IV - 2.2 THE SUSTAINABLE DEVELOPMENT

Après tous les projets d’aide au développement réalisés de par le monde depuis les années 1960428, l’une des constantes observées est l’échec de ces programmes dans le temps, très généralement dès qu’ils ne sont plus soutenus par les initiateurs. Echec qui traduit l’incapacité de ces projets à se développer dans une gestion non assistée. Par ailleurs, les inégalités sociales se creusent et mènent à une société de plus en plus duale, alors que le développement économique provoque des atteintes constatées à l’environnement. De ces constats est né le concept de sustainable development, traduit en français par ’développement durable’429 qui se veut ’un processus de développement qui concilie l’écologique, l’économique et le social, et établit un cercle vertueux entre ces trois pôles’430. Dans les faits, il s’agit de promouvoir des projets globaux qui intègrent les cadres humains et environnementaux nécessaires à leur pérennité.

Dans sa recherche d’interlocuteur, le Viêt Nam a très bien compris le message, qui n’emploie jamais le terme development qu’accompagné de l’adjectif sustainable. Les projets proposés par les institutions vietnamiennes sont très ciblés et, dans le cadre du développement durable, se concentrent sur les questions d’assainissement soit, en grande majorité, des problèmes liés à l’eau431 et à l’utilisation des terrains insalubres, donc à la résorption des zones d’habitat illégal. L’objectif clair de départ perd en précision dés qu’il s’agit de prendre en compte la réalité432. Dans ces projets, les problèmes environnementaux sont abordés exclusivement d’un point de vue technique (voire techniciste) et séparés des facteurs humains, dont la maîtrise est aléatoire. Ceux-ci sont présentés à travers des études quantitatives, chiffrées en deux étapes : existante et projetée.

Ici réapparaît donc le mode de fonctionnement de l’administration vietnamienne, dont les sections sont établies en fonction du type de compétences requises afin de maîtriser la totalité des domaines. Cette administration divise les différents sujets et traite le coté technique qui, séparé des valeurs humaines, peut alors être abordé par la maîtrise de la théorie. Le système administratif vietnamien fait exister ces divisions séparément sans leur permettre de se retrouver dans la globalité d’un problème. Globalité pourtant indispensable à la maîtrise de la gestion d’un projet dans le temps.

L’aide internationale, qui a développé des concepts issus de la pensée occidentale, et qui demande aux pays bénéficiaires de les intégrer, a du mal à prendre en compte le cadre, culturel433 comme administratif dans lequel elle intervient. Il ne suffit pas que le concept même de sustainable development soit tout à fait compréhensible par les responsables des pays434 auxquels il s’adresse. Pour devenir opérationnel, un projet doit trouver, ou créer, un cadre qui le lui permette. Dans le cas contraire, les grands projets de développement ne peuvent que rester utopiques.

Cela explique partiellement pourquoi les programmes ne sont pas toujours accompagnés du succès espéré et pourquoi les solutions proposées sont toujours partielles lorsqu’elles arrivent à terme.

Plus que la réalité constatée, c’est son évolution que la gestion des projets de développement durable demande de prendre en compte. Dans le cadre du développement urbain, il existe une grande différence entre l’attitude qui cherche a prendre en compte un certain nombre d’inconnues (principalement dues aux facteurs humains) et la volonté de planifier, sur un temps relativement court, ce que devra être le déroulement de l’économie à venir.

Ici se situe le point de tangence entre la planification en tant que mode de gouvernement décisionnel et la planification en tant que projection possible d’un futur pour aider à - et influencer - la gestion du développement. Ce même terme, employé dans un cas pour établir un futur et dans l’autre pour aider à la maîtrise de son développement, est en lui-même source de malentendu, d’autant que la première définition exclut la deuxième.

Notes
428.

Alors que s’installe un nouvel équilibre mondial dans les conflits de l’après-guerre, la décolonisation et la guerre froide, équilibre instauré par les pays occidentaux en pleine expansion économique.

429.

Toute traduction est une certaine interprétation et l’expression ’développement durable’, terme français officiel en référence à l’Agenda 21, est restrictive ; elle nécessite de bien conserver en mémoire qu’il ne s’agit pas du simple caractère de la durée, je lui préférerais la traduction ’développement viable’. Quoiqu’il en soit, ce concept est défini comme un ’développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre le capacité des générations futures de répondre aux leurs’.

430.

Extrait du dossier documentaire villes et développement durable édité par le Ministère de l’équipement, des transports et du logement - 1998 - p. 11

431.

Qu’il s’agisse du traitement des eaux usées, de l’évacuation des eaux de pluie, du drainage des terrains marécageux ou de l’adduction en eau potable.

432.

D’où l’émergence du concept de développement durable.

433.

Encore une fois, le concept de temps est primordial, car la gestion d’un projet de développement durable implique sa projection dans le temps.

434.

Là n’est évidemment pas la question. Les élites actuelles ont généralement des formations acquises à l’étranger, ce qui leur permet de posséder un double point de vue.