La planification de l’évolution d’un territoire, acte politique par excellence, se fait à l’intérieur du cadre administratif dont il dépend. Dans la pyramide hiérarchique très structurée que présentent les institutions vietnamiennes apparaît immédiatement en conséquence l’impossibilité pour deux institutions territoriales de travailler directement ensemble à leur propre niveau. Lorsqu’un projet nécessite la coopération d’administrations hiérarchiquement égales, c’est le niveau supérieur qui est sollicité et prend alors le projet en charge. Ce dernier sera, de ce fait, pris en compte et traité en fonction de l’importance qu’il a pour l’institution supérieure et non pour les institutions des territoires concernés.
La solution généralement adoptée consiste à créer un comité, qui rassemble les diverses administrations - de tous niveaux - intéressées, sous la tutelle administrative et officielle de l’institution supérieure. Comme l’a mis en évidence le chapitre III, lorsqu’un problème se pose à elle, la machine administrative produit un nouvel élément, une nouvelle ramification.
Exceptées les agglomérations de Hô Chi Minh Ville et de Ha Nôi qui possèdent des services décentralisés, les provinces sont gérées par des services déconcentrés. Dans les faits, excepté à l’intérieur des deux villes précitées, dès qu’un projet dépasse les limites de son propre territoire administratif provincial, l’Etat (le gouvernement) en devient le promoteur incontournable. Pour Ha Nôi, capitale administrative du pays, il est difficile de parler de réelle décentralisation, à cause de la proximité géographique des services et l’enjeu national du territoire. Hô Chi Minh Ville par contre revendique le pouvoir donné par cette décentralisation et se présente encore en dissidente du Sud.
Tout sépare l’histoire du développement de ces deux villes-capitales. Elles sont depuis plus de vingt ans réunies en une même Nation dont l’intégrité actuelle ne peut en aucun cas être remise en cause, chaque citoyen se sentant plus vietnamien que l’autre. Si le futur projeté de chacune de ces villes tend à diminuer ces différences en valorisant les mêmes valeurs (et avant tout un grand centre d’affaire international), cette volonté ne transparaît pas toujours à travers l’évolution actuelle.
Afin d’étudier la projection de la ville future, ses fondements et ses travers proprement dits, il est d’abord nécessaire de comprendre la considération faite au territoire. En effet, si l’organisation de l’administration est issue de son découpage, il est aussi le support physique de la planification. Hô Chi Minh Ville est aujourd’hui une agglomération de 5 à 8 millions d’habitants303, et son aire d’influence est bien supérieure à son territoire administratif, composé de districts ruraux et d’arrondissements urbains.
Officiellement : 4 811 170 en 1995, 4 880 435 habitants en 1996 [annuaires statistiques de H.C.M.V. -1995 et 1996]. En 1992, le F.M.I. estimait 7,8 millions d’habitants [Le Viêt Nam - C.F.C.E - 1995].