V - 4 LES LIMITES D’UNE ADMINISTRATION PYRAMIDALE

Dans la même logique que celle du système administratif hiérarchique, et au vu des insuffisances des plans d’aménagements détaillés réalisés au niveau des arrondissements, la tendance actuelle est de réaliser un plan de planification pour chaque ph message URL ubarre.gif message URL obarreaccent2.gif ng (quartier administratif urbain). A Hô Chi Minh Ville, les ph message URL ubarre.gif message URL obarreaccent2.gif ng ’à problèmes’472 ont, les premiers, été le sujet d’un plan de planification.

Un nouveau changement d’échelle se traduit par d’autres objectifs et les plans de ces futurs quartiers perdent toute dimension de planification d’utilisation du sol, pour devenir de grands projets dessinés dans le détail, sur le principe de la table rase. Ces plans ne s’occupent plus de répartir des fonctions (ils se situent généralement intégralement dans un seul et même secteur), mais de projeter une image : la volumétrie s’impose comme principale information de ces documents. Projets utopiques, ils alignent tours, barres et grands centres commerciaux, fidèles images de la ville idéale prônée, en référence directe à Singapour, ils doivent être édifiés après la démolition complète de quartiers trop complexes (trop humains ?) pour être maîtrisés par une planification volontaire.

Nous avons vu que chaque document de planification urbaine, en changeant d’échelle d’intervention, change d’échelle institutionnelle. Le master plan est conçu au niveau de la ville par ses institutions. Les plans d’aménagements détaillés des arrondissements et districts sont établis par des services de la ville, en collaboration avec ceux de la circonscription concernée. Les projets de quartiers sont réalisés par des bureaux d’études privés ou publics, sur commande des bureaux de l’arrondissement ou de la ville. Les services du quartier sont donc exclusivement considérés comme des gestionnaires, voire de simples intermédiaires de l’administration : la décentralisation décisionnelle s’arrête à l’arrondissement. Or, les services du ph message URL ubarre.gif message URL obarreaccent2.gif ng, grâce à la petite taille des quartiers urbains et à leur rôle d’interlocuteurs, précisément, sont très proches de la population qu’ils connaissent bien.

Il existe donc une fracture entre les institutions de l’arrondissement et des quartiers urbains, entre la planification décisionnelle et les pratiques du quotidien.

Le poids donné à l’arrondissement avec les évolutions de ces dernières années commence à peser à l’intérieur des processus mis en place et la collaboration affichée entre les services de la grande pyramide hiérarchique n’est pas sans poser problème : un bureau d’un comité populaire d’arrondissement et un service d’un département de la ville sont finalement hiérarchiquement au même niveau. La collaboration requise pour la conception des plans d’aménagements détaillés avait déjà du mal à trouver sa voie pour leur première révision. En mars 2 000, les services urbains du Comité populaire de l’arrondissement 5, sans jamais le dire mais en étant systématiquement absent aux rendez vous, ont refusé de me recevoir. C’est finalement un responsable d’un petit service qui a expliqué (à mon interprète retournée, seule, le voir) que l’Institut d’urbanisme et le Comité populaire de l’arrondissement étaient en complet désaccord sur les plans d’aménagements détaillés devant correspondre au dernier master plan. De ce fait, mes demandes de consultation de ce dernier étaient mal venues. Effectivement, simultanément à l’Institut d’urbanisme, mes anciens interlocuteurs beaucoup trop occupés m’avaient adressée auprès d’un responsable de service qui n’avait rien à voir avec le plan d’aménagements détaillés de l’arrondissement 5.

Le fonctionnement théorique de cette administration pyramidale devait permettre de faire descendre les décisions gouvernementales jusqu’aux citoyens, mais également à ces derniers de se faire entendre par la même voie qui devait faire monter les demandes de la population. L’analyse du fonctionnement du système institutionnel, par le biais de ses acteurs, a montré que si les institutions gouvernementales utilisent cette voie de communication, dont elles sont un élément, pour faire descendre leurs décisions jusqu’à chaque citoyen, aucune ne prend en charge de faire monter les demandes des citoyens jusqu’aux institutions décisionnelles. L’analyse de la mise en oe uvre de la planification du développement urbain, par le biais des outils mis en place, montre que la situation est prise en compte à travers des rapports chiffrés établis par des institutions étrangères au quartier et que, loin de s’intéresser aux demandes précises des habitants concernées, l’établissement d’un projet émane d’une volonté des institutions décisionnelles qui l’utilisent comme vecteur du mode de vie jugé, par elles-mêmes, bon et à promouvoir : oui, il s’agit bien de planification.

Notes
472.

Il faut entendre par ’quartier à problème’, les secteurs du centre urbain où se sont développés des aires d’habitat illégal, spontané, précaire et les secteurs pauvres constitués d’habitat peu ou pas entretenu, l’un allant souvent de paire avec l’autre.