III - 4.4 LA DIMENSION URBAINE DU TROTTOIR : Les Alignements
Dans ces pays écrasés de soleil, l’ombre c’est la vie. Toutes les anciennes voies coloniales, bordées d’alignements qui aujourd’hui font de l’ombre à toute la rue, le montrent ; de même que toutes les nouvelles voies, minérales et étouffantes de poussières n’arrêtent jamais le passant. Les espaces extérieurs sont vécus en conséquence : il suffit d’un arbre et l’activité s’organise. Ainsi, les rues les plus structurées, et les moins vivantes, sont les axes importants non plantés.
Les grands boulevards plantés, les alignements d’arbres570, donnent à la ville l’une de ses principales caractéristiques physiques.
La rue Diên Biên Phu, par exemple, grand axe urbain emprunté pour la traversée Ouest-Est de l’agglomération, possède la même largeur que les autres rues du plateau dans la traversée de ce quartier à l’ancien tissu colonial. Mais, afin d’élargir la chaussée à trois voies, les alignements ont été supprimés et les trottoirs un peu réduits. Cette rue est devenue une coupure dans ce quartier qui semble s’arrêter à elle, alors qu’il s’étend jusqu’à la rue Vo Thi Sau.
En 1990, lors de mon premier séjour, Trân Khang, professeur à l’université d’architecture, m’avait expliqué que les grands arbres sont néfastes pour la ville puisqu’ils détruisent les revêtement des trottoirs (par les excroissances de leurs racines, ce qui est impensable dans une ville moderne). Les réhabilitations de qualité de ces revêtements effectués au milieu des années 1990, montrent que les consciences bougent.
J’ai aperçu une carte des alignements plantés urbains au Département des sciences et technologies, mais jamais je n’en ai constaté la présence ailleurs. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, ces considérations n’ont place nulle part dans les outils officiels de l’organisation du territoire, du développement urbain. Car ces arbres sont considérés à travers leur caractéristique technique et non pour le type d’espace produit ou sa valeur, même si chacun sait qu’elle est réelle et que l’ombre, qui abrite la vie, est nécessaire.
