De manière globale, la problématique développée s’inscrit très explicitement dans le présent. Or, les enjeux de l’histoire récente du Viêt Nam sont toujours d’actualité et se répercutent directement à travers le développement de Hô Chi Minh Ville.
La guerre du Viêt Nam, qui a éclaté suite aux conflits issus de la guerre d’Indochine, elle-même guerre de décolonisation issue de la deuxième guerre mondiale, a été un événement-symbole mondial qui a incarné les relations Est-Ouest et Nord-Sud, relations qui ont divisé et divisent toujours le monde.
Ce simple constat est primordial. D’une part pour les pays riches qui ont instauré la mondialisation, la charge symbolique du Viêt Nam est lourde de sens. D’autre part, les questionnements idéologiques sont toujours au coe ur de la problématique (urbaine ou non) du gouvernement vietnamien, alors que le pays s’ouvre à l’époque de cette mondialisation et après plus de dix ans d’isolement. Comment rejoindre le club restreint des pays d’Asie du Sud-Est possédant une économie forte tout en restant fidèle à l’idéologie communiste qui est celle de son gouvernement ? Comment attirer des investissements étrangers sans renoncer à la planification du développement ? Comment profiter des coopérations développées par les pays riches avec les pays dits en voie de développement et rester maître chez soi ?
L’idéologie communiste refuse l’essor de la ville en tant que lieu d’échanges, donc organisme créateur de désordres et lieu d’établissement des classes bourgeoises favorisées par les échanges commerciaux. Le Viêt Nam défend une politique de développement équilibré du territoire, soit un réseau de petites agglomérations et villes moyennes. Mais les investissements étrangers (voulus par le gouvernement vietnamien), guidés par l’idée de profit et souvent de risques minimums, ont besoin d’une économie déjà opérationnelle. De plus, l’évolution récente des métropoles montre l’importance de la proximité physique et de l’existence des services à travers l’émergence des central business districts. Les investissements ont donc en très grande majorité tendance à s’implanter dans les villes importantes9 10 dont ils favorisent la croissance. L’ouverture maîtrisée que cherche le gouvernement vietnamien, cette transition qui ne va pas sans contradictions, se répercute directement sur le développement des grandes villes. C’est l’enjeu urbain tel qu’il est abordé par les acteurs institutionnels du système.
Mais centre de vie, lieu en permanente mutation, la métropole est produite par sa propre population pour qui l’enjeu urbain est la capacité de la ville à lui fournir un lieu et des moyens pour y vivre. Alors, les caractéristiques qui ont rendu Saigon et le Viêt Nam célèbres, bien que primordiales dans la compréhension de sa réalité et de son devenir, ne sauraient faire oublier, ou ne devraient pas faire oublier, que Hô Chi Minh Ville est avant tout une ville asiatique et récente, aujourd’hui métropole en plein essor d’un pays pauvre à la démographie galopante.
La problématique développée dans ce travail de recherche est au point de rencontre des pratiques urbaines issues de ces différents enjeux, dans le contexte d’ouverture économique propre au Viêt Nam de la fin du 20ème siècle.
Plus de la moitié des investissements étrangers directs sont réalisés à Ha Nôi et à Hô Chi Minh Ville et 80% dans les deux villes-provinces du Nord et les quatre provinces du ’triangle de croissance’ de H.C.M.V.
Soit l’ensemble constitué par la somme des différentes interventions formelles.