Administrativement, ne sont du recours des institutions gestionnaires et planificatrices de la ville que les voies dont la largeur est égale ou supérieure à douze mètres. Ce type de classement, purement théorique et non lié à une réalité de fonctionnement, n’induit pas une hiérarchie des espaces de circulation et incite à une certaine anarchie dans leurs utilisations. Il est certainement un héritage de la présence américaine, alors que les normes en vigueur aux Etats-Unis au moment de la guerre du Viêt Nam imposaient une largeur minimale de douze mètres pour les voies de desserte des lotissements488.
Un excellent exemple qu’il est possible de donner est le projet de la voie qui doit mener au futur tunnel pour accéder à la presqu’île de Thu Thiêm.
Par exemple, l’adresse 112/10 An Binh correspond à la maison du n°10 de la ruelle qui débute au n°112 de la rue An Binh. Lorsqu’une ancienne parcelle a été divisée, les maisons se numérotent 10A, 10B, 10C, etc.
Dans la pratique, les ruelles forment un lacis qui débouchent sur plusieurs rues, mais aussi qui se ramifient. Parfois, chaque coté de la ruelle concernée fait référence à la rue qui lui est la plus proche, parfois c’est la plus prestigieuse qui l’emporte, peu importe, le repère reste valable. Mais dans le cas du labyrinthe, il n’y a pas de vrai règle et dans tous les grands îlots, plusieurs maisons portent le même numéro. Très souvent aucune explication rationnelle n’explique la numérotation, parfois très aléatoire, de ces petites ruelles ramifiées. Si un propriétaire a déménagé à proximité, il peut avoir gardé son ancien numéro pour éviter une nouvelle déclaration à la police du quartier (tout papier officiel a un coût), parfois une ancienne ruelle traversante a été fermée, d’autres fois une nouvelle construction s’est déclarée en fonction de la maison mitoyenne, etc.
Eric Charmes montre l’inadéquation à Bangkok des premiers décrets, calqués sur les normes en vigueur aux Etats Unis, alors que la moyenne des soï de certains districts était inférieure à six mètres. E. Charmes - 2 000 - p. 73, en référence à M. Southworth et E. Benjoseph - street and shaping of town and cities - New York, McGraw-Hil - 1997 - pp. 84-96.