Les bénéfices communs de la ligue urbaine souabe

Les villes impériales franconiennes ne restaient dans la ligue urbaine souabe que si elle intégrait dans son périmètre des réalisations aptes à les satisfaire. Dans quels domaines leur offrit-elle donc son aide et sa puissance d’action ?

Une lettre d’union, réécrite et scellée à chaque renouvellement, contenait la constitution de la ligue 1055 . Elle énonçait les principes de la coopération intercommunale et les dispositions communes, fédératives de l’alliance. Placée sous le signe de la paix, de l’intérêt des villes et du pays commun, ainsi que du maintien dans l’empire romain, elle fixait aux villes liguées des comportements normés et des obligations réciproques.

La ligue s’entendait avant tout comme une alliance défensive. Elle plaçait donc en tête la coopération urbaine contre les attaques, les violences ou les atteintes aux libertés de chacun des membres. La première aide intercommunale était dans ce cas le conseil et l’aide définis en commun ou à la majorité des voix.

« S’il arrivait que quelqu’un, qui que ce soit, veuille attaquer ou porter atteinte contre nos susdits libertés et privilèges […] ou veuille nous en priver ou nous contraindre, que ce soit par racket, par blessure ou par meurtre, par incendie, par vol, par Fehde illégitime ou par opposition injustifiée […], la ville ou les villes touchées ou les villes que cela concerne et qui l’apprennent doivent nous convoquer toutes à ce propos dans une ville qui sera la mieux placée pour ces affaires et à une date qui pourra bien convenir à nous autres villes et à ce moment là, nous devons nous toutes, les autres villes susdites, venir avec nos honorables délégations sans réserve, et délibérer sur la façon dont on peut aider et sur ce qui est à faire. Et ce que les villes auront alors reconnu et conseillé, en commun ou à la majorité, en terme d’aide ou d’autres choses à faire, la ou les villes touchées ou la ville ou ceux auxquels ces affaires auront été confiées, de même que les leurs, doivent s’en tenir satisfaits ».’

Chaque membre avait en outre le devoir de ne pas mettre en danger l’ensemble de ses alliés. En ce sens, « aucune ville parmi nous ne doit entreprendre ou commencer quelque chose qui pourrait engendrer et provoquer pour les autres villes ou le pays, guerre, conflit ou désordre, à moins qu’elle n’ait le conseil et l’accord de la communauté des villes ou de la majorité d’entre elles ». Seule l’urgence absolue motivait la poursuite d’un criminel sur le champ, sans en référer au conseil intercommunal. Hors d’une telle procédure, les autres villes ne pouvaient être tenues pour responsables et n’étaient pas obligées d’apporter leur aide. En cas de sièges ou d’attaques, c’étaient la solidarité du voisinage et le secours des trois villes les plus proches qui devaient fonctionner, donner l’alarme et apporter les premières aides. L’assemblée générale, ensuite réunie, décidait de la marche à suivre et de l’aide militaire ou financière à apporter selon les quotités (anzal) jusqu’à règlement complet de l’affaire et des comptes 1056 .

La ligue urbaine souabe impliquait également un front commun des villes face aux demandes impériales. Il en découlait un échange d’informations et une coordination des réponses.

« S’il y a des affaires devant notre susdit très gracieux sire le roi des Romains, futur empereur, ou si un ordre ou une demande arrive de quelqu’un d’autre en son nom à l’ensemble des villes susdites ou à une ville ou plusieurs en particulier, nous avons convenu qu’aucune ville ne doit répondre de façon précipitée ou qu’aucune en particulier ne doit décliner, si ce n’est après consultation de l’ensemble ou de la majorité et à sa demande. »’

Plusieurs clauses interféraient sur la politique interne des villes membres. En scellant l’union, elles s’engageaient à ne pas accepter en connaissance de cause des « Pfahlbürger » (bourgeois de la palissade), ces bourgeois forains, déjà proscrits par la Bulle d’Or en 1356. Il s’agissait ainsi d’écarter un foyer de discorde entre la ligue et les seigneurs territoriaux, qui voyaient d’un très mauvais œil les extensions du droit urbain hors du territoire des villes.

La solidarité intercommunale soumettait chaque cité à un certain contrôle de ses alliances. Pour une affaire traitée par l’union, aucun des membres ne pouvait conclure de paix, de réconciliation ou d’accord sans l’aval de toutes les villes ou de la majorité d’entre elles. Toute nouvelle entrée dans l’union réclamait de même une décision communautaire ou majoritaire de l’ensemble des protagonistes.

On l’a vu, bien souvent, le conflit était inhérent aux institutions intercommunales elles-mêmes ; il pouvait opposer deux villes, tout comme une ville et les bourgeois d’une autre. Aussi, dès le départ, la lettre d’union de la ligue urbaine souabe prévoyait un tel cas de figure. Une fois la querelle portée à la connaissance de toutes les villes liguées, l’arbitrage en revenait à l’assemblée générale. Les délégués urbains, dotés à cet effet des pleins pouvoirs, devaient se prononcer à l’unanimité. On ne pouvait remettre en cause, ni contester leur arbitrage. En s’unissant dans la ligue, les villes acceptaient ainsi de se dévêtir occasionnellement de leurs privilèges judiciaires au bénéfice d’une instance supérieure intercommunale. D’une façon générale, les décisions et ordonnances de l’assemblée avaient valeur de mandement. Les membres de la ligue devaient prêter l’aide requise, observer les sentences prononcées et venir aux assemblées, par fidélité à leur serment. A défaut, les récalcitrantes étaient passibles d’une peine ou d’une amende et encouraient les poursuites des autres villes.

L’acceptation de toutes ces clauses était a priori douce aux villes impériales franconiennes. Grâce aux Landfrieden franconiennes et à leurs propres unions, elles avaient déjà acquis l’habitude de traiter en commun les demandes du souverain, formaient entre elles un réseau d’information et d’entraide et avaient eu peu recours aux Pfahlbürger dans leur quête territoriale. Quand l’aide militaire ou financière se destinait à des affaires trop éloignées de leurs préoccupations géopolitiques, elles parvenaient dans la majorité des cas à rester en retrait, ou à défaut sortaient de la ligue. Mais qu’allaient-elles au fond y chercher, en dehors de quelques honneurs et reconnaissances ? Qu’apportait la ligue dans son fonctionnement régulier en dehors de ses grands principes de départ ?

D’abord, un soutien militaire et judiciaire dans leurs litiges locaux avec les principaux princes et les nobles du voisinage. Si l’assemblée générale des villes avait donné son aval, la ligue offrait une aide militaire et judiciaire précieuse dans la lutte contre les hommes nuisibles ou les Fehde. Au terme de la querelle, elle veillait à la réconciliation et à la bonne tenue des engagements pris. Puisqu’il valait mieux prévenir que guérir, l’intense circulation d’informations, la surveillance commune du moindre mouvement de troupes suspect, le colportage de la moindre rumeur constituaient un premier rempart contre les attaques 1057 . Et si d’aventure, le mal était fait, l’appartenance à la ligue permettait de démultiplier la force militaire et d’élargir le cercle des conseillers sollicitables pour des réunions judiciaires. Nuremberg entra dans la ligue urbaine souabe en 1444, alors que ses relations avec le margrave de Brandebourg se détérioraient. A la veille de la seconde guerre des villes, la ville se plia à plusieurs tentatives de conciliation et d’arbitrage au sujet du sire de Heideck. Elle reçut à cet effet l’assistance judiciaire de nombreuses villes. On y retrouve sans surprise ses voisines franconiennes, Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg. Mais les appuis contractés dans la ligue urbaine souabe permirent aussi à Nuremberg de solliciter l’aide de Dinkelsbühl, de Nördlingen et de Ratisbonne 1058 . Sans oublier celle d’Ulm, d’Augsbourg et d’une délégation officielle de la ligue.

« Notre délégation du conseil a dit lors de la dernière assemblée dans votre ville aux délégués urbains que notre sire le duc Albrecht de Bavière nous a fixé par lettre, en raison du litige entre le margrave Albrecht de Brandebourg et nous-mêmes au sujet du sire Conrad de Heideck et d’autres choses, une réunion amiable devant sa grâce et ses conseillers dans sa ville de Pfaffenhofen le dimanche après les rois et sa grâce a annoncé de même cette réunion à notre sire le margrave Albrecht. Là-dessus, pour cette même réunion, on nous a accordé, au nom de la communauté, une honorable délégation formée de vos conseillers et de ceux d’Augsbourg. Comme beaucoup de choses dépendent pour nous de cette même affaire et de la venue à cette réunion, et que cela peut toucher aussi votre prudence et d’autres de nos bons amis et alliés, comme votre sagesse le comprend bien, nous demandons à votre honneur de bien vouloir requérir et commander pour nous au nom de la communauté des villes les deux conseillers d’Augsbourg et de vous-mêmes qui étaient dernièrement à Mergentheim et se nomment Gabriel Rydler et Hans Ehinger Rümelin, tous deux bourgmestres, pour cette prochaine réunion à Pfaffenhofen. Veuillez aussi, en plus, en votre propre nom, nous prêter et nous envoyer également Walther Ehinger votre bourgmestre pour cette réunion. N’y manquez pas et, selon notre volonté, montrez vous en la matière aussi favorables que nous l’attendons sans aucun doute de votre amitié… » 1059 .’

L’aura et la puissance de la ligue urbaine souabe permirent en outre aux villes impériales franconiennes de négocier plus avantageusement avec les princes que dans les Landfrieden régionales. Elles purent, dans le cadre de la ligue, sceller des accords très favorables avec les comtes palatins 1060 et l’évêque Gottfried de Würzbourg. Une fois dans la ligue urbaine souabe, les villes impériales franconiennes jouèrent un rôle de premier ordre dans le prolongement de ses unions. Conjointement à Augsbourg, Nuremberg mena les négociations nécessaires auprès de l’évêque de Würzbourg 1061 , élabora les textes d’alliances, veilla à les faire sceller par les différents protagonistes et à recevoir leurs serments. Au terme de ses démarches, en 1446, 23 villes de la ligue urbaine souabe s’allièrent à chacun des deux princes, en termes quasiment similaires. Sous couvert d’assurer la paix, le renforcement de l’empire, la protection de « la veuve et de l’orphelin, des riches et des pauvres, des pélerins, des marchands, des voyageurs, des marchandises, des églises et de toutes les personnes innocentes, ecclésiastiques ou laïques », l’évêque de Würzbourg promit aux villes son aide et son conseil en cas d’attaques, de dommages et d’atteintes à leurs privilèges. Il s’engagea à une aide militaire minimale de trois chevaux et de deux hommes armés ; mais si l’affaire demandait plus de forces, il s’engageait à suivre les décisions communes adoptées dans une assemblée générale réunie à Rothenbourg. A la demande des villes impériales et des leurs, toutes les cités, places fortes et châteaux de l’évêché devaient rester ouverts et collaborer dans la lutte contre les hommes nuisibles. Ni les ennemis de l’évêque, ni ceux des villes ne devaient trouver refuge, gîte, armes ou couvert dans l’ensemble des possessions épiscopales. L’accord prévoyait enfin une coopération judiciaire. Au nom de ses sujets, l’évêque s’engagea à respecter les procédures et les ressorts des tribunaux municipaux, les plaintes contre les conseils urbains eux-mêmes relevant d’un comité d’arbitrage 1062 . Jamais les villes impériales franconiennes, même en s’alliant au grand complet, n’avaient pu obtenir de pareilles conditions dans les Paix franconiennes.

Outre l’importance que revêtaient ces accords pour une cohabitation pacifique en Franconie entre princes et villes, il ne faut pas méconnaître leur portée sur les relations entre les cités impériales et les villes seigneuriales des environs. Les textes de 1446 créèrent des obligations réciproques entre les deux types de villes, dans le domaine de la justice et de la coopération contre les malfaiteurs de tout poil. Cette dimension essentielle est mise en exergue par Nuremberg en 1446 dans plusieurs de ses lettres. Le conseil nurembergeois n’eut de cesse d’obtenir la prestation de serment de la contrée d’Amberg et de ses dépendances, « die denn uns stetten herniden zu lande sunderlich gelegen ist » 1063 .

Les procès-verbaux de la ligue permettent de compléter le large éventail des questions abordées en commun par les membres de l’union. Au sein des institutions intercommunales souabes, les villes menaient aussi la défense de leurs privilèges judiciaires. Dans les années 1438-1445, elles ferraillaient ainsi contre toute citation de bourgeois ou de conseils devant des tribunaux non habilités. Leurs adversaires déclarés étaient à l’époque le Landgericht du burgraviat de Nuremberg et les tribunaux libres westphaliens de la Feme 1064 . Selon les circonstances, la ligue engageait une démarche commune d’appel au roi ou conseillait à la ville lésée d’agir seule pour ses droits, le plus souvent en produisant un vidimus de ses libertés.

Conformément aux prescriptions de la lettre d’union, la ligue urbaine souabe fonctionnait comme un organe de concertation interurbaine sur les affaires impériales. La préparation commune des assemblées impériales était fréquemment à l’ordre du jour. Si nécessaire, la ligue invitait à ses réunions des cités qui n’appartenaient pas à ses rangs. Les demandes du roi appelaient une réponse concertée, à l’image de l’aide requise contre les Armagnacs en 1444, finalement accordée par la ligue urbaine souabe.

Dans le souci d’une sécurisation du commerce et des routes, les institutions politiques souabes s’occupaient presque tous les ans des escortes et des convois jusqu’aux foires de Francfort. Ulm partait alors en quête des sauf-conduits et des escortes nécessaires tout au long du parcours, via la vallée de la Tauber ou, le plus souvent, via Nuremberg. Si la ligue prenait en charge les intérêts communs des marchands, ses services n’avaient rien de contraignant. En cas de danger particulier, chaque ville restait libre d’envoyer ou non ses marchands sur les routes.

La prévention des conflits entre villes ou dans les villes représentait un volet important des activités de la ligue. Dès 1384, on constate chez les membres de l’union souabe une lutte concertée contre des émeutiers et des mesures de bannissements généralisées à plusieurs villes.

« Anno Domini 1384, le mardi avant l’élévation de la croix, nous la communauté urbaine de la ligue en Souabe, alors que nous étions réunies à Nuremberg, avons délibéré des affaires suivantes […] :
Item à propos des émeutes que Prawnmeister, Heinrich Hagen, Andres Uffheimer, Heinrich Judensmid et Eberhart Ubelein ont commises et faites, à cause des juifs ; nous avons interdit aux cinq la susdite ville de Windsheim et nos autres villes éternellement, de la même façon que pour les susdits 12 de Nördlingen qui y ont commis un meurtre […]. Pour ce qui est de Niclas Newbaur, de Sneider von Ergersheim et de Heinrich Reschen, qui ont aidé cette émeute, nous leur interdisons la susdite ville de Windsheim et aussi toutes les autres villes libres et impériales de la ligue du Rhin et aussi de la ligue de Souabe pour 10 ans et à 10 Meilen de Windsheim et, ensuite, jusqu’à ce qu’intervienne une grâce de l’ensemble des villes de la ligue souabe ou de la majorité d’entre elles […], en toutes choses de la même façon que cela est dit avant pour ceux de Wissembourg… » 1065

Au fil des ans, la ligue conserva un œil vigilant sur les affaires internes des villes impériales. Elle dépêcha ses délégués à Rothenbourg dans l’affaire Hans Wern et dans l’affaire Toppler. Elle mit à son ordre du jour en 1443 l’emprisonnement du bourgmestre de Reutlingen 1066 et s’inquiéta du renversement du conseil à Schweinfurt en 1446. La crainte d’une contagion, mais aussi la peur d’offrir ainsi une proie facile à la médiatisation princière 1067 , entraînaient invariablement la condamnation de ces troubles, « effrayants », « regrettables » ou « inquiétants ». Le renversement d’un conseil ou l’éviction violente d’un conseiller amenaient la ligue pour le moins à une enquête, et au besoin, à une proposition d’arbitrage et de règlement du conflit. La lutte contre la médiatisation, dont ces démarches sont la traduction, constituait une préoccupation constante de l’assemblée. Inscrite dans les constitutions de la ligue urbaine souabe, la solidarité demandée aux villes dans de tels cas généra à plusieurs reprises des unions particulières, telles la ligue de Weinsberg 1068 ou la ligue de Donauwörth 1069 . Les villes impériales franconiennes se mêlèrent à cette dernière dans la mesure où Donauwörth représentait pour elles, non seulement l’empire agressé, mais encore un point de passage stratégique dans le commerce vers le Sud. Sur ordre impérial, au lendemain de sa libération d’engagère (en août 1434), Nuremberg, Augsbourg, Ulm, Nördlingen, Rothenbourg, Dinkelsbühl et Wissembourg prirent en charge sa protection pour 10 ans. Réitérée en 1453, mais sans Rothenbourg, cette ligue eut un effet limité, elle ne parvint pas à empêcher la prise de la ville par les ducs de Bavière en 1458 1070 .

Notes
1055.

Voir Harro Blezinger à propos des Bundesbriefe de 1409, 1437, 1440 et 1443. D’une fois sur l’autre, les dispositions sont quasiment similaires. Cf. Harro Blezinger, Der Schwäbische Städtebund in den Jahren 1438-1445, Stuttgart, 1954. Sur les formules de légitimation de l’union, voir infra, chapitre sur le sentiment d’appartenance. Dans les préambules de l’union, les villes se référaient explicitement aux lettres de privilèges accordées par les empereurs. Il s’agit des droits d’alliances et libertés concédés par Charles IV le 9 janvier 1348, par Ruprecht le 10 août 1401, par Sigismond le 3 août 1413, par Albrecht II le 7 octobre 1438. La lettre d’union de 1446, à laquelle souscrivirent la plupart des villes impériales franconiennes se référait aux droits confirmés par Frédéric III (le 24/07/1442). Cette lettre figure dans un livre de copie d’unions établi à Nuremberg. Cf. StAN, Amts- und Standbuch n°47, fol. 7v et s. : « Die Eynung mit Gemeynen Steten » (1446).

1056.

Les coûts de l’entreprise devaient être répartis entre la totalité des villes liguées selon les quotités habituelles. Les cités qui avaient avancé de l’argent étaient invitées à présenter leurs demandes de remboursement à l’assemblée suivante. Elles étaient remboursables dans un délai de deux mois.

Quand l’union arrivait à échéance, le devoir d’assistance entre membres durait jusqu’à ce qu’une affaire entamée pendant l’union soit définitivement réglée.

1057.

En 1439, alors que les délégués des villes étaient rassemblés à Ulm, la rumeur rapporta par exemple un projet d’attaque du margrave de Brandebourg contre Dinkelsbühl. L’assemblée urbaine décida aussitôt d’envoyer une délégation au margrave, tandis que les villes les plus proches (Hall, Nördlingen et Rothenbourg) se préparèrent à une intervention militaire. L’affaire se solda par des réunions judiciaires, sans toutefois apaiser les tensions. Cf. Harro Blezinger, Der Schwäbische Städtebund in den Jahren 1438-1445, Stuttgart, 1954.

1058.

Cf. StAN, BB19, fol. 186v, 245, 245v, 246, 246v, 259v, 260, 279v

1059.

Cf. StAN, BB19, fol.246 (13/12/1448) : lettre à Ulm. Nuremberg envoya une lettre similaire à Augsbourg, en priant la ville d’envoyer en son nom le bourgmestre Stephan Hagenor.

1060.

En 1443, alors que Rothenbourg est encore la seule ville impériale franconienne dans la ligue, une alliance est conclue entre l’association urbaine et le comte palatin rhénan, Louis. 16 villes impériales y prirent part : Ulm, Esslingen, Nördlingen, Rothenbourg, Schwäbisch Hall, Rottweil, Heilbronn, Schwäbisch Gmünd, Dinkelsbühl, Wimpfen, Donauwörth, Kaufbeuren, Weil, Kempten, Giengen, Bopfingen. D’une durée de 5 ans, elle impliquait une prestation de serment des protagonistes, mais aussi des avoués, agents, châteaux et villes soumis au comte. Cf. StAN, Amts- und Standbuch n°47, fol. 10v à 14v.

1061.

Dans le même temps, Augsbourg s’occupait des démarches directes auprès du comte palatin Albrecht.

1062.

Cf. StAN, Amts- und Standbuch n°47, fol. 12v

1063.

Cf. StAN, BB18, fol. 56 : lettre à Ulm, fol. 69 : lettre à Ulm

1064.

Les échevins des cours comtales de Westphalie avaient constitué une association secrète, la Feme, pour punir les « hommes nuisibles » à l’échelle de tout l’empire. Ils recrutèrent des affiliés dans tous les milieux et se chargèrent d’affaires qui n’étaient théoriquement pas de leur ressort. Au cours du XVe siècle, la Feme devint un véritable fléau pour les instances ordinaires, puisqu’à la moindre insatisfaction devant un jugement ou une procédure, les justiciables avaient appris à lui confier leur affaire.

1065.

Cf. UB Windsheim n°405. Ces émeutes sont probablement en lien avec le projet de moratoire des dettes contractées par les villes impériales auprès des Juifs. En 1385, 38 villes de la ligue urbaine souabe obtinrent du souverain le droit de procéder à ce moratoire.

1066.

Cf. Harro Blezinger, Der Schwäbische Städtebund in den Jahren 1438-1445, Stuttgart, 1954, p. 156

1067.

Le leitmotiv est le suivant : Si la noblesse et d’autres gens l’apprennent, cela provoquera de grands dommages pour les villes.

1068.

Cette ligue de Weinsberg vit le jour le 27 novembre 1420. Cf. RTA 15, p. 395. Rothenbourg y appartint, mais sans s’y impliquer. Cette union devait se porter garante du maintien de l’immédiateté impériale de Weinsberg, fortement menacée. La petite ville impériale souabe de Weinsberg connut de fait un sort chaotique. Elle reçut en 1428 le soutien d’une coalition de villes impériales pour faire front contre les attaques menées par Konrad von Weinsberg contre ses marchands. Sigismond régla le conflit au profit des villes en 1431. Mais en septembre 1440, Weinsberg subit à nouveau l’attaque de plusieurs chevaliers dirigés par Konrad von Bebenburg, puis tomba dans l’escarcelle du comte palatin Louis pour 3300 florins. Elle lui prêta serment et sortit ainsi du cercle des villes d’empire. Cf. RTA 15, n°197, p. 286-287 ; p. 398-399. Averties rapidement de l’événement, les villes de la ligue souabe abordèrent cette médiatisation lors de leur assemblée le 5 septembre. Mais elles menèrent peu de démarches concrètes pour libérer Weinsberg, avec laquelle elles n’avaient que peu de relations. Seules ses plus proches voisines, Heilbronn et Wimpfen, relancèrent la question. En 1444, Heilbronn proposa sans succès de collecter des fonds pour le racha de Weinsberg.

1069.

La ville impériale de Donauwörth était constamment menacée dans son immédiateté impériale par les ducs de Bavière. Elle avait une situation hautement stratégique et correspondait à un point de passage du Danube essentiel pour les routes commerciales vers le Sud. A ce titre, outre la défense de l’empire et des statuts urbains, les villes du « groupe inférieur » de la ligue avaient un intérêt tout particulier à la soutenir dans son combat. N’oublions pas non plus que la cité faisaient traditionnellement partie des « villes inférieures » de la ligue urbaine souabe.

1070.

Cet échec était déjà inscrit dans le texte même de l’union en 1453, puisque l’aide des villes envers Donauwörth ne devait pas se porter contre Frédéric III, l’évêque de Würzbourg, les comtes palatins et ducs de Bavière Frédéric et Philippe, les comtes de Würtemberg et Montbéliard et toutes les villes libres et impériales. L’union, d’une durée de 3 ans, prévoyait une aide en cas d’attaque ou de tentative de médiatisation de Donauwörth. Les mesures à prendre étaient définies dans le cadre d’assemblées et exécutées selon les contributions habituelles dans la ligue urbaine souabe. Les assemblées générales devaient se dérouler à Donauwörth et Nördlingen. Cf. StAN, Amts- und Standbuch n°47, fol. 45 et s. : texte de l’union de 1453. Au moment des concertations préalables, Nuremberg exprima en outre ses réticences à s’allier étroitement dans une ligue avec des villes qui venaient de passer un contrat de protection avec le margrave de Brandebourg.