III - 1.2 DES SERVICES EQUIVALENTS AU SEIN DE L’ADMINISTRATION

L’autonomie des administrations entre elles et l’apparition du paiement d’éventuelles données, donc de commandes, ont institutionnalisé, de fait, la rétention d’informations : la réponse du système a été la création par chaque administration des services d’études dont elle a besoin. Tout fonctionne si possible à l’intérieur de chaque administration, en méconnaissance des activités de ses pairs, donc éventuellement en doublon. L’autonomie s’est transformée en individualité. Puisqu’il est possible, voire souhaitable, de faire des bénéfices, chacune d’elles a créé, en son sein, des bureaux d’études ou des compagnies à but lucratif (mais toujours publics). Les études les plus rentables sont bien sûr les mieux représentées, soit celles qui sont en relation avec de potentiels investisseurs, principalement lorsqu’il leur est imposé un interlocuteur vietnamien : il est, par exemple, beaucoup plus facile d’accéder au Comité populaire de la ville par l’un de ses bureaux (émanation de l’un de ses départements) qui vend ce service. Et plus la filiation est directe, meilleur est le contact. Autrement dit, pour atteindre un représentant du Comité populaire de la ville, il vaut mieux passer par un service d’un département que par un bureau d’un arrondissement.

Le gouvernement qui produit lui même, comme nous l’avons vu avec l’I.E.R. et l’I.S.S.HO., des structures d’études parallèles, ne peut condamner cette attitude. De plus, chaque institution fonctionnant avec ses contacts et ses réseaux, le doublement de certains services permet d’atteindre un nombre plus important d’interlocuteurs, donc de toucher plus d’investisseurs potentiels avec lesquels est établi un contact personnalisé, détail important dans le mode de fonctionnement relationnel vietnamien.

Ces différents statuts publics-privés compliquent la compréhension des services administratifs, déjà divisés par la hiérarchie des territoires, et qui se composent de : bureau (v message URL aaccentincurve.gifn phòng), comité (ban), compagnies (công ty), groupe (t message URL ocircaccent.gif ), service (s message URL obarreaccent.gif ), etc. Cela a aussi des incidences sur le rôle même des compagnies privées et compagnies publiques qui ont en fait le même but281 : financier, mais pas le même type de clients, sans pour autant que soient établies les limites de chacune. Aucune opération n’est impossible, chacun devant tirer son épingle du jeu. En fait une politique du cas par cas se dessine, corollaire de la recherche permanente du consensus.

Ensuite, tous ces services varient en fonction du besoin, des intérêts du moment et des individus qui les ont créés. Dans le cadre de la transition actuelle, ils peuvent être éphémères et leur création est souvent discrète. Si nous prenons en compte ’la politique du secret’ qu’a eu tendance à développer le gouvernement vietnamien depuis sa création, il est impossible d’avoir une liste exhaustive282 des différents services sous la responsabilité des différents Comités populaires. La vue globale n’est pas valorisée. Alors que chaque service travaille le plus indépendamment possible, c’est à chacun de trouver son propre chemin en fonction de ses relations et de ses buts.

Notes
281.

A ma question sur la différence, monsieur V,. architecte privé, n’a su que répondre et a finalement conclu ’c’est pareil, mais les compagnies privées ne peuvent pas avoir de marchés sur les projets financés par l’Etat’. Monsieur Lê Van Pha (alors, Directeur du comité de gestion de projets d’investissements et de constructions de l’arrondissement 5) m’a dit que jusqu’à récemment c’était exact, car les entreprises privées n’étaient pas compétentes, mais que cela commençait à changer.

282.

Madame A., chercheuse à l’I.E.R. et ayant fait ses études supérieures à Singapour, m’affirmait que personne ne possède cette vue complète des institutions à toutes les échelles.