Rothenbourg fut le siège d’un secteur d’administration impériale dès le XIIe siècle. Mais il faut attendre l’apparition d’une Reichslandvogtei à la fin du XIIIe siècle pour relever une influence juridique rothenbourgeoise. Son autorité administrative et judiciaire justifia la naissance d’une famille de droit dont elle était l’origine. Mais en raison de la concurrence nurembergeoise à l’Est, cet essaimage se cantonna à l’Ouest de la cité sur la Tauber. En 1306, les petites localités de Ballenberg, Boxberg et Lauda reçurent les statuts de Rothenbourg. Sa future « voisine et amie » seigneuriale, Creglingen, alors aux mains des seigneurs de Hohenlohe, bénéficia pour sa part du droit rothenbourgeois en 1349 1385 . Mais parmi ses autres voisines et amies, plus au Sud, Schwäbisch Hall et Dinkelsbühl relevaient d’une autre famille de droit et héritaient du droit municipal de la ville d’Ulm.
Les familles de droits et les filiations entre statuts urbains donnent une image de la centralité juridique de certaines villes franconiennes ou souabes aux XIIIe-XIVe siècles. Il faut cependant prendre garde de ne pas raisonner ici en termes purement géographiques, les familles de droit ne formaient pas des cercles concentriques ordonnés autour d’un centre, elles étaient parfois le seul vestige d’un passé politique commun entre des localités assez éloignées, qui furent sous la gouverne d’un même seigneur.
Au terme du Moyen Âge, Nuremberg était sans conteste en Franconie une des cités au plus grand rayonnement juridique, un rayonnement qui dépendait au reste du type de statut exporté. En matière de droit commercial, le droit nurembergeois fit école dans des villes parfois très éloignées. Si les libertés nurembergeoises furent sujet de convoitise pour Amberg et Bamberg, Berne se fit elle aussi accorder les mêmes droits que les Nurembergeois dans les villes impériales (1314), Munich revendiqua les mêmes libertés que Nuremberg à Friedberg (1338) et dans les territoires de l’évêque de Trêves (1339) 1386 . Cependant, quand il s’agissait de l’ensemble des prescriptions et libertés municipales, le droit nurembergeois porta moins loin. Il était limité au Nord par la présence d’une petite famille de droit issue de Schweinfurt et au Sud-Ouest par le rayonnement juridique d’Ulm. Aussi est-ce surtout à l’Est et au Nord-Est que Nuremberg servit d’inspiratrice juridique. Son droit devint celui de nombreuses fondations urbaines du XIVe siècle en Haut-Palatinat, Nouvelle-Bohême et Bohême occidentale 1387 , sans toujours pouvoir garder par la suite une influence décisive dans les territoires princiers qui se renforçaient.
L’émergence de familles de droit plus restreintes, centrées sur Sulzbach, Amberg, Eger, Bamberg, Schweinfurt, Wissembourg ou Rothenbourg… atteste de villes d’un rang juridique secondaire.
Les familles de droit ne formaient pas que des liens formels entre les cités qui partageaient les mêmes statuts. Bien que les organismes municipaux ne furent pas dans la plupart des cas les initiateurs des concessions juridiques, les familles de droit créées entre le XIIe et le XVe siècle eurent des répercussions sur la vie intercommunale du bas Moyen Âge.
Il faut peut-être y ajouter Aw (Aub ?) à laquelle le conseil de Rothenbourg adresse au début du XVIe siècle une expertise judiciaire, tendant à prouver une filiation entre le droit des deux localités.
En sens inverse, le conseil nurembergeois s’inspira du droit commercial de Prague pour ses libertés en Bohême, Moravie et Pologne (1347, 1379) et réclama à Gand, Ypres et Bruges les mêmes privilèges que les villes de la Hanse (1362). Voir Gerhard Hirschmann, « Nürnbergs Handelsprivilegien, Zollfreiheiten und Zollverträge bis 1399 », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, Stadtarchiv Nürnberg (éd.), vol. 1, Nuremberg, 1967
La famille de droit de Prague prend le relais au-delà.