En marge des grandes alliances

D’abord épaulées par l’empereur dans leurs alliances, puis « membres invités » de la ligue urbaine souabe, les villes impériales franconiennes créèrent aussi, en relais, leurs propres formes d’unions politiques intercommunales. Elles purent s’estimer aptes à leur donner vie sur la base des privilèges d’alliances amassés par chacune d’entre elles au cours du XIVe siècle et sous le règne de Sigismond.

Les Landfrieden et la ligue urbaine souabe n’étaient pas toujours en mesure de répondre aux souhaits et aux intérêts des villes impériales franconiennes. Une mise au ban de l’empire ou un conflit avec l’un des autres membres constituaient parfois un obstacle à l’entrée dans les voies intercommunales classiques. A défaut, certaines villes impériales franconiennesfondèrent leurs propres alliances. Celles-ci n’avaient ni l’étendue, ni la durée des unions de paix franconiennes ou souabes, mais reposaient sur le terrain solide du voisinage.

Rothenbourg mit au point cette nouvelle forme d’entente intercommunale le 10 novembre 1397 avec Schwäbisch Hall, puis le 1er décembre avec Windsheim 1071 , ses plus proches voisines impériales. Légitimée par la lutte contre les troubles et les pillages dans le pays, confortée par l’expression de sentiments d’amitié, de voisinage et de fraternité, l’accord politique avait de nombreuses implications. Le premier article rappelait les procédures judiciaires coutumières et réglait la coopération intercommunale si la justice venait à être bafouée. Lorsque quelqu’un voulait porter plainte contre une ville ou sa commune, il devait se contenter du règlement amiable proposé en présence de deux personnes du conseil. A défaut, l’affaire se traitait dans une ville impériale alliée en présence de 3, 5, 7 ou 9 personnes du conseil mis en cause. En cas d’échec, puisque leurs privilèges judiciaires étaient méprisés, les villes alliées tenaient le recours aux armes pour légitime.

Le réseau formé par les trois cités voisines avait une forte dimension militaire, inscrite dans la plupart des articles. Les affaires les plus coriaces réclamaient une aide réciproque avec 100 hommes armés, 20 artilleurs et au besoin un prêt d’engins de guerre. Les villes se dépouillaient pour leurs voisines de l’essentiel de leurs troupes, mais une clause leur permettaient de ne pas intervenir à plus de 10 Meilen de leurs murs, une distance dans laquelle s’inscrivaient de toute façon les trois accolytes 1072 .

L’alliance comportait une volonté offensive, les villes ne s’y contentaient pas de répliquer à des attaques jugées illégitimes. Les clauses laissent à penser, que dès le départ, les trois cités avaient envisagé de porter leurs alliances contre un ennemi commun. Elles poursuivaient une tactique qui s’était avérée payante dans la décennie précédente 1073 . D’un commun accord, Rothenbourg, Windsheim et Hall pouvaient orchestrer l’attaque de châteaux ou autres biens. Elles réglaient alors les frais à proportion des troupes engagées, mais devaient se répartir le butin, les prisonniers, les biens et les gains à égalité. L’entrée de Windsheim dans une union déjà constituée entre Hall et Rothenbourg amena quelques révisions de l’entente. L’alliance ne devait pas servir contre l’évêque Gerhard de Würzbourg et le burgrave Frédéric de Nuremberg 1074 , à moins que les villes ne « veuillent » entreprendre une telle bravade contre les deux sires territoriaux les plus puissants du secteur. Rothenbourg, placée au centre du périmètre intercommunal, veilla aussi à définir ses priorités, pour ne pas être tiraillée entre ses deux voisines. En cas d’appels à l’aide venus simultanément de Hall et de Windsheim, la fraternité envers Hall devait l’emporter. Les premiers accords intercommunaux scellés par Rothenbourg l’avaient été avec cette cité et pouvaient d’autant moins passer au second plan que les deux villes étaient liées par des territoires communs (Kirchberg et Ilshofen). On veilla en outre à ce que l’alliance intercommunale ne nuise pas à l’autorité des contractantes. Windsheim s’assura ainsi qu’en cas d’aide militaire de Rothenbourg, elle pourrait néanmoins juger selon sa justice les prisonniers capturés en commun.

Au terme de l’alliance entre Rothenbourg, Hall et Windsheim, la déposition de Wenceslas et l’élection de Ruprecht amenèrent une prorogation des accords, adaptés toutefois aux nouvelles circonstances 1075 . Le 1er mai 1401, les trois comparses doublèrent leurs soutiens réciproques d’une harmonisation de leur politique impériale pendant un délai d’un an. Dans l’intervalle, elles ne devaient prêter serment à un nouveau roi qu’en commun.

Quand l’union arriva à son terme au printemps 1402, Windsheim signifia sa volonté de reprendre sa liberté, en refusant son aide à Rothenbourg dans une Fehde contre Hilprant von Thüngen. Rageusement, le secrétaire municipal rothenbourgeois nota dans le livre de Fehde et Urfehde de la ville :

« et ils sont devenus infidèles et parjures envers nous, de telle sorte que nous devons nous en souvenir éternellement ».’

L’épisode ne mit cependant pas un terme aux relations de bon voisinage entre les deux cités franconiennes. La nécessité des alliances fut plus forte que le ressentiment éternel 1076 .

Dans un contexte de conflit avec les princes, les cinq villes impériales franconiennes s’étaient trouvées réunies dans un même front commun en 1385-1389 1077 au sein d’une ligue urbaine souabe triomphante. Sous l’égide du souverain, elles furent aussi réunies dans les institutions de paix régionales en 1377-1380, dans les années 1390-1397, puis entre 1404 et 1420.

Pourtant, dès les années 1420, alors même que chacune d’entre elles avait acquis des droits d’alliance, leur réunion au sein d’institutions communes devint plus difficile. Les plus petites d’entre elles avaient recherché, pour leur survie, des alliances avec les princes du voisinage et avait conclu avec eux des contrats de protection et de sécurité. Il devenait difficile de concilier les alliances des unes et des autres, vouées à des Schutz- und Schirmherren différents, parfois eux-mêmes en conflit. Dès 1423, Schweinfurt saisit en outre l’occasion fournie par Sigismond, pour substituer à ses alliances urbaines et impériales des unions politiques avec la chevalerie impériale franconienne. Elle persista dans ce type d’alliances au cours du XVe siècle et resta dès lors en marge des unions entre villes.

Des projets d’alliances intercommunales mariant toutes les villes impériales de Franconie furent néanmoins ébauchés. Posée par deux fois dans les années 1420, en réponse au souhait royal de Tierce Allemagne, la question d’un front urbain franconien revint en 1433. L’instant était propice. En effet l’union des villes impériales souabes arrivait parallèlement à échéance. Rothenbourg, qui y avait participé en 1427 et 1429 n’y avait pas trouvé entière satisfaction et hésitait à réintégrer le réseau politique souabe 1078 . A l’exception de Schweinfurt, mais avec le possible appui de quelques villes aux marges de la Souabe, les villes impériales franconiennes pouvaient envisager de recréer leurs alliances intercommunales du premier quart du XVe siècle. Il y eut quelques contacts et négociations. Mais, selon toute probabilité, la répartition des honneurs et fonctions communs firent achopper le projet d’union. Nuremberg revendiquait pour elle deux voix dans les instances de décision et une voix pour chacune des trois autres villes. Entre une alliance qui la ravalait au même rang que la petite ville impériale de Wissembourg, et la ligue urbaine souabe, qui lui offrait une considération supérieure à la cohorte des petites villes souabes, Rothenbourg opta en définitive pour la deuxième solution.

Une nouvelle forme de ligue apporta toutefois aux villes de l’espace souabe et franconien d’autres perspectives de rapprochement. L’institution politique ainsi fondée héritait à la fois des contrats de Landfrieden, de la ligue urbaine souabe et des accords de protection contractés à titre individuel entre une ville et un prince. On en trouve la première traduction en octobre 1416 au sud-ouest de la Franconie. Le 1er octobre 1416, les villes de Rothenbourg, de Nördlingen, de Dinkelsbühl, Wissembourg et Bopfingen conclurent une ligue de 5 ans avec le margrave de Brandebourg 1079 . Leur entente portait, comme les Landfrieden, sur une défense commune de la paix et une lutte concertée contre les attaques, pillages ou autres forfaits. Mais le Schutzherr n’intervenait pas par amour gratuit de la paix ; le margrave fit payer aux villes, pour le prix de sa protection, la somme rondelette de 1100 florins 1080 . En guise de remerciement, les villes impériales se trouvèrent impliquées en 1420 dans le premier grand conflit entre le margrave de Brandebourg et les ducs de Bavière 1081 . C’était désormais le prix à payer pour pouvoir malgré tout poursuivre une politique intercommunale. En effet, l’accord général conclu avec le margrave se doubla le 21 octobre 1416 d’une alliance strictement urbaine entre les villes membres 1082 . Toutes les villes participantes avaient été membres du quartier inférieur de la ligue urbaine souabe entre 1411 et 1415, mais ne s’étaient pas jointes aux « villes supérieures » pour un renouvellement de la ligue en avril 1416. Désormais, le quartier « inférieur » volait donc de ses propres ailes et agissait en son nom propre. Entre 1416 et 1421, les cités impériales concernées se réunirent de temps à autres et menèrent des démarches communes aux assemblées impériales ou princières 1083 .

Le bilan de cette première tentative fut suffisamment nuancé pour ne pas inviter ses protagonistes à renouveler l’expérience rapidement. Ce fut Nuremberg qui exhorta à un nouvel essai en 1451. Au cours de la guerre des villes en 1449-1450, malgré l’appui de Rothenbourg, Windsheim et Wissembourg, la capitale franconienne avait fait l’expérience du peu d’efficacité de la ligue urbaine souabe pour des querelles qui touchaient le sol franconien. C’est avant tout avec ses propres forces militaires qu’elle parvint à prendre le dessus dans son conflit contre le margrave de Brandebourg, en mars 1450. Au sortir de la guerre et à l’échéance de la ligue urbaine souabe, Nuremberg envisagea donc de créer un réseau urbain plus restreint, davantage centré sur la Franconie, et épaulé par des alliances princières. En octobre 1451, elle suggéra par lettre à Windsheim, Wissembourg, Rothenbourg et Hall de fonder une alliance, à l’échelle des « villes inférieures ». De ce projet résulta un contrat de 5 ans, conclu le 5 janvier 1452 entre Nuremberg, Nördlingen, Rothenbourg, Dinkelsbühl, Windsheim et Wissembour. Un secrétaire nurembergeois veilla à l’inscrire dans le livre des alliances de Nuremberg 1084 . L’union perpétuait les habitudes de coopération prises dans la grande ligue urbaine souabe 1085 et ses commissions locales, mais se tint à l’écart de la grande ligue pendant quelques années, avant de s’y rattacher à nouveau en 1455. L’accord de 1452 se présentait comme un contrat de paix destiné à l’intérêt du pays et des villes, en considération des atteintes subies sur les routes impériales et dans l’empire. Il comporta au final un volet urbain (05/01/1452) et un volet mixte, dont l’évêque Gotfried de Würzbourg et le comte palatin furent séparément les partenaires 1086 .

L’alliance intercommunale de 1452 prescrivait à ses protagonistes un échange d’informations indéfectible.

« Si l’une d’entre nous apprend ou est avertie de quelque chose que devrait savoir une ou des autres villes parmi nous ou qui leur serait particulièrement utile ou pourrait leur nuire, nous voulons et devons nous le communiquer et le faire savoir l’une à l’autre à nos frais communs sans faute ». ’

Les attaques physiques comme les entorses aux privilèges judiciaires des villes devaient en outre entraîner leur aide et conseil réciproques. A cet effet, les 6 villes adoptèrent des procédures déjà éprouvées par le passé dans la commission « inférieure » de la ligue urbaine souabe. C’est Nuremberg qui était donc à nouveau chargée du travail de convocation aux assemblées délibératives, appelées à siéger dans la ville la mieux située pour l’affaire traitée. La structure interne du conseil intercommunal obéissait à une organisation qui, tout en donnant une position renforcée à Nuremberg, pouvait laisser libre expression aux petites villes. Nuremberg avait ainsi trois voix et les cinq autres membres une chacune, les décisions étant prises « gemeinclich oder mit dem merern » (en commun ou à la majorité). De nombreuses clauses reprenaient des dispositions traditionnelles de la ligue urbaine souabe :

aide militaire des deux ou trois villes les plus proches en cas de siège imprévu contre l’une des membres

pas d’entreprises, de Fehde ou de réconciliations menées à l’initiative d’une seule, si ce n’est avec l’accord et l’ordre des autres villes. Faute de quoi, l’obligation d’aide reste caduque.

Soumission aux décisions du conseil intercommunal

Poursuite de l’aide au-delà de l’expiration de l’union pour les affaires commencées pendant sa durée.

Proscription des Pfahlbürger

Pas de sauf-conduit aux hommes nuisibles dans aucune des villes membres, si ce n’est pour des réunions d’arbitrage nécessaires.

Règlement des conflits internes entre villes devant le conseil intercommunal

Règlement des conflits entre leurs bourgeois respectifs devant les tribunaux ordinaires dont relèvent les accusés, selon les privilèges des villes.

Eviction « des anciennes affaires » commencées avant l’union, à l’exclusion des affaires traitées jusque-là au sein de la ligue urbaine souabe avec les « villes supérieures »

Avance des frais nécessaires par les villes concernées, puis répartition des coûts dans un délai de deux mois entre la totalité des membres, selon les quotités établies (nach Ordnung der Anzalen).

Les villes « inférieures » observèrent avec constance ces règles de fonctionnement entre 1452 et 1457. Après le couronnement de Frédéric III à Rome, elles se firent confirmer leurs privilèges en commun par le nouvel empereur. Au vu du Briefbuch 26, Nuremberg effectuait sans failles son travail d’informatrice, communiquant à ses alliées des rumeurs sur les mouvements de troupes dans le pays, de même que les dernières nouvelles sur les offensives turques 1087 . Une fois les liens avec la grande ligue urbaine souabe renoués, la capitale franconienne assuma aussi à plusieurs reprises la représentation de Wissembourg à l’assemblée générale d’Ulm :

« Vous (ewr liebe) nous avez écrit à propos de l’article qui a été établi pour l’assemblée à Ulm, en nous recommandant votre voix pour ce même article etc. Même si nous préférerions que votre délégation aille elle-même à l’assemblée, mais en considération du motif que vous évoquez dans votre lettre, nous voulons bien recommander à notre délégation de répondre pour vous et de peser le meilleur en votre nom dans vos affaires et lui demander de verser en votre nom l’argent que vous nous avez envoyé et dont vous êtes redevables dans les comptes. A propos de l’argent appartenant à vos soldats, nous supposons, que, comme les affaires sont réglées d’après ce que nous savons, les vôtres et les nôtres sont maintenant sur le chemin du retour et nous ne doutons pas que les nôtres n’ont pas négligé l’entretien des vôtres si cela leur était nécessaire… » 1088 . ’

L’aide militaire, diplomatique et judiciaire fonctionnait à l’avenant. En proie à des Fehde, Rothenbourg reçut en 1455/1457 des apports de troupes venus de Nuremberg comme de Windsheim 1089 . Face aux attaques de quelques chevaliers, les « villes de l’union de Franconie » répondaient comme un seul homme :

« Heinz von Kindsberg zu Wernstein et Heinz von Kindsberg zum Berge nous ont fait savoir qu’ils avaient été sollicités il y a quelque temps pour une chevauchée par Heinz von Bibra, mais il ne leur avait pas dit alors contre qui cette chevauchée était destinée. Ils ont alors prêté certains de leurs valets pour cette même chevauchée alors qu’ils ne savaient rien et ont servi ledit sire de Bibra, comme un honnête homme a l’habitude de le faire, et comme il est habituel et coutumier parmi la noblesse. Mais on vient de leur rapporter qu’ils seraient à cause de cela en insécurité (unsicher vor uns) vis-à-vis de nous, quand bien même ils n’ont rien fait contre nous et ils demandent de les laisser hors de cause pour cela, étant donné leur innocence (ungeverlicheit) en la matière. Dans la mesure où nous avions appris que cette affaire vous concerne, nous leur avons répondu que nous étions avec vous en entente amicale et qu’il ne nous appartenait pas de répondre pour ces choses dans votre dos et que nous voulions soumettre l’affaire à votre sagesse. Nous transmettrons au susdit Heinz von Kindsberg la réponse que vous nous ferez, pour cette raison, votre honneur voudra bien nous faire connaître sa réponse, à savoir si vous voulez laisser hors de cause les susdits de Kindsberg pour ce fait. Veuillez nous dire votre avis à ce propos pour que nous puissions ensuite faire notre réponse » 1090 . ’

Les protagonistes de l’union intercommunale ne ménageaient pas davantage leurs efforts pour réconcilier l’un des membres avec ses ennemis. Le prêt de conseillers pour des commissions d’arbitrage allait bon train. Début novembre 1455, le conseiller nurembergeois Anthon Tucher fut ainsi dépêché à Nördlingen afin d’assister le conseil de Nördlingen dans un litige avec le « comte Ulrich » :

« Nous pensons que tu dois te rendre seul en notre nom auprès de la délégation de ceux de Nördlingen par amour pour eux et selon leur volonté pour le jour et dans le lieu qui sont fixés dans leur lettre susdite, afin d’être auprès de leur délégation et de leur prêter fidèle assistance dans leurs affaires. Fais zèle en la matière, en cela tu feras notre bon plaisir » 1091

Environ 6 mois plus tard, une autre affaire concernant Nördlingen et le comte Conrad de Helfenstein, revint cette fois à la charge de délégués de Rothenbourg et de Windsheim.

« Cette affaire a été confiée lors de la dernière assemblée à vos et nos bons amis de Rothenbourg et de Windsheim, de sorte que nous devons nous en remettre à eux. Nous avons noté qu’ils ne se sont pas épargné la peine, car ils n’ont pu le trouver quand bien même ils ont envoyé les leurs à plusieurs endroits. Cependant, nous avons appris qu’il doit venir bientôt dans notre ville chez nous, nous voulons alors, selon votre volonté, ne pas épargner nos efforts et parler avec lui de votre avis et réclamer de sa part une réponse » 1092 . ’

En dépit du bon fonctionnement intercommunal en 1452-1457, l’entente des villes n’eut pas de lendemains à l’issue de l’union. L’affiliation aux princes donna lieu entre elles à des divergences de vue, alors que les relations s’étaient envenimées entre le margrave Achilles de Brandebourg et les Wittelsbach. Il ne s’agissait plus de savoir si les villes impériales franconiennes devaient s’allier, mais de s’entendre sur l’identité du prince le plus secourable. Devant une offre d’alliance venue du margrave de Brandebourg, l’unanimité des cités « inférieures » se brisa. Nuremberg ne voulut pas même envisager une union avec son ennemi héréditaire et parvint à dissuader Wissembourg de s’y prêter 1093 . Du groupe intercommunal de 1452, il ne resta en définitive plus que Rothenbourg, Dinkelsbühl et Windsheim pour s’unir avec le margrave de Brandebourg en octobre 1457. Le contrat de 3 ans incluait à nouveau une double alliance ; d’un côté, les trois villes s’unirent entre elles, de l’autre, leur ligue s’allia au margrave. Le prix de cette alliance fut assez élevé. Outre les 400 florins dus annuellement contre la protection princière, la contribution militaire des villes s’alourdit 1094 dès l’ouverture de la guerre entre les Hohenzollern et les Wittelsbach en 1460 1095 . Rothenbourg sut tirer son épingle du jeu et obtenir un règlement de ses conflits judiciaires avec le margrave. Mais ses partenaires urbains furent beaucoup moins payées de retour ; leur union ne fut donc pas reconduite.

A l’issue du conflit princier de 1458-1463, Frédéric III avait pu prendre la mesure des réseaux politiques parfois contraires, tissés ça et là par les villes impériales. Il intima au moins au plus petites d’entre elles, comme Schweinfurt et Windsheim, de ne plus « s’intégrer avec personne dans quelque alliance que ce soit » (mit niemand in einige Bündnus einzulassen). La même année 1463, les Nurembergeois firent inscrire sur parchemin, en lettres dorées et en vers, une règle d’or des Anciens, qui devait dicter les actions des futurs conseillers. Elle fustigeait, entre autres, l’inefficacité pour Nuremberg des alliances avec les princes et les villes souabes et invitait les générations futures à s’en souvenir éternellement 1096 . Cela ne sonna pas pour autant le glas des unions intercommunales franconiennes. Elles cessèrent de regarder vers la Souabe et se replièrent simplement sur des réseaux, moins étendus, mais aussi plus efficaces et éprouvés, appuyés sur le voisinage.

La nouvelle entente intercommunale que Nuremberg conclut en 1466 se restreignit à deux de ses plus fidèles alliées et voisines, les petites villes de Windsheim et Wissembourg 1097 . Certaines clauses reprenaient mot pour mot les dispositions de la ligue urbaine souabe, mais l’accord affirmait son originalité. On avait fait le tri dans les articles, restreints à l’essentiel. En tête de leurs préoccupations intercommunales, Nuremberg, Windsheim et Wissembourg plaçaient l’échange d’informations. Elles inscrivirent dans leur Bundbrief la nécessité d’une communication « aux frais communs, sans faute et sans réserve, de jour comme de nuit ». Les attaques, les atteintes aux privilèges, à commencer par les entorses aux libertés judiciaires urbaines, appelaient une délibération et une démarche communes :

« la ville parmi nous que cela concerne doit et peut l’annoncer aux autres villes et leur demander d’envoyer leur honorable délégation pour cela à Nurembergeois, afin d’y présenter ces mêmes affaires, et les honorables délégués qui auront entendu ces mêmes affaires doivent alors siéger, reconnaître et conseiller ce qui est à faire en terme d’aide ou autre et ce qu’ils auront reconnu et conseillé à ce sujet, nous devons le faire et l’exécuter avec obéissance et dévouement, fidèlement et sans réserve »’

L’aide se voulait judiciaire, financière ou militaire, elle entraînait au besoin le prêt d’engins de guerre.

Le partage des voix dans le conseil intercommunal, de même que la répartition des frais rompaient avec les traditions souabes. On renoua avec les alliances urbaines franconiennes du XIVe siècle, fortement hiérarchiques, où Nuremberg détenait le rôle majeur. Les décisions ne s’entendaient qu’à la stricte majorité, et ne faisaient plus de concessions à la communauté 1098 . Le principe d’Obrigkeit (autorité) l’emportait, tant dans les relations entre villes qu’à l’égard des populations urbaines soumises à l’intercommunalité. « Les bourgmestres et petits conseils » de Nuremberg, Windsheim et Wissembourg endossaient seuls la responsabilité de l’accord.

Nuremberg, siège des assemblées urbaines, devait disposer de la moitié des voix, « et nous susdits de Windsheim et de Wissembourg » également de la moitié des voix. S’il arrivait que les honorables représentants de nos susdites villes ne puissent pas s’unir, ni dégager une majorité sur une question dont ils doivent délibérer, nous de Nuremberg, nous devons nommer en plus un membre quelconque de notre conseil auprès de notre représentant et de ceux de Windsheim et Wissembourg qui auront été désignés pour cela, et on devra en rester à ce qui sera alors décidé par tous à la majorité d’entre eux et nous devons alors toutes l’exécuter et y faire satisfaction ». Conformément à sa position dominante dans l’institution commune, Nuremberg participait à l’essentiel des frais. Sur 15 Pfennig, elle avait promis d’en acquitter 10,5 ; Windsheim 2,5 et Wissembourg, 2, soit respectivement 70%, 16,7% et 13,3%.

L’alliance intercommunale des trois villes franconiennes fut reconduite dans les années 1470. Les missives de 1479 dévoilent les étapes successives d’une élaboration, devenue presque routinière 1099 .

Lettre de Nuremberg à Windsheim (18/03/1479) :

« Nous avons bien reçu votre lettre et avis au sujet de la prolongation de notre union amicale et nous vous en remercions avec grand plaisir. Dans la mesure où nous observons des mouvements de troupes incertains, nous sommes nous aussi enclins à votre demande et nous voulons bientôt poursuivre les négociations chez vous pour l’accomplissement et la conclusion de ces choses. »’

Lettre de Nuremberg à Wissembourg (03/04/1479) :

« Nous avons bien pris connaissance de votre réponse, suite à notre lettre au sujet de l’union etc. Et s’il vous convient de prolonger de trois ans l’ancienne union où nous étions jusque-là liées les uns aux autres, comme nos amis de Windsheim l’ont fait et ont reçu ensuite nos serments, vous pouvez nous en informer. Nous établirons alors les lettres à ce sujet afin de vous les faire envoyer pour les sceller. Et quand vos conseillers viendront chez nous pour d’autres affaires, vous pourrez recevoir nos serments de recommandation. De même quand nous enverrons nos conseillers chez vous, nous leur recommanderons de recevoir vos serments… »’

Lettre de Nuremberg à Wissembourg (15/05/1479) :

« Chers amis, nous vous envoyons par la présente trois lettres de même teneur, contenant l’union de nos bons amis de Windsheim, de vous et de nous, qui ont été scellées, comme vous le constaterez, par nos susdits bons amis de Windsheim et par nous. Vous voudrez bien aussi les sceller et en conserver une chez vous et nous renvoyer les deux autres lettres scellées par ce messager… ».’

En proie à un très lourd endettement, soumise pour son redressement à une commission impériale confiée à Ulm, Dinkelsbühl, Windsheim et Nuremberg, Wissembourg renonça sans doute à cette époque à ses « anciennes » unions. Dès 1482, Nuremberg eut donc pour seule partenaire la ville impériale de Windsheim. De reconductions littérales en aménagements 1100 , dix unions entre les deux villes se succédèrent entre 1482 et 1521. Nuremberg y prit à sa charge la part des frais qu’assumait auparavant la ville de Wissembourg. De 1482 à 1506, la quotité de Windsheim resta donc identique à ce qu’elle était dans l’union franconienne tripartite : 2,5 Pfennig sur un total de 15, soit 16,6% 1101 , tandis que Nuremberg payait les 83,4% restants. Alors qu’au XIVe siècle, Nuremberg n’assumait que 38% des coûts intercommunaux dans les unions franconiennes, elle en était donc réduite au XVIe siècle à prendre à sa charge l’essentiel de la défense militaire et des frais communs. Le maintien de ses unions avec Windsheim ne laisse pas de surprendre. Mais même le faible secours qu’offrait cette association politique semblait toujours bon à prendre. Nuremberg y trouvait au moins un réseau d’information fiable, plus sûr et moins coûteux que le recrutement d’espions mobiles, pour l’avertir des mouvements suspects sur des routes vitales à son commerce. Pour ce qui était de mener une politique impériale, de parlementer avec les princes, il existait désormais le corps des villes impériales et la ligue soube, réunis lors d’assemblées générales et liés de façon informelle par un échange de courrier entre les « capitales régionales ».

Comme les montrent les échanges avec Rothenbourg, au début du XVIe siècle 1102 , la conversation entre les villes impériales franconiennes n’en était pas pour autant rompue. Elle continuait à fonctionner sur la base des accords passés et de « l’amitié » contractée au fil des années. L’obligation de service était tout juste moins contraignante et obligatoire.

Le suivi des unions intercommunales franconiennes montre en suffisance combien les cités impériales étaient prises dans des réseaux, voire dans un enchevêtrement de réseaux 1103 . Ils durent beaucoup en Franconie aux droits concédés par les souverains au fil du XIVe siècle et prorogèrent dans une certaine mesure les anciennes structures de l’administration royale. Ces réseaux intercommunaux se superposaient rarement, mais se succédaient, en dessinant des constellations changeantes, plus ou moins étendues. Les coopérations larges n’eurent souvent qu’une durée de vie limitée, réduite à des circonstances de crise politique régionale. A défaut, l’intercommunalité des « villes inférieures » de la ligue urbaine souabe fut longtemps un réseau très efficace, qui faisait fi des frontières régionales. Quand un consensus de large envergure ne pouvait être trouvé, les associations de voisinage, entre trois ou quatre villes, formaient, dans le pire des cas, une solution secourable. En tout cas, que ce fût dans des alliances interurbaines ou dans des alliances mixtes avec la chevalerie ou les princes, il n’était pas de ville impériale franconienne qui put se passer de la « douceur d’être inclus ». L’isolement diplomatique en ses remparts n’était pas de mise, même pour la puissante Nuremberg.

Ces réseaux intercommunaux à géométrie et à nature variables répondaient à des motivations multiples. Comme dans les formes actuelles de l’intercommunalité, les questions de politique générale s’y mêlaient à des préoccupations locales et à des soucis de hiérarchies, d’honneurs et de rangs. Les structures intercommunales mises en place étaient quant à elles très souples et peu matérialisées dans l’espace. Elles consistaient surtout en des réunions, des troupes et des prêts de conseillers ; elles n’appelaient pas de grandes réalisations, visibles de tous. S’il y avaient quelques lieux de prédilection pour les assemblées générales, la nécessité pouvait commander des réunions en d’autres villes. Pour ces conseils communs, aucuns frais de grande envergure n’avaient été engagés. On se réunissait à l’hôtel-de-ville de l’hôte du moment, à l’heure du conseil, après s’être retrouvé dès la veille dans les auberges de la cité. Afin de limiter les frais, les troupes communes agissaient le plus souvent pour une durée définie, puis rentraient dans leurs villes respectives. Seule la recrudescence des attaques sur les routes conduisit parfois à mettre en place des escadrons permanents, chargés de la « guerre quotidienne ». Cette absence de visibilité dans l’espace a sans doute nui à la réputation de l’intercommunalité médiévale. Peut-on cependant douter de son effectivité, de son efficacité et de sa nécessité, en voyant des contrats réitérés d’année en année et recherchés à la moindre échéance ? Au-delà des assemblées générales et des troupes, la coopération intercommunale était souvent dans la tête des conseillers, qui, en s’écrivant, se répétaient constamment les termes de leurs engagements et donnaient à voir le réseau de leurs associés.

« La précision scientifique des calculs
N’est pas à l’abri
D’un très imperceptible
Haussement d’épaules
D’un très fugace clin d’œil »
A. Verdet, L’obscur et l’ouvert

Notes
1071.

Cf. UB Windsheim n° 682, 683, 684

1072.

Schwäbisch Hall et Bad Windsheim, les villes les plus éloignées, sont environ à 10 Meilen l’une de l’autre (près de 70 km). Les deux villes se devaient une aide militaire réciproque.

1073.

Ces villes avaient alors combattu ensemble les comtes de Hohenlohe, voisins de leurs territoires, et surent profiter de leur affaiblissement pour obtenir le château de Kirchberg et ses dépendances. Les villes de Rothenbourg, Hall et Dinkelsbühl en gardèrent la gestion commune dès les années 1390. Les accords intercommunaux de 1397 conservèrent cette tactique payante

1074.

L’accord initial établissait déjà que l’entente intercommunale ne devait pas nuire aux droits de l’empire et à la perception de ses rentes.

1075.

Cf. StAN, Rst Rothenburg 1 ; RTA IV 293 n°249

1076.

L’alliance se prolongea par contre au-delà de son terme du 30 avril 1402 entre Rothenbourg et Schwäbisch Hall. Les deux villes agissent en commun jusqu’en septembre 1402. Elles reçoivent des invitations communes à l’assemblée urbaine et princière de Nuremberg d’août-septembre 1402. Cf. RTA V, p. 305 n°225 ; p. 380 n°277 ; p. 429 n°324. Cf. Ludwig Schnurrer, « Rothenburg im schwäbischen Städtebund », Esslinger Studien. Jahrbuch für die Geschichte der oberdeutschen Reichsstädte 15-17 (1968)

1077.

A l’exception de Schweinfurt, ce front commun des villes impériales franconiennes se reforma en 1444-1450, au sein de la ligue urbaine souabe, pour mieux lutter contre l’appétit territorial des margraves de Brandebourg.

1078.

Cf. RTA 11, n°92, p.203. Le projet d’alliance est évoqué dans une lettre du conseil de Nuremberg au conseiller Stephan Coler (26/11/1433), avant qu’il ne se rende à Bâle auprès de l’empereur. Cf. StAN, BB10, fol. 207v-271 et 272-273v.

1079.

Cf. Monumenta Zollerana 7, p. 426 n°559. Voir aussi Ludwig Schnurrer, « Rothenburg im schwäbischen Städtebund », Esslinger Studien. Jahrbuch für die Geschichte der oberdeutschen Reichsstädte 15-17 (1968) ; Gerhard Pfeiffer, Weissenburg als Reichsstadt, Würzbourg, 1968

1080.

Sur cette somme versée en commun par les villes, Rothenbourg fournit à elle seule 428 florins. Cf. Monumenta Zollerana 7, p. 444 n°578, quittances pour les années 1417-1420. La somme globale fut collectée annuellement à Rothenbourg et versée au nom des 5 villes.

1081.

Ce conflit résulta d’un litige familial au sein de la maison Wittelsbach entre le duc Louis d’Ingolstadt et le duc Heinrich de Landshut, beau-frère du margrave de Brandebourg. Leur Fehde amena la destruction du château burgravial de Nuremberg par Louis de Bavière (Ludwig der Bärtige) en 1420, facilitant ainsi son acquisition par Nuremberg en 1427. Donauwörth, engagée depuis 1376 à la lignée bavaroise d’Ingolstadt put profiter de ces querelles princières, pour se libérer de la tutelle bavaroise.

1082.

Cf. Harro Blezinger, Der Schwäbische Städtebund in den Jahren 1438-1445, Stuttgart, 1954, p. 135. La date donnée par l’auteur (21/10/1417) serait donc à corriger.

1083.

Cf. RTA VIII p. 13, n°8 ; p. 60 et s. n°47, 49 ; RTA VIII, p. 44, n°37 ; p. 87, n°75-76. La consultation des livres de missives de Nördlingen pendant cette même période apporterait sans doute plus de précisions sur leurs démarches quotidiennes. En octobre 1421, quand le contrat arriva à échéance, Nördlingen, Dinkelsbühl et Bopfingen réintégrèrent la ligue urbaine souabe. Elles eurent néanmoins à porter leur aide au margrave jusqu’à ce que les affaires commencées entre 1416 et 1421 ne soient réglées définitivement.

1084.

Cf. StAN, Amts- und Standbuch n°47, fol. 19 et s. : Nota die Eynung zwischen Nuremberg, Nördlingen, Rotemburg, Dinckelspuhel, Windsheim und Weyssemburg für sich selbs. Cf. annexes

1085.

Cf. StAN, BB 22, fol. 34v (10/10/1451) ; puis fol. 70 et s. (08/10/1451

1086.

Cf. StAN, Amts- und Standbuch n°47, fol. 21 à 31 : contrat avec le comte palatin Frédéric ; fol. 31v et s. : contrat de l’évêque de Würzbourg avec les 6 villes de l’union en Franconie (mercredi avant le jour de la Saint Jean, au coucher du soleil, 1452).

Ces deux contrats sont assez proches par leur contenu. Ils rappellent les unions conclues au sein de la grande ligue urbaine souabe, avec les mêmes forces princières, en 1446. Parmi les clauses de ces accords entre villes impériales et princes, figure au premier chef la renonciation à l’usage des Fehde et aux attaques réciproques, au profit de réunions d’arbitrages. Les princes s’engageaient aussi à assurer sur leurs terres le transit des citadins, de leurs biens et avoirs, en toute sécurité.

Ces unions conduisaient les villes de l’union à recourir fréquemment aux princes alliés pour les arbitrages et instances judiciaires destinées au traitement des Fehde. L’évêque de Würzbourg comme le comte palatin offraient pour les villes impériales franconiennes une protection et un contrepoids face aux margraves de Brandebourg, que ces princes avaient eux-mêmes intérêt à freiner dans leurs entreprises territoriales. Les deux alliés princiers des villes impériales franconiennes furent peu exigeants. Autant qu’il y paraisse, le comte palatin n’eut recours au renfort de troupes urbaines qu’une fois, en été 1455 contre le duc Louis de Bavière, comte de Veldenz. Les villes participèrent alors au siège et à la prise de Bergzabern.


 

1087.

Cf. BB 26, fol. 10, 12, 12v, 196v : journal sur le siège de Belgrade (Grieschichen Weissemburg) par les Turcs)

1088.

Cf. StAN, BB26, fol. 12v (11/10/1455), lettre à Wissembourg.

1089.

Cf. StAN, BB26, fol. 24v (31/10/1455) : lettre de Nuremberg à Rothenbourg : « Nous avons reçu et bien pris note de deux de vos lettres, l’une à propos du contingent qui est posté chez vous, l’autre à propos de l’état de quelque rassemblement et avertissement concernant l’une de nos places fortes en Franconie et nous vous remercions de ces avertissement et annonce amicale, en espérant pouvoir vous rendre amiablement la pareille dans cette affaire et d’autres. Au sujet du contingent, votre sagesse voudra bien noter que, dans la mesure où la majorité parmi les délégués des villes qui étaient rassemblés ici, a décidé de le laisser chez vous jusqu’à la saint Martin prochain, nous avons écrit à Stubich, notre agent, d’agir ainsi, comme vous l’avez appris plus clairement par le procès-verbal que vous a transmis votre honorable délégué, nous en sommes sûrs… »

1090.

Cf. StAN, BB26, fol. 104, lettre de Nuremberg à Rothenbourg (11/03/1456)

1091.

Cf. StAN, BB26, fol. 26, lettre de Nuremberg à Anthon Tucher, conseiller de Nuremberg (04/11/1455)

1092.

Cf. StAN, BB26, fol. 157v, lettre de Nuremberg à Nördlingen (04/06/1456)

1093.

Cf. StAN, Ratsbuch 1b, fol. 328. En décembre 1457, le conseil nurembergeois précise : « wan sich die fürsten nit von unsers, sonder michel mer umb irs nutz und frömens willen zu uns in einung und vertrag geben », il serait préférable « sich zu drücken, zu smücken, und zu smiegen und zu überhörn und zu übersehen ». Même un dégât corporel « möcht nach vernunft gewogen nicht so swer zu achten sein als mit den fursten in einung zu komen ».

1094.

Rothenbourg dépense, pour la seule année 1460, 1650 florins au titre de l’aide militaire aux Hohenzollern. Cf. Ludwig Schnurrer, « Rothenburg im schwäbischen Städtebund », Esslinger Studien. Jahrbuch für die Geschichte der oberdeutschen Reichsstädte 15-17 (1968). La ville de Rothenbourg fut cependant payée de ses efforts par le margrave de Brandebourg. En octobre 1460, ce dernier mit un terme judiciaire à leurs différends au sujet des compétences du Landgericht. Il confirma aussi les possessions territoriales de la ville et promit de respecter les libertés de la cité. Satisfaite des résultats de cette alliance, Rothenbourg la prolongea en 1460, puis régulièrement jusqu’au XVIe siècle.

1095.

Les conflits d’intérêts croissants entre Wittelsbach et Hohenzollern s’aggravèrent dès 1458 avec la prise de Donauwörth par le duc Louis de Bavière-Landshut. Par le jeu de leurs alliances, le comte palatin Frédéric et les évêques de Bamberg et Würzbourg se portèrent à ses côtés. L’empereur Frédéric III prononça la mise au ban de l’empire contre le duc Louis et en confia l’exécution au margrave de Brandebourg et au duc Guillaume de Saxe. Ces derniers reçurent l’appui du comte Ulrich de Württemberg et de l’évêque d’Eichstätt. Cf. Francis Rapp, Les origines médiévales de l’Allemagne moderne, Paris : Aubier, 1989, p. 115 et s. En dépit de l’atteinte portée à l’une d’entre elles, les villes impériales des environs s’efforcèrent d’être mêlées le moins possible au conflit (qui devient une guerre impériale en 1461-1463). Quand Frédéric III apporta son soutien aux Hohenzollern, Nuremberg obtint par privilège l’exemption de toute prestation militaire, et put ainsi préserver sa neutralité, tout en gardant une sympathie appuyée pour les Wittelsbach. Schweinfurt fit valoir quant à elle l’union contractée avec la chevalerie franconienne le 31 juillet 1459 pour se tenir autant que possible hors du conflit. Cf. Friedrich Stein (éd.), Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, n°331

1096.

Cf. StAN, Amts- und Standbuch n°347 : « Nach christi gepurt tausent vierhundert LXIII Jar / sint die eltern herren gewelt zu der zeyt für war / mit namen herr Niclas Muffel der obersten hauptmann eyner/ herr hans Coler ist auch gewelen sein gemeyner / der dritt hauptamm ist herr Jobst Tetzel genannt / Herr Berthold Pfinzing der eltern herrn eyner bekant / Herr Anthoni Tucher ist auch gewelenn elter her / Der sechst ist genant her Mertein Holtschuher / Die haben drew stuck wol erwegen und ermessen / die unser nachkomen nymmer sullen vergessen / die auch gar wol sind in gutter Acht zu haben / Und einzuschreyben mit guldein püchstabenn / Zu dem ersten nach dem man sich zu zeyten hat vertragen / mit ettliche fürsten auch schwebisch Steten puntnuss zu haben / der sie sich denn gegen uns zu halten hetten vermessen / und doch ir brief und sigel darinnen pflegen vergessen / Des wir dann erlytten haben mit cleine verderben schwer / Das ander ist das wir uns mit keinen fürsten mer / zu müntzen nymmer mer verschreyben noch vertragen / Anders den, das wir die allein hie zu müntzen haben / sol die Müntz annders beleybenn unverletztt / dann sy der ankorn und auffzal haben abgesetzt. : Zu dem dritten ist auch wol zu bedencken Eben / Fürbas kein leybding mer auf zweien leib zu geben / Dann was man davon mer denn auff eyner leib hat eyngenomen / Das ist man mer denn zu vierfelttigen schaden komen/

1097.

Cf. StAN, Amts- und Standbuch 47, fol. 60-60v. Voir en annexe. L’union intercommunale se doublait d’une alliance des trois villes avec l’archevêque de Mayence. L’union avait une validité de trois ans.

1098.

Rappelons la formule employée dans les textes d’unions urbaines souabes : « gemeinclich oder mit den merern ».

1099.

Cf. StAN, BB 36, fol.153v, 160, 166v

1100.

Cf. StAN, Amts- und Standbuch 47, fol. 73-73v. Voir en annexe. En 1494-1506, Windsheim fit ajouter une clause lui permettant de conclure un contrat de protection avec la maison de Bavière. A partir de 1502, l’union a une validité de quatre ans au lieu de trois, mais on s’efforce de lui conserver un rythme rituel. Elle fut la plupart du temps reconduite le jour de la saint Michel. Les années de renouvellement sont : 1491, 1494, 1497, 1500, 1502, 1506, 1510, 1515, 1521.

1101.

L’union de 1482 entre Nuremberg et Windsheim prévoit que sur 15 Pfennig, Nuremberg doit en verser 12,5 et Windsheim 2,5. La prestation de Windsheim est réduite en 1506. Elle se restreint alors à 1 pfennig pour 15, soit 6,7% du total des frais. Nuremberg assumait du coup 14 pfennig sur 15, soit 93,3% des frais.

1102.

Voir Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbücher B216, B217, B219…

1103.

Le terme allemand « Verflechtungen » traduit d’emblée cette superposition de réseaux, formant une véritable trame étendue sur le pays.