Le modèle du compartiment, avec ou sans activité attachée, commerciale ou artisanale, est donc celui utilisé par les populations urbaines vietnamiennes et chinoises au Sud du Viêt Nam. Il a été interprété et réinterprété maintes fois182 pour s’adapter aux besoins du contexte, jusqu’à être réduit à son expression minimum pour former la cellule de base des immeubles collectifs.
Il reste l’habitat idéal-type d’aujourd’hui et la promiscuité qu’il impose n’est pas vécue négativement par la population vietnamienne qui au contraire évite un trop grand isolement. Par contre avec la densification et l’élévation en hauteur du compartiment, les qualités d’aération et d’éclairement des pièces sont de moins en moins satisfaisantes ; et contrairement à la tendance actuelle, la climatisation et le néon ne peuvent les remplacer de manière acceptable. Ainsi le compartiment montre depuis quelques années les limites de son évolution. Pour que celle-ci puisse se développer, il devra encore être réinterprété.
Son fonctionnement interne ne s’est que peu modifié et l’augmentation récente de sa surface n’a pas encore induit des modes d’habiter en conséquence. Au départ conçu pour abriter une famille et son activité, lorsqu’il s’élève sur cinq ou six niveaux qui créent dix à douze pièces, il correspond très bien à un mini hôtel, mais plus du tout à une habitation familiale, d’autant qu’une seule cuisine est prévue et que l’entrée de tous se fait par la façade de l’activité du rez-de-chaussée qui est traversée de part en part.
Ainsi, le compartiment chinois créé pour abriter une mixité de fonctions, caractéristique urbaine de cette région de l’Asie a évolué vers le compartiment actuel, ni vraiment collectif, ni vraiment communautaire, qui superpose des pièces à vivre plus que des logements, et génère un tissu dense par sa propre juxtaposition.
Sans doute serait-il temps à Hô Chi Minh Ville que les dirigeants prennent enfin en considération ce type d’habitat, afin de pouvoir l’aider à se transformer en fonction de l’évolution de la ville, de ses habitants et de la société. Mais reconnaître cet habitat inclut le fait d’accepter le tissu qu’il génère. Nous verrons que pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour.
cf. p. 98 [Variations sur le plan du compartiment chinois] des différents types de compartiments relevés à H.C.M.V. en Juillet 1991. Il faut souligner la correspondance entre le plan du compartiment de coe ur d’îlot construit au tout début de la colonie par un promoteur et la cellule de l’immeuble collectif tout juste inauguré alors. La différence est en fait volumétrique. Le compartiment de coe ur d’îlot inclut une mezzanine sous la pente du toit et utilise le sol de sa cour.