« Omnium habere memoriam divinum est pocius quam humanum ; necesse est ut statuta sive statuenda scripture testimonio commendentur, ne a memoria hominum recedant penitus et evanescant » (Introduction de l’Achtbuch I de 1285-1337 -Nuremberg)
Au gré des pages des Briefbücher et des lettres entre villes défilent les sujets de préoccupations qui faisaient le cœur des relations interurbaines. Beaucoup des thèmes abordés par les villes se retrouvaient dans les discussions menées au sein des institutions politiques. Mais les livres de correspondance offrent un champ de vision plus vaste. Qu’on n’attende pas pour autant dans ce qui suit un tableau exhaustif des coopérations intercommunales. Les thèmes abordés sont si nombreux qu’il est ardu d’en faire le tour et d’en donner une image respectueuse de leur importance respective. Les choix opérés dans la tenue des registres épistolaires, tout autant que le contexte, suffisent à infléchir le regard porté sur les motifs de l’intercommunalité.
Le Missivenbuch de Rothenbourg range ainsi au rang des préoccupations interurbaines l’approvisionnement et la vente des céréales. En 1501, face à de mauvaises récoltes et une pénurie de grain dans toute la contrée, Rothenbourg interdit l’exportation des céréales panifiables et dut « geler » les commandes passées par des boulangers de Cregligen. Confrontée aux revendications de ces derniers et du margrave de Brandebourg, Rothenbourg en avertit Dinkelsbühl, demandant une harmonisation de leurs positions sur ce point 1166 . Les Briefbücher de Nuremberg, dans la limite des lettres dépouillées, n’affichent pas ce genre de préoccupations. Est-ce à dire que des concertations économiques de même nature n’existaient pas entre Nuremberg et les villes des environs ? Assurément pas. Mais la gestion de ces problèmes intercommunaux relevait à Nuremberg des Kornmeister et de leur correspondance particulière. Elle était aussi inhérente aux années de mauvaises récoltes et d’inflation.
Opérer une partition des lettres entre les différents domaines de l’intercommunalité est tout aussi difficile. Les domaines « économiques », « juridiques », « financiers » sont une vue de l’esprit par trop contemporaine, qui s’adapte mal à ce que laissent entrevoir les lettres municipales. Dans les missives, le pas est vite franchi d’un domaine à un autre. Les litiges économiques tournent au litige politique, les conflits entre particuliers pour une affaire d’héritage finissent en différends judiciaires entre deux communes, pour peu qu’un des bourgeois n’ait pas suivi les règles de procédure. Les motifs de concertation intercommunale forment un terrain mouvant qu’on peine à sérier et donc à comptabiliser. A défaut, voici quelques points d’orgue des relations intercommunales.
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg Missivenbuch 216, fol.91, 101, 104