En ce qui concerne le développement urbain, l’allusion au dialogue qui s’est installé entre le Viêt Nam et les pays occidentaux, à la suite de la politique d’ouverture mise en place à partir des années 1986 / 1988, revient fréquemment, tout comme l’importance du rôle joué par les organismes étrangers, pourvoyeurs de finances.
Dans les pays les moins développés405 en général, et au Viêt Nam en particulier, le fait urbain, récent, et l’ampleur de son développement sont liés à la présence de l’Occident, puis à la mondialisation. C’est bien au coe ur de cette dernière qu’il faut resituer la guerre froide, ses retombées, mais surtout le dialogue qui s’est ouvert entre le Viêt Nam et les pays économiquement forts ou les organismes internationaux qui en émanent.
Les outils de la planification urbaine et les référents de la projection de la ville future sont donc issus de coopérations avec les pays industrialisés. Nous venons de voir qu’à travers la création de zones industrielles, le master plan s’adresse entre autres aux investisseurs privés. Et que de plus, par le biais d’appels aux investissements étrangers répétés pour la réalisation d’équipements, c’est bien ces derniers que le Viêt Nam souhaite atteindre pour l’aider à financer le développement de la ville et du territoire.
Pour appréhender la globalité de la réalité du master plan, il est donc nécessaire, après le fond et la forme, de se tourner vers son destinataire privilégié extérieur à l’administration que sont les investisseurs étrangers.
La présence des organismes internationaux est à la hauteur de la résonance de ce nom : Viêt Nam. Elle peut prendre la couleur de l’argent pour les investisseurs qui spéculent sur un marché vierge, prometteur et où la main d’oe uvre est réputée bon marché et de bonne qualité. Elle peut prendre la couleur du dédommagement pour l’Amérique et ses programmes de compensation. Elle peut prendre la couleur du patrimoine406 pour la France. Cette présence a de multiples sujets et différentes résonances dans le pays, car ces organismes ne sont pas neutres et poursuivent chacun un but bien précis. Ils se répartissent en deux catégories : les sociétés dont l’objet est de dégager des bénéfices et les organisations qui participent à des projets de développement en coopération avec des partenaires vietnamiens. Les premières s’inscrivent dans une économie de marché et les secondes, généralement issues de démocraties, développent des objectifs (qui se disent) humanistes, et d’où l’équilibre mondial n’est pas exclu. Equilibre actuellement établi par les pays riches autour de la mondialisation des échanges. Equilibre qui intègre donc les déséquilibres que sont les rapports des pays dits du Nord ou du Sud, et qu’étaient ceux dits Est / Ouest.
Tous les termes de ces discours, Est / Ouest, Nord / Sud, mais aussi pays industrialisés, N.P.I. (Nouveaux Pays Industrialisés), P.E.D. (Pays En voie de Développement), P.I.B. ou P.N.B., tous se référent aux pays industrialisés et à l’Occident, qui ont instauré la mondialisation. Le pari du Viêt Nam est bien là : s’intégrer dans ce système, sans en accepter l’hégémonie du capitalisme.
De même que j’ai préféré le terme mutation au terme ’transition’, je retiendrai de préférence l’appellation pays les moins développés qui est un constat référencé à la mondialisation actuelle et la prééminence du facteur économique, à celle de ’pays en voie de développement’ qui induit un objectif à atteindre et à fait suite à l’expression ’pays sous-développé’.
Dans tous les sens du terme : colonial, francophone, culturel, environnemental.