Amis pour toujours et amis de passage

Qu’il s’agisse de Nuremberg, de Bâle ou de Rothenbourg, au sein des correspondances interurbaines, la disparité du nombre de lettres échangées est telle d’une ville à l’autre qu’il convient de faire le partage entre les partenaires occasionnelles et les amies fidèles. A titre d’exemple, sur les 32 villes qui reçurent en 1410 des lettres bâloises, seules 7 réceptionnèrent plus d’un pli. En 1405, sur les 32 correspondantes amies de Nuremberg, seules 14 firent l’objet d’au moins deux lettres.

« Amies » destinataires Nombre de lettres envoyées par Nuremberg en 1405
Rothenbourg 11
Wissembourg 7 (+1 barrée)
Landshut 7
Augsbourg 6
Ulm 4 (+ 2 barrées)
Schweinfurt 4
Eger 3 (+ 1 barrée)
Windsheim 3
Francfort 3
Würzbourg 2
Neumarkt 2
Munich 2
Erfurt 2
Elbogen 2

Ainsi un véritable échange ne naissait dans l’année qu’avec la moitié des correspondantes « amies ». Le reste n’était que contact épistolaire fortuit ou de circonstance.

La même irrégularité s’observe dans le temps, sur la longue durée. Sur les 16 années étudiées, 188 communautés, de la ville à la bourgade, se trouvent concernées par les correspondances nurembergeoises. Mais 88 ne sont contactées qu’à titre exceptionnel, une année sur l’ensemble 1151 .

Peu de localités figurent chaque année dans les correspondances 1152 . Les élues, les « amies de toujours », ne représentent que 1,6% de l’ensemble des localités contactées. Elles ne sont finalement que trois à être au rendez-vous chaque année : Rothenbourg, Wissembourg et Windsheim, toutes franconiennes et impériales. La dernière ville impériale franconienne, Schweinfurt, vient juste derrière, au même titre que la souabe Ulm.

Les « amies de passage », qui n’entrent en contact avec Nuremberg qu’une année ou deux sur 16, n’étaient pas forcément des inconnues aux yeux du conseil nurembergeois. On y retrouve des villes avec lesquelles Nuremberg avaient des libertés douanières, comme Anvers, des lieux où les marchands nurembergeois pratiquaient le commerce de gros comme Chemnitz ou des villes seigneuriales franconiennes comme Bischofsheim. Les autorités de ces cités et Nuremberg n’entraient pourtant que rarement en contact direct, elles ne coopéraient pas de façon suivie. Il leur fallait une occasion particulière pour reprendre contact. Un démêlé entre leurs bourgeois respectifs, une attaque contre certains de leurs marchands, un problème lié au comportement d’un de leurs ressortissants, le non-respect d’une liberté douanière… justifiaient ces contacts sporadiques. Les relations de Nuremberg avec une majorité de villes se vivaient largement sur le mode de l’occasionnel, tant au travers des registres de lettres reçues que des registres de lettres envoyées.

Notes
1151.

Ce trait est particulièrement flagrant dans les relations épistolaires de Nuremberg. Plus resserré au départ, le cercle des correspondantes de Rothenbourg est moins touché par le phénomène de dispersion : la plupart de ses destinataires amies se maintiennent d’année en année. Elles constituent des amies fidèles et non des amies de passage.

1152.

Voir les listes de destinataires « amis » en annexe, année par année.