Trois cas rencontrés, isolément, se distinguent des modèles issus des classificateurs morphologiques retenus. Je les ai tous rassemblés sous cette appellation car ils ont en commun d’être des réalisations d’ensemble, avec un espace commun, même de moindre importance, c’est ce particularisme qui les sépare des autres types reconnus.
Le lotissement qui se distingue par son mode de production ne devrait pas intervenir en tant que tel au sein de cette typologie dont les classificateurs dominants sont morphologiques, mais à travers le forme de l’habitat qu’il produit : des compartiments en bande, un ensemble de maisons, etc. Or ce qui est intéressant dans ce cas, c’est justement le rapport de l’ensemble construit à l’espace urbain, pris ou non en considération, et non le fait qu’il s’agisse d’un ensemble de compartiments ou de maisons. Ce rapport est issu de son mode de production, puis éventuellement de son mode de gestion soit, de sa caractéristique de lotissement qui se traduit dans la morphologie.
Un investisseur étranger a réinterprété le compartiment chinois afin de créer un ensemble165 organisé symétriquement de part et d’autre d’un espace extérieur, aménagé et donc privatisé, que les deux bandes de compartiments définissent. Dans ce cas la production d’ensemble permet de changer la relation des espaces intérieurs (privés) à l’espace public, par rapport à un compartiment conçu individuellement. La présence d’un promoteur qui impose un règlement particulier pour l’ensemble du lotissement est alors incontournable. Ce cas reste exceptionnel et, de plus, les habitations sont destinées à des vietnamiens très aisés.
Un autre cas très récent est un lotissement de maisons en bandes avec jardins réalisé autour d’une portion de rue privée et marquée par deux portails à ses extrémités (elle rejoint de chaque coté une autre voie). L’un d’eux est en fait toujours fermé, transformant la rue en impasse privée. Cette réalisation d’ensemble a été réalisée sur un ancien terrain de l’armée, par un membre d’une des familles auxquelles les terrains ont été attribuées pour compensations diverses. Les huit maisons sont identiques et se font face quatre à quatre, délimitant cette voie commune privée qui est entretenue par les habitants. Dans ce cas, c’est la présence de l’armée qui a permis à un promoteur d’émerger.
Le troisième cas relevé est plus ancien et un peu plus compliqué. Dans les années 1960, un lotissement a été construit afin d’offrir des logements spacieux aux cadres américains. Il s’agit de maisons en bandes d’un étage sur rez-de-chaussée, et construites en fond de parcelle, dans un secteur résidentiel. L’espace dégagé devant est le jardin privé du logement du rez-de-chaussée correspondant. L’étage abrite un logement et chaque maison est jumelée avec une voisine afin de n’avoir qu’un escalier dont l’accès est indépendant, pour les deux logements d’étages. Le fonctionnement théorique est simple, une maison ne concerne que deux propriétaires ce qui permet des arrangements en cas d’extension souhaitée par l’un ou l’autre, et un escalier est partagé entre deux logements d’étages qui doivent s’arranger pour son entretien. Cet exemple est à ma connaissance unique.
Tous ces cas sont issus d’une situation hors norme à laquelle une solution a été apportée. Les deux premiers sont identiques dans leur fondement et pourraient indiquer une direction de l’évolution future. Par contre, la non reproduction du dernier montre la difficulté à penser un espace réparti entre plusieurs propriétaires, même si le nombre est réduit.
cf. Thuan Viet Trading Town paragraphe IV-2 du chapitre VI.