Les petits étalages560 pour le commerce et la vente d’objet sur l’espace public sont interdits en dehors des autorisations accordées. Les rafles561 de la police (de la ville, voire plus rarement de l’arrondissement) sont bien connues de tous les petits vendeurs ; et si un camion se profile, sur son chemin un vent de panique et d’évacuation du matériel se répand comme une traînée de poudre. L’un des grands jeux des policiers est de passer tout doucement et de regarder fuir tous les vendeurs, sans avoir l’intention de confisquer562. Ces rafles sont aléatoires et épisodiques, plus régulières sur les grandes artères, elles se font plus fréquentes lorsque la ville doit être belle, comme lors de la fête du Têt ou d’une fête nationale. Lorsque du matériel est confisqué, des discussions563 et des marchandages pour le récupérer contre une amende la plus faible possible, s’ensuivent au poste de police.
En fait, tous ces petits vendeurs564 sont là avec l’aval de l’occupant du rez-de-chaussée mitoyen chez qui ils se réfugient à chaque alerte. En contrepartie, ils assurent une certaine sécurité. Soit qu’ils surveillent les motos des clients, soit simplement parce qu’ils observent tout ce qui se passe et que chacun le sait. Tout le monde a donc intérêt à ces arrangements, la police du quartier, le passant comme l’habitant.
Ces emplacements très recherchés s’obtiennent et se donnent par connaissance, la famille étant le meilleur des réseaux. Ainsi, la vendeuse de cigarettes devant le restaurant Sao Mai rue Mac Thi Buôi est la tante de l’un des serveurs. Elle a toujours un oe il sur le restaurant situé à coté de la mosquée, en diagonale, qu’un cousin vient d’ouvrir.
Jamais je n’ai vu les triporteurs stationnés sur la voie être inquiétés. Pourtant, sur la rue Nguyên Dinh Chiêu (Q.3) par exemple, leur emplacement est habituel et leur présence quotidienne aux heures de pointe réduit la circulation de moitié.
A ce sujet, voir l’un des récits de D. Lauras [1997 - pp. 115-119].
Mais si l’un d’eux ne déguerpissait pas, il serait inquiété. C’est donc finalement un jeu qui s’est instauré, entre fort et faible, entre réglementation et appropriation de l’espace.
En mars 1999, une vendeuse nous a rapporté qu’une loi, applicable à partir du 15 février (après le têt) interdisait de rendre le matériel confisqué. Qu’ainsi elle n’avait jamais pu récupérer son parasol, confisqué durant le premier mois lunaire, alors que les policier lui avaient alors dit qu’elle devait venir payer une amende au poste.
Qui comprennent des cafés ou des restaurants, si d’aventure une rafle s’annonce, chacun se lève et se retrouve son verre ou son assiette à la main pendant que la vendeuse ramasse et replie tout à une vitesse record : dans les faits, tout le monde participe.