Après avoir montré que les outils (administratifs) de la planification et de la gestion urbaine ne prennent pas en compte l’environnement humain, l’analyse des processus de la production des espaces d’habitat va permettre de dégager par quel biais l’environnement humain impose ses caractéristiques.
Les dynamiques présentes à Hô Chi Minh Ville dans le développement urbain sont donc le fait d’acteurs non institutionnels multiples en liaison ou non avec certaines institutions gouvernementales. La ville se construit par à-coups, à l’aide de nombreux projets ou interventions, indépendants les uns des autres. Le développement endogène, produit d’actions individuelles de petites envergures, a pour principale caractéristique de s’immiscer dans les interstices, sur les terrains qui n’intéressent pas les pouvoirs institutionnels. Il s’appuie exclusivement sur un parcellaire morcelé que ces pouvoirs ont du mal à maîtriser.
Pour pouvoir atteindre les pratiques internes de ce développement endogène proprement dit, ce chapitre s’organise du visible au caché, de l’officiel à l’officieux, des grandes échelles des boulevards aux échelles intimes des ruelles. Car à Hô Chi Minh Ville, l’armature urbaine est forte480. La reprise du développement urbain, à travers l’évolution constatée des années 1990, n’a pas remis en cause cette structure, elle s’est appuyée dessus. L’ancien tissu du centre urbain n’a pas été modifié481.
Ici la recherche s’est donc plus particulièrement centrée sur les espaces d’habitat. Mais les dynamiques du développement urbain sont globales et les tours nouvellement construites dans l’hypercentre s’inscrivent à l’intérieur des mêmes pratiques, avec des échelles et des enjeux différents. L’apparition de ces nouvelles constructions a un impact très fort sur la ville existante, sur le marché immobilier qui s’y crée. Ces projets (issus de choix, de volontés privés) seront donc aussi évoqués lorsque les différentes logiques s’interfèrent.
Ce chapitre est intitulé ’développement endogène’ car l’objectif est bien d’expliciter les pratiques de celui-ci ; il s’appuie donc sur toutes les interventions indépendantes des processus institutionnels planificateurs et producteurs même si, comme l’abordera le dernier paragraphe, certaines opérations procèdent des deux systèmes. Elles sont intégrées à ce chapitre où sont traitées les actions individuelles et privées, d’une part en opposition aux ensembles promus, planifiés et produits par les institutions gouvernementales, mais surtout parce que le résultat physique est le produit de la somme d’interventions individuelles et ponctuelles, comme dans le cas du développement endogène.
(in) Le monde des villes - T. Paquot (Dir.) - 1996 - pp. 467-480 (p. 469).
Cette constante des anciennes capitales coloniales françaises est d’autant plus présente à H.C.M.V. que Saigon est une création qui s’est surimposée aux tracés de l’ancienne citadelle détruite.
L’élargissement de la fin de la rue Lê Thanh Tôn, presque terminé au printemps 2 000 est une exception. Cet élargissement se situe entre le zoo et l’ancien arsenal, il n’a donc pas modifié le tissu existant. Les nouvelles pénétrantes réalisées par l’élargissement de voies existantes se situent en secteurs nouvellement urbains et les rocades ont été créées en secteur périurbain.