I - 5 Conclusion - UNE RECONNAISSANCE TECHNICISTE

Comme nous l’avons déjà constaté à travers l’analyse des outils de la planification urbaine, afin de les maîtriser, les différents domaines urbains sont divisés et reconnus à travers leurs caractères techniques, technologiques. Ainsi, les voies urbaines ne sont appréhendées qu’à travers leurs dimensionnements physiques, le flux de circulation que le gabarit peut abriter et l’accessibilité aux réseaux qu’elles permettent. Alors même que du boulevard autoroutier à la ruelle en impasse, la ville décline tout un possible de voies le long desquelles se structure l’habitat, aucune valeur humaine, d’utilisation ou qualitative n’apparaît.

Toujours en adéquation avec les outils mis en place, c’est le type d’acteur qui est ciblé, non le type de construction, le parcellaire ayant permis ce glissement jusqu’à aujourd’hui. Les acteurs sont donc partagés en trois catégories très distinctes :

• Les institutions publiques (administrations et établissements) ;

• L’investisseur étranger ;

• L’acteur individuel et privé.

Il est alors beaucoup plus aisé de s’adresser à chacun et de mettre en place des cheminements pour chacun au sein de l’administration. Mais les dernières évolutions montrent d’une part que les régulations, plus contextuelles que réglementaires, ne sont pas satisfaisantes, et d’autre part qu’avec la croissance et une liberté d’action accrue, d’autres types intermédiaires d’acteurs apparaissent.

Enfin, cette lourde machine administrative fonctionne avec des individus, ce qui, avec l’assouplissement du système, donne à chaque fonctionnaire une double identité. Tout à la fois, chacun est un élément d’un mécanisme théorique et a le devoir de trouver de manière pragmatique la solution la plus satisfaisante pour tous. Alors, comme nous l’avons vu pour la mise en pratique d’un permis de construire, la scission est nette entre une échelle théorique ou globale et le milieu appréhendé quotidiennement, dans le cadre de l’espace vécu.

C’est alors de l’individu-utilisateur dont il s’agit, et non plus de l’acteur-bâtisseur, même s’il peut être une seule et même personne. Tout comme le fonctionnaire, il a une double identité. D’une part celle que les outils de la planification ou de la production reconnaît, d’autre part celle qui au plus vite, au plus simple et au moins cher, cherche à se frayer un chemin au sein des possibles.

Il s’agit donc maintenant de cerner cet habitant, individu-utilisateur, acteur du développement urbain, à travers la reconnaissance qui lui est faite, puis à travers son positionnement au sein de l’ensemble.