Les premières années de l’installation française100 à Saigon sont marquées par la lenteur. Le traité concernant la cession des trois provinces de la Cochinchine est imposé à la cour de Hue en 1862 sous l’amiral Bonnard. Mais il faut attendre 1865 pour que Napoléon III confirme la prise de possession définitive de la Cochinchine par la France. Le premier gouverneur civil de Cochinchine est nommé en juillet 1879, alors que l’Union indochinoise n’est effective qu’avec le décret du 19 octobre 1887. L’autorité coloniale supérieure est alors transférée à Ha Nôi par la nomination d’un gouverneur général.
1895 voit la fin de la première phase de la résistance vietnamienne à la présence française101 et le désengagement du conseil colonial, pouvoir délibératif pour la gestion du domaine privé de la colonie et les travaux publics, au profit de la mise en valeur de l’arrière pays cochinchinois102. Paul Doumer, nommé au poste de gouverneur général en 1897, confirme cette orientation d’une politique de mise en valeur économique du territoire et la systématise. Il faudra ensuite attendre 1921 et la nomination d’Hébrard, puis la création du service de l’urbanisme en 1923 pour qu’à nouveau, le développement urbain réapparaisse au rang des impératifs.
Les grands travaux de l’établissement de Saigon ont donc été réalisés entre 1865 et 1895, comme le confirment les différentes cartes du territoire de Saigon de la fin du 19ème siècle. Le plan103 de 1882 est le plus intéressant, car il symbolise le parcellaire des constructions, ce que les suivants ne reproduiront pas. Il témoigne des types d’interventions qui ont structurés la ville.
La construction dense d’îlots complets par des ensembles lotis. Ceux-ci sont bâtis en continuité urbaine et sur un parcellaire en lanière, du type compartiment. Ils forment la ville basse, à la confluence de l’arroyo chinois et de la rivière de Saigon.
La construction par le pouvoir colonial d’édifices publics, bâtiments individuels et indépendants, situés sur l’Est du plateau, du coté de la rivière.
L’apparition des premières villas, au centre de grands terrains, sur l’Ouest du plateau.
Entre la rivière et le plateau, le long de la ville basse, l’actuelle rue Dong Khôi (rue Catinat d’alors) focalise les constructions privées, qui sont construites en continuité urbaine.
Enfin, le dessin du réseau viaire et des futurs lots pour le développement de la ville.
Ainsi, au delà des imperfections évidentes de leurs travaux, c’est bien l’impulsion et les interventions du gouvernement des amiraux qui ont donné à la ville cette structure urbaine qui lui a permis d’évoluer jusqu’à aujourd’hui.
La citadelle vietnamienne tombe le 17 février 1959, un mois après l’entrée des troupes dans l’estuaire.
Dans A Ruscio ed. - 1989 : C. Fourniau - Le Viet Nam à l’époque coloniale - pp.115-121.
F. Tainturier - 1998 - p. 87.
cf. plan p.72 [plan cadastral de la ville de Saigon].