D’une première observation s’impose que les institutions administratives ne maîtrisent pas l’évolution formelle de la ville. Et pour autant, sous des apparences anarchiques, le développement urbain semble posséder des régulations qui lui sont propres. Le questionnement de départ concernant la compréhension du mécanisme de la planification urbaine à Hô Chi Minh Ville a alors été élargi à un questionnement sur les pratiques actuelles de la production de l’environnement construit à Hô Chi Minh Ville, des systèmes qui génèrent cette production aux pratiques urbaines qu’elle engendre.
A travers l’environnement construit, la référence est explicitement faite à l’ensemble des constructions de la ville, en ce qu’elles définissent des espaces extérieurs urbains11. De manière plus précise ce sont les espaces publics : lieux appartenant à la collectivité, sur lesquels se focalisera cette recherche. Si la somme des bâtiments leur donne forme, ils trouvent vie et sens à travers les pratiques urbaines qui les transforment ou les ignorent. Par l’expression ’environnement construit’ est donc désigné tout à la fois les constructions qui délimitent et caractérisent les espaces urbains et ces espaces eux-mêmes, l’ensemble étant indissociable et lié par des relations réciproques.
Afin de comprendre, initialement, la réalité de la planification urbaine au Viêt Nam, et plus particulièrement à Hô Chi Minh Ville, j’ai donc orienté la recherche vers la réalité du développement des espaces urbains, qui supportent l’activité urbaine, et des constructions courantes, qui définissent ces espaces et sans lesquelles ils n’existent pas. L’évolution des différents master plan tend à rassembler au sein d’une même dénomination ’secteurs d’habitat’, la presque totalité de l’agglomération urbaine. Cette globalisation qui n’est détaillée ni définie à aucun moment m’a incitée à aborder les réalités et dynamiques à l’oe uvre au sein de ces secteurs, dont les pratiques loin d’être identiques en tous lieux, sont générées par le type d’habitat qui délimite les espaces extérieurs urbains, à travers les relations possibles entre chacun.
En effet, un premier constat m’a permis de diviser l’habitat en deux types très distincts et individuellement homogènes, qui représentent la quasi-totalité de la production urbaine construite dans l’agglomération et en dehors de l’hypercentre12 de la ville. En parallèle de cette nette séparation typologique de l’habitat existant, la production actuelle (de l’habitat) est le fait de deux types d’acteurs : institutionnel-public et individuel-privé. L’ensemble se présente donc au sein d’une totale dualité.
Dans l’agglomération actuelle de Hô Chi Minh Ville, c’est bien le bâti qui définit l’espace de la rue et de la ruelle, espaces qui fédèrent et supportent l’activité urbaine. En ce qui concerne les grands espaces libres que sont les parcs publics, les boulevards autoroutiers et les quais de la rivière de Saigon, même si ce n’est plus le bâti qui donne sens à l’espace, c’est toujours lui qui formellement le délimite.
Le développement de l’ypercentre de la ville est lié à des intérêts économiques issus de la mondialisation. Le terme retenu généralement est alors la métropolisation pour désigner les formes des territoires urbains associés aux processus économiques mondiaux.