III - 6 Conclusion - MAITRISER CHAQUE ELEMENT SEPAREMENT N’Engendre pas la Maîtrise de la Somme, du Tout

A travers ce chapitre apparaît une attitude générale qui consiste à sectoriser, à diviser tout problème en autant de domaines que nécessaire afin de pouvoir maîtriser chacun. Cette démarche est de fait celle qui a permis de construire la pyramide gouvernementale. Et de même cette dernière se montre incapable de rassembler après avoir divisé, de même les problèmes urbains, séparés des enjeux humains, sont répartis en divers domaines techniques et traités séparément. Il s’agit bien d’une démarche techniciste qui n’aborde jamais la complexité de la ville et donc jamais ne la reconnaît.

Le permis de construire n’est pas un outil de planification de la ville ; en ce sens, le traiter ici pourrait paraître déplacé. Mais dans les faits, il est d’une part le seul outil qui prend en compte l’acteur privé individuel, et de plus, il existe en relation avec le droit d’usage du sol, qui lui, est une donnée du master plan. Enfin, il est le seul outil qui permette la maîtrise de ce qui se construit à Hô Chi Minh Ville. Ceci dit en l’état actuel, il s’adresse exclusivement à l’acteur individuel et privé, puisque dans le cas d’acteurs privés plus importants (investisseurs), la nécessité d’obtenir un droit d’usage d’un terrain (plus grand donc) se fait toujours par le biais des institutions gouvernementales. Le permis de construire est l’un des éléments du parcours du combattant, généralement issu des négociations antérieures. Il devient alors une donnée dans le cadre des négociations et est traité au cas par cas, puisque le bâtiment, hors normes (plus de cinq étages), nécessite une dérogation.

Dans la pratique, différents outils sont utilisés en fonction de l’acteur-constructeur, donc de l’institution-interlocuteur. Ainsi, à travers la distinction des permis de construire, suivant les projets courants ou les gros projets, ce n’est pas tant la taille de l’édifice qui est différenciée, mais la catégorie d’acteurs, même si pour l’instant, les deux se correspondent. Par là également l’administration sectorise en fonction du domaine qu’elle cherche à maîtriser, mais sans pour autant définir au préalable un cadre global applicable à tous.

Le master plan s’adresse aux administrations, aux établissements publics et aux investisseurs étrangers (qui utilisent obligatoirement une institution médiatrice). Le permis de construire, géré par les administrations, est destiné aux acteurs individuels et privés.

A travers la propriété collective du sol, la constitution du pays a compliqué les procédures au lieu de les simplifier. Certes, ce droit d’usage est très proche du droit de propriété, mais il fait intervenir un troisième acteur en plus des deux premiers (le propriétaire des constructions et celui du droit d’usage du sol, non nécessairement le même) : l’administration chargée de la gestion du sol, qui nous l’avons vu se considère propriétaire. In fine, diverses administrations peuvent se retrouver en divers points de la création ou de l’utilisation des outils. Or, le système impose des relations hiérarchiques fortes à l’intérieur de la pyramide gouvernementale. De plus, il arrive fréquemment que les mêmes administrations se retrouvent juge et partie au sein d’un projet. Ces considérations ne sont pas le meilleur garant de l’intérêt du peuple et d’un fonctionnement équitable.