Ce paragraphe est succinct, mais il n’a de raison d’être que pour rappeler la position du Viêt Nam à l’intérieur du cadre politique théorique dont il se réclame et de l’interprétation qu’il en fait pour organiser son territoire. Il permet de questionner les interprétations, tant vietnamiennes qu’occidentales, de remettre des ’évidences’ en questions.
Mais au-delà des termes employés, quelle est la référence ?
‘’Parler du marxisme est devenu une des entreprises les plus difficiles qui soient. D’abord nous sommes impliqués de mille façons dans ce dont il s’agit. Et ce marxisme, en se ’réalisant’ est devenu insaisissable. De quel marxisme en effet faudrait-il parler ? (...) Il n’y a pas seulement l’abîme qui sépare les marxismes officiels et les marxismes d’opposition. Il y a l’énorme multiplicité des variantes, dont chacune se pose comme excluant toutes les autres.’’Cette question et ces constats de Cornélius Castoriadis189 sont présents dès le mot communisme ou marxisme avancé ; de quoi est-il question ? De la théorie, de la pratique ? Car dans les faits :
‘’Idéologie, le marxisme l’est d’abord devenu en tant que dogme officiel des pouvoirs institués dans les pays dits par antiphrases ’socialistes’. Invoqués par des gouvernements qui visiblement n’incarnent pas le pouvoir du prolétariat et ne sont pas plus ’contrôlés’ par celui-ci que n’importe quel gouvernement bourgeois (...) le marxisme y est devenu le ’complément solennel de justification’ dont parlait Marx, qui permet à la fois d’enseigner obligatoirement aux étudiants l’Etat et la Révolution [dont la thèse centrale est la nécessité de détruire l’appareil d’Etat séparé des masses dès le premier jour de la révolution] et de maintenir l’appareil d’Etat le plus oppressif et le plus rigide qu’on ait connu, qui aide la bureaucratie à se voiler derrière la ’propriété collective’ des moyens de production.’’Il s’agit bien ici de caractériser cette bureaucratie, le sens qu’elle donne à la ’propriété collective’ dans le cas d’une ville et les conséquences qui en découlent pour le développement urbain.
cf. annexe p. 124 [Les constitutions du Viêt Nam - 1].
C. Castoriadis - 1975 - pp. 13 et 16.