Les foires et marchés répondaient au souci de développement d’une localité, mais s’inséraient dans un système. Ils devaient pour leur survie faire l’objet d’une coopération entre des marchands de diverses origines et les gouvernements urbains de plusieurs cités. Ils cristallisaient ainsi des relations d’interdépendance, de concurrence et de coopérations entre villes. Les souverains en avaient pleinement conscience au moment d’autoriser la création de nouveaux rendez-vous commerciaux :
‘ « Des foires générales sont établies dans des endroits appropriés pour que le bien commun que procure toujours l’effort des hommes puisse être entretenu par des affaires commerciales réciproques » 1225 .’Les marchés, puis les foires appartenaient, avec les privilèges de douanes, de monnaie ou de stockage, à l’arsenal destiné au développement d’une cité. Obtenir un privilège dans ce domaine, l’accorder à certaines de leurs villes constitua dès le XIe siècle un enjeu pour les principaux princes franconiens et les souverains eux-mêmes. Les droits de marchés quotidiens, destinés à la couverture des besoins alimentaires urbains, les marchés annuels de plusieurs jours, puis les foires formaient une gradation dans les distinctions.
‘Alors que les villes ne disposaient pas encore du droit de s’administrer elles-mêmes, les marchés étaient déjà un élément clef de l’interdépendance et de la hiérarchie entre les localités du Sud Est de l’Empire aux XIe-XIIe siècles. « L’encouragement seigneurial du commerce par des privilèges urbains et des privilèges de marchés annuels, le commerce actif des marchands locaux et la production rapidement croissante de produits industriels exportables densifièrent non seulement le réseaux des centres urbains et pré-urbains, mais encore stabilisèrent, à côté de la hiérarchie des villes, également la hiérarchie des implantations de marchés, d’abord sur une base régionale » 1226 ’Tandis que les marchands de Ratisbonne, d’Ulm et d’Augsbourg développaient leur commerce lointain avec la Flandre et l’Angleterre et créaient des débouchés pour la production locale de produits textiles 1227 et métalliques, des privilèges de marchés, accordés par droit régalien, apparurent dans le Sud-Est de l’empire. En 996, Otton III accorda à Freising et Salzbourg un droit de marché quotidien : mercatum omni die legitimum 1228 . En 1030, Donauwörth, lieu stratégique sur le Danube, et Würzbourg, tête de pont sur le Main, reçurent un marché annuel destiné à durer quelques jours. Conrad II prolongea pour ce faire à Donauwörth le marché hebdomadaire déjà mis en place par Otton III. Ce nouveau rendez-vous commercial était prescrit pour une durée de 3 jours, du 1er au 3 mai 1229 . Würzbourg obtint quant à elle du même souverain une confirmation de son marché quotidien et un marché annuel de 8 jours, du 17 au 24 août 1230 .
Aux XIIe et XIIIe siècles, autour de ces premiers lieux d’échanges commerciaux dans la région s’esquissèrent deux systèmes de marchés annuels et de foires, à l’image des foires de Champagne. Ils desservaient ainsi l’espace contenu entre Main et Danube. Au Sud, Nördlingen, Eichstätt et Donauwörth formaient une entité, tandis qu’au Nord, se développait un système animé par les foires de Francfort, Gelnhausen, Würzbourg et Bamberg 1231 .
Dans la zone danubienne, Eichstätt obtint en 1199 du roi Philippe un droit de marché annuel de 14 jours 1232 . Nördlingen abrita un marché royal annuel au plus tard en 1219 1233 , tandis que la vocation commerçante de Donauwörth fut confirmée.
Aux abords du Main, Gelnhausen, fondée par Frédéric 1er, bénéficia d’un transfert de marché en 1220 et put dès lors accueillir les marchands 8 jours avant et 8 jours après la saint Mathieu (21/09). A l’initiative de l’évêque de Würzbourg, mais encore une fois avec l’aval du roi Henri VII, l’ancienne place commerciale de Würzbourg reçut en 1227 une nouvelle foire annuelle à la toussaint (1/11). Les marchands de Ratisbonne étaient invités à s’y rendre, avec la garantie d’y trouver les mêmes droits et protections qu’aux marchés royaux de Francfort et de Donauwörth 1234 .
Dans le même temps, en parallèle à ces systèmes, d’autres localités obtinrent le droit de tenir un marché annuel. L’évêque de Würzbourg obtint en 1156 pour la ville de Schwäbisch Hall, et avec l’aval de Frédéric 1er, un marché annuel de 7 jours, commençant le jour de la Saint Michel (29/09). L’évêque de Passau oeuvra dans le même sens pour sa ville. Il attribua à ses bourgeois en 1164 un marché annuel qui débutait le jour de la Saint Jacques (25/07) et s’achevait 14 jours plus tard, le 3 août 1235 .
Cette première génération de foires et marchés annuels dans l’espace situé entre Danube et Main se développa donc avant tout aux carrefours entre les principales voies d’eau de la zone et les routes du commerce lointain. Elle fut l’œuvre conjointe des souverains et des évêques dans des secteurs où se concentraient d’importants biens et droits impériaux. De même qu’elle s’appuya sur des fondations urbaines, la politique impériale des Staufen passa ici par des créations de marchés annuels. Leur vitalité était assurée par la production locale de produits textiles et métallurgiques recherchés. Ces systèmes étaient en outre alimentés et connectés grâce à la diligence des ressortissants de villes montantes, les marchands de Ratisbonne, de Nuremberg, et dans une moindre mesure d’Amberg et Bamberg. A l’image de Nuremberg, mal servie au départ par sa situation dans une zone infertile et sur des voies d’eau non naviguables, le moteur de développement de telles cités reposait sur un commerce lointain, qui n’avait pas forcément besoin d’être pratiqué dans la ville dont les marchands étaient originaires.
‘ « Il y a 7 nations dans la chrétientéAux XIe et XIIe siècles, Ratisbonne et Nuremberg avaient, certes, obtenu elles-mêmes des marchés. Vers 1050, Nuremberg reçut à son compte l’ancien marché quotidien ou hebdomadaire de Fürth. Ratisbonne avait pour sa part, peut-être depuis le XIe siècle, trois marchés annuels : une foire de Pâques durant 14 jours, une à la Saint Emmeram (22/09) et une à la Saint Erhard (08/01). Mais, comme Amberg, leurs marchands se spécialisèrent plutôt dans le négoce entre grandes places, en veillant à y obtenir des libertés douanières. Les gens de Ratisbonne et d’Amberg avaient ainsi acquis des privilèges sur le marché annuel de Passau. Les marchands de Ratisbonne furent d’entrée convier à marchander à la nouvelle foire d’automne de Würzbourg fondée en 1227, et pouvaient y profiter des mêmes privilèges que sur les autres marchés royaux.
Dès le grand privilège impérial de 1219, les Nurembergeois jouirent de droits spécifiques aux foires royales de Donauwörth et de Nördlingen et en particulier celui d’y faire commerce dans leur propre monnaie. Pour ne pas être en reste, les ressortissants de Bamberg et Amberg avaient acquis dès 1163, sur grâce de Frédéric Barberousse, les mêmes privilèges commerciaux que les Nurembergeois.
Entre deux systèmes parallèles de foires et marchés, les marchands de quatre villes en situation géographique intermédiaire assuraient donc la nécessaire interconnexion. L’essor des foires du Main et du Danube n’aurait pas existé sans les marchands de Ratisbonne, Nuremberg, Bamberg et Amberg pour les animer. L’interdépendance était de règle entre les villes de cet espace entre le XIIe et la fin du XIIIe siècle.
Mais, en Haute-Allemagne, le XIVe siècle marqua une rupture dans ce système dont la cohérence reposait sur la politique de foires et marchés menée par les Staufen eux-mêmes. Désormais laissé à une plus libre concurrence, le semis de marchés annuels et de foires vécut dans la deuxième partie du siècle l’ascension des foires de Francfort et de Nördlingen.
Dans la région du Main et de la Wetterau, les deux systèmes du XIIe siècle se fondirent en un seul, plus restreint, mais plus efficace, centré sur Friedberg et Francfort. Cœur de l’ancien réseau de foires, Würzbourg parvint encore vers 1327 à obtenir une foire de la St Gall (16 octobre), dont les ordonnances et les sauf-conduits attestent l’existence jusqu’en 1538 1237 . Cela n’empêcha pas la ville de passer de 2595 à 1417 contribuables entre 1398 et 1456 1238 . Les pertes liées à des épidémies s’ajoutèrent en cela à une véritable désertion de la ville par plusieurs de ses anciens marchands au profit de centres plus actifs. Les principales bénéficiaires en furent Nuremberg et surtout Francfort 1239 dont les foires entamèrent leur irrésistible ascension dès le premier tiers du XIVe siècle. A partir de 1330, Francfort fut le théâtre de deux foires annuelles. La plus ancienne, la foire d’automne, avait vu le jour sur les fondements d’un marché annuel tenu à l’occasion des fêtes patronales (St Barthélémy et St Salvator) dès le XIIe siècle. Au tournant du XIIIe siècle, un groupement communal autonome, composé de marchands et de gens du roi, commença à prendre forme. Il œuvra pour l’obtention de droits, de libertés et d’un droit de monnayage. Il veilla aussi, par l’acquisition de privilèges 1240 , au renforcement de son marché annuel d’automne qui attirait déjà au XIIIe siècle les actifs marchands grossistes de Ratisbonne. Dès les années 1275, ce rendez-vous annuel coïncida avec un terme de paiements important, tandis que l’arsenal de douanes et tonlieux s’étoffait. Vers 1300, les infrastructures devinrent aussi plus visibles et nombreuses, elles devaient permettre à la ville moyenne de Francfort (environ 10 000 habitants) d’accueillir dignement en période de foires l’équivalent de sa population. Un nouveau privilège, accordé par Louis le Bavarois, le 25 avril 1330, vint sanctionner l’établissement d’un deuxième marché annuel dans les murs de Francfort, bientôt fixé pendant Carême entre le deuxième et le quatrième dimanche avant Pâques (soit début mars-début avril). Par l’adaptation de leurs calendriers, les foires de Francfort et de Friedberg 1241 formèrent dès la première moitié du XIVe siècle un système de foires de rayonnement régional et international.
Dans la région danubienne, sans doute en raison de la précarité de son statut politique, Donauwörth perdit son importance comme lieu de marché annuel au profit de Nördlingen et de ses rendez-vous de Pentecôte (2 semaines) 1242 . Antérieur à 1219, ce marché annuel reçut une confirmation juridique et un titre explicite de foire impériale par deux privilèges accordés en 1398 et 1434. Son secteur de rayonnement touchait principalement la Haute-Allemagne, entre Forêt-Noire et Forêt Bohême, des Mittelgebirge aux Alpes. Ponctuellement des visiteurs venaient même des Pays-Bas et d’Autriche sur cette place où s’échangeaient surtout des draps, des lodens, des fourrures, des futaines et des produits métallurgiques. Comme à Francfort, ses principaux visiteurs venaient de Nuremberg 1243 .
Tandis que s’affirmait cette hégémonie de deux places, la fin du XIVe siècle et le XVe siècle correspondirent assez paradoxalement, puisque les fonctions centrales de Nördlingen et de Francfort suffisaient à couvrir les échanges régionaux, à une multiplication des tentatives de foires. Il ne s’agissait pas seulement de combler des besoins locaux, laissés dans les interstices par les deux géants commerciaux de la région. Même s’il y eut de fait des créations à vocation purement locale, comme dans la ville de Schweinfurt, dans bien des cas, les ambitions affichées étaient grandes 1244 . Beaucoup de villes moyennes et petites (10 000 habitants à 5000 habitants) voulurent s’essayer là où des cités, somme toute aussi modestes qu’elles au départ, avaient réussi. En Franconie, on est loin de savoir ville par ville quand commencèrent les marchés annuels qui existaient encore pour la plupart au siècle dernier 1245 . Mais les quelques exemples connus attestent de la prolifération des marchés annuels au bas Moyen Âge, qu’on essaya ça et là de transformer en foires.
Dinkelsbühl disposait déjà de trois marchés annuels au XIVe siècle, mis en coïncidence au XVe siècle avec les trois fêtes paroissiales, St Georges, St Barthélémy, Ste Ursula). En 1360, Charles IV, en considération des services fidèles de la ville, lui accorda en sus le droit de tenir marché annuel éternel et foire annuelle, le 12e jour avant la Pentecôte, pour 8 jours, avec 4 jours pour s’y rendre et en repartir. Cette manifestation devait bénéficier de toutes les libertés des autres marchés impériaux 1246 . Dès 1366, il fallut cependant y apporter des modifications. L’empereur Charles IV repoussa le terme de la foire au jour suivant la Saint Gall (17 octobre), parce que l’ancienne date n’était pas utile (dienlich) aux bourgeois, aux sujets et autres villes 1247 .
Rothenbourg obtint quant à elle, par privilège de Rodolphe 1er, 3 marchés annuels en 1274, qui se tenaient à Pâques, à la saint Jacques (25 juillet) et peu avant Noël. Un quatrième, organisé à la Pentecôte, s’y ajouta en 1282. L’empereur Louis le Bavarois accorda en outre à sa bourgeoisie deux privilèges de foires, en 1331 et 1340, respectivement pour la Saint André (30 novembre) et la Saint Nicolas (6 décembre). Rapidement, les deux périodes de transactions commerciales n’en firent plus qu’une, étalée sur une semaine, au début du mois de décembre 1248 .
A quelques kilomètres de là, Windsheim disposait en 1400 de 5 marchés annuels, le dimanche avant Pentecôte, à la St Kilian (08/07), à la Saint Barthélémy (24/08), la Saint Matthieu (21/09) et la Saint Martin (11/11). Dans la mesure où ce programme était largement compatible avec le calendrier des Jahrmärkte rothenbourgeois, les bourgeois des deux cités impériales fréquentaient sans nul doute les marchés voisins. Une missive de Rothenbourg atteste au XVIe siècle de la présence de clients rothenbourgeois au « Kapitelmarktes » de Windsheim 1249 .
Le 7 novembre 1397, le deuxième grand privilège du roi Wenceslas souligna pour la première fois la présence à Schweinfurt de trois marchés annuels 1250 , dont l’un se démarquait par sa durée et commençait après le dimanche suivant le 14 septembre (exaltationis crucis). A la demande du conseil de Schweinfurt, Sigismond compléta en 1415 les fonctions marchandes de Schweinfurt par « une foire (messe) à tenir annuellement le jour de la Saint Martin et durant les 17 jours suivants avec toutes les grâces et libertés et aussi les sauf-conduits qu’ils ont pour leur marché annuel du dimanche après l’exaltation de la sainte croix ». Cette foire ne devait être « empêchée par personne, mais sans porter tort aux autres villes des environs dans leurs droits. C’est pourquoi nous ordonnons sérieusement et fortement par cette lettre à tous les princes, ecclésiastiques et laïques, aux comtes, barons (freien), chevaliers, écuyers, agents, burgraves, bourgmestres, conseils et communautés de tous les villes, bourgades et villages et de chacun d’entre eux, et sinon à tous les autres sujets et fidèles de l’empire, qu’ils n’empêchent pas, ne retiennent pas et ne saisissent pas les marchands et autres gens qui iront ou commerceront aux susdites foires à Schweinfurt, sur leurs biens ou leurs corps, mais qu’ils les escortent et leur procurent conduit, pour éviter de lourdes disgrâces de notre part et de celle de l’empire » 1251 . Le privilège ne devint cependant réalité que 7 ans plus tard. La chronique de Nicolaus Sprenger signale alors pour l’année 1422 que « la foire a été pour la première fois annoncée et présentée à la cantonade sur les marchés dans les villes environnantes » 1252 . On avait modifié dans l’intervalle la date de tenue de cette foire, qui, au lieu de la saint Martin (11 novembre), débuta dès lors à la sainte Elisabeth, le 19 novembre 1253 .
Nuremberg, par le biais de ses marchands spécialisés dans le grand commerce et de ses nombreuses libertés douanières, contribua en bonne part au XIVe siècle au succès des foires de Francfort et de Nördlingen. Elle n’en avait pas moins dans ses murs ses propres marchés annuels. Dès le XIIIe siècle existaient au moins quatre marchés annuels, qui se prorogèrent aux XIVe-début XVIe siècles, si on en juge par les termes de paiement des rentes nurembergeoises alignés alors sur les mêmes dates : le marché de Walpurgis (1er mai) 1254 , la « foire » de la Saint Jean (24 juin), celle de la St Egidi (1er septembre) et la foire de la Saint Michel (29 septembre) 1255 .
Le 13 septembre 1318, le roi Louis le Bavarois conféra à la ville de Nuremberg un autre marché annuel de 4 semaines, destiné à durer 14 jours après Pâques. Ses visiteurs devaient être sous la protection de l’empereur et de l’empire, et ceux qui en troublaient le fonctionnement s’exposaient à une peine de 1000 Mark-or. Les bourgeois avaient en outre toute liberté d’établir les statuts nécessaires à la protection, à la paix et à la prospérité de l’organisation, sous la protection impériale 1256 .
Si ce marché annuel n’atteignit jamais un niveau d’activité exceptionnel, les Nurembergeois purent le relancer grâce à une foire obtenue aux mêmes dates à l’occasion du dépôt des reliques impériales dans la ville en 1423-1424.
‘« Le sérénissime prince et sire le sire Sigismond, roi de Hongrie et de Bohême etc notre très gracieux sire nous a envoyé et confié de son propre mouvement, à nous, fidèles sujets de sa gracieuse majesté et de l’empire, les dignes reliques de sa grâce et du saint Empire par l’inspiration de l’esprit saint, l’amour de Dieu tout puissant et l’honneur de la Vierge Marie, de telle sorte que nous pourrons les présenter chez nous comme on l’a fait auparavant […] et nous pensons les présenter le vendredi 14 jours après le vendredi saint de Carême, et celui qui viendra pour cela chez nous à Nuremberg, trouvera grâce et liberté comme auparavant. Il aura en plus paix et conduit chez nous à Nuremberg du jeudi avant ce même vendredi de la présentation des reliques jusqu’au 14e jour suivant après ce même vendredi, en dehors de ceux qui sont au ban ou interdits ou qui ont des dettes d’argent, en dehors d’affaires qui concernent la vie et de ceux qui ont été bannis de la ville chez nous à Nuremberg… » 1257 ’En lien avec cette présentation des reliques, dans les 14 jours qui suivaient le vendredi saint, devait se tenir une foire dont les ambitions transparaissent au seul regard des puissances invitées le 7 avril 1424 à l’ostention des reliques. Une cinquantaine de villes furent conviées à l’événement. La liste des invitées recopiée dans le Briefbuch 6 (fol. 80) allait de Colmar et Bruxelles à Vienne, Magdebourg et Leipzig 1258 . Mais si le privilège de foire était effectif, de foire, il n’était pas encore question dans les lettres. Le conseil désirait-il vérifier la force d’attraction des reliques, avant de mettre quelque organisation commerciale en œuvre ?… En tout état de cause, cette « Heiltumsmesse » réapparaît dans les sources en 1431. Par de nouveaux privilèges les 13 et 17 avril 1431, elle passa de 14 jours à 24 jours, sous la protection et le conduit du conseil nurembergeois. Afin de mieux attirer le chaland, les marchands venant à la foire devaient être exempts de droit de conduit et de toute nouvelle douane 1259 .
Ulm se lança elle aussi dans la course aux foires au cours du XVe siècle 1260 . Elle avait pour elle ses quelque 10 000 habitants et sa situation favorable sur le Danube, au débouché des routes venant de Rhénanie, des Pays-Bas et de l’Italie. Elle avait également de quoi alimenter ces foires avec ses propres productions, tissages de laines et fabrication de futaines, réputées dans toute la Haute-Allemagne. Elle disposait déjà depuis le XIVe siècle d’un marché d’automne et acquit en 1429 le droit d’établir une foire commençant 8 jours avant l’ascension et terminant 8 jours après la fête. Les bourgeois d’Ulm se virent même reconnaître d’entrée le droit de changer les dates « si le jour de l’ascension ne convenait pas ». Des forces importantes furent engagées dans la fondation de 1429 : on envoya pour ce faire un des meilleurs délégués du conseil, Ehinger, auprès de l’empereur Sigismond. Pour le diplôme, dont les nombreuses clauses s’inspiraient du droit de foire de la ville de Francfort, Ulm consentit même à payer la somme gigantesque de 1 000 florins. Ce n’est pourtant qu’en décembre 1439 que furent lancées les premières invitations connues à la nouvelle « foire d’été » d’Ulm 1261 . La ville ne lésina pas sur les moyens et annonça sa foire à plus de 400 villes allant jusqu’à Bruges, Venise, Breslau, Vienne et Genève. Ce vaste cercle de destinataires englobait l’espace d’activité des marchands d’Ulm, mais exprimait aussi le champ de communication dont disposait déjà la ville grâce à son rôle de chancelière de la ligue urbaine souabe et manifestait les visées étendues que le conseil d’Ulm avait pour sa foire 1262 . Au vu de la situation de carrefour qu’occupait Ulm, il espérait bien recruter des clients allant de la Flandre à l’Autriche et de la Silésie à l’Italie. La réalité fut loin de confirmer ses attentes. Il fallut plusieurs fois changer les dates de cette foire, pour mieux l’adapter au comportement de la clientèle et au XVIe siècle, l’ambitieuse manifestation commerciale n’était plus qu’un « Jahrmarkt » (un marché annuel).
Dans un espace somme toute assez restreint, entre Main et Danube, une série de villes de moyenne ou grande importance s’efforcèrent ainsi de renforcer leurs marchés annuels à la fin du Moyen Âge. Cette prolifération causait des problèmes de rayonnement à leurs manifestations respectives. A l’origine alignés sur les fêtes patronales des localités, les calendriers des foires prescrits par les privilèges n’étaient pas forcément compatibles et se portaient concurrence. Les remaniements incessants subis par les dates des Jahrmärkte au cours des XIVe-XVe siècles montrent en suffisance l’impact d’une telle compétition. Aussi les villes les plus précautionneuses se firent-elles délivrer d’emblée des privilèges qui leur permettaient de modifier les dates de foires à volonté. On peut s’étonner de l’acharnement des cités à acquérir des privilèges de foires, qu’il s’agisse de créer un nouveau rendez-vous commercial ou de revivifier un marché annuel languissant, alors même que les échecs étaient légion.
L’appétit de foires paraît d’autant plus difficile à comprendre qu’il s’écoulait ensuite plusieurs années entre l’acquisition du privilège et la mise en place effective de l’activité commerciale. Le revirement est particulièrement frappant pour Nuremberg. Alors que sa politique traditionnelle d’acquisitions de privilèges douaniers s’essouffle dès la seconde moitié du XIVe siècle, elle tente après 1424, un peu au détriment des marchands itinérants qui ont fait sa richesse, de s’affirmer comme une ville de foire. Pour comprendre le phénomène, il ne faut pas oublier cependant, qu’au vu de leurs représentations, les villes commencent à la fin du Moyen Âge à se jauger en termes économiques, à se vanter d’être des « maisons d’industrie ». Afin de l’emporter sur Rothenbourg au sein de la ligue urbaine souabe, Nördlingen ne mit-elle pas en avant ses foires importantes, visitées par toute la Haute-Allemagne ? Comme les pèlerinages en leur temps, les foires devenaient un argument incontournable de la promotion d’une ville moyenne face à ses voisines. Un premier pas dans la reconnaissance était franchi quand le conseil était parvenu à obtenir du souverain, souvent à grands frais, un privilège de fondation de foire. Au moins en droit, la ville était alors inscrite parmi les localités qui pouvaient prétendre à tenir une foire et à l’administrer librement 1263 . Dans un deuxième temps, la mise en route effective de la manifestation dépendait sans doute de données internes. La recherche sur les foires de Francfort met aujourd’hui en exergue l’importance d’un consensus au sein du conseil et de la population pour l’établissement réussi d’une foire. L’intervalle entre l’obtention du privilège et le lancement effectif des premières invitations est peut-être à considérer dans ce sens. Le recul de certaines élites devant le coût de l’opération ou même le soudain désintérêt d’une partie du conseil pour la tenue de foires périodiques 1264 pouvaient obérer l’utilisation de privilèges pourtant chèrement acquis. Il fallait de toute façon le temps de jauger la clientèle potentielle de la manifestation et de construire les infrastructures appropriées. A cela s’ajoutait le poids de la concurrence, dans des circuits économiques régionaux déjà dominés par Francfort et Nördlingen.
Objet de concurrence et d’interdépendance entre les villes franconiennes à la fin du Moyen Âge, les marchés annuels et les foires étaient par la force des choses un des sujets de conversation entre cités et constituaient un motif d’intercommunalité.
Les facteurs municipaux usaient des foires de Francfort, de Nördlingen ou de Nuremberg pour effectuer, au nom du conseil, quelques tâches de nature intercommunale : achats de matériel commandé par le gouvernement urbain, paiement des rentes municipales aux rentiers étrangers… Avec les foires allait toute une sociabilité interurbaine, qui commençait par les invitations solennelles adressées lors de l’ouverture. Ces listes d’invités manifestaient des liens établis par le passé, tout comme un horizon d’attente. Celle de Nuremberg mêlait ainsi les lieux où la ville avait acquis depuis le XIIe siècle des libertés douanières aux alliées politiques et aux partenaires convoités pour l’avenir. Soucieuses du bon déroulement de leurs foires et de l’arrivée à bon port des visiteurs, les villes organisatrices assuraient le Geleit (le convoi escorté) dans les espaces contrôlés par la juridiction urbaine. Parfois même, grâce à leurs alliances, elles pouvaient intervenir en ce sens sur des territoires voisins.
Le souci de protection et de sécurité sur les routes municipales s’avère ainsi être un des sujets de préoccupation centraux des ligues urbaines de la Wetterau. Mais même Francfort n’était pas toujours apte à assurer la pleine sécurité de ses visiteurs. En cas de Fehde grave à l’encontre de la ville, son conseil ne manquait pas d’avertir ses importants clients (comme Nuremberg) par lettre ou oralement des dangers que leurs marchands risquaient de rencontrer 1265 . En retour, le conseil de Nuremberg œuvrait lui aussi dans le même sens, en offrant ses services à la ville de la Wetterau quand il se savait bien placé – par ses relations – pour un arbitrage entre Francfort et l’un de ses adversaires de Fehde 1266 .
Au-delà des zones de conduit garanties par la ville de foire, la circulation sûre des marchands dépendait de la coopération des conseils urbains concernés. Les foires de Francfort motivaient des ententes à grande échelle. La ligue urbaine souabe inscrivait régulièrement à son ordre du jour la mise au point de convois sécurisés pour les marchands des villes membres. Cette coopération était ressentie comme une nécessité même si, dans les contextes de grand danger, l’organisation intercommunale préférait laisser à chaque ville la responsabilité d’une entreprise particulièrement risquée. A des périodes où la ville de Nuremberg n’appartenait pas à la ligue urbaine souabe, elle ne s’en intéressait pas moins à l’établissement de voyages communs sécurisés vers les foires de Francfort.
Lettre à Ulm
‘ « Chers amis, nos chers amis du conseil de Wissembourg nous ont écrit comment vous et d’autres villes et eux aussi, auxquels vous avez écrit à ce sujet, ont assisté dernièrement à une réunion ensemble à Nördlingen le dimanche avant les rois, appelé epiphania diu en latin, à propos des foires de Francfort. Nous aurions aussi dû y envoyer les nôtres. Nous faisons cependant savoir à votre sagesse qu’il s’est fait que nous n’avons pas envoyé les nôtres ce susdit dimanche à Nördlingen, parce que la lettre que vous nous avez envoyée à ce sujet indique et dit « pour le dimanche des rois (suntag von obersten) ce que nous comprenons dans notre langue allemande « après les rois » et nous aurions donc recommandé et envoyé certains de nos amis et conseillers pour qu’ils se rendent à cheval à Nördlingen ce même dimanche après les rois, si la lettre de nos amis de Wissembourg ne nous était pas arrivée. Nous sommes peinés d’avoir manqué cette réunion et nous demandons à votre honneur de bien vouloir nous excuser auprès des autres villes communes, car nous n’avons fait cela avec aucune mauvaise intention et nous ne le faisons pas de bon cœur. Et s’il arrivait que vous et les autres villes communes vous vouliez vous réunir à propos de cette même affaire, ce qui nous semble une nécessité, veuillez nous l’écrire et nous le faire savoir exactement. Nous voulons alors envoyer nos amis et honorable délégation cette fois auprès de vous et il nous semble avisé que cela puisse se faire le plus tôt possible parce qu’il serait mieux que les marchands avec leurs marchandises et autres affaires sachent à quoi s’en tenir etc » 1267 . ’Par sa situation de carrefour en Haute-Allemagne, le conseil de Nuremberg jouait fréquemment un rôle dans l’acheminement de marchands étrangers, venus d’autres villes. Il assurait souvent, de même qu’Ulm et Augsbourg, la sécurité des convois sur une partie du trajet vers Francfort. Au reste dès le XIVe siècle, les conseils de Prague et Breslau sollicitaient le conduit nurembergeois depuis la Flandre et en zone rhénane.
Hektor Ammann a dressé une liste de ces participants étrangers au conduit nurembergeois vers les foires de Francfort en 1475-1513. Beaucoup provenaient de villes seigneuriales et impériales de Franconie ou de Haut-Palatinat. Les localités d’origine correspondent en large part à des cités qui entretenaient par ailleurs des coopérations commerciales et douanières avec la capitale franconienne. Une constatation confirmée par la liste des autres bénéficiaires de la protection nurembergeoise, venus de Bavière, de Bohême ou d’ailleurs 1268 .
Il arrivait que la sociabilité créée en amont des grandes foires se retournât contre les places commerciales elles-mêmes. Parmi ceux qui faisaient vivre le cœur économique et financier de Francfort, figuraient en bonne place les marchands nurembergeois, mais encore les Colonais, les gens d’Augsbourg, Ulm, Spire, Worms ou Mayence. Quand leurs intérêts communs étaient en jeu, les habitudes de rencontres prises à Francfort suffisaient à fédérer les énergies. Le Briefbuch 5 de Nuremberg révèle par exemple en 1422 une coalition de plusieurs villes clientes de Francfort, soudée par la défense commune des intérêts de leurs marchands 1270 . Face à des « nouveautés » (Neuigkeiten) frappant le commerce intermédiaire à Francfort, et devant l’insuccès de ses tentatives directes auprès du gouvernement de la ville, Nuremberg contacta Cologne pour consultation. Si la cité rhénane s’avérait prête elle aussi à entreprendre quelque protestation, le conseil nurembergeois envisageait d’envoyer à Cologne une délégation pour définir un front commun 1271 . La réponse de Cologne ne tarda pas. Tandis que la ville rhénane se disait prête à contacter Aix-la-Chapelle et les villes de Brabant, Nuremberg promit d’écrire « à des villes amies de ce côté-ci du pays pour qu’elles y concourent aussi ». Un lobby, constitué des cités les plus présentes sur la place de Francfort, étendu à Augsbourg, Ulm, Constance, Bâle, Strasbourg, Spire, Worms et Mayence, devait se retrouver lors de la foire de Francfort suivante et préciser ses modalités d’actions.
Mais au XVe siècle, dans le contexte de prolifération des Jahrmärkte, les foires attisaient aussi entre villes des convoitises et des jalousies. En obtenant un privilège de foire de 24 jours en 1431, le conseil nurembergeois avait en puissance de quoi détourner à son profit une partie du commerce de la Haute-Allemagne 1272 . Selon son calendrier, la manifestation devait avoir lieu tout juste dans le prolongement des foires de printemps francfortoises. La présentation des reliques impériales, concomitante de la foire, garantissait en outre à Nuremberg une importante clientèle captive, attirée tout à la fois par la sainteté des reliques et les affaires commerciales. Dans cette perspective, Francfort et Nördlingen s’associèrent aussitôt pour contrer d’entrée les ambitions de leur nouvelle concurrente et s’attirer les faveurs de l’empereur. Les comptes de Nuremberg et les Annales de Müllner rendent compte des démarches alors entamées par chaque ville auprès du souverain pour la défense de ses foires.
‘ « 320 florins Stephan Koler et Ulrich Ortlieb pour aller à Bâle, alors qu’ils furent dehors 5 semaines et un jour à cause de nos foires, quand le duc Wilhelm de Bavière, représentant de notre grâcieux sire le roi, alors au concile de Bâle, nous a écrit sur ordre de notre sire le roi de venir devant le concile avec ceux de Francfort pour une audience à cause de nos foires, pour lesquelles eux et ceux de Nördlingen pensaient nous faire obstacle et nous évincer » 1273 ’Au grand déplaisir du délégué de Francfort, Walter von Schwarzenbach, qui cherchait à obtenir une sentence royale contre les foires de Nuremberg, l’empereur donna des assurances orales au conseiller nurembergeois Sebald Beheim 1274 . On en resta finalement à un statu quo.
Des années d’amitié et de coopération politique dans la ligue urbaine souabe et la « commission des villes inférieures » n’empêchèrent pas Nuremberg et Nördlingen d’exprimer à nouveau leurs différends commerciaux en 1477. Pour le propre développement de ses foires, la ville de Nuremberg n’avait jamais facilité la tâche de ses propres marchands qui se rendaient dans la place commerciale souabe. Certes, le conseil se souciait tous les ans d’acquérir auprès des seigneurs territoriaux concernés les droits de passage et de conduit, inhérents aux déplacements vers les foires de Nördlingen. Mais il laissait les commerçants nurembergeois y aller séparément, sans mettre en place lui-même des convois escortés, comme ce fut fréquemment le cas pour Francfort 1275 . Du coup, le voyage en était plus aventureux. Cette dissuasion par le risque était pour le Magistrat nurembergeois un moyen comme un autre de conduire ses marchands à moins fréquenter une place commerciale, plus proche que Francfort, et donc plus directement concurrente des foires de Nuremberg. Les édiles nurembergeois se risquèrent à une attaque plus directe contre les intérêts de Nördlingen dans les années 1470. Le 16 février 1477, on annonça publiquement depuis l’hôtel-de-ville l’interdiction faite aux marchands nurembergeois de se rendre aux foires de Nördlingen 1276 . Nördlingen en référa aussitôt à l’empereur Frédéric qui cassa la décision nurembergeoise le 10 mai 1479 au motif qu’elle avait été prise sans autorisation impériale et qu’elle menait à la ruine les foires de Nördlingen, et donc les intérêts de l’empire. Nuremberg tenta de s’en défendre tant qu’elle put par des déclarations publiques et des lettres 1277 . Il importait pour la ville et ses représentants de laver son honneur mis en doute par les accusations publiques de Nördlingen auprès de l’empereur, « de certains de nos gracieux sires les princes électeurs et princes, ecclésiastiques et laïques, et des villes impériales et autres » 1278 . Ces dernières constituaient sans doute en large part la clientèle auprès de laquelle Nuremberg souhaitait conserver son crédit – dans les deux sens du terme - pour la survie de ses propres foires.
Dans leur défense, les conseillers nurembergeois mirent en avant leur droit de commander à leurs propres marchands. Ils arguèrent aussi, avec une certaine mauvaise foi, des risques inhérents aux foires de Nördlingen. Si la ville souabe n’était pas capable d’assurer la sécurité de ses hôtes, la coopération intercommunale et les échanges économiques réciproques ne devaient pas se faire au détriment des protagonistes.
‘ « Nous avons pouvoir et force de faire statuts, lois, ordres et interdictions dans notre ville et sur nos bourgeois et nous en avons reçu en particulier le privilège des empereurs romains. Comme nous entendions des témoignages dignes de foi depuis de nombreuses années disant que les nôtres ont fréquenté ces foires de Nördlingen avec de nombreux dommages, coûts et risques, et comme personne n’est obligé d’agir pour le bien de l’autre à ses propres dommages, il nous a semblé bon, en tant que gouvernants, d’éviter cela et de ne pas le permettre pour nous protéger, nous et les nôtres, de tout dommage. Et nous n’avons entrepris cette interdiction, ni pour contrarier ceux de Nördlingen, ni pour provoquer quelque nuisance ou déclin de leurs foires, mais selon notre nécessité et celle des nôtres pour nous prémunir des dommages, en vertu du droit commun, de notre liberté et de l’usage, et non de façon illégitime, comme nous en avons déjà informé suffisamment les conseillers de notre sire bien né le comte Ulrich d’Öttingen, de louable mémoire, et aussi certains de nos amis des honorables villes et leurs conseillers, qui étaient chez nous à propos de cette affaire […] ». ’Faute de convaincre au plan économique, le conseil de Nuremberg déplaça le débat sur le terrain juridique. Nördlingen fut accusée à son tour d’un non respect des procédures 1279 . D’économique, le différend devint judiciaire.
« Dazu werden an geeigneten Orten allgemeine Messen eingerichtet, damit das gemeine Wohl, das immer der menschliche Fleiss gewährleistet, gemeinsam durch gegenseitige Handelsgeschäfte gefördert werde ».C’est ainsi que Frédéric II, en 1245, et Louis le Bavarois, en 1330, justifièrent des privilèges de foires annuelles au profit de la ville de Spire. « Ad hoc in oportunis locis generales nundine sunt invente, ut communis utilitas, quam longe lateque humana procurat industria, communiter alternis commerciis procuretur. », dans A. Hilgard (éd.), Urkunden zur Geschichte der Stadt Speyer, Strasbourg, 1885. Cité par Volker Henn, « Missglückte Messegründungen des 14. und 15. Jahrhunderts », dans Peter Johanek et Heinz Stoob (coord.), Europäische Messen und Märktesysteme in Mittelalter und Neuzeit, Cologne, 1996, p. 205 et s.
Cf. Franz Irsigler, « Jahrmärkte und Messesysteme im westlichen Reichsgebiet bis ca. 1250 », dans Peter Johanek et Heinz Stoob (coord.), Europäische Messen und Märktesysteme in Mittelalter und Neuzeit, Cologne, 1996, p. 1 et s., ici p. 7. ;
A propos des foires et marchés dans l’empire, voir, outre l’ouvrage précédent, Franz Irsigler, « Grundherrschaft, Handel und Märkte zwischen Maas und Rhein im frühen und hohen Mittelalter », dans K. Flink/W. Janssen (éd.), Grundherrschaft und Stadtentshehung am Niederrrhein, Clèves, 1989
Au milieu du XIe siècle, il s’agissait essentiellement de draps de laine rouage de Souabe et de tissus de Ratisbonne.
Pour Freising, voir MGH, DD Otto III, n° 197 (22/05/996) ; pour Salzbourg, voir MGH, DD Otto III, n°208 (28/05/996). Les deux localités reçurent aussi le droit de frapper de la monnaie de Ratisbonne.
Ces marchés ne sont encore que des marchés quotidiens. D’après F. Irsigler, il n’existe pas de traces archivistiques de marchés annuels à l’Est de l’Empire avant le XIe siècle. Le Rhin constituait en la matière une frontière. Les premiers marchés annuels attestés dans l’empire le furent à l’Ouest de cette limite. Cf. F. Irsigler, « Jahrmärkte und Messesysteme im westlichen Reichsgebiet bis ca. 1250 », dans Peter Johanek et Heinz Stoob (coord.), Europäische Messen und Märktesysteme in Mittelalter und Neuzeit, Cologne, 1996
Cf. B. Diestelkamp et alii, Elenchus fontium historiae urbanae, vol. 1, Leyde, 1967, n°34 (17/01/1030).
Sans qu’il y ait d’indications explicites, on peut légitimement se demander si les deux privilèges ne sont pas liés. La similitude des situations des deux villes, sur des routes commerciales stratégiques et sur un fleuve, suggère que l’évêque de Würzbourg a sans doute sollicité pour sa cité un droit identique à celui de Donauwörth.
Cf. B. Diestelkamp et alii, Elenchus fontium historiae urbanae, vol. 1, Leyde, 1967, n° 35 (13/10/1030). Hoffmann, Würzburgs Handel und Gewerbe im Mittelalter, I. allg. Tl, 1941, mentionne quant à lui pour 1030 la confirmation par l’empereur du droit de marché quotidien et la garantie d’un droit de foire (à la Saint Kilian, donc le 8 juillet).
Selon F. Irsigler, « Jahrmärkte und Messesysteme im westlichen Reichsgebiet bis ca. 1250 », dans Peter Johanek et Heinz Stoob (coord.), Europäische Messen und Märktesysteme in Mittelalter und Neuzeit, Cologne, 1996, p. 1 et s, ici p. 12-13, les éléments constitutifs des systèmes de foires au XIIe siècle étaient :
« la coïncidence chronologique du processus avec une concentration nette dans la deuxième moitié du 12e siècle.
L’importante intervention seigneuriale (Privilèges, modification des termes des foires, transferts de foires)
La détermination presque parfaite des dates et la concordance des périodes de foires
La longue durée des foires, au minimum deux semaines, le plus souvent 4, et avec l’inclusion des temps d’avant et après foires jusqu’à 6 semaines (XIIIe siècle)
La mise en place et la suppression d’une infrastructure (lieux de vente, entrepôts de stockage, cantonnements) qui garantissait à une grande quantité de visiteurs des conditions de marché agréables pour plusieurs semaines et garantissait un approvisionnement suffisant.
La mise en place de condition de marché presque permanentes pour le commerce lointain dans les régions de foires avec le plus haut degré de sécurité pour les marchands lors de leur départ et de leur arrivée et pendant le temps de la foire,
aussi bien la concurrence des régions de foires entre elles que la répartition des zones d’attraction supra-régionales pour les marchandises correspondantes.
Dans les régions de foires elles-mêmes, une claire hiérarchie des conditions de marché avec des lieux de foires qui constituaient les formes de plus haut rang, et , ce qui me paraît particulièrement important,
La situation des lieux de foires dans des régions d’industrie très productives ou à leurs marges.
Parmi les autres innovations, qu’on ne peut souvent saisir qu’au XIIIe siècle, mais d’importance capitale, pour donner le caractère d’une foire à un marché annuel, il faut mentionner :
la connexion des foires de marchandises et du commerce du crédit avec la mise en œuvre de nouvelles formes de garantie du crédit et l’équilibre des exigences réciproques,
le fait de disposer d’une monnaie à la valeur stable
la stricte régulation de la vie du marché sur chaque foire, obtenue de la façon la plus achevée au XIIIe siècle dans les foires de Champagne
l’apparition de plus grands groupes de marchands venus de lieux ou de régions précis avec des formes particulières d’organisation pour la venue aux foires et pendant les foires elles-mêmes.
Le développement d’une juridiction spécifique à la foire et surtout,
Un très haut degré de liberté commerciale (commerce entre hôte et hôte) et l’encouragement du commerce de foires par des réductions de douanes (Marktzölle), même s’il y avait des exceptions. »
Le système formé par Würzbourg, Francfort, Gelnhausen et Würzbourg vers 1220/1230 est détrôné au XIVe siècle au profit d’un système exclusivement centré sur la Wetterau, fondé sur une alternance de foires à Francfort et à Friedberg.
Cf. Monumenta Boïca 29/1, n°563, Munich, 1831, p. 488-490. Le privilège évoque un droit de marché antérieur : » ut in civitate Eistedensi nundinas annuales celebret per quatuordecim dies duraturas, sicut olim ibidem celebres fuisse memorantur, universis negociatoribus pacem providentes et sub nostra eos volentes eundo ad prefatum forum et redeundo habere securitate. »
Cf. B. Diestelkamp et alii, Elenchus fontium historiae urbanae, vol. 1, n° 124, Leyde, 1967, p. 197 et s. – Voir aussi H. Ammann, « Die Nördlinger Messe im Mittelalter », dans Aus Verfassungs- und Landesgeschichte. Festschrift Theodor Mayer, vol. II, Lindau/Constance, 1955, p. 283-315
Cf. W. Schich, Würzburg im Mittelalter. Studien zum Verhältnis von Topographie und Bevölkerungsstruktur, Cologne/Vienne, 1977, p. 52 et s. Würzbourg est alors un lieu où transitent des marchands de Cologne, d’Aix-la-Chapelle et de Maastricht en route vers Enns et Vienne. En 1211, un « Hof Augsburg » (un comptoir pour les marchands d’Augsbourg) est attesté dans la ville.
Monumenta Boïca 29/2, n°4, Munich, 1831 p. 323 et s
Cf. Eloge de Nuremberg par Hans Rosenplüt
Cf. Hoffmann, Würzburgs Handel und Gewerbe im Mittelalter, 1941
Cf. Hoffmann, Würzburgs Handel und Gewerbe im Mittelalter, 1941. En supposant qu’il s’agit de foyers réels, ces nombres de contribuables indiquent une population urbaine passant de 12200 à 6593 habitants entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVe siècle.
Le calendrier du marché annuel de Würzbourg fondé en 1327 recoupait donc en partie celui de la deuxième foire de Friedberg. Cela explique sans doute son transfert postérieur à la période de Carême.
La littérature sur les foires de Francfort est abondante. Elle a été considérablement renouvelée ces dernières années. Voir N. Brübach, Die Reichsmessen von Frankfurt am Main, Leipzig, Braunschweig (14.-18. Jahrhundert), Stuttgart, 1993, (Beiträge zur Wirtschafts- und Sozialgeschichte 55) ; Nils Brübach, « Die Entstehung und die Frühzeit der Frankfurter Messen. Vom fränkischen Königshof zum « Kaufhaus der Deutschen », dans Peter Johanek et Heinz Stoob (coord.), Europäische Messen und Märktesysteme in Mittelalter und Neuzeit, Cologne, 1996, p. 143 et s. ; Michael Rothmann , Die Frankfurter Messen im Mittelalter, Stuttgart, 1998 ; Pierre Monnet, « Du nouveau sur les foires de Francfort à la fin du Moyen Âge », Bulletin de la Mission Historique Française en Allemagne n°35 (1999), p. 110 et s.
Cf. Diplôme de l’empereur Frédéric II le 11 juillet 1240, qui garantit la protection de l’empire à tous les marchands qui se rendent aux foires de Francfort (ad nundinas apud Frankenfurth), de même qu’à leurs marchandises. Par ce privilège, les bourgeois de Francfort virent pour la première fois leur place commerciale confortée en droit. Elle semblait avoir une importance particulière aux yeux de l’empereur, puisqu’à une époque où il accordait le droit de Geleit (sauf-conduit) aux princes dans son Statut en faveur des princes, il veilla à se conserver ce droit régalien à Francfort, à l’égale des comtes de Champagne pour les foires de Champagne.
La foire de printemps de Francfort ouvrait l’année en mars-avril, puis venait la foire de Friedberg (Walpurgismesse) entre le 1er et le 16 mai. Le rendez-vous commercial suivant avait à nouveau lieu à Francfort entre le 15 août et le 8 septembre (foire d’automne, entre deux fêtes mariales). Une foire de la Saint Michel, à Friedberg, entre le 29 septembre et la mi octobre fermait le cycle d’échanges annuels dans la Wetterau.
H. Ammann, « Die Nördlinger Messe im Mittelalter », dans Aus Verfassungs- und Landesgeschichte. Festschrift Theodor Mayer, vol. II, Lindau/Constance, 1955, p. 283-315 ; H. Steinmeyer, Die Entstehung und Entwicklung der Nördlinger Pfingstmesse im Spätmittalter mit einem Ausblick bis ins 19. Jahrhundert, Diss. Phil., Munich, 1960. Au XVIe siècle, Nördlingen obtint le droit de tenir une deuxième foire annuelle, en automne. Elle est attestée entre 1522 et 1545.
Cf. Endres Rudolf, Die Nürnberg-Nördlingen Wirtschaftsbeziehungen im Mittelalter bis zur Schlacht von Nördlingen, 1963, (Schriften des Instituts für fränkische Landesforschung, 11).
Les principaux clients des foires de Francfort étaient par ordre décroissant les marchands de Nuremberg, puis ceux de Cologne et de Strasbourg.
Il est possible d’en prendre acte au travers des listes d’invitations à l’inauguration de ces foires.
La rubrique correspondante dans le Bayerisches Städtebuch est souvent restée sans réponse faute d’études sur la question ou de renseignements dans les sources.
Cf. UB Dinkelsbühl n° 149 (24/07/1360, depuis Nuremberg. Imprimé dans Lünig, Reichsarchiv 13, 460.
Cf. UB Dinkelsbühl, n°180 (29/08/1366). Imprimé dans Lünig, Reichsarchiv 13, 460. Le calendrier initial de la foire avait sans doute le tort de recouper celui des foires de Nördlingen, qui se tenaient à la Pentecôte pendant 14 jours.
Voir H. Steinmeyer, « Die Nördlinger Messe und ihre Konkurrenten in Dinkelsbühl und Rothenburg vom 14. bis zum 17. Jahrhundert », Die Linde 58 (1976), p. 1-6 ; sur les recettes de la foire de St André à la fin du XIVe siècle et au début XVe s., voir Ohlau J.U., Der Haushalt der Reichsstadt Rothenburg ob der Tauber in seiner Abhängigkeit von Bevölkerungsstruktur, Verwaltung und Territorienbildung (1350 bis 1450), Diss. Würzburg, Würzbourg, 1975. D’après les droits d’étal payés pour ces foires, les commerçants présents étaient des boulangers, des épiciers, des cordonniers, des toiliers, des vendeurs de loden, des tailleurs, des tanneurs.
Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 221, fol. 364v : lettre à Windsheim (27/05/1517). Il s’agirait donc du marché programmé le dimanche avant la Pentecôte.
Cf. Friedrich Stein, Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, n°194, p. 181 : « nous faisons aussi savoir dans cet acte gracieux spécifique qu’ils doivent avoir paix et sauf conduit dans leur ville, tous ensemble, qu’ils soient princes, sires, chevaliers ou écuyers, bourgeois ou paysans, de même que pour s’y rendre et en partir aussi souvent que nécessaire et qu’ils le jugeront bon, à l’égale des autres villes de l’empire et ils doivent aussi avoir sécurité et sauf-conduit envers tous pour leurs trois marchés annuels (Jarmerkten), à raison de 7 jours pour deux d’entre eux et de 17 jours pour le troisième comme cela est coutumier par ailleurs, à l’exception seulement des gens qui ont été jugés et proscrits chez eux à Schweinfurt ».
Cf. Friedrich Stein, Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, n° 213
Cf. Friedrich Stein, Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, p. 342
Le 5 novembre 1427, le roi Sigismond confirme implicitement la tenue de ces foires et marchés annuels, mais souligne en même temps la difficulté de la ville à y assurer la sécurité des visiteurs : « chaque homme doit avoir paix et conduit jusqu’à leurs foires et marchés annuels et sur celles-ci […] mais de grands désordres peuvent en résulter si les hommes nuisibles se font accorder un tel conduit et une telle paix et s’y rendent au moment des marchés annuels et foires, de telle sorte que les pieuses gens pourraient subir des dommages… ». Sigismond accorda en conséquence à la ville le droit de révoquer le conduit et la paix pour les marchés annuels et foires, de telle sorte que les gens convaincus de dettes ou de méfaits ne puissent en disposer. Cf. Friedrich Stein, Monumenta Suinfurtensia Historica, Schweinfurt, 1875, n° 237
Cette date coïncide en outre avec le changement de conseil et la fin de l’exercice municipal annuel.
Cf. Hektor Ammann, Die wirtschaftliche Stellung der Reichsstadt Nürnberg im Spätmittelalter, Nuremberg, 1970 ; Gerhard Hirschmann, « Nürnbergs Handelsprivilegien, Zollfreiheiten und Zollvreträge bis 1399 », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, Stadtarchiv Nürnberg (éd.), vol. 1, Nuremberg, 1967.
Cf. Gerhard Hirschmann, « Nürnbergs Handelsprivilegien, Zollfreiheiten und Zollvreträge bis 1399 », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, Stadtarchiv Nürnberg (éd.), vol. 1, Nuremberg, 1967, n° 25, p. 10. Le document original a disparu et n’est connu que par des copies. Cf. Regesta Boïca V, n°390/391
Cf. StAN, BB6 fol. 79-79v-80-80v. La chronique de Sprenger, à Schweinfurt, témoigne de la réception de l’invitation pour la même année 1424.
La liste des villes mentionnées dans StAN, BB6, fol. 80 est la suivante : Augsbourg, Ulm et son union, Constance et son union, Schafhouse, Zurich et son union, Berne, Brisach, Bâle, Colmar et son union, Strasbourg, Spire, Worms, Mayence, Cologne, Aix-la-Chapelle, Mecheln, Bruxelles, Louvain, Gand, Lièges, Francfort, Heilbronn, Wimpfen, Schwäbisch Hall, Würzbourg, Schweinfurt, Bamberg, Cobourg, Erfurt et son union, Leipzig, Magdebourg, Mersebourg, Neunburg, Meissen, Halberstadt, Eger, Amberg, Ratisbonne, Straubing, Passau, Vienne, Eichstätt, Munich, Landshut
Voir Regesta Imperii XI, n°5619 et n°5773 (09/02/1424), n°8462, 8481 (13/04/1431). Sur le dépôt des reliques impériales à Nuremberg, voir F. Schnelbögl, « Die Reichskleinodien in Nürnberg 1424-1543 », dans Mitteilungen des Vereins für Geschichte der Stadt Nürnberg 51 (1962) ; Sur les échecs connus par diverses foires fondées aux XIVe et XVe siècles, voir Volker Henn, « Missglückte Messegründungen des 14. und 15. Jahrhunderts » dans Peter Johanek et Heinz Stoob (coord.), Europäische Messen und Märktesysteme in Mittelalter und Neuzeit, Cologne, 1996 ;
Cf. H. Steinmeyer, « Die Entwicklung der Ulmer Sommermesse (des späteren Veitsmarktes) und ihre Einordnung in das süddeutsche Handelssystem bis zum Ende der Reichsstadtzeit », Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte 77 (1990), p. 323 et s.
Cf. H. Ammann, « Vom geographischen Wissen einer deutschen Handelsstadt des Spätmittelalters », Ulm und Oberschwaben 34 (1955), p. 39 et s., 52 et s. ; Voir aussi Bulst Neithard, « Normative Texte als Quelle zur Kommunikationsstruktur zwischen städtische und territoriale Obrigkeiten im späten Mittelalter und in der frühen Neuzeit », dans Kommunikation und Alltag, Vienne, 1992, p. 127-144.
En 1486, la ville de Nördlingen adressa pour sa part des invitations à plus de 200 villes
En ce sens, les foires pourraient être l’équivalent de nos actuelles zones commerciales et industrielles. De nos jours, pour une petite commune, le lancement d’une zone industrielle ou d’une pépinière d’entreprises est perçu, outre la promesse de revenus fiscaux si l’affaire fonctionne, comme un gage de l’importance et de la vitalité de la commune.
Wolfgang von Stromer attribue l’immobilisme de Nuremberg dans la mise en place de ses foires entre 1424 et 1431 à un accord passé entre le conseil et le roi. Afin de mieux rallier les villes au projet de Tierce Allemagne contre le parti des princes, Nuremberg aurait été invitée à ne pas brusquer Francfort avec une foire concurrente. En 1432, alors que le plan de Sigismond paraissait définitivement enterré, il devenait de nouveau possible de relancer le projet de foire nurembergeoise, quitte à déplaire à Francfort. Cf. Wolfgang von Stromer, Oberdeutsche Hochfinanz 1350-1450, t.2, Wiesbaden, 1970, p. 283 et s. Si elle est plausible, cette explication ne permet pas toutefois de rendre compte d’un cas de figure général, qui n’est pas limité à Nuremberg. Nuremberg ne fut pas la seule, loin de là, à acquérir un privilège de foire, et à ne le mettre en vigueur que des années plus tard.
Le souci de la sécurité de ses bourgeois amènent de même la ville de Rothenbourg à contacter Windsheim le 27/05/1517. Pour que ses ressortissants puissent rentrer en sécurité à Rothenbourg, Windsheim est priée de laisser partir de nuit les bourgeois rothenbourgeois qui étaient venus à son marché annuel. Cf. Stadtarchiv Rothenbourg, Missivenbuch 221, fol. 364v
En 1446-1447, Nuremberg s’entremet ainsi entre Francfort et le sire de Laber. Voir StAN, BB18, fol.261, 273, 276v, 277v, 279, 285, 334, 340v, 350v, 368v
Cf. StAN, BB 1, fol. 89v, même lettre à Ravensbourg au folio 90
Sur le conduit nurembergeois, voir également Paul Sander, Die reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs, Leipzig, 1902. La ville de Nuremberg répertoriait les frais de conduits dans ces comptes. Mais ces derniers mêlaient les conduits accordés dans le domaine judiciaire et les conduits de complaisance, liés aux déplacements de marchands ou d’hôtes de marques. Il apparaît qu’en 1431, la ville de Nuremberg s’occupa du conduit de « ceux de Strasbourg » jusqu’en Bohême. En 1432, ceux d’Erfurt reçoivent une escorte nurembergeoise à partir de Bamberg, un homme de Cologne est accompagné jusqu’à Aschaffenbourg. La protection assurée par des agents nurembergeois pouvait s’étendre sur des centaines de kilomètres. Mais le plus fréquemment, Nuremberg assurait un conduit jusqu’aux portes de Neumarkt (11 cas en 1431-1440), de Bamberg (10 cas), de Forchheim (9 cas), de Baiersdorf (9 cas), de Wissembourg, Ratisbonne, Nördlingen et Dinkelsbühl (5 cas).
Voir également Biebinger et Neukam (éd.), Quellen zur Handelsgeschichte der Stadt Nürnberg, n°10, 19, 31, 37, 68, 71, 72, 73, 89, 90, 106, 107, 110, 111, 122, 128, 137, 143, 158, 164, 165, 166, 169, 183, 191, 195, tous relatifs à un conduit. La plupart correspondent aux demandes de conduit émis par le conseil nurembergeois auprès des princes et nobles voisins pour permettre le passage des négociants vers les foires de Nördlingen et de Francfort.
Ce n’est pas la première coalition de villes contre des mesures prises par Francfort. En 1361, sur la demande des « chers fidèles de l’empire », à savoir les Nurembergeois, et « d’autres bourgeois et marchands » de ses pays, Charles IV annula un privilège accordé à Francfort qui permettait à la ville de foire de prélever un « Hausgeld » sur toutes les marchandises ». Cf. Böhmer, Regesta Imperii VIII, n°3532 ; Gerhard Hirschmann, « Nürnbergs Handelsprivilegien, Zollfreiheiten und Zollvreträge bis 1399 », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, Stadtarchiv Nürnberg (éd.), vol. 1, Nuremberg, 1967, n°89.
Ce qui met le feu aux poudres est un nouveau règlement adopté par Francfort sur les opérations de courtage (Unterkaufordnung, Maklerordnung). Cf. StAN, BB5, fol. 263 : lettre de Nuremberg à Cologne (16/10/1422) ; fol. 269 : lettre à Cologne (05/11/1422) ; fol. 269v : lettre à Augsbourg, Ulm, Constance, Bâle, Strasbourg, Spire, Worms et Mayence (05/11/1422).
Cf. Böhmer, Regesta Imperii XI, 8462, 8481
Cf. Paul Sander, Die Reichsstädtische Haushaltung Nürnbergs, Leipzig, 1902, p. 532 (dépenses des Ratsbotschaften, année 1433) ; Voir sur ce point Quellen zur Wirtschafts- und Sozialgeschichte mittel- und oberdeutsche Städte im Spätmittelalter, G. Möncke (éd.), Darmstadt, 1982, n°89 ; Wolfgang von Stromer, Oberdeutsche Hochfinanz 1350-1450, t.2, Wiesbaden, 1970, p. 283 et s. ; Volker Henn, « Missglückte Messegründungen des 14. und 15. Jahrhunderts » dans Peter Johanek et Heinz Stoob (coord.), Europäische Messen und Märktesysteme in Mittelalter und Neuzeit, Cologne, 1996 , p. 221 ;
Il semble que les protestations de Nördlingen et Francfort conduisirent au moins le roi Albrecht II à minorer la durée des foires nurembergeoises. Après son élection comme roi des Romains, il confirma par privilège le droit de présentation des reliques et le marché annuel, mais pas la prolongation de 10 jours obtenue en 1431.
Faute d’études poussées sur les sources, les points de vue sur le devenir des foires de printemps nurembergeoises sont très divergents. Eugen Franz souligne leur survie au-delà de 1524, alors même que les reliques impériales tombaient en désuétude. « Dans l’empire et en dehors de l’empire, Nuremberg gagna en importance économique et en considération politique en tant que ville des insignes impériaux et grâce à ses grandes foires de début d’année ». Cf. Eugen Franz, Nürnberg, Kaiser und Reich, Munich, 1930, p.27 ; Volker Henn (cf. plus haut), reprenant F. Lütge, souligne quant à lui « l’échec final » des foires de Nuremberg : « Mais pour l’échec final des foires, les aspects juridiques n’étaient pas si importants que cela. Ce qui comptait beaucoup plus, c’était que les Nurembergeois, de même que les marchands de Cologne, au vu de l’étendue de leurs relations commerciales et de leurs voyages commerciaux ininterrompus, qui faisaient de Nuremberg un marché permanent, n’avaient pas d’intérêt à la tenue de foires périodiques et, pour cette raison, ne développèrent pas davantage les fondements acquis ». Cf. F. Lütge, « Der Untergang der Nürnberger Heiltumsmesse », JbbNatStat 178 (1965).
Cf. RTA X, p. 548 ; RTA XI, n°95, 97, 101, 103, 104, 105, 107, 109, 110, 111.
Cf. Endres Rudolf, Die Nürnberg-Nördlingen Wirtschaftsbeziehungen im Mittelalter bis zur Schlacht von Nördlingen, 1963, (Schriften des Instituts für fränkische Landesforschung, 11). Pour accorder un conduit lors des allées et venues aux foires de Nördlingen, les comtes d’Öttingen demandaient aux Nurembergeois de former un convoi unique. Mais, les missives montrent à plusieurs reprises que le conseil ne s’y tenait pas. Quand les comtes l’interrogeaient par courrier, il répondait qu’il ne pouvait donner une date de départ « car les nôtres ne viennent pas les uns avec les autres » (cf. StAN ; BB 1, fol. 34v).
Cf. StAN, Ratsbuch 2, fol. 119v
Cf. StAN, BB 36, fol. 182v, 183 (27/05/1479) : lettres au délégué nurembergeois à la cour, Gabriel Tetzel, et à l’empereur lui-même ; fol. 196v : « une réponse publique à propos de l’interdiction du conseil de fréquenter les foires de Nördlingen, suite à la plainte de ceux de Nördlingen, placardée dans de nombreuses villes » ; fol. 198 : (18/06/1479)
La défense de Nuremberg fut adressée à l’archevêque Diethern de Mayence, à l’archevêque de Salzbourg, à l’évêque de Würzbourg, à l’évêque d’Eichstätt, à l’évêque d’Augsbourg, au comte palatin Philippe, au duc Ernst de Saxe, au duc Albrecht, au duc Guillaume de Saxe, au margrave Albrecht de Brandebourg, au ducs Jörg, Otten et Albrecht de Bavière, aux quatre sires de Württemberg.
Parmi les villes, les destinatrices furent : les villes de la confédération helvétique, Cologne, Ratisbonne, Augsbourg, Ulm, Rothenbourg, Schwäbisch Gmünd, Schwäbisch Hall, Dinkelsbühl, Windsheim, Amberg, Wissembourg. Cf. StAN, BB36, fol. 197v. Nördlingen reçut également une lettre particulière. StAN, BB36, fol. 198.
Le conseil de Nuremberg reprocha à Nördlingen de n’avoir pas observé toutes les étapes de recours judiciaires prévus par les privilèges urbains (inner Rüg). Le Magistrat de Nördlingen était allé directement se plaindre de l’attitude nurembergeoise auprès du souverain et des princes électeurs et des villes d’empire, alors que la procédure réclamait d’abord le dépôt d’une plainte devant la justice nurembergeoise. Puis, si les gens de Nördlingen entendaient alors maintenir leur plainte, ils pouvaient la porter devant l’empereur romain « notre seigneur naturel et juge ordinaire », ou à défaut devant un des princes suivants ou de leurs conseillers : l’archevêque de Mayence, chancelier impérial, l’évêque de Würzbourg, l’évêque de Bamberg, l’évêque d’Eichstätt, l’évêque d’Augsbourg, le comte palatin rhénan, le duc et prince électeur de Saxe, le margrave de Brandebourg, les archiducs d’Autriche et duc de Haute et Basse Bavière, les ducs de Saxes et margraves de Meissen, les comtes de Württemberg. L’un des bourgmestres et membres du petit conseil des villes de Ratisbonne, Augsbourg, Ulm, Rothenbourg, Schwäbisch Hall, Schwäbisch Gmünd, Dinkelsbühl, Windsheim et Wissembourg pouvait être requis au même titre pour l’arbitrage judiciaire (zu rechtlichem ausstrag)