaux de Brenz et Stotzingen en 1340. Elle pouvait de bon droit s’y intégrer puisque Louis le Bavarois lui avait accordé un an plus tôt un droit d’alliance sans condition géographique ou sociale 1010 . Rothenbourg mit ce privilège à profit pour intégrer les rangs urbains souabes, avant d’en user en Franconie. Quand une Landfriede franconienne vit le jour en 1340, la ville quitta néanmoins ses anciennes alliées souabes 1011 . Manifestement, du point de vue du souverain, sa place était en Franconie. Là, Rothenbourg apporta son expérience d’union et divulgua les coutumes intercommunales souabes.

Les réseaux urbains des deux régions ne restèrent pas pour autant dépourvus de connexions. Attentives au sort des villes impériales au-delà de leurs limites régionales, les cités souabes s’intéressaient au contexte franconien et, en l’absence d’institutions de Paix viables sur ce terrain, proposèrent, en 1351, d’intégrer Nuremberg dans la Landfriede souabe, puisqu’elle était alors la seule ville impériale libre de Franconie 1012 . La ville n’y donna pas suite, sans doute parce que sa position dans les instances dirigeantes de l’intercommunalité souabe promettait d’être moins bonne qu’en Franconie. Là, elle aurait eu à partager sa place avec d’autres grandes cités impériales, comme Ulm ou Augsbourg. Ici, en Franconie, son éminence n’était pas en cause. Une fois libérée d’engagère, Rothenbourg, qui avait davantage à y gagner, se laissa par contre séduire à nouveau par les sirènes souabes. Puisque la Paix franconienne ne se prolongea pas au-delà de 1351, elle intégra la Paix souabe en décembre 1352 1013 et y participa sans doute jusqu’à la signature d’une nouvelle Landfriede franconienne le 23 août 1353.

Après que Rothenbourg eut quitté les institutions souabes, les contacts entre les villes impériales franconiennes et souabes survécurent, sans doute par le biais des correspondances, des réunions à la cour et des assemblées royales. Une instruction du conseil nurembergeois à ses délégués, en date du 25 janvier 1368 montre combien Nuremberg était informée des démarches urbaines souabes. Il n’était cependant pas encore question d’allier leurs intérêts, tout juste de profiter indirectement des avantages et précédents que le groupe politique des villes souabes parvenait à créer :

« De nous les bourgeois du conseil de Nuremberg. [Adresse au dos : Friedrich Crawter, Ulrich Stromer, Berthold Haller et nos autres compagnons (gesellen)]
Recevez notre service amical. Nous vous demandons et vous conseillons les choses suivantes :
Comme nous prévoyons que vous irez bientôt à Francfort et que les villes libres et les villes impériales vont aussi y aller […] demandez-leur et faites ce qui vous semble le mieux pour qu’elles nous conseillent à propos du mur et aussi du Landgericht, et faites leur voir nos chartes et informez précisément de l’affaire les villes qui ne la connaissent pas, si elles sont prêtes à nous conseiller, que nous passions en justice devant les princes électeurs ou pas.
Nous avons appris ici que notre sire l’empereur a fait parvenir ses lettres aux villes de Souabe et elles ont répondu à notre sire l’empereur qu’il ne leur appartient pas de passer en justice si ce n’est devant leurs juges chez elles et qu’elles voulaient rester dans leurs droits ; et qu’elles espéraient bien que notre sire l’empereur les laisserait dans ces mêmes libertés qu’elles avaient obtenues par ancienne coutume.
Nous avons aussi appris que notre sire l’empereur a fait répondre à la lettre d’Ulm qu’il voulait les laisser dans leurs libertés comme leurs privilèges le disaient ; et il le leur a promis et leur a déclaré que leurs droits doivent leur être rendus et qu’aucun ne doit être supprimé. Et s’il se pouvait que l’affaire de ceux d’Ulm passe avant la nôtre à la cour, voyez comment leur affaire se termine, pour que vous sachiez ensuite agir au mieux. Et notre affaire aurait plus de faveurs si leur affaire passait avant. Sachez aussi que ce serait pour nous une chose grave, si nous devions passer en justice devant les princes ; et si là nos libertés étaient repoussées, nous serions atteints dans tous les droits que nous avons reçus des empereurs et des rois. Comme nous vous l’avons recommandé, faites du mieux que vous pourrez et faites nous une réponse par ce même messager, car nous vous enverrons plusieurs messagers. Que Dieu veille sur vous et que l’esprit saint vous inspire au mieux. » 1014 .’

Si le souverain encadra chacun des groupements urbains souabes précédents 1015 , le véritable acte de naissance de la ligue urbaine souabe remonte à 1376. Elle se constitua dans un geste de rupture avec le monarque. Y adhérer revenait à braver le souverain. Les villes impériales souabes hésitaient à reconnaître comme roi le successeur désigné de Charles IV, son fils Wenceslas, âgé seulement de 15 ans 1016 . Des atteintes à leurs libertés suffirent alors à mettre le feu aux poudres. Pour le prix de l’élection de Wenceslas, le 27 juin 1376, Charles IV céda en gage la ville de Donauwörth aux ducs de Bavière. Suivirent Weil, puis les offices d’écoutêtes des villes d’Esslingen et Schwäbisch Gmünd, concédés au comte de Würtemberg (24 août 1376). Trois piliers des unions de Paix souabes perdirent ainsi leur immédiateté impériale pour satisfaire les besoins d’alliance de Charles IV et de son fils. Les villes impériales souabes crurent l’empire en voie de perdition. Le 4 juillet 1376, 14 d’entre elles, dirigées par Ulm, conclurent une ligue qui devait être active dans la défense de leur liberté impériale. La ligue prit à ce moment-là une forme définitive et se tourna d’abord contre le comte de Würtemberg qui avait participé à l’élection de Wenceslas. La schwäbische Städtebund entra aussi en opposition contre le nouveau roi, elle lui refusa le serment et n’obtempéra pas à ses ordres de dissolution. Même le siège mené contre Ulm par les troupes impériales et l’appel aux négociations lancé à l’assemblée impériale de Nuremberg en octobre 1376 n’arrêtèrent pas la marche de la ligue. A Reutlingen, les villes triomphèrent du comte de Würtemberg et de ses chevaliers le 21 mai 1377. Contraint à la conciliation, Wenceslas se résolut à des pourparlers, mené par les villes impériales qui lui étaient restées fidèles, telles Nuremberg et Rothenbourg. Grâce à leur entremise, on parvint à une réconciliation le 31 mai 1377 à Rothenbourg (accords de Rothenbourg). Le souverain leva la mise en ban qu’il avait prononcée, établit des compromis avec le comte de Würtemberg et renouvela les privilèges des villes en leur promettant de ne plus recourir aux engagères. Cette éclatante victoire des cités impériales ne fit que renforcer l’assise de la ligue urbaine souabe. L’union noua des contacts avec les fédérations suisses et rhénanes et gagna de nouvelles recrues en Bavière et en Franconie.

Tandis qu’un front commun pour la paix peinait à s’établir en Franconie, Rothenbourg sauta le pas la première vers les institutions intercommunales voisines. Représentée par les bourgmestres Heinrich Toppler et Peter Kreglinger, elle entra dans la ligue urbaine souabe le 17 mai 1378, et se tint en dehors de la Landfriede franconienne et bavaroise d’août 1378, à la différence de Nuremberg, Windsheim et Wissembourg. Des pourparlers entre la ligue urbaine souabe et les autres villes impériales franconiennes furent néanmoins engagés en 1382. Nuremberg, Windsheim et Wissembourg posèrent ensemble des conditions préalables à leur entrée groupée dans la ligue. Elles entendaient définir globalement les bénéfices qu’elles pourraient en retirer, de même que les contributions auxquelles elles seraient soumises.

« Nous ceux de Ratisbonne, une ville libre, et nous les villes du saint empire romain, Augsbourg, Ulm, Constance etc reconnaissons publiquement par cette lettre par-devers nous et envers tous ceux qui la verront ou l’entendront lire :
Nous nous sommes alliés avec les honorables et sages gens, l’ensemble des conseils et bourgeois des villes de Mayence, Strasbourg etc pour l’honneur du saint empire romain, l’intérêt et la dévotion du pays commun et de nous-mêmes et nous sommes tombés d’accord selon la teneur et les dires de la lettre d’union (Bundbrief) que nous avons scellée et que nous nous sommes donnée les uns aux autres à ce sujet. Nous nous témoignons par cette lettre que nous nous sommes unis et promis en particulier que s’il arrivait que nous intégrions les trois villes de Nuremberg, Windsheim et Wissembourg parmi nous dans notre ligue, nous devrons servir et aider alors les susdites villes avec la somme des glaives que nous avons inscrite dans notre lettre d’union principale, que nous leur avons donnée, à savoir 218 glaives avec 22 glaives en plus fournis par ces mêmes trois villes, de telle sorte que c’est avec la somme de 240 glaives que nous devons les servir et les aider, en tout selon la forme et la manière stipulées dans la lettre d’union principale à propos des 218 glaives, et ceci sans réserves. Et les susdites trois villes sont aussi tenues en retour de nous aider et secourir avec la somme de leurs glaives et avec toutes les autres clauses et articles qui sont compris et inscrits dans leurs lettres d’union qu’ils nous ont scellées et données, sans réserve, de la même manière que s’ils étaient inscrits et mentionnés nommément avec nous dans ces mêmes lettres d’union. Mais s’il arrivait que nous voulions prendre et accepter une autre ou d’autres villes auprès de nous dans notre union, en dehors des susdites trois villes, nous devons alors servir et aider les susdites villes, en plus de la somme susdite des glaives de cette même ville ou villes, avec la somme des glaives dont eux et nous aurons alors convenu ensemble à ce propos. Et ces mêmes villes seront alors tenues de les aider de la même manière que nous-mêmes sans réserve. Mais s’il s’avérait que eux et nous puissions convenir de la somme et de l’aide, les susdites villes ne seraient ni tenues ni contraintes d’aider les villes que nous aurions prises parmi nous, en aucune manière…. » 1017

Nuremberg renonça à entrer dans la ligue sur la base de ses clauses, mais Windsheim finit par chercher soutien dans la ligue urbaine souabe, en compagnie de Wissembourg le 16 janvier 1383 1018 . Alors en conflit avec le burgrave Frédéric de Nuremberg, Windsheim trouva dans la ligue urbaine souabe un renfort militaire et une assistance judiciaire précieuses 1019 .

L’entrée tardive de Nuremberg dans la ligue urbaine souabe, le 21 juin 1384, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Eugen Franz 1020 brosse le portrait d’une ville consciente de sa force, qui pensait pouvoir s’élever au-dessus des partis par ses talents diplomatiques et s’acheter une neutralité. Assaillie de Fehde et déçue par le nouveau souverain, elle aurait dû malgré tout se résoudre à opter pour une politique de corps, comme le soulignait le chroniqueur nurembergeois Müllner :

« Bien que le conseil du vivant de l’empereur Charles se tint éloignée de toute union des villes et chercha la protection de la communauté urbaine auprès de lui seul 1021 […] tandis qu’on ne put pas compter sur la même protection de la part du roi Wenceslas, puisqu’il s’occupa peu des affaires de l’empire et que par conséquent les troubles en Allemagne se firent plus longs, plus préoccupants et plus dangereux […] Le conseil a donc dû songer à d’autres moyens d’abriter la ville en cas de besoin ; pour cette raison, quand à cette époque une assemblée des villes se tint à Nördlingen, il y envoya sa délégation du conseil, à savoir Ulman Stromer, Berthold Pfinzing, Jobst Tetzel et Cunrad Haller […] et sur leur rapport (anbringen), le soir de la Saint Veit, la ville fut prise dans la ligue souabe pour 10 ans, de telle sorte qu’elle devait payer annuellement 800 livres heller ».’

Hermann Heimpel 1022 souligne quant à lui la volonté nurembergeoise d’incarner l’empire et donc de ne pas rompre avec son représentant désigné, le roi. Active dans les négociations entre les villes souabes et le roi en 1376, Nuremberg serait finalement entrée dans la ligue pour mieux poursuivre à l’intérieur son œuvre de médiatrice et y faire entendre la volonté royale. A cela se serait ajoutée la peur de l’isolement, accrue par l’entrée de Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg dans la ligue.

Schweinfurt était la ville impériale franconienne la plus éloignée du cœur politique de la ligue urbaine souabe. Longtemps, elle ne fut pas non plus entièrement libre de ses mouvements. En matière d’alliances et de politique étrangère, ses habitants étaient tenus par leur demi-engagère de respecter les vœux du souverain comme ceux de l’évêque de Würzbourg, hostile à la ligue souabe. La ville ne s’engagea donc dans la ligue urbaine que le 23 mai 1385, sous réserve de sa libération d’engagère :

«  Nous l’ensemble des bourgeois, du conseil et de la communauté, riches et pauvres de la ville de Schweinfurt, reconnaissons et faisons savoir publiquement que nous nous sommes unis en amour et amitié avec les villes du saint empire romain en Souabe, Franconie et Bavière pour tenir avec eux cette même ligue selon la teneur et le contenu de la lettre d’union qu’ils ont à ce propos, cependant à la condition que nous offrirons d’abord notre libération à notre sire l’évêque de Würzbourg et que nous la lui donnerons, s’il veut l’accepter, entre maintenant et le prochain jour de la saint Martin (11 novembre) ou au plus tard dans les 14 jours suivants sans réserve. Et quand nous aurons fait cela, nous devons nous et nos conseillers et la communauté tous ensemble, riches et pauvres, de notre ville de Schweinfurt, jurer la ligue selon la teneur et le contenu de la susdite lettre d’union et promettre de l’observer et la mener toujours ainsi sans réserve. Il est cependant expressément précisé que, aussi longtemps que nous n’aurons pas offert ni donné la dite libération d’engagère, si notre sire l’évêque de Würzbourg veut l’accepter, les susdites villes de la ligue ne sont ni tenues ni obligées de nous aider et de nous secourir en rien, pas plus que nous envers elles… » 1023

Schweinfurt se tint à ses engagements et versa sa libération à l’évêque de Würzbourg. Son entrée officielle dans la ligue urbaine souabe eut donc lieu le 7 novembre 1385 lors d’une assemblée des villes à Ravensbourg 1024 . Elle s’engagea à protéger et à défendre les membres de l’union et leurs villes dans leurs libertés, privilèges, droits et bonnes coutumes, à les conseiller et à leur porter secours. Un de ses conseillers devait sans faute rejoindre les délégués des autres villes dans leurs assemblées 1025 .

Entre 1378 et 1385, toutes les villes impériales franconiennes avaient ainsi rejoint au compte-gouttes les institutions intercommunales souabes. C’est dans ce cadre qu’elles traversèrent la guerre des villes jusqu’à la Landfriede d’Eger et la prohibition des ligues urbaines en 1389. Les cités impériales franconiennes se désengagèrent alors de la ligue urbaine souabe. Elles y revinrent au cours du XVe siècle. Si l’entrée d’une d’entre elle ouvrit souvent la brèche pour les autres, pas plus qu’auparavant, elles ne se plièrent à la matière à une discipline de groupe.

Rothenbourg, fidèle à son rôle d’avant-poste franconien, joua plusieurs fois le rôle de pionnière. C’est la ville impériale franconienne qui, au cours du XVe siècle, participa le plus assidûment au réseau intercommunal souabe. Même s’il lui arriva à maintes reprises de décliner les offres de la ligue 1026 , d’alliances en renouvellements, elle intégra au moins dix fois les rangs souabes entre 1400 et 1451. Dans le même temps, Wissembourg s’y résolut cinq fois, Nuremberg et Windsheim trois fois. Seule Schweinfurt resta résolument à l’écart 1027 .

Dans la décennie 1450, la ligue urbaine souabe s’étira en longueur, au gré d’assemblées générales à Ulm où les représentants n’avaient jamais les pouvoirs suffisants pour statuer. Au vu des lettres échangées, Nuremberg, Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg comptaient à nouveau parmi ses membres en 1455-1456, mais montraient un intérêt limité pour des affaires dont le théâtre était souvent éloigné de la Franconie.

Lettre de Nuremberg à Ulm le 30/04/1456 :

« Très chers amis, notre conseiller Jobst Tetzel nous a bien fait part des négociations et décisions finales de la dernière assemblée qui a eu lieu chez vous. Au début du procès-verbal, on mentionne la possibilité de rendre visite aux princes électeurs et princes au sujet de la menace de mise au ban qui pèserait sur certaines villes etc. Vous avez sans doute appris par notre susdit conseiller que ces affaires ne nous concernent pas et que pour notre part nous entendons rester en dehors de cela. A propos de la dette de Radolfzell etc, nos bons amis des villes et vous-mêmes pensez à les laisser en paix pour cette même affaire, ce que nous pensons également au vu de ces affaires. A propos de l’hostilité de Heintz Ruden etc, vous avez été aussi informés par notre conseiller que cela ne nous concerne pas et nous maintenons cette position. A propos d’un homme instruit du droit à recruter pour traiter les affaires à la cour impériale, les villes que cela concerne peuvent très bien entreprendre cela elles-mêmes. A propos de l’appel de ceux de Reutlingen et de Weil pour un contingent armé etc, nous pensons que dans la mesure où les Völn sont allés en justice avec le sire de Gerolseck et de Rechberg et où l’affaire a été conciliée et jugée, et dans la mesure où l’hostilité a été déclarée à ceux de Reutlingen et de Weil après l’issue de l’union, comme le montre la date des lettres d’union et d’hostilité, nous devons rester en dehors de ces mêmes affaires et en être quittes » 1028 .’

Dans la deuxième moitié du XVe siècle, les villes impériales franconiennes avaient donc renoncé à jouer un rôle actif dans les institutions intercommunales souabes. En 1488, quand la ligue urbaine souabe se mua en une « ligue souabe » (Schwäbischer Bund) 1029 , dernier grand pôle de mouvement médiéval pour la paix, ouvert à tous les états, toutes les cités franconiennes restèrent en dehors 1030 . Le conflit de Maximilien avec les Confédérés (Schweizerkrieg de 1499) ramena Nuremberg et Windsheim sur le chemin des associations politiques souabes 1031 . Mais seule Nuremberg participait au comité directeur, qui devint de plus en plus le lieu d’expression des grandes villes et une instance de concertation pour le corps des villes impériales face aux demandes royales 1032 .

A l’image de leurs entrées respectives dans la ligue urbaine souabe, la participation des villes impériales franconiennes aux institutions intercommunales du pays voisin relevait d’une alchimie complexe. On a souvent dit qu’il s’agissait d’un choix entre une politique de compromis, ouverte à tous les états, et une politique corporative, proprement urbaine. L’option pour l’une ou l’autre aurait été une question de circonstances et de relations, plus ou moins proches avec le souverain. La réserve de Nuremberg à l’égard de la ligue urbaine souabe ne serait ainsi que le produit de sa fidélité envers des souverains (Königsnähe), le plus souvent hostiles aux unions urbaines 1033 . Ces facteurs sont à prendre en compte, il est vrai. Aucune des villes impériales franconiennes ne se risqua jamais dans la ligue urbaine souabe au plus fort de ses querelles contre le roi, elles attendirent toutes le retour en grâce des corporations politiques urbaines et proposèrent plusieurs fois leur entremise. Mais le souci de plaire à l’empereur, le poids des circonstances et des attaques nobiliaires ne formaient pas les uniques ingrédients des stratégies intercommunales adoptées par les villes impériales franconiennes.

Notes
1008.

L’édit de paix de 1331 n’indique pas toutes les villes qui firent partie de l’alliance. D’autres cités impériales s’y joignirent par la suite à l’image de Rothenbourg qui ne rejoignit les alliances du Nord de la Souabe qu’à partir de 1339. Cf. Rüser, Urkunden und Akten …, n°567

1009.

Cf. Rüser, Urkunden und Akten…, n°575. En 1342, lors de la reddition des comptes clôturant l’union urbaine de 1331, les conseillers de la ville d’Augsbourg confirment avoir reçu de la ville de Rothenbourg les 41 livres heller dont elle devait s’acquitter, de même que 4 livres heller et 13 schilling d’intérêts pour le retard de paiement. Ces frais correspondent à la participation de Rothenbourg au siège du fort de Brenz. Voir aussi Rüser, Urkunden und Akten…, n°579 (31/10/1342).

1010.

Cf. Rüser, Urkunden und Akten…, n°582

1011.

Une Landfriede souabe mixte très semblable à la première Paix franconienne fut proclamée en Souabe peu de temps auparavant, le 17 juin 1340. Aux côtés de l’empereur et de ses fils, des ducs de Bavière, de l’évêque d’Augsbourg et de plusieurs comtes, les villes signataires étaient : Augsbourg, Ulm, Biberach, Memmingen, Kempten, Kaufbeuren, Ravensbourg, Pfullendorf, Überlingen, Lindau, Constance, St Gallen, Zurich, Rottweil, Weil, Heilbronn, Reutlingen, Wimpfen, Weinsberg, Schwäbisch Hall, Esslingen et Schwäbisch Gmünd. Dans le comité exécutif de 8 membres, les villes avaient 4 sièges détenus par des représentants d’Augsbourg, d’Ulm, d’Esslingen et de Reutlingen.

1012.

Cf. Rüser, Urkunden und Akten…, n°1036 : lettre des villes dans la Paix souabe à Nuremberg (20/09/1351)

1013.

Cette Paix souabe avait été souscrite par ses membres fondateurs le 3 novembre 1352. Rothenbourg les rejoignit donc plus d’un mois après l’entrée en vigueur de l’union. Cf. Rüser, Urkunden und Akten…, n° 972 à 979a au sujet de la Landfriede souabe du 3 novembre 1352. L’entrée de Rothenbourg dans la Paix souabe correspond à Rüser, Urkunden und Akten…, n° 1039-1

1014.

Cf. StAN, Rst Nürnberg D-Laden Akten 403 fol.9. Edité dans Rüser, Urkunden und Akten…,n°813.

En novembre 1367, les bourgeois de Nuremberg construisirent un mur entre le fort impérial et la ville pour lutter contre les atteintes des burgraves. Charles IV avait convoqué une assemblée à Francfort dans cette affaire pour le 15 janvier 1368. Le burgrave y porta plainte contre les bourgeois devant les princes électeurs présents. L’empereur ne prit pas parti ouvertement, mais il se fit confirmer son droit de construire sur le sol impérial, puis déclara que le mur avait été érigé à sa demande.

1015.

Voir W. Vischer, « Geschichte des schwäbischen Städtebunds der Jahre 1376-1389 », Forschungen zur deutschen Geschichte 2 (1862). La ligue de Paix urbaine, puis la Landfriede mixte de 1331, évoquées plus haut, durèrent jusqu’à l’élection de Charles IV. Les villes souabes lui firent serment en 1348. Il autorisa en contrepartie le maintien de leurs unions, à condition qu’elles restassent dans le cadre de la Paix régionale mixte. Charles IV élabora une nouvelle Landfriede, exclusivement souabe, à Ulm en 1353. Les villes impériales s’y trouvaient aux côtés de princes, comme le comte Eberhard de Würtemberg. Une autre Paix souabe, comptant 31 villes, de même que des comtes, abbés et chevaliers, vit le jour en 1370 pour une durée de 5 ans.

1016.

Le roi Wenceslas fut élu roi des romains le 10 juin 1376 en présence de son père. Il reçut le couronnement le 6 juillet 1376 à Aix-la-Chapelle.

1017.

Cf. UB Windsheim n°384 (08/10/1382). Original déposé aux StAN, Rep. 2b, Siebenfarb. Alphabet n°191

1018.

Cf. UB Windsheim n°387. Elles furent reçues dans la ligue par les 32 villes d’Augsbourg, Ulm, Constance, Esslingen, Reutlingen, Rotweil, Weil, Überlingen, Memmingen, Bibrach, Ravensbourg, Lindau, St Gallen, Pfullendorf, Kempten, Kaufbeuren, Leutkirch, Isny, Wangen, Buchhorn, Schwäbisch Gmünd, Schwäbisch Hall, Heilbronn, Nördlingen, Dinkelsbühl, Rothenbourg, Wimpfen, Weinsberg, Aalen, Bopfingen, Giengen, Buchorn.

Voir aussi W. Vischer, « Geschichte des schwäbischen Städtebunds der Jahre 1376-1389 », Forschungen zur deutschen Geschichte 2 (1862) n°191 ; Regesta Boïca 10, 106-107 ; R.T.A. I, n°362

1019.

Cf. UB Windsheim n° 385 : au vu des comptes de Rothenbourg, Windsheim profita surtout de l’aide militaire et diplomatique de Rothenbourg. Les conseillers rothenbourgeois Heinrich Toppler, Peter Kreglinger et Ulrich Reichlin entreprirent plusieurs délégations auprès du burgraves à Nuremberg ou Cadolzbourg.

1020.

Cf. Eugen Franz, Nürnberg, Kaiser und Reich. Studien zur Reichsstädtischen Aussenpolitik, Munich, 1930, p. 9

1021.

Ces propos sont à nuancer. Nuremberg avait tissé, avec l’appui de Charles IV, son propre réseau d’alliances politiques avec des villes impériales franconiennes (1344, 1360). Voir plus haut.

1022.

Cf. Hermann Heimpel, « Nürnberg und das Reich des Mittelalters », Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte 24 (1961), p. 231 et s.

1023.

Cf. Friedrich Stein, Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, n°142 (23/05/1385)

1024.

Les villes de la ligue qui reçoivent alors son adhésion sont : Ratisbonne, Bâle, villes libres, de même que les villes impériales d’Augsbourg, Nuremberg, Constance, Ulm, Esslingen, Reutlingen, Rottweil, Weil, Überlingen, Memmingen, Biberach, Ravensbourg, Lindau, St Gallen, Pfullendorf, Kempten, Kaufbeuren, Leutkirch, Isny, Wangen, Buchhorn, Schwäbisch Gmünd, Schwäbisch Hall, Heilbronn, Nördlingen, Rothenbourg, Dinkelsbühl, Wimpfen, Weinsberg, Aalen, Bopfingen, Giengen, Buchau, Windsheim et Wissembourg.

1025.

Cf. Friedrich Stein, Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, n° 144 (07/11/1385)

1026.

Malgré l’interdiction des ligues en 1389, de nouvelles alliances urbaines réapparurent en Souabe en 1390 et 1392. Elles se renforcèrent en 1394 devant une demande financière de Wenceslas. Tout juste libéré d’un emprisonnement en Bohême, il avait demandé aux villes du Sud de l’Allemagne de contribuer au prix de sa libération. Les villes impériales souabes formèrent un front du refus. Sollicitées par le roi à titre individuel, 12 d’entre elles unies dans une ligue dirent ne pouvoir lui répondre qu’en commun. Elles cherchèrent à ce moment de nouvelles recrues, dont Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg. Mais ces dernières déclinèrent la proposition, comblèrent la demande du roi et entrèrent dans une union de Paix franconienne en mars 1395.

Un projet de nouvelle ligue urbaine souabe fut ébauché à Ulm en 1396/1397. Rothenbourg envoya son délégué à l’assemblée des villes et reçut la charte de la ligue (Bundbrief). Après réflexion, elle renonça cependant à entrer dans la schwäbische Städtebund et demeura dans la Landfriede franconienne, après en être sortie momentanément en 1397 en raison d’un conflit avec le souverain.

1027.

En Fehde avec le margrave de Brandebourg en 1407, Rothenbourg reprit alors contact avec la ligue urbaine souabe. Elle ne pouvait pas compter sur l’aide des institutions de paix franconiennes (Cf. Landfriede franconienne de 1407) ; la voie lui en était barrée par une mise au ban impériale. D’abord insérée dans la ligue de Marbach, creuset de l’opposition contre le roi Ruprecht de Palatinat, Rothenbourg entra dans la ligue urbaine souabe en mai 1407. Selon les clauses de sa lettre d’union, les villes de la ligue n’avaient pas à lui prêter assistance dans son conflit contre le margrave. Rothenbourg put néanmoins profiter de l’aide diplomatique de la ligue et de l’intercession de Strasbourg pour obtenir un cessez-le-feu.

Avec la mort du roi Ruprecht en 1410, la Paix franconienne de 1407 devait expirer, sans garanties de renouvellement dans le pays. Pour mieux passer le cap difficile de l’interrègne, Rothenbourg et Wissembourg scellèrent leur union avec la ligue urbaine souabe le 22 mai 1411 pour une durée de 4 ans. Elles s’allièrent ensuite, en lien plus ou moins direct avec la ligue, avec les villes de Nördlingen, Dinkelsbühl et Bopfingen le 21 novembre 1417 jusqu’en 1422. Dans l’intervalle, Rothenbourg participa à une ligue particulière, la Weinsberger Bund, qui devait garantir l’immédiateté impériale menacée de la ville de Weinsberg (1420).

Parmi les villes inscrites dans la ligue urbaine souabe, la lettre d’union du 30 janvier 1427 mentionne pour seule cité impériale franconienne la ville de Rothenbourg. Elle prit part au renouvellement de l’alliance le 30 janvier 1427 et le 10 novembre 1429.

Une nouvelle union de la ligue fut élaborée le 2 décembre 1433. Rothenbourg hésita à en faire partie, mais y demeura finalement jusqu’à son expiration en 1437. Après une éclipse de 3 ans, on la retrouve dans la ligue urbaine souabe du 29 février 1440, puis dans celle de 1443.

Dans un contexte de rivalité croissante avec les princes franconiens, les villes de Nuremberg, Windsheim et Wissembourg rejoignirent Rothenbourg dans la ligue urbaine souabe le 7 décembre 1444. Toutes prolongèrent leur union le 22 mars 1446, puis le 27 juin 1448, pour mieux résister à la coalition princière qui les affronta au cours de la première guerre margraviale.

Schweinfurt n’apparaît pas parmi les signataires des différentes unions souabes au XVe siècle. Elle n’en eut pas moins à exposer la nature des émeutes qui se déroulèrent dans ses murs en 1446 devant plusieurs villes de la ligue.

Voir Ludwig Schnurrer, « Rothenburg im schwäbischen Städtebund », Esslinger Studien. Jahrbuch für die Geschichte der oberdeutschen Reichsstädte 15-17 (1968) ; Harro Blezinger , Der Schwäbische Städtebund in den Jahren 1438-1445, Stuttgart, 1954, p. 135 et s. ; Gerhard Pfeiffer, Weissenburg als Reichsstadt, Würzbourg, 1968 ; W. Vischer, « Geschichte des schwäbischen Städtebunds der Jahre 1376-1389 », Forschungen zur deutschen Geschichte 2 (1862) ; RTA, vol. 2, vol. 5, vol. 16 à 18

1028.

Cf. StAN, BB26, fol. 131v, lettre à Ulm. Voir aussi BB26, fol. 142v (14/05/1456), lettre aux délégués de Nördlingen, Rothenbourg, Dinkelsbühl, Windsheim, Wissembourg, Bopfingen réunis à Dinkelsbühl : « Nos et vos bons et prudents amis d’Ulm viennent de nous écrire à propos des pouvoirs dans les affaires de ceux de Gerolseck et de Hans von Rehberg, en nous demandant de faire établir ces pouvoirs pour ceux d’Augsbourg et notre délégation, comme vous le constaterez mieux dans la copie ci-jointe de leur lettre etc. Comme nous n’avons rien à faire avec cette affaire et qu’elle a commencé avant que nous venions dans l’union avec ceux d’Ulm, il nous est très difficile d’aller dans ce sens et nous nous préoccupons d’y être impliqués par cela. Nous demandons à votre honorable amitié avec grand zèle de bien vouloir nous communiquer votre fidèle conseil amiablement sur ce que nous devrions faire à ce propos, pour que nous sachions mieux comment agir ensuite ».

1029.

La grande ligue souabe, en vigueur entre 1488 et 1534, a été constituée à l’initiative de Frédéric III. Sous couvert d’être un organisme de paix et une héritière des Landfrieden, elle servit souvent à l’exécution des ordres de Frédéric III et à la mise en place de sa politique. Sa fondation doit être rattachée au contexte d’opposition croissante entre l’empereur Frédéric III et les Wittelsbach qui menaçaient ses aspirations à l’hégémonie et ses terres patrimoniales. Profitant de projets de rapprochements entre les villes impériales souabes, la société chevaleresque de l’écu Saint-Georges et le comte Eberhard de Würtemberg, le souverain demanda le 26 juin 1487 aux états souabes de se joindre à la Landfriede impériale générale de Francfort promulguée en 1486. Cela donna naissance à la ligue souabe le 14 février 1488. Elle fédérait des systèmes d’alliances interconnectés et reposait sur des unions plus restreintes passées entre ses membres.

Sur la ligue souabe, voir Ernst Bock, Der schwäbische Bund und seine Verfassungen (1488-1534), Breslau, 1927 ; A. Laufs et E. Reiling, article « Schwäbischer Bund », dans Handwörterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte (bibliographie complémentaire indiquée)

1030.

Nuremberg et Windsheim, de même qu’Augsbourg et Donauwörth reçurent même de Frédéric III un mandat qui les libérait de toute entrée dans la ligue le 2 juin 1488. Cf. Ernst Bock, Der schwäbische Bund und seine Verfassungen (1488-1534), Breslau, 1927, p. 21.

1031.

A cette époque, la ligue souabe connaît un regain d’adhésion. Outre les trois villes impériales franconiennes, le duc Albrecht de Bavière et Strasbourg entrèrent dans la ligue. Sa constitution fut alors rénovée en 1500, pour une durée de 12 ans. Son comité, renouvelable annuellement, se composait de trois commandants et de 21 conseillers, nommés au tiers par les princes, la noblesse et les villes. Les états avaient une égalité des voix. A l’exception des délégués princiers, le choix des représentants se faisait lors d’assemblées par état. Les décisions du comité se prenaient à la majorité. En cas d’égalité des voix, les commandants tranchaient. Ulm était le lieu désigné pour les réunions du comité. Seules les grandes assemblées générales annuelles devaient se tenir en alternance à Ulm ou Esslingen.

1032.

Voir Ernst Bock, Der schwäbische Bund und seine Verfassungen (1488-1534), Breslau, 1927, p. 86 et s. ; différents actes de la ligue souabe, principalement émis par des villes, sont édités dans K. Klüpfel, Urkunden zur Geschichte des Schwäbischen Bundes (1488-1533), vol. 1 : 1448-1506 et v. 2 : 1507-1533, Stuttgart, 1846 et 1853, (Bibliothek des literarischen Vereins n°14 et 31). Voir aussi les Reichstagsakten, Mitt. Reihe III, V, VI, 1973-1981 et Jüng. Reihe II, III, VII/I, 1896-1935.

L’entrée de Nuremberg dans la ligue souabe se fit avec quelques conditions particulières, voir Klüpfel, ouvrage cité, p. 416 et s. Nuremberg devait fournir 59 cavaliers et 585 fantassins au titre de sa participation militaire. Ceux de Windsheim devaient procurer quant à eux 1 cavalier et 15 fantassins. L’entrée de Windsheim dans la ligue souabe fut sans doute liée aux alliances particulières qu’elle avait contractées avec Nuremberg. Mais les actes de la ligue ne fournissent aucune preuve de sa participation aux entreprises de la ligue. La ligue fut pour Nuremberg une instance d’arbitrage et d’expression de ses conflits avec le margrave de Brandebourg, en particulier pendant la guerre de succession de Bavière.

1033.

Cf. Harro Blezinger, Der Schwäbische Städtebund in den Jahren 1438-1445, Stuttgart, 1954, p. 133 : « Rappelons nous combien Nuremberg a toujours été sceptique face à la ligue urbaine souabe. La politique impériale négative du nouveau roi [ Frédéric III] dans les premières années de son règne et la pression croissante que le margrave de Brandebourg exerçait sur la ville, conduisirent les Nurembergeois à s’écarter de la ligne traditionnelle de leur politique et à chercher leur place aux côtés des villes souabes unies ».