II - 5 L’HABITAT SPONTANE, PRECAIRE

Cet habitat, engendré par un contexte économique ne peut être considéré comme un type morphologique en soi et peut a priori prendre n’importe qu’elle forme. Caractérisé par la pauvreté et bien souvent l’illégalité de ses occupants, son objectif de leur fournir le clos et le couvert se traduit au minimum par une petite pièce, éventuellement sans fenêtre ni pièce d’eau, et une densité de construction du sol défiant toute concurrence. De ce fait, il crée un habitat particulier dont le rapport à l’espace urbain est très fort. Généralement, comme le compartiment, il est mitoyen sur trois coté et ne s’ouvre que par une très faible largeur sur la voie d’accès. Les relevés proposés par Sébastien Wust166 dans le cas d’un quartier installé depuis déjà plusieurs années témoignent d’une interprétation du compartiment.

Les maisons les plus pauvres, dont certaines ne dépassent pas 10 m², sont en fait celles qui s’installent dans les interstices, au sein des quartiers spontanés comme dans ceux de la ville officielle. Certaines n’ont même pas un accès au sol et quelques marches d’un escalier vertical mènent à une trappe qui est l’accès du logement. Finalement, l’ensemble des constructions d’un quartier proposent une telle diversité de qualité d’habitat qu’il est impossible, comme le relève Sophie Cartoux167, d’établir une limite précise entre l’habitat précaire et l’habitat de bonne qualité.

L’habitat dit ’spontané’ est défini par sa non-intégration dans les procédures officielles. Il se caractérise alors généralement par l’illégalité des constructions, qui sont principalement édifiées sur des terrains sans statut, tels les berges des arroyos et des canaux, ou sur des terrains inoccupés parce que marécageux ou insalubres et squattés. Cette caractéristique lui vaut aussi l’appellation ’sous-intégré’ en ce sens que ne faisant pas partie de la ville officielle, il n’a pas accès aux réseaux. De façon beaucoup moins identifiable, l’habitat spontané occupe aussi certains interstices du tissu urbain et participe de sa densification. Cet habitat se traduit par des constructions précaires, réalisées avec des matériaux de récupération : bois, tôles, bâches, etc. De manière générale, il est réalisé par la couche la plus pauvre de la société et/ou par des personnes en situation d’illégalité résidentielle.

Par définition, cet habitat se situe donc en dehors de tous les circuits classiques de production et se caractérise par des réponses spécifiques à chaque situation, suivant les possibilité, les opportunités de chacun. Il est caractéristique de la pauvreté urbaine et existe en parallèle des problèmes sociaux inhérents à cette pauvreté. De ce fait, il est particulièrement présent dans les métropoles des pays les moins développés. Hô Chi Minh Ville (contrairement à Ha Nôi) n’échappe pas à la règle.

Sa prise en compte, nécessite une autre approche que celle développée ici, comme le montre Sébastien Wust168 dans son étude sur la politique de relogement pratiquée à Hô Chi Minh Ville et la mise en évidence de ’tactiques d’intégrations’. Il constitue en lui même un sujet de recherche169. Cet habitat ne sera abordé que très succinctement et en fonction du besoin et de l’intérêt qu’il représente pour la recherche menée ici.

Notes
166.

S. Wust - 2 000 - pp. 214-216.

167.

S. Cartoux - 1997- p. 46.

168.

S. Wust - 2 000.

169.

L’habitat dans les pays les moins développés est très souvent abordé à partir de l’habitat spontané ou précaire, à cause justement des problèmes spécifiques qu’il pose. Ce dernier est l’objet de nombreuses parutions.