III LES ACTEURS DANS LE SYSTEME
La Ville – Support de l’Ouverture aux Capitaux Etrangers

Dans ces deux premiers chapitres ont été abordés d’abord le cadre institutionnel tel que l’Etat vietnamien l’a créé, puis plus précisément, les institutions gouvernementales en liaison avec le développement urbain, dans le cas de Hô Chi Minh Ville. Dans ce troisième chapitre, l’analyse porte sur les changements induits par l’établissement de la politique de đ message URL ocircaccent.gifi m message URL oqueueaccent.gifi sur ce cadre institutionnel, mais surtout les modes d’actions qui découlent de cette ouverture et la place que les acteurs individuels ont pris aux cotés des acteurs institutionnels. Et cela, toujours en fonction du développement urbain à Hô Chi Minh Ville.

Article 15 de la constitution de 1992 :

‘’l’Etat développe une économie marchande à plusieurs composantes fonctionnant selon le mécanisme de marché placé sous la gestion de l’Etat et suivant l’orientation socialiste. La structure économique multi-composante avec des formes variées d’organisation de la production et du commerce est basée sur les régimes de propriété de tout le peuple, de propriété collective, de propriété privée, dont la propriété de tout le peuple et la propriété collective constituent le fondement.’275
Dans la plaquette sur le Viêt Nam éditée par la Chambre Française de Commerce Extérieur276 (C.F.C.E.), il est écrit : ’Cette constitution (adoptée par l’assemblée nationale en avril 1992 et qui remplace celle de 1980) confirme la volonté du gouvernement de développer une économie de marché - article 15 - ...’. Or le texte est beaucoup plus nuancé. Le propos n’est pas de négliger les apports de la đ message URL ocircaccent.gifi m message URL oqueueaccent.gifi, la politique d’ouverture économique engagée à partir de 1986, mais bien de tempérer l’interprétation souvent faite par les Occidentaux à l’évocation des mots ouverture, ou transition. le Viêt Nam lui même est très clair dans ce qui peut apparaître pour des contradictions. Il parle, à la suite de la Chine, de ’socialisme de marché’. Ce qu’il souhaite, c’est bien permettre à une certaine économie de marché de se développer en son sein, c’est à dire sous le contrôle de l’Etat, et non de donner au marché un rôle de régulateur.

Quelle est cette économie de marché souhaitée ? Quel est ce contrôle voulu ? Personne ne peut le dire actuellement, pas même les représentants du gouvernement vietnamien. Ce qui est certain, c’est que les acquis sur la voie de la décollectivisation sont tels - principalement au sujet des terres en milieu rural - qu’un retour en arrière est aujourd’hui impensable ; un changement profond est réellement en cours.

Au Viêt Nam, j’interprète la transition actuelle comme une période pendant laquelle un système s’essaye à intégrer en son sein une partie d’un autre système, défini dans ce cas comme antinomique. La période actuelle se caractérise au Viêt Nam par le souhait d’accueillir les investissements et la dynamique générés par l’économie de marché, sans accepter son système dans sa globalité. Ce refus de reconnaissance se traduit au Viêt Nam par une économie dont l’ouverture est effective mais sans la mise en place des cadres régulateurs. Dans ce domaine les lacunes du système législatif vietnamien, qui n’inclut pas l’acteur économique privé et les règles créées pour le bon fonctionnement de l’économie de marché, sont patentes. C’est par exemple le cas, évoqué par monsieur J., avocat d’une société coréenne dont la lettre de créance établie avec une banque nationale n’est plus honorée depuis le jour où le bailleur (Vietnamien) a arrêté de payer la banque. S’installent alors des pourparlers, des négociations277. Dans le même temps, le gouvernement met en oe uvre des règlements très stricts afin de maîtriser les transits de capitaux sur le territoire vietnamien. Textes que les investisseurs s’efforcent de contourner, par le biais d’acteurs vietnamiens, de sociétés écrans, de sièges à Singapour, etc.

Je vais m’efforcer de montrer les caractéristiques, les apports visibles et les interprétations décelables de cette mutation, en ce qui concerne le développement urbain, à l’intérieur de ce système établi par un gouvernement à économie planifiée.

Notes
275.

Les constitutions du Vietnam - 1995.

276.

Viêt Nam - C.F.C.E. - 1995 - p.14.

277.

Tout Occidental installé pour affaires au Viêt Nam dit qu’un contrat signé est considéré par la partie vietnamienne comme une base de négociations.