Café My Tho et Cantin Tin Tin

Monsieur D. habite une ancienne petite villa à l’angle de deux rues, au début des années 1990, il a ouvert un petit café entre la façade de sa maison et la grille du terrain. Une bâche, puis une tôle sont venues abriter les clients, un réchaud, puis une structure maçonnée servant à faire chauffer les soupes ou les oeufs. Les prix du marché montent, la situation est excellente (face à l’université d’économie, à deux pas de celle d’architecture et de diverses administrations). Monsieur D. se rend compte qu’il gagnerait plus d’argent à louer l’abris qu’à continuer à travailler. Chose faite, un restaurant s’installe, refait un toit un peu plus joli, pose une grande paroi en façade et fructifie. L’année suivante, le toit est remonté et un plancher en bois construit. La villa s’est effacée, un restaurant populaire d’environ 60 couverts est apparu sans permis de construire, mais avec une autorisation officielle. Dans le même temps, monsieur D. a ouvert, sur l’autre rue, le même café, mais en a limité les horaires : seulement le matin. Pour cela, il a transformé son salon qui ouvre sur le perron, le matin il est occupé de multiples petites tables qui descendent jusque sur le trottoir où il a installé deux parasols et une voiturette-cuisine. Le soir, tout est rentré entre le perron et la grille. Le salon redevient privé.

Ici encore, une seule autorisation d’une administration importante a été demandée : celle pour ouvrir un café, puis un restaurant. Les taxes sont payées en fonction du chiffre d’affaire, bon dans ce cas-là. Le service concerné a donc tout intérêt à ce que l’activité continue. De la même manière, lorsqu’il s’agit d’une villa partagée, allouée par l’Etat, si la famille logée au rez-de-chaussée pense un jour à ouvrir un restaurant, il lui suffit de demander une autorisation au service des activités. L’organisme gestionnaire n’a que peu d’intérêt pour ce parc immobilier qu’il n’a jamais entretenu, et de fait pour ce qui se passe à l’intérieur du terrain, si le loyer est versé chaque mois.

En fait, tant que ces constructions gardent un aspect temporaire, voire semi-temporaire, n’empiètent pas sur le sol public et que leur propriétaire exerce une activité déclarée pour laquelle il paye des taxes, ces constructions sont tolérées. La question se pose alors de la définition des termes aspect et temporaire, qui comme dans le cas des termes gros projets, maison sans problème, ne font appel qu’au bon sens.