Ces parcs de loisirs sont sous la gestion du service des espaces verts, comme tout élément végétal officiel 379 situé sur le domaine public. Le master plan, qui attribue un usage au sol et ne réglemente pas la forme édifiée, considère l’espace public uniquement comme un réseau viaire, un espace de distribution. Or, l’une des particularités d’Hô Chi Minh Ville est de posséder des plantations d’alignement dans l’ancien Saigon et sur les grands axes anciens. Plantations qui donnent son caractère380 à la ville mais qui ne sont jamais prises en compte dans les documents de planification. A cette remarque, les représentants des institutions381 répondent que chaque arrondissement possède un programme d’espaces verts. Nous verrons que ces derniers sont également absents des plans d’aménagements détaillés. Dans les deux premiers master plan, les méandres de la rivière de Saigon et le bord des arroyos sont des supports de l’organisation d’espaces verts. Mais le dernier master plan réduit ces poumons urbains, il va jusqu’à urbaniser la presqu’île de Thanh Da qui abrite actuellement un bon nombre de restaurants et cafés installés dans des morceaux de nature et qui, le dimanche, accueillent une foule de citadins.
Les bords des arroyos concentrent les propositions d’aménagements d’espaces verts à l’intérieur de l’agglomération urbaine. En fait, un tout autre enjeu est à l’origine de cette présentation : celui de l’habitat urbain spontané et précaire, mais surtout illégal, qui s’est installé sur ces berges. Dans cette gestion de la ville par la maîtrise du sol, les espaces non reconnus que représentent les rives des cours d’eau, a été le lieu d’accueil des populations non enregistrées, illégales. A l’aide de pilotis, des espaces habitables ont été gagnés sur les arroyos. D’abord une rangée de maisons, puis des passages et des grappes d’habitations le long de ces derniers. De vrais quartiers se sont développés, poches de misères, leur illégalité administrative leur vaut une non-reconnaissance officielle, donc une non-représentation sur tous les documents de la ville : ils n’existent pas et ne sont pas pris en compte dans les statistiques officielles. Pourtant, ils sont l’un des problèmes majeurs de la ville qui n’envisage qu’une solution : le déguerpissement.
Les rives de l’arroyo Thi Nghe - Nhiêu Lôc, qui a fait l’objet d’un programme de déguerpissement, et de relogement382, ont été réaménagées récemment. Un quai, a été construit, sur lequel des bancs ont été installés. De l’autre coté, des habitations bordent la voie. Un espace urbain ouvert a été créé, espace que la population s’est approprié avant même la fin des travaux. Mais les quelques petits arbres d’alignements plantés ne peuvent lui conférer un caractère d’espace vert.
Or, le master plan, comme les plans d’aménagements détaillés des arrondissements concernés, indiquent une ’coulée verte’. A ce titre, la comparaison entre avant et après l’opération383, montre la difficulté de définir ce qui est appelé ’espace vert’, voire de le concrétiser à travers le rapport de la ville à l’environnement naturel : à Hô Chi Minh Ville, il s’agit bien d’un élément végétal domestiqué.
Ces attitudes sont des témoins du manque de réflexion en amont de ce qu’est un espace vert, un espace ouvert, un espace de loisir, etc. De la forme qu’ils peuvent prendre, comme des besoins auxquels ils répondent.
En opposition aux éléments végétaux plantés (illégalement) par des personnes privées (des habitants).
Paragraphes III-4.4 et III-5.1 du chapitre V.
Les espaces verts sont une préoccupation des pays occidentaux, tout comme le patrimoine. Cette réponse est donc aussi à replacer dans le dialogue avec ces pays.
Partiel, encore une fois : pour avoir accès aux aides de l’état, il faut avoir une existence administrative. Devant l’ampleur du problème, le gouvernement a voté une loi permettant de légaliser les plus anciens occupants.
Au sujet de ce projet, se reporter à la thèse de Sébastien Wust [2 000].
cf. photos p. 228 [Le réaménagement des berges de l’arroyo Thi Nghe - Nhiêu Lôc].