II - 1 LA VILLA - Une Production Coloniale

La villa est une maison dont aucun des murs n’est mitoyen. Elle possède des ouvertures sur tous les cotés, même si généralement la façade de l’entrée est mieux traitée que les autres. Mais surtout, même si des communs peuvent être construits, les différents bâtiments ne sont pas organisés de façon à définir un espace extérieur tel une cour. Au contraire, l’espace extérieur est organisé pour mettre en valeur la villa. La villa est donc une petite construction considérée comme une entité et construite en coeur de parcelle. Séparée de la rue par une partie du jardin, son rapport à l’espace public est indirect.

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La villa est par excellence la production urbaine développée par les Français en Indochine pour leur habitat. Dans l’ancienne Saigon151, les références et emprunts de ces villas à l’architecture balnéaire, estivale, de la métropole sont significatives.

A la libération de Saigon, le gouvernement s’est approprié la grande majorité de ces villas coloniales. Les administrations d’état se sont attribuées les plus belles et les ont agrémentées de modénatures monumentales, caractéristiques d’un gouvernement communiste. D’autres ont été utilisées pour loger les familles des fonctionnaires. Pour ce faire elles ont été divisées et collectivisées. Elles n’ont pas été entretenues et ces répartitions ont accéléré leur dégradation par le biais de rajouts non maîtrisés. Leur espace extérieur, considéré comme un espace libre, a souvent été bâti et occupé par des constructions ouvrant sur la rue, ce qui se traduit par une perte d’identité de la villa.

Aujourd’hui, des coe urs d’îlots et les rues les moins circulantes (Tu Xuong, Pham Ngoc Thach) abritent encore quelques anciennes belles villas. Mais leur construction a totalement disparu du centre ville. Si la principale raison est liée à la taille du terrain nécessaire, donc au coût qui en découlerait si la densité de la ville n’était pas déjà un premier obstacle, il est aussi exact que ce type d’habitation isolée est peu prisé des vietnamiens. Ni l’isolement de la villa au centre de sa parcelle, ni son isolement par rapport à la ville et son activité, ne sont bien vécus. Pour l’instant, ceux dont les revenus leur permettraient ne font pas ce choix d’habitat.

Pour ces différentes raisons, la production actuelle de villas est très réduite, très ciblée et exclusivement suburbaine ou périurbaine.

Notes
151.

Ha Nôi, qui sera développée plus tard et possède un hiver marqué et froid, possède surtout des villas du style des années 1930.