Finalement, le master plan apparaît comme un document qui situe dans le territoire les utilisations du sol, et donc les administrations compétentes pour l’attribution du droit d’usage du sol. Tout d’abord les secteurs d’habitat, qui recouvrent la presque totalité de l’agglomération urbaine, ceux de l’armée qui sont (presque) intouchables et les zones rurales. En plus des zones industrielles et de stockage sur lesquelles je vais revenir il n’existe que les secteurs culturels et de loisirs, portion congrue où se trouvent pèle-mêle tous les équipements d’envergure : campus universitaire, parcs de loisirs, équipements sportifs, coulée verte, etc. A noter tout de même que les équipements existants dans l’agglomération urbaine actuelle sont inclus dans les ’secteurs d’habitat’ dont rien ne les distingue : il est vrai qu’éparpillés dans la ville, ils n’ont pas physiquement une échelle qui leur permette d’apparaître de manière significative sur le master plan. Si l’on ajoute que la comparaison des divers master plan montre une systématique et très nette diminution de ces emprises d’équipements, une question s’impose : l’échelle de ces ’secteurs culturels et de loisirs’ planifiés est-elle une volonté de rassembler chaque type, de créer un pôle à l’échelle de la ville ou un résultat d’un outil utilisé : le zoning ?
D’autre part, dans les faits, les zones industrielles et les zones de stockage sont les principaux lieux d’implantation375 des investissements, majoritairement étrangers. Leur importance dans les publications376 et le fait que ces zones possèdent des plans d’urbanisme propres qui sont réellement opérationnels s’ils ont l’aval du Cabinet de l’Architecte en chef, qui délègue alors à un comité de gestion le droit d’accorder les permis de construire, nous amène à dire que nous touchons là l’un des principaux objectifs opérationnels du master plan, du moins le mieux ciblé et sans doute le plus efficace : répartir sur le territoire les différents investissements étrangers que l’ouverture du Viêt Nam a provoqués.
Ces zones industrielles, porteuses d’enjeux, sont intéressantes à plusieurs titres. Campenon Bernard S.G.E. me racontait le cas de l’implantation de Carnaud Metalbox à Tang Nhon Phu, dans le district de Thu Duc. L’usine a été décidée en 1994 et construite sur un secteur non destiné à l’industrie. Son implantation a, par la suite, provoqué la création d’une zone industrielle. Dans les faits, l’administration vietnamienne conjointe a apporté ce terrain-là, parce que c’est celui-là dont elle possédait le droit d’usage du sol. Il existe donc d’une part un master plan qui définit des usages sur des secteurs et donc l’administration responsable de la gestion de l’usage du sol de ces secteurs. Mais d’autre part, des administrations ont ’reçu’ la gérance de grands terrains, dont elles se sentent alors propriétaires et entendent bien choisir l’usage qui en sera fait. Chaque opération est un cas unique, traité comme tel, la planification générale sera ensuite changée, en conséquence des accords trouvés sur le projet mis en oe uvre.
Si l’on considère le poids de ces administrations qui possèdent le droit d’usage des terrains, avec le fait que les administrations peuvent délivrer un permis de construire une fois le plan d’aménagement de la zone industrielle (que l’administration a commandité) validé, ces administrations se retrouvent souvent juges et partie. In fine, peu de contre-pouvoir les régule.
Le master plan répartit donc dans le territoire de la ville les territoires-supports d’investissements. Le plan d’aménagement de chaque zone industrielle définit des lots, à charge éventuellement aux investisseurs de réaliser les infrastructures. Approche exclusivement viaire et fonctionnaliste, mais une zone industrielle a principalement besoin de cet aspect fonctionnel. Dans ce cadre là, cette interprétation de la planification a produit des résultats.
Les investissements souhaités par le Viêt Nam peuvent prendre la forme d’activités industrielles mais aussi d’équipements et d’infrastructures en échange desquels sont octroyés les droits d’usages du sol de certains terrains.
L’implantation des tours de bureaux n’est pas concernée par cette planification qui touche un usage et non une forme physique. Ces tours pour l’instant se concentrent dans le ’secteur du centre ancien de la ville à améliorer et agrandir’, en complète adéquation avec le master plan donc, malgré un discours officiel qui présente le centre ancien conservé et réhabilité.
Hormis l’hyper centre qui accueille les investissements immobiliers.
Trois fascicules de format A3 leur sont exclusivement consacrés (en vente au même rayon que les publications traitant des droits des investissements étrangers).