II - 2.1. LE CABINET DE L’ARCHITECTE EN CHEF 226 - L’Architecte en Chef : un Rôle à Définir
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L’Architecte en chef est proposé par le Comité populaire de la ville, mais c’est au Premier ministre d’entériner la nomination. Au Viêt Nam, seules deux villes (Hô Chi Minh Ville et Ha Nôi) ont un architecte en chef et son cabinet. Ailleurs, ce sont toujours les services du Ministère de la construction qui ont en charge tous les domaines relatifs à la construction, tels les permis de construire et les litiges concernant les règlements.

Le Cabinet de l’Architecte en chef a été créé par décision du Conseil des ministres en juillet 1992, mais c’est la loi d’août 1993 qui lui a donné son entière autonomie. Il dépendait au préalable du Département de la construction, dans les locaux duquel il siège toujours. L’actuel et premier Architecte en chef de H.C.M.V., Lê Van Nam, est l’ancien Directeur du département de la construction, ce qui dans les faits traduit une importance plus grande donnée au Cabinet de l’Architecte en chef. Il est vrai qu’avec l’essor de la construction que connaît Hô Chi Minh Ville, ce nouveau service de la ville a très vite pris beaucoup d’importance. Il n’a eu pour l’instant ni le temps, ni le recul pour agir en amont des problèmes, sa structure évoluant au fur et à mesure. La dernière réforme à l’étude227 enlèverait à l’Architecte en chef son rôle institutionnel pour lui conférer une mission de conseil auprès du Président du comité populaire de la ville, les services du Cabinet de l’Architecte en chef retourneraient au Département de la construction.

Actuellement, le Cabinet de l’Architecte en chef comporte228 six services pour mener à bien sa tâche, en plus des trois services liés au fonctionnement propre du département (la direction financière, la direction administrative et l’organisation institutionnelle). Quatre d’entre eux, ceux qui présentent des enjeux financiers ou politiques, sont dirigés par un adjoint de l’Architecte en chef :

  • La direction des règlements étudie et propose les règlements : de manière générale Hô Chi Minh Ville expérimente229 par décret ce qui deviendra une loi si le résultat est jugé satisfaisant par le gouvernement.

  • L’Institut d’urbanisme est préposé à la projection de la ville dans le futur.

  • La direction de la planification s’occupe principalement des certificats de planification des ’gros projets’230.

  • La direction de la construction délivre les permis de construire aux ’gros projets’.

La répartition des tâches et projets dans les différents services n’est pas constamment évidente. Pour l’établissement des plans de planification par exemple, actuellement l’Institut d’urbanisme est chargé de l’étude du master plan et des plans d’aménagements détaillés des arrondissements et districts. Dans le cas de projets de quartier, de zone industrielle ou sur un secteur donné, l’étude peut être confiée à certains bureaux d’études privés (ceux qui ont obtenu l’agrément) ou à des bureaux d’études de l’administration - qui ont alors pour objectif de dégager des profits. C’est à dire qu’aujourd’hui, les plans d’urbanisme qui se veulent opérationnels sont commandés et validés par une administration qui ne les produit pas, alors qu’en théorie, elle possède les services adéquats. Cela est principalement le cas dans le cadre d’opération de mise en valeur de secteurs destinés à la vente. En cela je rejoins Laurence Nguyên231 :

’Les méthodes du bureau de l’Architecte en chef oscillent entre une logique de régulation ou de contrôle du développement urbain et une logique de promotion des villes de Ha Nôi et de Hô Chi Minh Ville. De ce fait, la planification élaborée par les instituts d’urbanisme change de nature. Elle n’est plus un instrument de contrôle et de prévision, mais un outil incitatif pour le développement urbain.’

Notes
226.
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227.

Informations obtenues pendant le courant de l’année 2 000. Visiblement, la réforme n’a pas encore été validée. On peut supposer qu’elle est une réponse aux accusations de corruptions dirigées contre les architectes en chefs : à Ha Nôi, l’immeuble de 12 étages devant être construit en bordure du lac Hoan Kiêm et de la vieille ville (le quartier des 36 rues qui est un quartier protégé) a beaucoup fait parler de lui. Au début de l’année 2 000, Ha Nôi n’avait plus d’architecte en chef.

228.

cf. organigramme p. 144 [Le Cabinet de l’Architecte en chef].

229.

C’est une reconnaissance de fait donnée à Hô Chi Minh Ville où les problèmes de métropolisation sont plus importants qu’à Ha Nôi.

230.

’Gros projet’ est une expression qui revient fréquemment. Elle s’oppose à ce qui est appelé les projets ’courants’ et fait référence au montant du financement, sans qu’une limite soit clairement établie. Elle est liée à l’apparition de bâtiments d’envergure que les investissements étrangers ont provoqués. Ce qui veut dire que si la distinction retenue concerne la taille du projet, elle se situe de manière plus pragmatique en fonction de l’acteur qui le réalise : individuel et vietnamien pour les projets courants, institutionnel et vietnamien, mais surtout investisseur étranger pour les gros projets : tout projet étranger ou en association avec un organisme étranger nécessite un accord du gouvernement vietnamien, qui décide s’il s’agit d’un ’gros projet’ ou non.

Dans les faits, aucune construction intermédiaire ou pouvant prêter à discussion n’a été réalisée par des investissements étrangers. Les règlements concernant les ’gros projets’ seraient plus favorable à partir d’une certaine taille de constructions financées par des fonds vietnamiens qui auraient alors intérêt à se déclarer tels.

231.

Laurence Nguyên - 1998 - p144.