Avant de dire comment cette recherche a été effectuée, je voudrais juste évoquer très brièvement d’où vient ce travail. Car si cette étude a été mise en oe uvre au sein d’un projet plus large, elle est aussi le fruit d’un itinéraire et de choix personnels ; qui en retour ont influencé la construction de ce travail.
J’ai abordé cet exercice qu’est la thèse à travers la possibilité d’effectuer des recherches sur et dans un pays extrêmement différent du mien. Trois missions de recherches m’avaient déjà menée en Asie. Si les deux premières s’inséraient dans un projet d’envergure1, la troisième, beaucoup plus succincte, ne s’était finalement traduite que par cinq semaines à Hô Chi Minh Ville2 en juillet 1990. Il me restait de ces expériences, tout à la fois un besoin de compréhension des ambiances urbaines rencontrées et en parallèle un sentiment d’inachevé, une somme d’images, de sensations entrevues et qui, si elles faisaient sens ensemble, pour autant ne pouvaient s’insérer dans le cadre de pensée et de référents qui était le mien. Les lectures, comme les discussions ne m’apportaient que des éléments très partiels. Je souhaitais atteindre les raisons d’être, passées comme présentes, des espaces abordés dans des villes vécues et gérées autrement. Et par là atteindre une certaine compréhension, très contextuelle, du développement urbain et de ses processus.
Ma formation d’architecte puis les expériences professionnelles m’ont donné un cadre de raisonnement, évidement réinterprété pour être approprié. A travers différentes expérimentations de l’architecture, j’ai accepté une définition pragmatique : ’l’architecture est l’art d’organiser l’espace’ et parallèlement, la spécificité de l’architecte : ressentir l’espace, les espaces, mais surtout être capable de le formuler, de le concrétiser, d’en avoir conscience.
L’outil couramment utilisé pour transcrire ces caractéristiques est généralement le dessin, pour sa capacité à représenter l’espace de manière codifiée. Outil privilégié de l’architecte, le dessin utilise un langage3 non formulé (non verbal) et non linéaire. L’enjeu principal de ce travail de recherche était alors d’appréhender l’espace urbain, de le construire comme objet de réflexions et de le théoriser.
De là tout est parti.
In fine, et de manière très personnelle, ce travail de thèse n’a pas été vécu comme continuité, mais bien comme une rupture ou plus exactement comme une autre manière d’aborder les questions. Non, je ne crois pas que la pensée d’un architecte, qui est recherche permanente, mène naturellement à ’la’ recherche4.
L’E.F.E.O. de Pondichéry avait lancé un programme pluridisciplinaire sur le Tamil Nadu. Dans ce cadre Jacques Gaucher s’est chargé de la recherche concernant la morphologie urbaine et le typologie de l’habitat [J. Gaucher - De la maison Tamoul à la ville en pays Tamoul - Thèse E.H.E.S.S. - 1994]. J’ai eu la chance de participer à deux missions sur le terrain.
Tentative de mise en place d’échanges entre les écoles d’architectures de Nantes et de H.C.M.V., et premières études sur le développement urbain des agglomérations du Sud du Viêt Nam.
Le terme lui même est détourné si l’on s’en réfère à sa définition : ’fonction d’expression de la pensée et de communication entre les hommes mis en oe uvre au moyen d’un système de signes vocaux (parole) et éventuellement de signes graphiques (écriture) qui constitue une langue.’ [Le Petit Robert- 1996].
Ici, le terme langage est utilisé comme outil de communication.
Il n’existe actuellement pas de thèse sur l’architecture en tant que discipline, mais sur l’histoire de l’architecture, en sociologie ou anthropologie urbaine, en urbanisme, etc. Le doctorat est un titre universitaire.