Création d’un égout dans la ruelle de Monsieur V.

Monsieur V. habite une ruelle assez large, mais inférieure à 12 m., en cul de sac. Les maisons ont été construites en 1954. L’adduction d’eau existante, vétuste, a été changée en 1996. Mais aucun égout n’existait. Les habitants de la ruelle ont fait une demande au Comité populaire du ph message URL ubarre.gif message URL obarreaccent2.gif ng qui l’a transmise au Comité populaire de l’arrondissement. Le projet de faire un égout a été accepté si la population participait à hauteur de la moitié des frais de l’installation de la canalisation. Après accord des habitants, celle-ci a été posée en 1996. Chaque habitant a ensuite payé son branchement à l’égout en s’arrangeant sur place avec les ouvriers venus poser la canalisation : ces travaux ont été négociés et payés directement, sans passer par la compagnie. Il s’agit toujours de ces services non officiels et pourtant pas vraiment considérés comme illégaux. Deux habitants sur les vingt concernés n’ont pas payé : un était trop pauvre et l’autre trop avare a assuré qu’il ne se servirait pas de l’égout. Dans les faits, il s’y est branché discrètement quelques mois plus tard.

Techniquement, cet égout posait des problèmes, car la canalisation sur laquelle il se raccorde est placée relativement haut. Monsieur V. a dû installer une pompe de relevage, comme quelques uns de ses voisins, parce que le sol de sa maison est trop bas.

L’institution administrative du quartier est donc utilisée comme intermédiaire entre les habitants et l’administration de la ville, représentée par le Comité populaire de l’arrondissement. Les pratiques quotidiennes du développement endogène apportent un élément pour l’explication de cette coupure, déjà notée dans l’analyse du système administratif.

Cette coupure institutionnalise les attitudes individuelles de compromis, d’arrangements factuels, lorsque l’enjeu est estimé moindre pour la ville, ce qui est le cas des logements individuels. Dans celui de plus gros projets, les discussions se passent à l’échelle au dessus, sans même que le quartier puisse vraiment donner son avis. Pour autant, on ne peut pas considérer qu’une coupure existe alors entre la ville et l’arrondissement. Je pense qu’actuellement, le ph message URL ubarre.gif message URL obarreaccent2.gif ng (le quartier) est le représentant de cet habitat endogène, vernaculaire, toléré, voire accepté, mais en aucun cas promu. Et il n’est donc a priori pas souhaitable de donner un réel pouvoir à ses représentants. D’autant que le besoin ne s’est jamais imposé, puisque par tradition, les quartiers d’habitats se régulaient d’eux-mêmes, qu’il s’agisse des colonies militaires553 du Sud ou des villages du Nord, ils n’avaient recours à un représentant de l’administration supérieure qu’en cas de conflit important que la communauté ne savait pas résoudre elle-même ou de conflit mettant en cause plusieurs communautés.

Notes
553.
Au sujet des đ message URL odeuxaccent2.gifn đi message URL edeuxaccent3.gifn, ou colonies militaires, voir M.E. Dechaseaux - 1889.