Une fois énoncé que l’aptitude qui me semble la plus spécifique à l’architecte est sa capacité à donner forme et sens au ressenti d’un espace, mon intention de travailler à partir d’un terrain d’expérimentation s’explique d’elle-même et devient une évidence avec ma volonté d’aborder une culture si différente de la mienne.
Ainsi, cette recherche telle que je l’appréhendais ne pouvait être que le fruit de ’l’observation participante’. J’ignorais alors les problèmes inhérents à cette attitude de recherche. Ce travail effectué en terre étrangère à la conception occidentale du monde est aussi le fruit de cette inexpérience et de la curiosité qui va de pair. Car c’est bien la somme de toutes ces rencontres, de toutes ces expériences, de tous ces entretiens qui fait sens. L’enjeu de la rédaction a été la construction, la mise en évidence de processus, de modes d’actions, de relations, reconstitués à partir d’éléments fragmentés, par agrégations successives mais surtout par mise en relations. L’objet final proposé est donc une construction a posteriori.
Si l’étude s’est engagée autour d’un objet défini : ’les outils d’urbanisme’, d’un contexte général : ’Les réadaptations des techniques dans le cadre des échange induits par la mondialisation’ et d’une hypothèse mais surtout de la question qu’elle induit : ’Si le master plan est un élément du langage en cours avec les Occidentaux, potentiels financeurs de projets ; alors, quelles maîtrise du développement urbain est mise en oe uvre à Hô Chi Minh Ville ?’ pour autant ces élément définissaient plus une ligne directrice ouverte, qu’un sujet établi. En fait, ce sont les premières lacunes décelées sur le terrain, qui ont orienté l’objet de l’étude et permis d’affiner les premières questions qui n’ont jamais été abandonnées.
L’approche méthodologique choisie n’est donc pas construite sur le modèle classique et le mode de construction de l’objet correspond aux méthodes qualitatives employées. Comme le définit Jean-Claude Kaufmann44 : ’l’objet se construit peu à peu, par une élaboration théorique qui progresse jour après jour, à partir d’hypothèses forgées sur le terrain’.
Le travail de terrain s’est déroulé en quatre séjours (5, 6, 10 et 3 mois) entre décembre 1996 et avril 2000, auxquels il convient de rajouter deux voyages préliminaires45.
J. C. Kaufmann1996 - p. 22.
Le premier séjour effectué en Juillet 1990 était organisé par l’Ecole d’architecture de Nantes avec l’Université d’architecture de Hô Chi Minh Ville et devait déboucher sur des échanges d’étudiants. Le travail s’est organisé autour de deux axes : tout d’abord une approche typo-morphologique de l’habitat à H.C.M.V., puis des rencontres avec des comités populaires de deux villes du delta du Mékong : Cân Tho et Vinh Lung.
Le second séjour était un séjour de prospection effectué dans le cadre du D.E.A. en janvier et février 1996. Il s’est organisé entre Cân Tho, Hô Chi Minh Ville, Hue et Ha Nôi, afin de relativiser les textes écrits et les remettre dans leur cadre. Soit, dégager les permanences de l’habitat et de son organisation au Viêt Nam, mais aussi les différences de chacune des trois grandes régions [A. Burlat - 1996].