Il existe un dernier échelon dans cette organisation institutionnelle, c’est celui de l’îlot de voisinage (t dân ph ). Il n’est concrétisé par aucun service administratif, mais à travers la nomination d’un responsable. Chacun d’eux comprend de 30 à 50 foyers. Contrairement aux quartiers et arrondissements dont les circonscriptions sont des territoires physiques, les îlots de voisinage sont donc des entités humaines. Ce sont des ensembles de familles. Ces groupements résultent directement de l’agencement des habitations et s’articulent autour de l’espace de vie - la ruelle - et non autour de l’espace physique - l’îlot urbain. De fait, aucun plan n’existe pour les représenter, les définir, mais chacun sait le numéro du t dân ph auquel il appartient. Pour les immeubles collectifs, le rassemblement est fait par cage d’escalier.

Le responsable d’un t dân ph en est lui-même habitant. Il a un contact officiel et privilégié avec le Comité populaire du quartier et est invité aux différentes réunions d’informations afin de les retransmettre. C’est aussi lui, par exemple, qui sera chargé d’organiser les ’services de sécurité’ (dân phòng). Suivant les cas, il se chargera également de la collecte de fonds pour l’enterrement du fils d’une famille²⁷³ qui ne peut y subvenir. Pour ce qui intéresse la santé publique (drogue, prostitution, vol ...), le responsable du t dân ph peut servir d’informateur à la police.

Avec le responsable du t dân ph , la pyramide administrative est ininterrompue du Premier ministre à n’importe quel citoyen. Cette organisation permet, dans la théorie, un lien permanent entre le peuple et son gouvernement. Dans la pratique, elle devrait permettre d’atteindre chaque citoyen pour lui retransmettre les informations venues d’en haut et ainsi favoriser une maîtrise totale de la population. Ainsi, le système entier est créé dans le sens du contrôle. Qu’en est-il de la connaissance des besoins du peuple, terme si populaire au Viêt Nam ?