III - 4 La Modernité Comme Objectif de Croissance

Le développement urbain est donc l’un des grands tournant de la đ message URL ocircaccent.gifi m message URL oqueueaccent.gifi, alors que l’objectif de la croissance économique par l’apport d’investissements étrangers nécessite au préalable une réhabilitation idéologique des centres villes marchands, que sont les central business districts devenus synonymes de modernisation. Au Viêt Nam, après dix années de fermeture totale qui se sont traduites par une régression économique d’autant plus marquée qu’elle fait suite à trente années de guerre, la modernité se pose comme modèle, comme objectif à atteindre, et non comme processus de modernisation.

Si en Asie du Sud-Est de manière générale le symbole de la modernité est incarné par la réussite de Singapour, il l’est au Viêt Nam en particulier et se pose en retour comme le référent permanent des politiques urbaines.

Mais le sens donné à la modernité existe avant tout par l’interprétation que chacun en a et la concrétisation qu’il en fait, avec des résultats qui, dans leur ensemble, peuvent être très différents du concept premier : si l’électricité et le téléphone sont indubitablement liés à cette modernité, leurs réseaux extérieurs tel qu’ils sont agencés aujourd’hui à Hô Chi Minh Ville ne le sont pas. Dans le même ordre d’idées, la population se prononce de manière unanime en faveur d’un bâtiment neuf, quelque soit son impact sur l’environnement, mais à condition qu’il entre à l’intérieur de son système de référence27.

Pour le citadin de Hô Chi Minh Ville, le modèle de Singapour est simple. Il s’agit d’un pays voisin dont le succès économique et la richesse qui en découle font rêver. Le symbole de cette réussite se condense dans son central business district, modèle du centre d’affaire à reproduire.

Pour les dirigeants, l’admiration vouée à Singapour est double et tout à la fois beaucoup plus partielle. Comme les habitants, et plus largement comme tous les pays voisins d’Asie du Sud-Est, les dirigeants vietnamiens souhaitent créer des centres d’affaires, en accord avec l’objectif de modernisation annoncé et l’ouverture aux investissements étrangers. Ce modèle est d’autant plus fort au Viêt Nam, où la ville n’est acceptée que parce qu’elle sert l’objectif de croissance et qu’elle en paraît indissociable.

Mais plus que ce symbole de la réussite dont les responsables vietnamiens ne mettent jamais en avant son étroite relation avec le développement d’une économie de marché, c’est la planification du logement et sa réussite qui les tentent et qu’ils souhaitent reproduire. En effet, le succès de Singapour est aussi à attribuer à une politique28 volontaire, voire autoritaire, dont l’accès de tous à un habitat décent, mais surtout un habitat standardisé pour dépolitiser l’espace urbain issu des répartitions ethniques, est un élément primordial. Le Viêt Nam retient de cette expérience le succès de la planification des ensembles d’habitat, mais encore une fois, il oublie le lien de cette réussite à l’essor économique du pays qui a permis et soutenu cette politique d’habitat par ’l’intégration massive de la population dans la sphère du salariat’29.

Notes
27.

L’évolution de l’attitude de la population au sujet des tours de bureaux du centre ville est fonction de la référence faite de ce centre à un centre historique ou à un centre d’affaires.

28.

C. Goldblum - 1987.

29.

C. Goldblum - 1996 - p. 176.