I - 2.3 LES ORGANISATIONS DU FRONT DE LA PATRIE - La Doctrine et le Peuple

‘’Le Front de la patrie et ses organisations membres (la fédération des syndicats du Viêt Nam, l’union des paysans, l’union de la jeunesse, l’union des femmes, etc.) est la base politique du pouvoir populaire.’’ ²¹⁰

Le bouclage de l’idéologie est assuré par les organisations membres du Front de la patrie, que le Parti contrôle et où chacun est ’invité’ à adhérer. Après la réunification :

’il n’y a plus guère de voix indépendantes autorisées à s’exprimer’. Bonzes et prêtres sont surveillés de près, ’fer de lance de la lutte contre Diêm, l’église bouddhiste unifiée ne sera plus reconnue à compter de 1981 et sera remplacée par une église patriotique sous le contrôle du Front de la patrie, lui même contrôlé par le P.C.’²¹¹

Avant 1986 et l’ouverture, l’encadrement de la société est effectif, tout travailleur est employé de l’état, donc fonctionnaire, et membre d’une de ces associations de masses contrôlées par le Parti. Pour les professions à responsabilités ou intellectuelles, l’appartenance à une confrérie - gardienne de l’orthodoxie - est obligatoire. Les différentes ’unions’ des écrivains, des historiens, des architectes, des ingénieurs, etc., sont le relais du façonnement idéologique.

Depuis la đ i m i et l’apparition de l’acteur privé, le système s’est assoupli, il a évolué. Mais ces associations professionnelles, toujours présentes, continuent de jouer un rôle primordial pour l’attribution des marchés publics. Pour des professionnels comme les ingénieurs, leur inscription (et le grade donné lors de l’inscription) détermine la possibilité de signer un permis de construire ou celle de se voir confier la responsabilité d’un chantier important.

De plus, tous les cadres des organismes publics vietnamiens sont au Parti : la promotion professionnelle ne peut se faire qu’après l’adhésion qui est une obligation.

Toutes ces unions, associations, fédérations et syndicats, sont aussi nombreux que nécessaires pour quadriller les besoins définis de la population, qui doit alors y avoir recours en fonction de ses aspirations. Toutes ces organisations contrôlées par Le Parti répondent à l’idéal promu. Mais l’ouverture de l’économie a supprimé le monopole de l’emploi à l’Etat et fait émerger de nouveaux groupes sociaux auxquels aucune de ces associations ne correspond. Le Front de la patrie présente donc à priori moins d’intérêt pour le citoyen.

Les faits sont sans doute plus nuancés. Même si depuis les années 1990 ces organisations sont moins fréquentées, elles sont très bien implantées dans le système social et, sans faire partie de l’administration, ce sont les institutions officielles les plus proches de la population. Enfin, les associations membres du Front de la patrie ont un rôle important puisque leur soutien est primordial pour poser une candidature à l’Assemblée nationale ou à un conseil populaire.

Cette double caractéristique les amène inévitablement, en tant qu’interlocuteurs reconnus par le gouvernement, à être les partenaires des projets non institutionnels de coopération.