III - 4 Conclusion 
LE CONSTRUCTEUR ou L’INVESTISSEUR sont les INSTIGATEURs DE PROJET(s)

En 1994, tant en nombre de projets qu’en total de capitaux investis depuis 1988, les deux principaux investisseurs étrangers sont Taiwan et Hong Kong (19 % et 17 % du capital total investi), très loin devant la Corée du Sud, l’Australie, la France, Singapour, la Malaisie et le Japon. Soit, six pays d’Asie de l’Est ou du Sud-Est dont cinq N.P.I. sont parmi les huit premiers. En 1998, Singapour, Taiwan, Hong Kong, le Japon, et la Corée du Sud sont devenus les principaux investisseurs, suivis par la France, la Malaisie et les Etats Unis, puis la Thaïlande et le Royaume-Uni. 70 % des investissements étrangers entrepris depuis 1988 sont donc réalisés par des pays de l’Asie de l’Est et du Sud-Est, dont 40, puis 50 % par les Chinois d’Outre-Mer (Hong Kong, Taiwan, Singapour).

En ce qui concerne la construction, les investisseurs importent avec eux leurs savoir-faire techniques par le recours à leurs propres bureaux d’études et leurs architectes. Ils importent donc avec eux les standards et les valeurs de leur pays d’origine, en terme technologique comme en terme esthétique.

La politique du gouvernement vietnamien, qui s’est traduite pour Hô Chi Minh Ville par des actions anti-urbaines entre 1975 et 1986, envisageait le développement urbain à travers une planification volontaire et un fort engagement de l’Etat. L’arrivée des investisseurs étrangers et de leurs influences a fait émerger un nouvel acteur du développement urbain. Acteur multiple que les problèmes de la vie quotidienne au Viêt Nam n’intéressent pas directement et qui répond à une logique de profit. Le gouvernement souhaite prendre en compte et faire intervenir ces nouveaux acteurs que sont les investisseurs. Pour cela, il leur propose une liste de projets faisant appel à l’I.E.D., par le biais de ses principales institutions : le Comité national du plan et de l’investissement met en avant tous les grands projets nationaux, majoritairement d’infrastructure lourde et le Comité populaire de Hô Chi Minh Ville propose298 principalement des programmes d’équipements. Comme le note Laurence Nguyên, ’‘la réalisation du maximum d’infrastructure par le financement privé étranger est l’objectif recherché pour permettre ensuite de développer des quartiers d’habitat avec un minimum d’investissement public’’299.

Mais les intérêts des investisseurs et ceux des pouvoirs publics ne concordent pas toujours : le gouvernement ne considère pas les investisseurs comme acteurs du développement, mais comme de simples pourvoyeurs de fond. De plus, il arrive que l’intérêt du peuple passe après l’intérêt d’un groupe d’individualités à qui leurs positions confèrent des pouvoirs. Dans un pays où le secteur public est tout puissant, l’introduction du secteur privé demande des cadres très stricts qui ne sont pour l’instant pas toujours présents. A ce titre, pour pouvoir réglementer un certain capitalisme, il faut d’abord le reconnaître.

Un refus établi de reconnaître l’économie de marché, alors que cette dernière a une réelle part dans l’économie du pays, aboutit à ne pas avoir défini un cadre et des règles dans lesquels elle pourrait s’appliquer. Lorsque le capitalisme intervient au Viêt Nam, il est moins maîtrisé et plus agressif que dans les pays où il est développé en économie dominante.

Notes
298.

cf. annexe p.244 [Infrastructure development project calling for investment].

299.

L. Nguyên - 1998 - p. 200.