Tout le tissu urbain qui possède des voies de dimensions inférieures à 12 m. n’est pas considéré.
Pour les voies existantes, les mêmes règlements s’appliquent aussi bien dans les rues et boulevards que dans les petites rues et ruelles, mais les faits témoignent que la tolérance à leur entrave est, dans une certaine mesure, acceptée dans ces dernières. De manière courante, le voisinage sert de régulateur et les administrations d’arbitres en cas de litige. Leur équipement, de moins bonne qualité, et leur accessibilité aux réseaux urbains, plus restreint et plus difficile, entraînent une différence sensible lors de leur réfection ou d’un branchement demandé par les occupants, qui seront sollicités548 financièrement.
Cette classification a donc un impact très fort. Non identifiées officiellement, les ruelles ne sont pas prises en compte par les administrations gestionnaires et planificatrices de la ville. La ruelle comme type d’organisation de l’habitat n’est donc non seulement pas promue dans le futur, mais n’est pas reconnue dans le présent. Or leur ensemble représentent dans l’agglomération de Hô Chi Minh Ville un kilométrage de voies sans doute supérieur à celui des rues et boulevards. Elles sont le support privilégié de l’habitat qu’aucun règlement spécifique ne reconnaît ni ne prend en compte. Elles proposent un cadre de vie apprécié dans le cas de ruelles aérées, mais aucune distinction n’est faite entre elles.
Ce lacis de ruelles toujours vivantes s’impose comme une particularité de Hô Chi Minh Ville. Certes, une très grande majorité des villes Sud-Est asiatiques possède des ruelles, mais même Ha Nôi est différente, qui décline les organisations possibles à partir de la cour, espace privé. Ici, s’enfoncer au coe ur de la ville, c’est quitter les grandes artères pour utiliser le labyrinthe des ruelles549, c’est laisser le flot incessant de la circulation pour rencontrer toutes les activités qui nourrissent ce flot. Ces ruelles, dont la largeur peut descendre jusqu’à 60 centimètres, sont aussi une limite à la transformation de la ville, elles sont aujourd’hui un enjeux entre pratiques et modernité.
L’une des interprétations des dynamiques urbaines que je défends est ici bien imagée. Il s’agit du jeu permanent qui s’établit entre ces trois attitudes : reconnaître - accepter - tolérer. L’administration, qui est la partie officielle du système est théoriquement très bien définie, mais méconnue dans sa globalité. Chacun y a accès partiellement (et) ou par des intermédiaires. Dans tous les cas, cette partie définie officiellement ne représente jamais la totalité du fonctionnement du système dans sa totalité. Absolument tout le monde sait qu’il existe une autre partie, celle-ci n’est donc pas réellement officieuse, d’autant qu’elle est induite par les institutions même, mais elle n’est pas officielle. Cette non officialisation fait qu’elle ne peut être remise en cause officiellement, par les services adéquats qui ne peuvent la faire évoluer. Elle est une soupape du système. A contrario, c’est donc une partie qui ne peut pas être maîtrisée par les institutions, alors même que celles-ci l’utilisent et la favorisent. A travers les pratiques, les institutions officielles se contentent de la borner, d’éviter tout débordement550 qui ferait du tort au fonctionnement actuel du système.
De même, il a déjà étéobservé551 que lorsque plusieurs autorisations sont nécessaires, de manière courante une seule est demandée. Celle, qui aux yeux de l’utilisateur, contient l’autre. En effet, avoir l’autorisation de changer l’usage d’un terrain anciennement agricole en terrain à habiter peut être interprété comme l’obtention du droit d’usage du sol pour l’habitat. De la même manière, obtenir le droit d’exercer une activité (qui ne nécessite pas au préalable de posséder des locaux réglementaires) peut être interprété comme l’autorisation d’utiliser le terrain où l’activité est déclarée en fonction des besoins de celle-ci.
Par exemple, dans l’ensemble de logements de la cité Hung Vuong, ou de la petite cité An Binh.
Dans le lotissement K 300.
C’est la ’coopération entre l’Etat et le peuple’, objet du paragraphe suivant.
cf. photos (ci-contre) p. 332.
Comme par exemple le scandale de la digue du fleuve Rouge à Ha Nôi.
Se reporter aux paragraphes ayant trait aux départements du cadastre et du logement : paragraphes II-2.3 et II-2.4 du chapitre III.